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Archive des dépêches utiles sur les Balkans

 

 

Mercredi 17 décembre 2008, 19h04

Veto slovène à la poursuite des négociations d'adhésion de la Croatie à l'UE

Bojan KAVCIC

La Slovénie s'est opposée mercredi à la poursuite des négociations d'adhésion de la Croatie à l'Union européenne et a une nouvelle fois contesté les frontières terrestres et maritimes entre les deux pays telles qu'elles sont inscrites dans des documents présentés par Zagreb aux autorités européennes.

"La Slovénie ne donnera son accord qu'à l'ouverture d'un nouveau chapitre (...) et a des réserves concernant sept chapitres (de négociations à l'adhésion) parce que les documents présentés par la Croatie pourraient préjuger du tracé de la frontière commune (entre les deux pays)", a indiqué le Premier ministre Borut Pahor à des journalistes à l'issue d'une réunion à Ljubljana du gouvernement et des partis d'opposition sur ce sujet.
Gouvernement et opposition se sont réunis pour préparer la position slovène pour la conférence intergouvernementale des 27 avec la Croatie vendredi à Bruxelles, qui devait permettre de poursuivre les négociations d'adhésion avec l'ouverture de nouveaux chapitres de discussion.
La coalition de centre-gauche au pouvoir et l'opposition de droite sont d'accord sur cette position de fermeté vis-à-vis de Zagreb, qui négocie depuis octobre 2005 son adhésion à l'Union européenne, alors que la Slovénie est entrée dans l'UE en 2004.
Dans une première réaction, la présidente d'un comité parlementaire croate qui surveille ce processus d'adhésion, Vesna Pusic, a parlé de "mauvaise décision pour nous et pour les relations croato-slovènes". "Elle produira les conséquences les plus nuisibles à long terme", a-t-elle dit.
Ce différend bilatéral, porté devant des instances d'arbitrage internationales, pèse depuis des mois sur les négociations d'élargissement dont le calendrier pourrait bien être remis en question. La Commission européenne aurait en effet souhaité boucler les discussions techniques fin 2009.
Or les Slovènes affirment que les documents présentés par Zagreb lors des négociations comprennent des cartes géographiques et des références qui fixent un tracé des frontières terrestres et maritimes entre les deux pays que Ljubljana conteste.
Les Slovènes craignent que si ces documents litigieux sont repris tels quels, avec ce tracé contesté, dans le futur traité d'adhésion de la Croatie, cela constitue un fait accompli inacceptable pour Ljubljana sur la question frontalière.
Pour débloquer la situation, le gouvernement slovène avait exigé la semaine dernière une lettre de Zagreb qui donne "suffisamment de garanties" sur le fait que ces documents litigieux ne préjugent pas d'un règlement futur du problème frontalier.
La présidence semestrielle française de l'UE avait, elle aussi, proposé un arrangement en ce sens, que Zagreb s'était dit prêt à accepter vendredi.
Au total, la Croatie, ancienne république yougoslave indépendante depuis 1991 comme la Slovénie, a déjà ouvert 21 des 35 chapitres thématiques de discussions pour mettre sa législation nationale en conformité avec celle de l'UE.
Le traité d'adhésion ne pourra être signé que lorsqu'il y aura eu accord sur tous les chapitres entre l'UE et Zagreb, qui table sur une adhésion à l'Union d'ici 2011.
La nouvelle réunion prévue vendredi à Bruxelles entre les représentants des 27 Etats membres de l'UE et les Croates devait permettre d'ouvrir une dizaine de nouveaux chapitres thématiques de négociations.
Mais le gouvernement slovène a émis de sérieuses réserves quant à l'ouverture de ces nouveaux chapitres, tout en soulignant qu'il était "intéressé à la conclusion des discussions d'accession de la Croatie avec l'UE", a déclaré M. Pahor. Il a espéré "que ces réserves puissent être levées lors de la présidence tchèque de l'UE" lors du premier semestre 2009, a-t-il indiqué.

lundi 24 mars 2008

Bucarest soutient les ambitions euro-atlantiques de la Bosnie-Herzégovine

Traduit par Mehdi Chebana 

En visite officielle à Sarajevo jeudi 20 mars,le Président roumain Traian Basescu a assuré qu’il soutiendrait sans réserve les ambitions euro-atlantiques de la Bosnie-Herzégovine. A quelques jours du Sommet de l’Otan qui se tiendra à Bucarest, il a, par ailleurs, appelé les hommes politiques du pays à s’entendre pour ne pas compromettre les chances de Sarajevo d’entrer un jour dans l’Otan et l’Union européenne.

Par Alexandra Livia Dordea et Anca Simina

En déplacement à Sarajevo, Traian Basescu a assuré que la Roumanie soutenait sans réserve et « depuis bien longtemps » le rapprochement de la Bosnie-Herzégovine avec l’Otan et l’Union européenne (UE). Le Président roumain a également appelé les dirigeants du pays à se donner les chances d’ouvrir un peu plus le dialogue avec l’Otan lors du Sommet de Bucarest [du 2 au 4 avril 2008] et de signer l’accord d’association avec l’Union européenne en avril.

« Cela implique un effort en interne de la part des hommes politiques, du Parlement et du gouvernement de Bosnie-Herzégovine mais aussi un soutien sans faille de la communauté internationale sur ces questions », a déclaré Traian Basescu cité par l’agence roumaine Mediafax.

Le Président roumain a assuré que Bucarest ne demandait rien à Sarajevo en échange de son soutien. « Ce que propose la Roumanie, c’est un partenariat avec la Bosnie-Herzégovine », a-t-il déclaré. « Nous pensons qu’il est de notre devoir de vous dire la vérité. La vérité, c’est que vous n’avez pas le droit de manquer ces deux étapes clés : l’intensification du dialogue avec l’Otan et la signature de l’accord d’association avec l’UE. »

Les dignitaires de Sarajevo demandent l’aide de Bucarest

De son côté, le chef de la présidence collégiale de Bosnie-Herzégovine, Zeljko Komsic, a déclaré qu’il sollicitait le soutien de Traian Basescu pour que son pays puisse entrer au Conseil de sécurité de l’Onu en tant que membre de plein droit à partir de 2010. Il a également confirmé que le Président roumain appuierait sans réserve la Bosnie-Herzégovine dans ses efforts de renforcer le dialogue avec l’Otan lors du Sommet de Bucarest.

Enfin, Zeljko Komsic a déclaré avoir abordé avec son homologue roumain la question des liens économiques entre Bucarest et Sarajevo. Des liens qu’il estime ne pas être aussi forts que les relations politiques entre les deux pays, même s’il on note une amélioration depuis quelques temps.

Le Président Basescu s’est également entretenu avec le Premier ministre et les Présidents du Parlement de Bosnie-Herzégovine. Plus tard dans la journée, il a rencontré le Haut-Représentant de la communauté internationale sur place et les commandants des troupes de l’Union européenne et de l’Otan.

56 soldats roumains engagés en Bosnie-Herzégovine

Traian Basescu en visite au camp militaire de Butmir En fin de journée, Traian Basescu a rencontré les soldats roumains du camp de Butmir (Sarajevo) qui participent à la mission de maintien de la paix de l’UE dans la région.

Au total, cinquante-six soldats roumains sont déployés dans l’ancienne province yougoslave, dont la plupart sont en poste dans ce camp militaire. Visiblement ému, le Président roumain les a remerciés pour leur engagement et s’est recueilli avec eux en hommage au soldat roumain mort au combat la veille en Afghanistan.

Anticipant la réserve de ses troupes sur la question des gages, Traian Basescu a assuré qu’une augmentation était à l’ordre du jour. « Je sais que vous avez des problèmes de salaires liés à la dépréciation [du leu] », a déclaré le Président. « Nous résoudrons ce problème avec le gouvernement dans les plus brefs délais. »

Evenimentul zilei  : Publié dans la presse : 20 mars 2008

 

 

Lundi 24 mars 2008

La Serbie propose la division de facto du Kosovo sur des bases ethniques 

Par Dusan Stojanovic 

BELGRADE - Neuf ans après le début de la campagne aérienne de l'OTAN contre la Serbie, Belgrade propose que le Kosovo, qui a proclamé son indépendance le 17 février dernier, soit divisé sur des bases ethniques entre la majorité albanophone et la minorité serbe.

La proposition, rendue publique lundi par les médias serbes, a été transmise aux Nations unies, qui administre le Kosovo depuis que la campagne aérienne de 78 jours menée par l'OTAN a mis fin à la répression serbe dans le petit territoire en 1999.

Ce document précise que Belgrade reconnaît la juridiction de l'ONU au Kosovo, mais il stipule que seuls les Serbes et non les albanophones peuvent contrôler la police, l'appareil judiciaire et les douanes dans les quelque 15% du Kosovo où les Serbes sont majoritaires. Selon les analystes, Belgrade cherche à prendre le contrôle politique et administratif des secteurs à majorité serbe, situés essentiellement dans le nord du Kosovo.

Le ministre serbe pour le Kosovo, Slobodan Samardzic, estime qu'en raison de la déclaration "illégale" d'indépendance des albanophones du Kosovo, seuls les Serbes du territoire peuvent, avec l'aide de la Serbie, faire respecter l'autorité de la MINUK (Mission des Nations unies au Kosovo). Il précise que la proposition de Belgrade créerait une "division fonctionnelle" entre Serbes et albanophones du Kosovo.

Selon Larry Rossin, numéro deux de la MINUK, le document a été transmis au siège de l'ONU à New York pour évaluation. Mais le vice-Premier ministre du Kosovo, Hajredin Kuqi, a d'ores et déjà rejeté l'initiative de Belgrade. "Nos seuls interlocuteurs sur le Kosovo sont le peuple du Kosovo et la communauté internationale", a-t-il déclaré à l'Associated Press.

Le 17 février, le Parlement du Kosovo a proclamé l'indépendance vis-à-vis de la Serbie, qui considère ce territoire comme le berceau historique de la nation serbe et juge cette déclaration illégale au regard du droit international.

De violents affrontements ont opposé le 17 mars des policiers de l'ONU et soldats de l'OTAN (KFOR) à des manifestants serbes à Mitrovica (nord) faisant un mort, un policier ukrainien, et des dizaines de blessés. L'ONU a accusé Belgrade d'orchestrer ces violences.

Serbes et albanophones ont marqué lundi, chacun à leur manière, le neuvième anniversaire du début de la campagne aérienne de l'OTAN (24 février-9 juin 1999). Le Premier ministre de la Serbie Vojislav Kostunica a assisté à une célébration religieuse dans une église de Belgrade à la mémoire des Serbes tués dans les bombardements.

"Aujourd'hui il apparaît très clairement que la destruction impitoyable de la Serbie lors des bombardements de l'OTAN n'avait qu'un seul but, qui est de faire du Kosovo le premier Etat de l'OTAN au monde", a-t-il affirmé dans un communiqué.

Au Kosovo, le président du petit territoire Fatmir Sejdiu a remercié l'Alliance atlantique d'avoir mené ces frappes aériennes qui ont "stoppé l'agression des militaires et paramilitaires serbes contre le peuple du Kosovo". "Nous exprimons notre plus profonde gratitude aux Etats-Unis, à l'Union européenne (...) pour avoir aidé le Kosovo quand notre peuple était menacé d'extinction", a-t-il également déclaré.

Par ailleurs, le président russe Vladimir Poutine, allié de Belgrade, a ordonné à son gouvernement d'envoyer une aide humanitaire aux Serbes du Kosovo, selon les agences de presse russes. Son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov aurait jugé préoccupante la situation humanitaire dans les zones serbes du Kosovo. AP

 

 

 

Mercredi 14 novembre, 19h21

Les Balkans menacés par un éclatement de la Bosnie?

Par Jan Sliva - AP

BRUXELLES - A l'heure où l'Occident tente de régler le statut du Kosovo, où des élections locales sont prévues samedi, les experts mettent en garde contre un autre péril peut-être plus grave pour la stabilité des Balkans: le risque d'un éclatement de la Bosnie-Herzégovine.

Le pays meurtri par la guerre de 1992 à 1995 reste divisé selon des lignes de fracture ethniques et en proie à des turbulences, les Bosno-serbes protestant contre des réformes proposées par l'administrateur international de la Bosnie pour renforcer le pouvoir des institutions centrales.

Les Serbes, qui contrôlent la moitié du pays, laissent entendre qu'ils pourraient tenter de scinder l'ancienne République yougoslave en deux si la province indépendantiste du Kosovo, dans le sud de la Serbie voisine, accède à l'indépendance, comme le souhaitent les Occidentaux. Une volonté de scission similaire des Serbes avait provoqué l'embrasement des Balkans au début des années 90.

Dans ce contexte, des diplomates craignent que le soutien de l'Union européenne à la sécession du Kosovo n'augmente l'instabilité dans la région en conduisant le Premier ministre de la République serbe de Bosnie, Miroslav Dodik, à pousser pour l'indépendance de son mini-Etat.

"Dès que le Kosovo deviendra indépendant, (M. Dodik) commencera à avancer l'idée de l'indépendance", explique sous le couvert de l'anonymat un diplomate européen. "Il pourrait opter pour un référendum."

La volonté des Bosno-serbes de se séparer de la Bosnie pour rejoindre la Serbie a été l'une des principales causes de la guerre de 1992-95, qui a fait au moins 100.000 morts. Mais ce projet de "Grande Serbie" a échoué, et depuis les accords de paix de Dayton qui ont mis fin au conflit, la Bosnie est divisée en deux entités: la Republika Srpska et la Fédération croato-musulmane.

Le pays est supervisé par un administrateur international, un poste actuellement occupé par le Slovaque Miroslav Lajcak, qui cherche à créer un gouvernement central stable. En Serbie, le Premier ministre Vojislav Kostunica et ses sympathisants ont lancé une campagne contre l'administrateur et proposé de soutenir les Bosno-serbes dans leurs efforts pour déstabiliser la Bosnie.

Certains reprochent à l'Union européenne d'avoir délaissé la Bosnie en concentrant son attention sur le sort du Kosovo, qui reste officiellement sous souveraineté serbe mais est dirigé par les Nations unies et l'OTAN depuis 1999.

Un ancien responsable du département d'Etat américain qui a participé aux négociations sur l'accord de Dayton en 1995 juge que l'UE n'a pas été "à la hauteur de la tâche". Ce diplomate ayant requis l'anonymat estime que les Européens se sont trop focalisés sur la Serbie et le Kosovo, négligeant la Bosnie. Il met en garde contre un marchandage qui permettrait à Belgrade d'influer sur l'avenir de la Bosnie en contrepartie de l'indépendance du Kosovo.

Le commissaire européen à l'Elargissement Olli Rehn minimise le risque d'une réaction en chaîne en cas de déclaration unilatérale d'indépendance de la province à majorité albanophone. "Le processus sur le statut du Kosovo (...) ne devrait avoir aucune répercussion dans d'autres pays de la région", assure-t-il. "Je ne vois aucune raison pour laquelle cela provoquerait de l'instabilité."

Mais certains analystes estiment que l'UE ne dispose que d'une marge de manoeuvre réduite dans ses tractations avec Belgrade, qui devrait exploiter le récent assouplissement à son égard d'une Union semblant par exemple disposée à ne pas lui tenir rigueur de son incapacité à arrêter des criminels de guerre recherchés.

L'avenir sera "très chaotique" pour la Bosnie si les nationalistes en Serbie exercent sur une trop grande influence sur le pays, avertit James Lyon, du groupe de réflexion International Crisis Group. "Belgrade n'est pas le garant de la stabilité régionale, c'est la plus grande source de conflit dans la région. A cet égard, peu de choses ont changé depuis 1992", affirme-t-il. AP

 

 

 

mercredi 23 mai 2007, 14h18 

Serbie: 40 ans de prison pour les deux principaux accusés du procès Djindjic 

Par Katarina SUBASIC

BELGRADE (AFP) - La justice serbe, au terme d'un procès de plus trois ans, a condamné mercredi à des peines maximales de 40 ans de prison les principaux accusés de l'assassinat de Zoran Djindjic, le Premier ministre qui voulait réformer la Serbie et avait fait extrader Slobodan Milosevic à La Haye.

Milorad Ulemek, dit "Legija", considéré comme le "cerveau" du complot et Zvezdan Jovanovic, l'homme qui a tiré sur le Premier ministre, ont été condamnés à 40 ans de prison.

Ils ont été déclarés coupables "d'avoir entre fin 2002 et début 2003 comploté dans l'intention de commettre des crimes contre l'ordre constitutionnel".

Les autres accusés ont reçu des peines de huit à 35 ans de prison. Treize personnes avaient été inculpées mais cinq sont toujours en fuite.

L'assassinat de Zoran Djindjic est considéré comme un épisode des plus sombres de l'histoire du pays.

Djindjic, tué à l'age de 50 ans, avait voulu réformer profondément la Serbie et lui donner une perspective européenne après les années d'isolement et de guerres sous le régime autoritaire de Slobodan Milosevic, chassé du pouvoir en octobre 2000.

C'est également Djindjic qui avait décidé d'extrader Milosevic à La Haye pour qu'il soit jugé devant le Tribunal pénal international (TPI).

L'enterrement de Djindjic avait été suivi par des centaines de milliers de personnes, choqués par une disparition qui avait anéanti leurs espoirs de renouveau et de changement.

Plusieurs accusés, dont Milorad Ulemek et le tireur Zvezdan Jovanovic appartenaient à une unité spéciale de la police secrète serbe (JSO) appelée les "Bérets rouges", qui ont été dissous après l'assassinat de Djindjic.

Ancien combattant des guerres en Bosnie et au Kosovo dans les années 1990, Ulemek, 39 ans, était aussi le chef du groupe criminel de Zemun (banlieue de Belgrade), soupçonné d'une série de meurtres politiques sous Milosevic et auquel appartenaient également plusieurs autres accusés.

Les motivations de l'assassinat de Djindjic n'ont toutefois pas été entièrement établies.

Dans son réquisitoire, le procureur Jovan Prijic, avait indiqué que "l'objectif principal" avait été de renverser le gouvernement pour "ramener au pouvoir des personnes que les criminels auraient pu contrôler".

Après la mort de Djindjic, l'état de siège avait été instauré et les autorités avaient procédé à des centaines d'arrestations lors d'une opération d'envergure, baptisée "Sabre".

Le tireur Zvezdan Jovanovic a de son côté avoué que "l'assassinat de Djindjic a été politiquement motivé" et qu'il visait à empêcher le gouvernement d'arrêter les suspects inculpés par le TPI de la Haye.

Mais Jovanovic s'est rétracté par la suite affirmant que ses aveux avaient été obtenus "sous la menace".

Les sentences ont été prononcées par la juge principale Mme Nata Mesarevic devant une salle bondée et en présence des anciens membres du cabinet de Zoran Djindjic.

"Savoir que nous vivons dans un pays où un Premier ministre peut être assassiné (...) est particulièrement difficile à accepter", a dit Mme Mesarevic.

Ouvert en décembre 2003, le procès, au cours duquel le procureur et le juge principal ont été remplacés, a été perturbé par divers problèmes techniques tandis que la défense a souvent eu recours à une stratégie d'obstruction.

Milorad Ulemek a déjà été condamné à 40 ans de prison pour le meurtre, commandité par Milosevic, de l'ex-président serbe Ivan Stambolic en 2000 et à 15 ans pour sa participation à un attentat contre Vuk Draskovic, à l'époque leader de l'opposition serbe.

 

 

jeudi 15 mars 2007, 18h07

Le Monténégro signe un accord de stabilisation avec l'UE

PODGORICA (Reuters) - Le Monténégro a signé un Accord de stabilisation et d'association (ASA) avec l'Union européenne, première étape dans le processus d'adhésion, coiffant sur le poteau la Serbie, dont le rapprochement avec l'UE bute sur l'arrestation de criminels de guerre présumés.

Le commissaire européen à l'Élargissement, Olli Rehn, et le Premier ministre monténégrin Zeljko Sturanovic ont signé l'accord à Podgorica, capitale du Monténégro.

Rehn l'a qualifié de "porte ouverte vers la candidature à l'UE si le plan d'action est mis en oeuvre de manière efficace".

"Tout dépendra du Monténégro et du progrès de ses réformes, notamment dans le domaine de la lutte contre la corruption, de la réforme du système judiciaire et de l'administration", a-t-il ajouté.

Sturanovic a qualifié l'ASA de "moment charnière".

Le Monténégro est moitié moins grand que la Belgique et compte 650.000 habitants.

 

 

lundi 25 septembre 2006, 8h05

Haris Silajdzic veut refondre les accords de Dayton

SARAJEVO (Reuters) - Ministre des Affaires étrangères de la Bosnie pendant la guerre de 1992-95, Haris Silajdzic estime aujourd'hui que son pays ne pourra se développer tant que la complexe architecture institutionnelle issue des accords de Dayton restera en vigueur.

Le texte négocié dans cette base aérienne de l'Ohio a mis fin au conflit sanglant qui a déchiré l'ex-Yougoslavie mais dans un entretien accordé à Reuters à quelques jours des élections du 1er octobre, Silajdzic affirme que le système de partage du pays en deux entités, la Fédération croato-musulmane et la Republika Srpska, n'est plus tenable.

"Les accords de Dayton étaient une nécessité pour sauver des vies et stopper la guerre, mais nous devons maintenant aller de l'avant parce que nous voulons re-créer une société multiethnique normale", dit-il.

"Les dix dernières années ont démontré assez clairement que la division en entités ne fonctionne pas et qu'elle est néfaste à la Bosnie", poursuit le candidat au siège musulman de la présidence collégiale du pays.

Sa prise de proposition est de la dynamite. Les Serbes de Bosnie l'accusent de cacher ses véritables intentions. Les Musulmans, rappellent-ils, représentent près de 50% de la population et Silajdzic, affirment-ils, veut traduire cette réalité démographique en réalité politique pour faire de l'ex-république yougoslave un "Etat islamiste".

SOUVERAINETÉ CITOYENNE CONTRE SOUVERAINETÉ ETHNIQUE

Les institutions issues de Dayton ne peuvent être réformées qu'avec le consentement des trois groupes ethniques qui composent le pays (Musulmans, Croates et Serbes).

Cette année, le processus a failli aboutir sur une réforme qui aurait renforcé les autorités centrales, ainsi que le demandait l'Union européenne. Mais la révision institutionnelle n'a pas réuni la majorité qualifiée des deux tiers en raison du refus du parti de Silajdzic.

Celui-ci explique que la réforme n'allait pas suffisamment loin dans l'élimination des clauses ethniques.

"Elle aurait placé le sort du pays tout entier entre les mains des forces qui veulent un référendum (sur la sécession de la Republika Srpska)", affirme-t-il.

Silajdzic, au coude à coude avec Sulejman Tihic, le candidat favori des puissances occidentales au siège musulman de la présidence collégiale, juge qu'un compromis reste possible mais qu'en attendant, la Bosnie ne peut se passer de la présence militaire de l'UE et de l'Otan.

"Je pense que nous avons encore besoin des conseils et de l'aide de la communauté internationale pour mettre fermement la Bosnie sur la voie d'une intégration dans l'UE et l'Otan", dit-il.

"Nous devons agir conformément aux règles du club auquel nous voulons adhérer", poursuit-il, et cela signifie la mise en place d'un pays "fondé sur la souveraineté de ses citoyens, pas de ses groupes ethniques".

"La division ethnique est le résultat d'une agression et d'un génocide. Elle n'est pas un état naturel pour la Bosnie, qui était une société normale, une société multiethnique et pluraliste que nous essayons de récréer."

 

Slovénie-Croatie : un nouveau litige frontalier qui pourrait dégénérer

Traduit par Jean-Arnault Dérens Mise en ligne : lundi 18 septembre 2006

Accusations et menace, conseils de guerre et réunion extraordinaires, coups de téléphone au vitriol entre chefs de la diplomatie, la tension a dangereusement monté la semaine dernière entre la Slovénie et la Croatie, à propos d’un micro-territoire contesté sur le versant nord de la frontière. Les forces spéciales slovènes et croates se sont néanmoins retirées vendredi matin des zones litigieuses

Par Franco Juri

Les armes pourraient-elles parler ? Oui, c’est possible, au coeur même de l’Europe, entre un pays membre de l’UE et un autre qui aspire à y entrer. Sur les bords de la rivière Mura, à l’extrême nord-est de la frontière slovéno-croate, près de la Hongrie, un drame typiquement balkanique pourrait se jouer. Les deux voisins anciennement yougoslaves s’affrontent dangereusement, au terme de quinze ans d’indépendance et de contentieux territoriaux que l’on avait toujours trop pris à la légère jusqu’à maintenant. C’est une véritable guerre des nerfs qui se joue, où la moindre étincelle pourrait faire éclater la haine et la violence. Cette fois, les deux gouvernements prennent les choses au sérieux, et ont déployé des forces spéciales de police en tenue de combat le long de la zone frontalière qui coupe de manière incohérente la rivière Mura.

Les menaces et les accusations ont volé entre Zagreb et Ljubljana toute la journée du mercredi 13 septembre. Accusations et menace, conseils de guerre et réunion extraordinaires, coups de téléphone au vitriol entre les deux chefs de la diplomatie, le Slovène Dimitrij Rupel, et la Croate Kolinda Grabar-Kitarovic. L’incident qui a fait débordé le vase a été l’interpellation d’équipes de télévision et de journalistes slovènes, qui voulaient aller regarder ce qui se passait en réalité le long d’une frontière qui, en réalité, n’a toujours pas été définie, et que les deux pays conçoivent de manière différente. Les journalistes, munis d’un laissez-passer délivré par les autorités des deux pays, qui s’est révélé inutile, se sont engagés sur un sentier de terre battue dans le territoire que les Croates estiment placés sous leur propre juridication, car il se trouve sur leur versant de la ligne cadastrale. La police croate a arrêté, interrogé puis relâché les journalistes, en leur expliquant qu’ils avaient violé la souveraineté croate.

Histoire de porter l’incident à son paroxysme, la patrouille de police qui a arrêté les journalistes était mixte, comme le veut un accord provisoire intervenu entre les deux gouvernements pour alléger les tensions. Elle était composée d’agents croates et d’un Slovène, qui n’a pas réagi. La ligne de frontière, que les Slovènes considèrent comme non définie, et pour laquelle ils réclament une solution plus conforme aux intérêts de la population locale, en la fixant sur la rivière, suit en fait l’ancienne ligne cadastrale, en vigueur au moment de la proclamation des indépendances.

La situation est donc diamétralement inverse de celle qui prévaut en Istrie, puisque là-bas, c’est au contraire la Slovénie qui réclame le respect d’une ligne cadastrale que la Croatie refuse de reconnaître. À la différence du contentieux d’Istrie, celui qui se joue aux confins du Prekmurje slovène et du Medjimurje croate a des antécédents qui risquent de compliquer le dossier.

Un pont qui menace la souveraineté slovène

En 1999, la diplomatie slovène, alors dirigée par Boris Frlec, avait reconnu la juridiction croate dans les limites cadastrales qui, à plusieurs reprises, franchissent la Mura et atteignent les intérêts des habitants slovènes des villages de Hotiza et de Mirisce. Dans le même temps, la police slovène accorda à la police croate un libre passage en terre slovène pour rejoindre les bouts de terre croate situés sur la rive de la rivière que Ljubljana considère comme sienne, et qui sont en grande partie propriété de citiyens slovènes. Récemment, pour éviter cette situation de dépendance, la Croatie entreprit de construire un pont sur la Mura. Les neuf habitants du village de Mrisce, qui se trouvent sans l’ombre d’un doute sur le versant slovène du cadastre et ne devraient donc avoir aucune raison de craindre la souveraineté croate, en furent épouvantés. Ils sont quotidiennement interviewés par les télévisions slovènes qui les présentent comme les victimes d’une tentative d’annexion croate, et donc comme l’avant-garde des défenseurs de la souveraineté slovène.

Les craintes des neuf habitants de Mirisce sont-elles justifiées ou ne s’agit-il que d’une nouvelle manipulation des médias, qui jouent sur l’irrationalité et les passions nationalistes ? Par ses derniers gestes, la Croatie ne fait aucun effort pour arranger les choses. En août, des pelleteuses de Zagreb ont tracé une nouvelle route entre Sveti Martin na Muri et Mirisce. L’entreprises concessionaire croate justifie les travaux, effectués du côté croate de la ligne cadastrale, par la nécessité de construire au plus vite des retenues contre les inondations. Les eaux de la Mura menacent effectivement les deux rives, mais la population locale craint moins la rivière et les inondations que le risque d’être « annexée » grâce un stratagème ourdi par le voisin méridional.

Pour éviter des incidents dangereux, les deux Premiers ministres, Janez Jansa et Ivo Sanader, se sont rencontrés sur les lieux. Cette rencontre a débouché sur un accord sur la gestion commune des digues. Mais l’accord est resté lettre morte, et les deux gouvernements s’accusent réciproquement de ne pas le respecter à cause d’initiatives unilatérales.

Avant l’incident avec les journalistes, la polémique sur les retards d’application de l’accord avait même atteint le gouvernement, où Janez Jansa avait critiqué Janez Podobnik, le ministre de l’Environnement, particulièrement hostile à Zagreb. À peu de temps des élections locales, le Premier ministre a repproché à Janez Podobnik d’empêcher dans les faits que ce qui a été convenu avec Ivo Sanader puisse être appliqué. Depuis, les choses ont pris une évolution aberrante : les forces spéciales des deux pays, armées jusqu’aux dents, se font face à quelques mètres les unes des autres, bien décidées à ce que les pelleteuses des voisins ne rallument pas leur moteur. La diplomatie ne calme pas le jeu. Au contraire elle souffle sur le feu, avec la volonté d’unir toutes les forces politiques dans un front contre « l’ennemi extérieur ». Kolinda Grabar Kitarovic a accusé son collègue slovène de rendre publiques et même de déformer leurs échanges téléphoniques.

De son côté, Dimitrij Rupel évoque la possibilité de mettre une condition à l’entrée de la Croatie dans l’UE, et il stigmatise comme « pro-croate » quiconque soutient l’idée de recourir à un arbitrage international sur ces conflits qui enveniment depuis quinze ans les relations entre les deux pays, répandant la haine dans les populations frontalières, là où la haine n’avait jamais eu de raison d’exister. Parmi les partisans décidés d’un appel à un arbitrage international figurent les deux présidents, Janez Drnovsek et Stipe Mesic. Mais ils sont toujours moins écoutés. Pourtant, la récente montée des tensions et le risque réel d’un incident qui provoquerait violence et instabilité le long de la frontière sont des faits qui semblent justement donner raison aux partisans d’un arbitrage international.

 

 

Le jeudi 07 septembre 2006

Accord serbo-américain de coopération militaire

Agence France-Presse - Washington

Les États-Unis et la Serbie ont signé jeudi à Washington un accord de coopération militaire, sept ans après les bombardements américains contre la Serbie destinés à mettre fin aux exactions de Slobodan Milosevic contre les Albanais du Kosovo.

Cet accord paraphé au département d'État par la secrétaire d'État américaine, Condoleezza Rice, et le président serbe Boris Tadic, permet un déploiement de troupes américaines sur le sol serbe et l'entraînement de troupes serbes aux États-Unis, a indiqué le département d'État dans un communiqué.

Il s'agit d'un Accord sur le statut des forces (SOFA) qui «établit les bases pour que le personnel militaire américain procède à des échanges réguliers, des exercices d'entraînement et d'autres types de coopération en Serbie». «Les États-Unis ont des accords SOFÀ avec leurs principaux partenaires et alliés, et cherchent à en signer partout où les forces américaines sont déployées à l'étranger», a précisé le ministère.

Soulignant «l'extraordinaire transformation» intervenue en Serbie ces dernières années, Mme Rice s'est félicitée de la «bonne coopération» entre les deux pays, sans mentionner les anciens responsables militaire et politique serbes de Bosnie, Ratko Mladic et Radovan Karadzic, inculpés de crimes de guerre par le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie mais toujours en liberté.

Pour sa part, M. Tadic a noté que cette coopération militaire était un premier pas vers un développement des relations bilatérales, notamment économiques. «Sans coopération dans le secteur de la Défense, il n'y aura pas de coopération dans celui de l'économie», a-t-il déclaré.

M. Tadic a indiqué à des journalistes avoir réaffirmé à Mme Rice son opposition à l'indépendance du Kosovo, province serbe administrée par l'ONU. «La Serbie est opposée au statut du Kosovo. Cela n'a aucun lien avec Karadzic et Mladic, c'est une question liée à la Constitution serbe», a-t-il déclaré.

Le président serbe a assuré que son objectif était de «défendre les intérêts du pays, tout en pensant aux intérêts du Kosovo et en les respectant». Mais l'indépendance du Kosovo pourrait représenter un «précédent» qui risquerait de déstabiliser les Balkans, a-t-il conclu.

La Serbie et les États-Unis ont rétabli des relations diplomatiques fin 2000, après la chute du régime autoritaire de Slobodan Milosevic.

Mais Washington reproche régulièrement à Belgrade son manque de coopération pour parvenir à l'arrestation de Mladic et Karadzic, inculpés en 1995 par le TPI de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre pendant le conflit en Bosnie-Herzégovine (1992-1995).

 

 

 

 

mercredi 28 juin 2006, 19h23 

Le Monténégro devient le 192e membre des Nations unies

NATIONS UNIES (Reuters) - Le Monténégro, dernier né des Etats indépendants de la planète, est devenu le 192e membre des Nations unies, un mois après s'être séparé de la Serbie à l'issue d'un référendum.

"Je déclare la république du Monténégro admise au sein des Nations unies", a déclaré Jan Eliasson, le président de l'Assemblée générale de l'Onu.

Sous les applaudissements des membres de l'Assemblée, le président monténégrin Filip Vujanovic, le ministre des Affaires étrangères Miodrag Vlahovic et le représentant auprès des Nations unies, Nebojsa Kaludjerovic, ont été conduits à leurs nouveaux sièges, près de la délégation mongole.

"Je suis sûr que le Monténégro s'efforcera d'entretenir de bonnes relations avec ses voisins et de promouvoir une forte coopération régionale dans les Balkans, apportant ainsi de la stabilité à cette région éprouvée par les conflits ces dernières années", a déclaré Eliasson.

Les Monténégrins se sont prononcés le 21 mai dernier par référendum en faveur de leur indépendance, mettant fin à l'union avec la Serbie.

Le siège précédemment attribué à l'Onu à l'Union de Serbie-Monténégro est revenu à la Serbie.

 

lundi 5 juin 2006, 19h14 

Le Parlement serbe proclame la souveraineté de la Serbie

BELGRADE (AP) - Le Parlement serbe a proclamé lundi à Belgrade la souveraineté de la république balkanique, après la proclamation officielle samedi soir de l'indépendance du Monténégro par les parlementaires monténégrins, conformément aux résultats du référendum du 21 mai.

Cette proclamation a confirmé la séparation de l'union Serbie-Monténégro en deux entités distinctes, clôturant le dernier chapitre de l'éclatement de la Yougoslavie.

Les différentes institution serbes ont 45 jours pour se mettre en conformité à la proclamation de souveraineté, notamment par la prise en charge des responsabilités autrefois exercées par l'administration fédérale.

Quelques minutes après la proclamation de souveraineté de la Serbie, les drapeaux de la précédente union Serbie-Monténégro ont été amenés. Le président monténégrin Filip Vujanovic a de son côté adressé lundi une lettre au secrétaire général de l'ONU Kofi Annan pour demander l'admission de son pays au sein des Nations unies.

Le Monténégro a également fait des démarches auprès de ses voisins et de l'Union européenne en vue d'une reconnaissance officielle et l'instauration de relations diplomatiques. L'UE a annoncé dimanche qu'elle respectait la déclaration d'indépendance du Monténégro mais elle n'a pas été jusqu'à reconnaître officiellement sa séparation de la Serbie, remettant cette prise de position à la semaine prochaine. AP

 

mercredi 31 mai 2006, 20h14 

Victoire des indépendantistes confirmée au Monténégro

PODGORICA, Serbie-et-Monténégro (Reuters) - Les résultats officiels du référendum du 21 mai au Monténégro ont confirmé la victoire du bloc favorable à l'indépendance, a annoncé mercredi la commission électorale, confirmant le divorce prochain entre Podgorica et Belgrade, unis depuis 1918.

Le Slovaque Frantisek Lipska, président de la commission chargée de superviser ce scrutin, a déclaré que 55,5% des électeurs avaient voté "oui" à l'indépendance.

L'Union européenne avait fixé à 55% le seuil à partir duquel elle reconnaîtrait une victoire du camp indépendantiste.

Les observateurs étrangers ont fait savoir que le référendum avait respecté les critères internationaux définissant la transparence d'une élection. Mais les "unionistes" ont déposé plus de 200 réclamations relatives aux résultats, lesquelles ont toutes été rejetées.

Le gouvernement serbe a très vite et succinctement réagi à l'annonce officielle, en déclarant par le truchement de l'agence Tanjug qu'"avec la confirmation des résultats définitifs, la Serbie devient l'Etat qui succède à la Serbie-et-Monténégro".

Le président du parlement monténégrin, Ranko Krivokapic, a précisé que l'indépendance serait probablement déclarée par le parlement lors de la séance de samedi.

"C'est comme cela que nous pourrons être reconnus par la communauté internationale et entamer le processus d'adhésion aux Nations unies", a-t-il déclaré.

Si le président serbe Boris Tadic a rapidement accepté la décision des Monténégrins, son adversaire politique, le Premier ministre serbe Vojislav Kostunica, s'est gardé de tout commentaire jusqu'à la proclamation officielle des résultats. Cette annonce ouvre la voie au divorce entre la Serbie et le Monténégro.

L'union de Serbie-et-Monténégro, créée en 2003, était la dernière incarnation du projet yougoslave, dont se sont séparées la Bosnie-Herzégovine, la Slovénie, la Croatie et la Macédoine dans les années 1990.

Depuis 2003, les 7,5 millions de Serbes et les 650.000 Monténégrins ne partageaient plus que la diplomatie et la défense. Ils possédaient leurs propres lois, monnaies et règles douanières.

Ils vont désormais devoir se répartir leurs biens militaires ainsi que les possessions diplomatiques. Les propriétés seront réparties selon le principe territorial voulant que chaque Etat conserve ce qui est sur son territoire.

La Serbie hérite de toutes les adhésions aux instances internationales tandis que le Monténégro, en tant que nouvel Etat indépendant, devra solliciter la reconnaissance des autres pays et l'adhésion aux organisations multilatérales.

 

samedi 20 mai 2006, 18h22 

Le Monténégro en bref

PODGORICA (AP) - Voici quelques données sur le Monténégro, qui vote dimanche pour ou contre sa séparation d'avec la Serbie:

REFERENDUM:

Les 484.718 électeurs monténégrins doivent répondre par "oui" ou "non" à la question suivante: "Etes-vous favorable à ce que le Monténégro devienne un pays indépendant disposant de la pleine souveraineté internationale?". Un seuil de 55% de "oui" a été fixé par l'Union européenne pour que la décision d'indépendance soit valide.

GEOGRAPHIE/POPULATION:

Depuis 2002, le petit Monténégro constitue avec son grand voisin la Serbie la Serbie-et-Monténégro, union souple que les indépendantistes monténégrins veulent aujourd'hui dissoudre. Ce pays montagneux et rural compte 620.000 habitants, dont 15% de musulmans et 7% d'albanophones. Essentiellement slave et orthodoxe, il est bordé par la Bosnie, la Serbie, l'Albanie et la mer Adriatique. Sa capitale est Podgorica.

HISTOIRE:

Principauté indépendante de facto depuis le XVIIIème siècle dans ces Balkans alors sous la férule turque, l'indépendance du Monténégro est reconnue en 1878, avant de devenir une monarchie. A la fin de la Première guerre mondiale, le Monténégro rejoint la Serbie et d'autres régions peuplées de slaves de l'empire austro-hongrois défunt pour former la Yougoslavie. Après la seconde guerre mondiale la Yougoslavie devient communiste, avant d'imploser dans le sang selon des lignes de fracture ethniques dans les années 90. Quatre républiques ont fait sécession (Slovénie, Croatie, Bosnie, Macédoine) et seuls la Serbie et le Monténégro sont restés unis depuis lors, selon des configurations différentes et de plus en plus distendues.

LANGUE:

La majorité parle serbe, tandis que les séparatistes qualifient de "monténégrin" un dialecte issu du serbe.

GOUVERNEMENT:

Le Premier ministre Milo Djukanovic (DPS, parti démocratique des socialistes), ancien allié de l'homme fort de Serbie Slobodan Milosevic avec lequel il rompt en 1997, a par la suite lancé le mouvement en faveur de l'indépendance, qui culmine avec ce référendum du 21 mai.

ECONOMIE:

Dans ce pays longtemps dépendant de l'agriculture et des industries lourdes (acier, aluminium), la production industrielle est aujourd'hui stagnante. Le Monténégro, qui a beaucoup souffert des sanctions imposées à Belgrade à partir de 1992, compte principalement sur les revenus du tourisme, le long de ses côtes, 290km sur la mer Adriatique. Si la Serbie compte en dinars, le Monténégro se sert désormais de l'euro, le gouvernement voyant dans l'indépendance un moyen de se rapprocher plus vite de l'UE. Le revenu par tête est d'environ 1.000 dollars (780 euros), le salaire moyen de 250 dollars (195 euros) et le chômage d'environ 30%. AP

 

 

Samedi 11 mars 2006, 20h49 

L'ancien président yougoslave Milosevic meurt en prison

LA HAYE (AFP) - L'ancien président yougoslave Slobodan Milosevic, acteur-clé des guerres des Balkans des années 1990, a été découvert mort samedi dans sa cellule, un décès privant la justice d'un dénouement après quatre ans de procès, et qui suscitait un début de polémique avec des proches de l'ancien président yougoslave.

"Aujourd'hui (..) Slobodan Milosevic a été trouvé sans vie dans son lit dans sa cellule du centre de détention des Nations unies à Scheveningen" à La Haye, a annoncé dans un communiqué le Tribunal Pénal International (TPI ) pour l'ex-Yougoslavie.

"Je regrette profondément ce qui est arrivé (...) pour tous les témoins, tous les survivants et toutes les victimes qui attendaient justice", a déclaré le procureur du TPI Carla Del Ponte. "Nous attendons le résultat de l'autopsie pour connaître la cause de la mort. Nous y verrons plus clair dans les jours à venir", a-t-elle ajouté. Le TPI jugeait l'ancien président yougoslave, 64 ans, pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide, et avait espéré boucler le procès mi-2006.

Alors que Belgrade exigeait rapidement "un rapport détaillé", un conseiller juridique de M. Milosevic, Zdenko Tomanovic, a affirmé samedi soir que son client lui avait déclaré avant sa mort qu'on avait tenté de l'empoisonner. Il a demandé que l'autopsie soit effectuée à Moscou.

"Une autopsie complète et un examen toxicologique ont été ordonnés" à La Haye, a cependant indiqué le TPI. Le corps a été transformé en fin de journée à l'Institut médico-légal néerlandais (NFI) à la Haye, selon l'agence néerlandaise ANP. Un médecin serbe, le médecin-chef du Conseil national (serbe) de coopération avec le TPI, pourra assister à l'autopsie qui commencera dimanche matin, a déclaré le tribunal.

Mis en accusation par le frère de M. Milosevic à Moscou, son ancien parti à Belgrade et par de simples citoyens serbes dans la rue, le TPI a assuré n'avoir "rien à se reprocher". "Le TPI prend le plus grand soin de ses accusés, et de celui-ci en particulier", a assuré un porte-parole, Christian Chartier.

Le tribunal n'en est pas moins sur la sellette avec cette quatrième mort d'un de ses détenus, après le suicide lundi de l'ex-chef des Serbes de Croatie Milan Babic, celui d'un autre Serbe de Croatie, Slavko Dokmanovic, en juin 1998, et la mort naturelle, en août de la même année, d'un Serbe de Bosnie, Milan Kovacevic.

L'ancien homme fort de Belgrade souffrait notamment de troubles cardio-vasculaires. "Il n'y a pas de signe qu'il ait commis un suicide", a souligné un porte-parole du TPI. Steven Kaye, l'un de ses avocats, a indiqué à la BBC que son client lui avait assuré "il y a quelques semaines qu'il n'avait aucune intention de mettre fin à ses jours".

Le tribunal pour l'ex-Yougoslavie avait rejeté fin février une demande de remise en liberté provisoire déposée par les avocats de M. Milosevic, désireux de se faire soigner en Russie. Moscou a dit samedi regretter cette décision. Le procès de M. Milosevic avait été plusieurs fois suspendu depuis son début le 12 février 2002 pour raisons de santé.

Cette disparition porte un coup majeur au TPI car son procès fleuve était au centre de presque toutes les autres affaires. Slobodan Milosevic répondait de plus de 60 chefs d'accusation de crimes contre l'humanité et crimes de guerre pour son rôle dans les guerres en Croatie (1991-95), en Bosnie (1992-95) et au Kosovo (1998-99). Il répondait aussi de génocide pour sa responsabilité dans le massacre de quelque 8.000 garçons et hommes musulmans réfugiés dans l'enclave de Srebrenica en 1995.

Aussitôt sa mort connue, des mère et veuves des Musulmans massacrés à Srebrenica ont affirmé regretter qu'il échappe à une condamnation. "C'est dommage, il ne sera jamais condamné et nous n'écouterons pas le verdict", a déclaré Hajra Catic, présidente d'une association de femmes de Srebrenica. "Cependant, il semble que Dieu l'ait puni", a ajouté Mme Catic. De nombreux dirigeants internationaux ont eux-aussi regretté que M. Milosevic soit mort avant de connaitre le verdict de la justice internationale.

Ils ont aussi souhaité que sa disparition aide la Serbie et les Balkans à tourner la page d'années de conflits et de divisions. Slobodan Milosevic, né à Pozarevac (est de la Serbie) le 20 août 1941, gravit peu à peu les échelons de la nomenklatura pour accéder en 1986 au poste de président du parti communiste de Serbie.

Profitant de l'affaiblissement du pouvoir fédéral, il entame une véritable croisade en faveur de l'union de tous les Serbes, jusqu'à devenir président de Serbie en 1990. Bien que largement considéré en Occident comme le principal responsable des guerres qui ont suivi le démantèlement de la Yougoslavie en 1991-92, il se retrouve en 1995 unique interlocuteur, côté serbe, capable de négocier l'accord de paix de Dayton (Etats-Unis). Mais, à l'intérieur, son hostilité à la démocratisation fait naître une opposition grandissante.

Il troque en juillet 1997 son poste de président de la Serbie contre celui de président de la République fédérale de Yougoslavie (RFY - Serbie et Monténégro). Sa politique de répression sanglante au Kosovo entraîne en mars 1999 l'intervention des forces aériennes de l'Otan en RFY. Il est chassé du pouvoir par un soulèvement populaire le 5 octobre 2000. Il est arrêté le 1er avril 2001.

 

lundi 27 février 2006, 15h20

La CIJ examine une plainte pour génocide de la Bosnie contre la Serbie

LA HAYE (AFP) - La Bosnie a entamé lundi devant la Cour internationale de Justice (CIJ) son plaidoyer contre la Serbie-Monténégro, qu'elle accuse de génocide, indiquant qu'il ne s'agit pas de vengeance, mais de combattre le reniement par Belgrade des horreurs de la guerre en Bosnie.

(Voir document ci-joint)

"Il ne s'agit pas de blâmer chaque Serbe de Bosnie pour les actes de génocide commis contre des non-Serbes en Bosnie-Herzégovine. Nous sommes ici parce que Belgrade a entraîné les non-Serbes de Bosnie sur la voie de l'enfer, un chemin parsemé de cadavres, de familles déchirées et d'avenirs brisés", a déclaré le représentant de la Bosnie, Sakib Softic.

"Alors que les images des massacres sont encore dans toutes les mémoires", renier les crimes de guerre est monnaie courante en Serbie", a-t-il poursuivi, ajoutant que "cette affaire a été portée devant la Cour afin d'en finir avec la falsification de l'histoire".

La Bosnie, dont la présidence était essentiellement musulmane lors de la guerre, a introduit cette plainte devant la plus haute instance des Nations unies en 1993.

"La violence armée qui a frappé notre pays en 1992 était comme un tsunami provoqué par l'homme (...) qui a détruit le caractère même de la Bosnie-Herzégovine, et en tout état de cause détruit une partie de la population non-serbe", a expliqué M. Softic.

Aux abords du Palais de la Paix, quelques centaines de manifestants musulmans bosniaques s'étaient rassemblés "pour faire valoir (leurs) droits sur (leurs) agresseurs", selon Asim Tulic, 47 ans, venu de Berlin.

De grandes banderoles disaient: "8.106 morts identifiés" et "la honte de l'Europe".

"Nous voulons la justice, que la vérité éclate", expliquaient à l'AFP Edina Krdzic, 22 ans, et Edisa Suljic, 21 ans. L'une a perdu dans le génocide de Srebrenica, en 1995, son père, deux oncles et deux cousins. L'autre ses deux grands-pères et un oncle.

Les avocats de la Bosnie, qui se baseront particulièrement sur les preuves réunies par le procureur du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie, devraient se concentrer sur le massacre de Srebrenica, dans l'est de la Bosnie.

Les observateurs estiment que la Bosnie s'attaque à un gigantesque défi en voulant prouver la responsabilité directe de Belgrade dans une guerre dont la plupart des horreurs planifiées ont été commises par les troupes serbes de Bosnie.

La Serbie affirme que les Serbes de Bosnie étaient d'incontrôlables fanatiques, mais pour Me Phon van der Biesen, avocat de la Bosnie, "les massacres n'étaient pas une chose qu'une simple bande de fanatiques pouvaient organiser". "Belgrade était aux commandes", a-t-il déclaré à la presse.

C'est aussi ce que le procureur du TPI tente de démontrer dans le procès de Slobodan Milosevic. Parmi les 60 chefs d'inculpation de l'ancien président yougoslave figure celui de génocide, pour le meurtre de 8.000 garçons et hommes musulmans à Srebrenica.

Les experts s'attendent à ce que la Serbie-Monténégro réaffirme que la Cour n'est pas compétente pour juger la plainte, étant donné que la République fédérale de Yougoslavie, remplacée en 2003 par la Serbie-Monténégro, n'était pas membre des Nations unies avant 2000.

Au cas où cette parade échouerait, Belgrade devrait plaider que la Bosnie ne peut accuser la Serbie de crimes commis par des criminels serbes de Bosnie, et que le gouvernement serbe n'avait pas l'intention de commettre un génocide.

Les audiences doivent durer jusqu'au 9 mai et inclure des témoignages de témoins et d'experts, mais les médias ne pourront les reproduire que lorsque tous les éléments de preuve auront été apportés.

Après les audiences, les juges formuleront un jugement, qui prend d'ordinaire plusieurs mois.

Les arrêts de la CIJ sont définitifs et sans appel, mais la Cour n'a aucun moyen de les faire appliquer.

 

Kosovo : Martti Ahtisaari donne un premier aperçu des négociations sur le statut final

20 décembre 2005 – L'Envoyé de l'ONU chargé de superviser les pourparlers sur le statut final du Kosovo, Martti Ahtisaari, a présenté aujourd'hui lors d'une conférence de presse à l'ONU les résultats de sa première visite dans la région où il engagé les minorités serbes à participer davantage et les autorités du Kosovo à renforcer la décentralisation de l'administration.

« Après avoir reçu mon mandat du Secrétaire général le 14 novembre, j'ai commencé mes consultations dans la région dans la semaine qui a suivi, avec une visite à Pristina puis à Belgrade », a rappelé aujourd'hui Martti Ahtisaari, ancien président de la Finlande et Envoyé spécial du Secrétaire général chargé de superviser les pourparlers sur le statut final du Kosovo (UNOSEK), lors d'une conférence de presse au siège de l'ONU à New York.

Accompagné de son adjoint, Albert Rohan, Martti Ahtisaari, s'était rendu à Pristina au Kosovo, à Belgrade en Serbie, au Monténégro, en Albanie et en Macédoine.

Nous avons également eu des consultations constantes avec le Groupe de contact, qui comprend l'Allemagne, les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni, l'Italie, et la Fédération de Russie, a indiqué aujourd'hui Martti Ahtisaari, précisant que le cadre de ses travaux se trouvait aussi dans une lettre envoyée par le Conseil de sécurité.

« Nous souhaitions écouter les parties, y compris les représentants des minorités, des Serbes du Kosovo et d'autres », a déclaré Martti Ahtisaari qui s'est félicité du fait que les pays voisins ont décidé qu'ils seraient « actifs mais non pas acteurs ».

« Mon message aux Albanais du Kosovo a été d'accroître leurs efforts dans la réalisation des Normes pour le Kosovo », a-t-il dit, en référence à l'ensemble de normes imposées par l'ONU au Kosovo correspondant à un niveau minimum de développement économique et politique.

Une des tâches à accomplir dès janvier sera la protection des minorités non albanaises du Kosovo, ce qui requerra une réforme des règles d'administration locale. « J'espère que les parties discuteront de la décentralisation dès la fin du mois de janvier », a-t-il expliqué.

« Aux Serbes du Kosovo, j'ai envoyé le message qu'ils devraient participer aux négociations et prendre en main leur avenir avec les autres communautés non albanaises ». « Leur participation active est essentielle », a-t-il indiqué.

Il a rappelé que c'était la première fois qu'ils participaient en aussi grand nombre à une réunion organisée par l'ONU, et que Belgrade les avaient probablement encouragés, ce qui était un bon signe.

A Belgrade, j'ai affirmé « qu'il fallait être réaliste, et qu'il n'y aurait pas de retour en arrière », selon les principes qui guident mon mandat, a-t-il précisé, rappelant que le Kosovo devrait pouvoir profiter pleinement des occasions de développement.

Par exemple, a-t-il indiqué, le Kosovo dispose de réserves importantes de lignite, qui pourraient, avec d'importants investissements, constituer une source d'énergie pour lui comme pour la région.

« On ne peut s'attendre à ce que la communauté internationale finance perpétuellement le Kosovo », a insisté Martti Ahtisaari.

Ce dernier a par ailleurs apporté une réponse positive à la question, posée par un journaliste, de savoir si le Kosovo pourrait bénéficier d'un développement durable s'il accédait à l'indépendance. Dans cette hypothèse, le Kosovo voudra sans doute entrer dans l'Union européenne et cela prendra encore des années, a-t-il fait observer.

L'Envoyé spécial du Secrétaire général a indiqué attendre un document exposant la position des Albanais comme des Serbes dès le mois de janvier.

Interrogé sur une évolution des positions affirmées par la Serbie, qui ne souhaite pas octroyer plus que l'autonomie, et par le gouvernement du Kosovo, qui exige l'indépendance, Martti Ahtisaari a indiqué que la Serbie avait déjà indiqué que le Kosovo pourrait joindre certaines organisations internationales, ce qui pourrait poser un problème juridique, mais représente un progrès.

Quant au calendrier des négociations, Martti Ahtisaari a espéré qu'un an suffirait pour mener à bien ses efforts.

« Après toute la haine qui s'est accumulée, on ne peut pas s'attendre à ce que les parties se tombent tout d'un coup dans les bras. Si elles peuvent apprendre à se tolérer, ce sera déjà un bon début », a affirmé Martti Ahtisaari.

Ce dernier a enfin dit qu'il avait créé à Vienne un Bureau pour l'Envoyé spécial du Secrétaire général chargé de superviser les pourparlers sur le statut final du Kosovo, qui sera connu sous l'acronyme UNOSEK, pour l'anglais.

Le Kosovo, province du sud de la Serbie, est sous administration des Nations Unies depuis la création de la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) par la résolution 1244 du Conseil de sécurité du 10 juin 1999, avec pour mission de mettre en place une administration civile intérimaire dans cette région ravagée par la guerre.

 

mercredi 14 décembre 2005, 17h20 

Bosnie: le Britannique Paddy Ashdown va être remplacé par l'Allemand Christian Schwartz-Schilling

SARAJEVO (AP) - Le diplomate allemand Christian Schwartz-Schilling va succéder au début de l'an prochain au Britannique Paddy Ashdown au poste de Haut représentant international en Bosnie-Herzégovine.

Ainsi en ont décidé mercredi lors d'une réunion à Paris les représentants des pays garants de l'application des accords de paix négociés à Dayton qui ont mis fin en 1995 à trois ans de guerre, selon un communiqué diffusé par le bureau de Paddy Ashdown à Sarajevo.

La réunion du Conseil de mise en oeuvre de la paix en Bosnie-Herzégovine a été organisée à l'occasion du 10e anniversaire de la signature des accords, le 14 décembre 1995, après un conflit qui a fait 260.000 morts et 1,8 million de déplacés.

Paddy Ashdown assume la fonction de Haut représentant international depuis 2002. Il a été chargé de l'application des dispositions des accords de paix. AP

 

Commémoration du massacre de Srebrenica : Kofi Annan plaide pour « la responsabilité de protéger »

11 juillet 2005 A l'occasion du 10e anniversaire du massacre de Srebrenica, « crime le plus grave commis sur le sol européen depuis la seconde guerre mondiale », le Secrétaire général a rappelé aujourd'hui les trois devoirs qui incombaient, selon lui, à la communauté internationale : découvrir toute la vérité, rendre la justice pour permettre la réconciliation et empêcher que de tels massacres ne se reproduisent en endossant le concept émergent de « la responsabilité de protéger ».

« Aujourd'hui, nous rendons hommage aux victimes d'un terrible crime – le pire crime commis sur le sol européen depuis la seconde guerre mondiale », a déclaré aujourd'hui Kofi Annan, dans une allocution prononcée par son chef de Cabinet, Mark Malloch Brown, lors des cérémonies du 10e anniversaire du massacre de près de 8 000 musulmans par les forces serbes, à Srebrenica, en Bosnie orientale.

« Notre premier devoir est de découvrir et d'affronter l'entière vérité sur ce qui s'est passé », a affirmé le Secrétaire général.

« Pour nous qui servons les Nations Unies, il est dur de faire face à cette réalité », a-t-il fait remarquer.

« Nous pouvons nous dire – et c'est vrai – que les grandes nations n'ont pas répondu de manière adéquate. Nous pouvons nous dire – et c'est vrai aussi – qu'il y aurait dû avoir des forces militaires plus puissantes et une volonté politique plus forte. Nous pouvons nous dire aussi – et c'est indéniable – que la responsabilité revient principalement à ceux qui ont planifié et exécuté ce massacre », a-t-il rappelé.

« Mais nous ne pouvons pas éluder notre part de responsabilité », a reconnu Kofi Annan.

« Nous avons fait de sérieuses erreurs de jugement, enracinées dans une philosophie d'impartialité et de non-violence qui, quoique admirable, était mal adaptée au conflit en Bosnie ». « C'est pourquoi, […] la tragédie de Srebrenica hantera notre histoire pour toujours ».

« Notre second devoir, a-t-il continué, est d'aider à reconstruire la confiance parmi les populations de cette région. Ce qui ne pourra être fait qu'en continuant à se battre pour la justice. Sans justice, il ne pourra pas y avoir de réconciliation ».

« Notre quête pour la justice demeure incomplète. Les juridictions pénales internationales des Nations Unies ont travaillé dur et des coupables importants ont été arrêtés. Mais ceux qui ont été accusés d'être les principaux architectes du massacre – Ratko Mladic et Radovan Karadzic – sont toujours en fuite. Tant qu'ils n'auront pas répondu à leurs chefs d'inculpation, nous ne pourrons pas dire que nous avons vaincu l'impunité », a souligné le Secrétaire général.

Notre troisième et plus important devoir, a poursuivi Kofi Annan, est de prévenir de tels massacres systématiques. « Le monde doit s'équiper lui-même pour être capable d'agir collectivement contre les génocides, nettoyages ethniques et crimes contre l'humanité. Il faut donner au concept de la 'responsabilité de protéger' les moyens significatifs d'exister et pas seulement un soutien rhétorique », a-t-il rappelé.

Le Secrétaire général avait plaidé, dans son rapport intitulé « Dans une liberté plus grande : développement, sécurité et droits de l'homme pour tous », pour l'adoption en tant que concept du droit international de la « responsabilité de protéger ».

 

Le jeudi 10 février 2005

Stratégie américaine en Europe : Sous-traiter des frappes nucléaires

Agence France-Presse -Washington

La stratégie nucléaire américaine prévoit la sous-traitance de frappes nucléaires auprès de ses alliés de l'Otan dépourvus de l'arme atomique en cas de conflit en Europe, dans ce qui est considéré par les experts comme un moyen de contourner la loi internationale, selon un rapport rendu public mercredi.

L'étude, réalisée par le «Natural Resources Defense Council», un groupe de réflexion sur la sécurité nationale et l'environnement, est basée essentiellement sur des documents officiels rendus publics et fournit une analyse détaillée de l'arsenal nucléaire américain en Europe et de la doctrine pour justifier son maintien plus de dix ans après la fin de la Guerre Froide.

Pour la première fois le document révèle le nombre précis de têtes nucléaires qui seraient transférées, suivant les plans actuels des États-Unis et de l'Otan, à des pays alliés dépourvus de l'arme atomique pour utilisation par leurs aviations.

Si une guerre devait éclater en Europe jusqu'à 180 bombes nucléaires seraient confiées aux forces aériennes de Belgique, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie et de Turquie, selon cette étude.

Ces bombes font partie de l'arsenal de 480 têtes nucléaires que les États-Unis ont maintenu en Europe après l'effondrement de l'Union Soviétique en 1991 et le retrait des armes nucléaires de l'URSS du continent.

L'étude souligne que cet arsenal est entreposé dans huit bases aériennes situés dans cinq pays de l'Union européenne - Belgique, Allemagne, Italie, Pays-Bas et Royaume-Uni - et en Turquie.

Les 300 bombes nucléaires restantes resteraient aux mains des Américains pour utilisation par les F-15 et F-16 de l'aviation américaine basés en Europe, souligne encore le rapport.

 

Souveraineté économique au Kosovo : transfert de la MINUK au gouvernement

23 décembre 2004 Poursuivant le mouvement de transfert des compétences de la Mission de l'ONU au gouvernement du Kosovo, l'Envoyé de l'ONU a annoncé des mesures dans le domaine de l'économie afin de « kosovariser » les organes de gestion, c'est-à-dire obtenir une majorité de Kosovars au lieu du personnel international.

Le Représentant spécial du Secrétaire général pour le Kosovo, Søren Jessen-Petersen, et le Premier Ministre du Kosovo, Ramush Haradinaj, se sont rencontrés pour débattre de la poursuite des transferts de souveraineté de la Mission d'administration intérimaire des Nations Unies au Kosovo (MINUK) au gouvernement dans le domaine de l'économie, indique un communiqué de la Mission paru le 22 décembre.

Søren Jessen-Petersen a annoncé que la présidence du Conseil économique et fiscal serait désormais sous la responsabilité du Premier Ministre au lieu de la MINUK, ajoutant que la composition d'autres organes, tels que le conseil d'administration de l'Office des services bancaires et des paiements du Kosovo pourrait être modifiée à l'avenir.

« Nous changerons la composition au fur et à mesure afin de « kosovariser » les institutions économiques, a-t-il déclaré, précisant que par « kosovarisation » il entendait que « les Kosovars seraient en majorité et le personnel international en minorité ».

Ces mesures s'inscrivent dans le mouvement amorcé par le Représentant spécial, pour définir des normes prioritaires pour le Kosovo, dans le cadre des recommandations de l'ambassadeur Kai Eide, de la Norvège, dans son rapport la situation politique au Kosovo.

Le Représentant spécial a par ailleurs annoncé le transfert de la gestion des forêts appartenant à la collectivité au gouvernement, qui revêtent une importance économique substantielle puisqu'elles couvrent un quart du territoire.

 

29 novembre 2004
L’ex-République yougoslave de Macédoine ratifie deux traités du Conseil de l’Europe

Bruxelles - L’Ambassadeur Zvonimir JANKULOSKI, Représentant Permanent de « l’ex-République yougoslave de Macédoine » auprès du Conseil de l’Europe, a transmis à Terry DAVIS les instruments de ratification de la Convention européenne sur la transmission des procédures répressives et de la Convention européenne pour la répression du terrorisme (entrée en vigueur des deux traités : 01.03.2005).

 

CNUCED : investissement en baisse en Europe centrale et orientale avant le rebond

22 septembre 2004La baisse importante de l'investissement direct en Europe centrale et orientale n'empêche pas que, sous l'effet conjugué de la reprise et de l'entrée de huit pays de la région dans l'Union européenne (UE), celle-ci ne devienne la destination la plus intéressante pour les investisseurs en 2004-2005, indique le dernier rapport de l'agence de l'ONU pour le commerce et le développement.

L' « effondrement » de l'investissement étranger direct (IED) en Europe centrale et orientale, passé d´un niveau record de 31 milliards de dollars en 2002 à 21 milliards de dollars en 2003, est « inattendu », selon le Sous-Secrétaire général de la CNUCED (Conférence des Nations sur le commerce et le développement), Carlos Fortin, cité dans un communiqué de l'agence.

Le phénomène s'explique essentiellement par la fin de la privatisation en République tchèque et en Slovaquie, l'an dernier, explique le rapport que vient de publier la CNUCED, intitulé « Rapport sur l´investissement dans le monde 2004 : la montée en puissance du secteur des services » (World Investment Report 2004: The Shift Towards Services) qui table par ailleurs sur une reprise à moyen terme de la croissance de l´IED en Europe centrale et orientale.

L´investissement étranger direct a augmenté dans 10 pays de la région et diminué dans 9 en 2003, la plupart des pays recevant moins d´un milliard de dollars, met en évidence ce document. Il a fléchi en Fédération de Russie où il se trouve ramené de 3,5 à 1 milliard de dollars. La part de l´IED dans la formation brute de capital fixe en Europe centrale et orientale a également chuté de 17% en 2002 à 10% en 2003.

Si les résultats modestes enregistrés dans la région l´an dernier montrent qu´il n´y a eu aucun détournement important des flux d´IED en provenance des anciens membres de l´UE vers les pays d´Europe centrale et orientale, huit des pays de la région qui ont rejoint l´UE en 2004 pourraient, selon certaines conjectures, attirer des investissements de pays non européens.

En 2003, ces huit pays (République tchèque, Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Slovénie et Slovaquie) dont l'intégration à l'Union est devenue effective en mai 2004, ont en fait constaté une diminution de l´IED ramené de 23 milliards de dollars en 2002 à 11 milliards de dollars en 2003.

En ce qui concerne l'investissement étranger direct provenant de la région, la Fédération de Russie, avec 59% du total, s´est « taillée la part du lion », indique la CNUCED.

La prédominance habituelle des entreprises russes ressort clairement du classement des premières sociétés transnationales (STN) d´Europe centrale et orientale publié dans le rapport. Les STN les plus importantes ont tenu bon en 2002 en dépit du ralentissement de l´économie mondiale.

Cela tient au fait que les STN de la Fédération de Russie et de la Croatie en particulier ont anticipé l´élargissement de l´Union européenne en espérant prendre pied sur le marché européen élargi à 25 membres, explique l'agence qui précise que le secteur des STN est dominé par des entreprises qui exploitent des ressources naturelles et par des sociétés de transports.

D´après ce nouveau rapport de la CNUCED, la croissance économique devrait favoriser l´augmentation de l´IED en Europe centrale et orientale et les flux d´IED à destination des nouveaux membres de l´Union européenne connaître un "second souffle", les investisseurs traditionnels cherchant à tirer parti des nouveaux avantages géostratégiques de ces pays.

Le rapport souligne également que plusieurs nouveaux membres de l´UE soucieux d'améliorer leurs avantages compétitifs, ont abaissé leurs impôts sur les sociétés pour les ramener à des niveaux comparables à ceux appliqués dans des pays comme l´Irlande.

Sous l´effet conjugué de taux d´imposition des sociétés peu élevés, de salaires relativement bas et d´un accès à des subventions de l´Union européenne - renforcé par l´environnement favorable aux investissements, une main-d´œuvre hautement qualifiée et un libre accès aux marchés des autres membres de l´Union - les nouveaux pays membres sont devenus des destinations intéressantes pour l´IED, provenant aussi bien d´autres pays de l´Union européenne que de pays tiers.

"Il n´est donc pas surprenant que l´Europe centrale et orientale offre des perspectives intéressantes pour l´IED" affirme Karl P. Sauvant, Directeur de la Division de l´investissement de la CNUCED. En effet, plus des deux tiers des principales STN et des experts en localisation d´entreprises interrogés par la CNUCED début 2004 s´attendaient à une remontée des entrées d´IED en 2004-2005. C´est parmi toutes les régions celle pour laquelle la proportion des réponses allant dans ce sens est la plus élevée.

 

Bosnie-Herzégovine : Les noms de 13 villes serbes de Bosnie devront être changés

27 mars 2004, Agence France-Presse - Sarajevo

La Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine a ordonné à l'entité serbe, la Republika Srpska, de modifier les noms de 13 villes pour éviter la discrimination à l'encontre des Croates et des Musulmans, a annoncé le président de la Cour Mato Tadic.

Le terme «serbe» a été ajouté au nom de ces 13 villes au cours de la guerre de 1992-95. «Cela doit être changé (...) afin de protéger le droit constitutionnel (des communautés du pays) à la non-discrimination», a déclaré M. Tadic à la presse.

Parmi les villes concernées figurent Srpski Brod, Srpsko Gorazde, Srpski Sanski Most et Srpsko Sarajevo. La décision intervient à la suite d'une requête déposée en 2001 par le président du parlement de Bosnie Sejfudin Tokic.

Le président du parlement de la RS Dragan Kalinic a estimé dans des déclarations à l'agence serbe de Bosnie SRNA que la décision de la Cour constitutionnelle «augmenterait les frustrations de notre peuple».

«On nous prive du droit de donner à nos villes les noms que nous jugeons appropriés», a-t-il dit.

M. Tadic a souligné que la Cour n'avait été saisie d'aucune demande pour réexaminer la légalité du nom de la Republika Srpska (RS, République serbe) elle-même.

Des journaux ont évoqué la possibilité que la décision de la Cour concernant le nom des villes puisse remettre en question celui de la RS.

Environ 150.400 Croates et Musulmans, sur les centaines de milliers chassés par les Serbes de Bosnie des zones sous leur contrôle pendant la guerre, sont revenus chez eux, selon des chiffres du Haut Commissariat des Nations Unies aux réfugiés (HCR).

La Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine comprend neuf juges, trois de chaque communauté, Croates, Musulmans et Serbes, et trois étrangers.

Ses décisions sont sans appel et contraignantes.

 

vendredi 20 février 2004, 15h04

Kostunica devient Premier ministre désigné en Serbie

BELGRADE (Reuters) - Le dirigeant conservateur serbe Vojislav Kostunica a été nommé Premier ministre désigné vendredi, près de huit semaines après des élections législatives qui n'ont pas dégagé de majorité nette, rapporte l'agence Tanjug.

Le président serbe par intérim Dragan Marsicanin lui a demandé de former un gouvernement et Kostunica a accepté, précise Tanjug. On s'attend à ce que le dirigeant nationaliste modéré, prenne la tête d'une coalition minoritaire soutenue par les socialistes de l'ex-président yougoslave Slobodan Milosevic.

 


Meurtre du Premier ministre Djindjic : questions pour l'enquête
TRADUIT PAR PERSA ALIGRUDIC

Publié dans la presse : 14 mars 2003
Mise en ligne : dimanche 16 mars 2003

Les circonstances de l'assassinat de Zoran Djindjic laissent planer beaucoup de questions embarrassantes : les services de sécurité et de renseignements ont-ils fait correctement leur travail ? Quelles étaient véritablement les relations du gouvernement et de Zoran Djindjic avec le crime organisé et les fameux Bérets rouges ?

Par l'équipe des journalistes et du Centre de documentation de VREME

La voiture BWM où se trouvait le Premier ministre est entrée dans la cour du bâtiment gouvernemental et s'est arrêtée devant l'entrée gardée par trois gardes du corps.

Le Premier ministre était assis à l'arrière, derrière le chauffeur ; sur le siège avant se trouvaient ses béquilles. On affirme que l'arme utilisée était un gros calibre de 12,7 mm que seule pouvait manier efficacement une personne expérimentée. D'après les premières informations, le tir provenait du bâtiment situé au 9 de la rue Nemanjina, qui appartenait à l'Armée yougoslave et qui avait été abandonné après les dégâts subis par les bombardements de l'OTAN. Plus tard, il a été confirmé qu'on avait tiré à partir du bâtiment au n° 14 de la rue Admiral Geprat. Dans un appartement du premier étage, la police a trouvé une couverture. On suppose que l'appartement avait été loué et que l'auteur de l'attentat y aurait séjourné plus de 12 heures. Un parc sépare ce bâtiment de la cour du gouvernement.

La police armée a bloqué le bâtiment gouvernemental. La cour où s'est déroulé le meurtre se trouve entre le bâtiment du gouvernement et celui détruit par les bombardements qui offrait une cache facile au sniper. Cette cour possède une clôture basse ouverte sur le parc menant à la rue de l'Amiral Geprat, où la route était ouverte pour la fuite.

La police a immédiatement amorcé un contrôle rigoureux des automobiles et des citoyens au centre de la ville. L'aéroport a été fermé dans les heures qui ont suivi le crime. La police vérifiait surtout ceux qui portaient des gros sacs.

Quand Zoran Djindjic habitait Place des Etudiants, au centre de Belgrade, les experts allemands de la sécurité avaient constaté qu'il existait pas moins de 36 endroits d'où un attentat pouvait être fait sans difficulté au moment où Djindjic entrait ou sortait de son immeuble. Cela a contraint le Premier ministre à déménager à Dedinje (quartier résidentiel de la capitale, NdT). Personne n'a pensé aux risques présents aux alentours du bâtiment gouvernemental qui, d'après l'estimation des experts de Vreme, étaient semblables à ceux de la Place des Etudiants. Pas seulement à cause de l'immeuble en ruines, mais du parc avoisinant et d'un grand espace vert en direction de la rue Amiral Geprat, qui fait de cet espace un véritable terrain de tir.

Il est incroyable que le bâtiment en ruines de la rue Nemanjina, d'où l'auteur de l'attentat aurait soi-disant tiré, n'ait pas été fouillé et que les hommes chargés de la sécurité n'aient pas prêté une attention particulière au seul bâtiment non habité se trouvant à proximité du bâtiment gouvernemental.

De même, il est impensable que lors du précédent attentat sur le premier ministre, la première voiture de son escorte, placée en éclaireur, se trouvait très loin devant celle de Djindjic, de sorte que le camion conduit par Dejan Milenkovic Bagzi a pu très facilement se mettre en travers de la route devant la voiture de Djindjic. Or, c'est le rôle de l'éclaireur que de se trouver assez près de la voiture du Premier ministre afin de parer à tout incident. Bien qu'il y ait eu une troisième voiture, elle ne roulait pas aux côtés du véhicule à protéger. Les milieux proches du gouvernement disent que le Premier ministre avait l'intention d'engager de nouvelles personnes pour assurer sa sécurité.

Après cet incident sur l'autoroute, on a recommandé à Djindjic de porter un gilet anti-balles, mais sa blessure aux jambes lui a donné une raison pour refuser cette sorte de protection. En tous cas, l'enquête devra donner une réponse à la question suivantes : quelles étaient les mesures de sécurité qui protégeaient Zoran Djindjic ?

Qui se cache derrière cet acte monstrueux dont on ne peut encore imaginer les conséquences pour la stabilité et l'avenir du pays ?

De nombreuses déclarations de la police, mais aussi des structures politiques, indiquaient que la vie de Zoran Djindjic était sérieusement en danger. Il faut rappeler ici l'arrestation de Nikola Maljkovic, le 27 octobre 2002 à Belgrade, soupçonné du meurtre du général de police Bosko Buha commis le 10 juillet. Maljkovic appartenait à un groupe dont l'organisateur et le chef est Zeljko Maksimovic-Maka qui, d'après le communiqué de l'Agence de sécurité (BIA), "avait pour objectif de commettre des meurtres sur les représentants des organes politiques de l'État ainsi que sur des personnes éminentes de la vie publique, afin de déstabiliser le pouvoir et de provoquer le chaos dans le pays et de créer ainsi un climat dominé par le crime organisé". Le meurtre de Zoran Djindjic était le principal but de ce groupe.

Survient ensuite l'attentat du 21 février sur l'autoroute Belgrade-Zagreb, accident évité de justesse grâce à la grande dextérité du chauffeur.

Le chauffeur du camion, Dejan Milenkovic Bagzi, a été immédiatement arrêté, mais il a été relâché après deux jours de détention, car l'hypothèse tendant à provoquer un accident avec un camion de poids léger et de tuer ainsi le Premier ministre n'était pas fondée ; ce qui l'était en revanche, c'est qu'après l'arrêt de la colonne de voitures, le tir aurait dû être ouvert par un groupe d'hommes à partir d'une voiture provenant de la direction opposée.

D'emblée, Djindjic avait nié l'hypothèse d'un attentat. Mais plus tard, lorsque la police a communiqué plus de détails sur Bagzi, le Premier ministre a changé d'avis. Quoiqu'il en soit, Milenkovic s'est volatilisé après avoir été relâché. Une chose est certaine cependant : c'est que personne, ni la police, ni le parquet, ni les tribunaux n'ont fait ce qu'il fallait...

Zoran Djindjic avait été averti à plusieurs reprises qu'un attentat se tramait contre lui. À la suite de son premier attentat, il a déclaré que "cela confirme une totale obsession de ces gens, qui se servent de telles méthodes en croyant que rien ici n'a changé et qu'ils peuvent faire ce qu'ils faisaient dans le régime précédent". Il a ajouté aussi que sa mort éventuelle ne changerait rien.

La lettre de Milorad Lukovic Legija, publiée le 28 février dernier, après une explosion qui a fait voler en éclats tout le matériel de construction de la société Defense Road à Zemun Polje, avait un ton menaçant.

On savait que Djindjic avait rencontré Legija avant le 5 octobre 2000, et qu'il avait conclu avec lui un "gentlemen's agreement" pour que les unités spéciales de la police n'interviennent pas contre les manifestants le 5 octobre. Bien qu'il ait confirmé dans une entrevue pour notre journal qu'une rencontre avec Legija avait eu lieu, Djindjic a nié plus tard le mythe qui s'était créé autour de cette rencontre.

"Sous ma pleine responsabilité, j'affirme que lors des préparatifs du 5 octobre, il n'y a eu aucune participation de quelque personne ou de quelque service que ce soit en Serbie, pas plus de la Sûreté d'Etat que des anciens membres de ces services. Il n'y a de mérite pour personne, sauf pour ceux qui ont participé légalement aux élections et pour les citoyens qui sont descendus dans les rues le 5 octobre. Par conséquent, il n'existe aucun accord pour récompenser et amnistier de délits pénaux commis par qui que ce soit".

Avant de partir pour La Haye, Vojislav Seselj, président du Parti radical serbe (SRS) avait, en une phrase, laissé entendre qu'il y aurait des règlements de compte sanglants après son départ.

 

7 mars L'ONU vient de franchir un pas important vers l'autonomie substantielle du Kosovo, en mettant en place un conseil chargé de superviser le processus du transfert progressif des responsabilités aux autorités locales.

Dans une conférence de presse tenue aujourd'hui à Pristina, le Premier Ministre du Kosovo, Bajram Rexhepi, et le Représentant spécial de l'ONU au Kosovo, Michael Steiner, ont annoncé la création, sous leur coprésidence, d'un conseil chargé de superviser le processus du transfert progressif des responsabilités de la Mission intérimaire de l'ONU au Kosovo (MUNIK) aux autorités locales. La première réunion de ce conseil est prévue pour le 26 mars prochain.

Se félicitant du renforcement des institutions au Kosovo, M. Steiner a cependant mis en garde les autorités locales contre tout abus de pouvoir, car comme le stipule la résolution 1244 du Conseil de sécurité, les décisions importantes en matière de protection des droits des minorités, de primauté du droit, de sécurité et relations extérieures relevaient toujours de la MINUK.

 

jeudi 16 janvier 2003, 18h15
Les Roms sont en situation d'exclusion dans les pays de l'Est, s'alarme le PNUD

PARIS (AP) - Les Roms des pays d'Europe centrale et orientale appelés à rejoindre l'Union européenne vivent dans un "état de faim et de pauvreté généralisé" et leur intégration est vitale pour l'UE, souligne un rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) publié jeudi.

L'enquête a été réalisée auprès de 5.034 membres de la communauté rom dans cinq pays: Bulgarie, Hongrie, Roumanie, Slovaquie et République tchèque. "Ce rapport présente les résultats de la première enquête exhaustive et internationale jamais réalisée sur les communautés roms de cinq pays (...) et montre que les Roms d'Europe centrale et orientale sont dans une situation d'extrême pauvreté", souligne le PNUD.

On estime que les Roms dans la région sont quatre à cinq millions. Le rapport intitulé "Eviter le piège de la dépendance" dresse un constat préoccupant. "D'après des indicateurs tels que l'alphabétisation, la mortalité infantile et la malnutrition, la plupart des Roms de la région ont des conditions d'existence plus proches de celles des populations d'Afrique subsaharienne que des autres Européens", affirme le PNUD.

Les minorités roms sont ainsi frappées par un chômage élevé, mais toutefois inférieur à ce que l'on croit généralement, note le rapport. En fait, le chômage des Roms dans les cinq pays étudiés se situe aux alentours de 40%, la fourchette allant de 24% en Roumanie à 64% en Slovaquie. "Ces chiffres contredisent les estimations qui frisent souvent les 100%", souligne le rapport. Reste que la faible compétitivité des Roms sur le marché de l'emploi "est souvent le résultat de pratiques discriminatoires et d'un accès limité à l'éducation dans le passé".

L'enquête montre des taux de pauvreté comparables des Roms dans les cinq pays. Beaucoup souffrent de la faim de manière chronique et un sur six a "constamment faim", selon le PNUD, ajoutant que beaucoup d'enfants souffrent de malnutrition, ce qui influe "fortement" sur leur santé et leurs perspectives éducatives.

La pauvreté et ses conséquences sont parmi les principales causes d'exclusion et de ségrégation, précise le rapport. Beaucoup de familles roms dépendent de l'aide publique pour leur subsistance: de 16% en Roumanie et en République tchèque à 44% en Slovaquie.

Sur le plan de l'éducation, seuls 37% des Roms interrogés ont achevé le cycle primaire, 6% ont terminé l'école secondaire et 1% a fréquenté l'enseignement supérieur. Un Rom sur cinq n'enverra pas ses enfants à l'école faute de vêtements décents. L'enquête pointe également un phénomène de ségrégation: en moyenne 19% des enfants des familles interrogées fréquentent des classes composées en majorité de Roms.

En matière de santé, les choses se sont dégradées au cours des dix dernières années. Les problèmes "proviennent en général de l'impossibilité d'acheter des médicaments et de cotiser aux programmes d'assurance maladie", souligne l'étude. Les taux de mortalité infantile sont élevés.

Le rapport émet des recommandations pour améliorer le sort des Roms, notamment "des politiques de discrimination positive (...) dans l'administration publique et l'enseignement". Les cinq pays étudiés "deviendront des membres à part entière de l'UE à condition d'intégrer les Roms de manière productive dans leurs sociétés", conclut l'étude.

"Si la marginalisation socioéconomique et les carences de l'éducation persistent, l'Europe pourrait se retrouver dans les 10 à 15 ans avec une proportion élevée de sa population inemployable", prévient Andreï Ivanov, principal auteur du rapport. AP

 

14 mars 2002- LA YOUGOSLAVIE N'EXISTE PLUS ! 

La Yougoslavie a officiellement cessé d'exister ce jeudi 14 mars 2002, pour être remplacé par une «Union» des deux Etats de Serbie et de Monténégro. Cette Union disposera d'un nombre limité d'organes communs (un Président et un Conseil des Ministres). L'accord signé à Belgrade, à l'issue d'un long marathon de négociations, par le Président fédéral Vojislav Kostunica, le Président monténégrin Milo Djukanovic, et le responsable de la politique étrangère européenne Javier Solana, devrait mettre fin à une longue crise. Au bout d'une période probatoire de trois ans, les deux Etats associés pourront envisager de poursuivre ou non l'aventure commune, ce qui ouvre la possibilité de référendums d'autodétermination. Vu du Monténégro, les optimistes noteront que le pays est officiellement considéré comme un acteur politique pour la première fois depuis 1918. Les indépendantistes les plus convaincus déploreront par contre que le référendum et une éventuelle proclamation d'indépendance soient ainsi repoussés d'au moins trois ans. L'opinion monténégrine étant toujours divisée sur cette question sensible, la voix de la raison oblige cependant à reconnaître que l'accord n'est pas loin de constituer le moins mauvais compromis possible. Vu de Belgrade, certains réclamaient depuis quelques mois un référendum et l'indépendance de cette république. Pourtant, il est probable que la grande majorité de la population serbe continue d'être attachée aux liens historiques qui l'unissent avec le Monténégro. Là encore, le compromis paraît respectable. Surtout, l'absence de solution de la question étatique bloquait depuis des mois les politiques de réforme que les gouvernements de Belgrade et de Podgorica voulaient entreprendre. Comment, en effet, réformer un Etat quand on ne sait pas quel est l'Etat que l'on doit réformer ? Le compromis du 14 mars 2002 fera date, à condition bien sûr, que les citoyens de deux pays fassent le choix d'une politique réelle et réaliste de réformes et ne choisissent pas le camp d'aucune surenchère démagogique. Le Courrier des Balkans vous tiendra bien sûr informés des réactions à cette décision historique, à ses conséquences et à sa réception par les citoyens de Serbie et du Monténégro. Dans l'immédiat, nous ne pouvons que constater qu'un bon compromis a, enfin, des chances de l'emporter sur les logiques d'affrontements. La rédaction du Courrier des Balkans _______________________________________________________________

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17 janvier 2002 

 Croatie: dix années d’indépendance 

Le dixième anniversaire de sa reconnaissance internationale posa à la Croatie un défi impensable. Le président de la République, M. Stjepan Mesic, à cette occasion solennelle, adressa à ses invités tout endimanchés, qui attendaient un discours sur «les jours de fierté et de gloire», un discours sur les souvenirs les plus laids de la politique au pouvoir ces dix dernières années. Presqu’en même temps, une enquête journalistique mettait en question l’idée même de la création de l’État croate. Par Jelena Lovric Lors de la cérémonie à l’assemblée qui aurait du être patriotique par essence, M. Mesic prononça quelques phrases qui, pour certains, étaient appropriées et pour d’autres, scandaleuses. Il refusa de contribuer à la cérémonie en énumérant les platitudes sur la signification historique de l’ événement. Dans son discours, il souligna d’abord que «la Croatie n’avait pas été fondée hier», que sous des formes diverses elle existait depuis des siècles, que «personne n’avait jamais réussi à la subtiliser aux Croates», de même que «personne ne la leur avait jamais donnée». Indirectement cela correspondait à nier la thèse de l’homme unique créateur de l’État croate. En second lieu, tout en soulignant les aspects positifs, M. Mesic, ouvertement exposa les tares de l’ancien régime. Il reconnut que le régime de Tudjman avait mis à jour «les éléments qui allaient permettre à la Croatie de s’engager sur la voie de l’indépendance». De cela l’Histoire se souviendra. Mais a-t-il ajouté, «l’Histoire se souviendra aussi des décisions qui faisaient le jeu de Slobodan Milosevic et de son objectif de la Grande Serbie». Parmi celles-ci, il releva «la volonté délibérée d’ attiser les antagonismes de la minorité serbe de Croatie», ce qui de fait poussait les Serbes de Croatie dans les bras de Milosevic. Il déclara en troisième point, que le monde n’avait pas d’à priori sur la Croatie mais que la communauté internationale était méfiante à cause «des politiques croates de l’époque». C’est dans ce contexte qu’il mentionna les visées officielles de la Croatie sur certaines régions de la Bosnie voisine, ainsi que la façon dont les droits de la personne humaine étaient négligés, la démocratie devenue grotesque, les changements criminels… Le discours de Monsieur Mesic irrita beaucoup l’Union Démocratique Croate (HDZ) dont certains membres ont quitté l’Assemblée pour manifester, et leur président Ivo Sanader, déclara combien il trouvait ce discours faux et catastrophique. Mais les alliés du pouvoir ne sont pas non plus très enthousiastes, pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce que cela plongeait dans l’ombre les discours des deux autres orateurs, celui du premier ministre Ivica Racan et celui du président de l’Assemblée Zlatko Tomcic, discours tout à fait emphatiques. Mais aussi parce que, le discours plein de vérité du Président imposait des points de vue qui n’étaient pas les leurs. Ils auraient bien plus préféré être encensés par le HDZ. Sanader et ceux qui le suivent ont beaucoup aimé ce qu’ a dit Racan, ils en ont fait un exemple qu’il faudrait suivre. Ils affirment que ce dernier a donné une idée objective de leurs aspirations. De fait, le Premier Ministre a parlé avec cérémonie, beaucoup des sacrifices et de souffrances croates, mais pas un mot sur les erreurs et les torts. Tout de suite après, le discours du Président Mesic fut rejeté de diverses façons. Des gens voulaient se rappeler que lui aussi avait participé au régime de Tudjman. Pour certains il n’avait pas choisi le bon moment. Il est jugé ne pas être de bon goût de gâcher des festivités en sondant les consciences. A l’opposé, le Président croyait que la fête à l’occasion de l’anniversaire de la reconnaissance internationale de l’État l’obligeait à faire beaucoup plus qu’un discours conventionnel et il soulignait qu’en admettant des faits on faisait preuve de maturité politique. Bien qu’il n’ait rien dit de neuf, rien qui ne soit du domaine public, la déclaration du Président Mesic fut un acte courageux et à haut risque. D’autres dirigeants gardent le silence obstinément sur tout ce qu’il a dit. De plus, l’Assemblée fit une déclaration pour dénoncer comme un mensonge le fait de dire que la Croatie n’avait fait qu’une guerre défensive et sur son seul territoire. Le courage dont a fait preuve M. Mesic dans son discours est illustré par l’information selon laquelle les services secrets devaient en principe révélé le nom de l’auteur de ces allégations. Mis à part la confrontation brutale par le Président avec la nation, sur ces faits déplaisants, une partie du public croate a été choquée par l’enquête d ’un quotidien qui avait décidé de poser une question jusqu’ici impensable. A la question de savoir si cela valait la peine de faire la guerre, d’avoir une partie du territoire occupé, et tant de vies humaines perdues pour que la Croatie devienne indépendante, seulement 55 % des citoyens interrogés ont répondu par l’affirmative. Un citoyen sur quatre a dit que la guerre d’ indépendance n’en valait pas la peine et un sur cinq ne savait pas quoi répondre. Le mécontentement public majoritaire à l’égard de l’État croate qui paraît douter de son existence même ne doit pourtant pas être pris tragiquement. Cela montre que l’État est vu de façon plus rationnelle. Les gens se posent des questions sur la validité de la guerre parce que le prix à payer pour ce qui a été accompli a été trop élevé. Les gens ne sont pas mécontents de la création du nouvel État, mais de son contenu, de ce que le pays est devenu. L’État fascine moins. La ferveur de l’acte créatif , indépendamment du prix à payer, en fait à n’importe quel prix, le sens même de l’existence d’une nation et son apogée historique ne veulent plus dire grand-chose. La nouvelle situation est des plus difficiles pour les sincères et honnêtes nationalistes qui, comme on le dit ici, rêvaient de la Croatie. Ils ont obtenu la Croatie mais leur rêve est devenu une réalité déformée. Peut-être le plus difficile pour eux est-il d’admettre qu’ils ont eux-mêmes contribué à cette évolution. Leur stratégie portait l’erreur en elle-même. Parce qu’ils avaient rêvé de l’État, ils avaient réduit leurs ambitions. Ou bien avaient-ils cru naïvement que, une fois l’indépendance obtenue, tout le reste en découlait automatiquement ? L’obsession de l’État et la remise à plus tard de toutes les autres questions a eu des résultats dévastateurs. Si la souveraineté est le but suprême, tout État est bon en soi et les questions sur la nature de celui-ci sont superflues. Poser la question de savoir si l’État en vaut la peine, c’est faire le premier pas pour changer les choses. Ceux qui ont une attitude rationnelle sur l’indépendance, qui s’interrogent sur sa justesse, peuvent faire plus pour le développement d’une Croatie bien développée et prospère que ceux qui en ont rêvé. Drazen Budisa, un des rêveurs croates, consterné par tout ce qui était arrivé à l’occasion de l’anniversaire de la reconnaissance internationale de la Croatie, a dit «qu’un peuple sans État indépendant est historiquement incomplet», tout en admettant que «l’État en soi n’est pas la fin de l’accomplissement historique d’un peuple». Heureusement que l’opinion publique croate est de plus en plus portée à penser que l’État n’est pas une fin en soi mais un moyen pour réaliser les intérêts de la nation. _______________________________________________________________ 

(Traduit par Pierre Dérens)

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REPORTER
Slovénie : entretien avec Ciril Ribicic, dernier président de la Ligue communiste
TRADUIT PAR JASNA TATAR

Publié dans la presse : 5 décembre 2001
Mise en ligne : jeudi 13 décembre 2001

« Lorsqu'il s'exprimait à la télévision, Milosevic regardait droit dans les yeux la caméra. Nous n'étions que des figurants, et ses hommes se chargeraient de nous régler notre compte. Il était comme en transe, mais, lorsqu'on cessait de le filmer, il redevenait un interlocuteur normal. »

Propos recueillis par Suzana Milicic

« Avant de quitter la salle, nous nous sommes arrêtés un moment Kucan, Sonja Lokar et moi. Nous étions de très mauvaise humeur. Je leur ai chuchoté : faisons comme si nous avions gagné, sourions-leur. Seul Stane Brovec et quelques Slovènes membres de la Ligue communiste yougoslave et de l'armée étaient restés dans la salle. Sonja Lokar a écrasé une larme. »

Ce témoignage est extrait du livre de Ciril Ribicic, « Je les ai aimés ». Cet ancien dirigeant des communistes slovènes est aujourd'hui juge et professeur de droit constitutionnel. Il décrit le dernier congrès de la Ligue communiste, la fin de la Yougoslavie.

Les larmes de Sonja Lokar ont cristallisé les bons et les mauvais souvenirs relatifs à ce congrès.

Ciril Ribicic a déclaré à notre journal : « Dans les pleurs de Sonja Lokar, j'ai vu de la colère et le regret d'avoir enseveli tout l'espoir, le travail et l'énergie que les Slovènes avaient investis dans la fédération yougoslave. La Yougoslavie aurait pu prendre une autre voie. Aujourd'hui, ces larmes ont une signification plus importante encore à cause des horreurs qui ont suivi. »

On se rappelle que Ribicic a su juger du moment opportun pour les Slovènes de quitter le congrès de la Ligue communiste. Ils ont pu, sans anicroche, montrer leur mécontentement par rapport à la fédération yougoslave. Dix ans après, Ribicic, ému, se souvient.

Ribicic : « – C'est Milosevic qui a insisté pour organiser le XIVème Congrès extraordinaire de la Ligue communiste yougoslave. Après le Kosovo, le Monténégro et la Voivodine, il souhaitait soumettre à sa 'révolution anti-bureaucratique' la Slovénie, la Croatie et la Macédoine. J'étais jeune et naïf. Je croyais que notre idée de construction européenne pourrait obtenir la majorité. La Slovénie pouvait choisir de suivre son propre chemin, mais je m'attendais à son soutien et à obtenir la majorité… Je ne partageais pas le point de vue des indépendantistes. Je pense toujours qu'une Yougoslavie unie aurait pu frapper à la porte de l'Union européenne. Mes collègues qui étaient plus expérimentés pensaient que tout finirait comme à l'époque de Tito : quelques démissions et la Yougoslavie prolongerait son existence de 20 ans. Les plus jeunes étaient persuadés que notre séjour à Belgrade nous ferait perdre des milliers de voix lors des premières élections libres. Il me restait de décider du moment opportun pour quitter le congrès. Il ne fallait pas s'isoler politiquement et apparaître comme les destructeurs de la Yougoslavie. Je suis toujours d'avis que la Yougoslavie a été démolie, non pas par les Slovènes, mais par ceux qui essayaient de maintenir à tous crins le centralisme et l'unité. »

Reporter : « – A cette époque, les dirigeants slovènes étaient-ils les opposants de Milosevic ou bien étaient-ils des autonomistes opportunistes. Qui a pensé en Slovénie qu'il était possible de s'opposer à Milosevic ? »

Ribicic : « – Nous étions tous persuadés qu'il fallait nous opposer à Milosevic. Fin 1990, plus de 90% des citoyens slovènes pensaient qu'il fallait que la Slovénie obtînt plus d'autonomie. Milosevic y était farouchement opposé. Si la perestroïka yougoslave l'avait emporté au sein de la Ligue communiste, les choses auraient peut-être été différentes. En Slovénie, des individus pensaient qu'il était impossible d'arrêter Milosevic. D'autres voulaient l'indépendance, sans se soucier du nombre de victimes éventuel. Lors de la proclamation de l'indépendance de la Slovénie, en juin 1991, les textes constitutionnels prévoyaient que le pays entretiendrait avec les autres républiques yougoslaves des rapports de type confédéral. L'intervention de l'armée a réduit à néant cette possibilité. En mai 1991, le joueur de tennis serbe, Boba Zivojinovic, a remporté l'open de Slovénie avec le soutien du public local. Les Slovènes auraient sans nul doute accordé leur confiance aux hommes politiques qui se seraient opposés à la révolution anti-bureaucratique. C'est ce qu'ils avaient fait vingt ans auparavant pour Ivan Stambolic, Nikezic, et Latinka Perovic. »

Reporter : « – Connaissiez-vous personnellement Milosevic et Mirjana Markovic à cette époque-là ? Il est vrai que Markovic n'étaient pas encore un personnage célèbre de la scène politique. »

Ribicic : « – Ce ne serait guère courageux de ma part de m'attaquer aujourd'hui à Milosevic. Cependant, ceux qui seraient le plus apte à parler de lui et de ses erreurs ont disparu.

Je ne connais par Mirjana Markovic personnellement. Ses dernières déclarations laissent à penser, qu'à la différence de son mari, elle croit en ce qu'elle dit. Milosevic avait un avantage sur ses adversaires. Il connaissait l'importance des apparitions en public. Lorsqu'il s'exprimait, il regardait droit dans les yeux la caméra. Nous n'étions que des figurants, et ses hommes se chargeraient de nous régler notre compte. Il était comme en transe, mais, lorsqu'on cessait de le filmer, il redevenait un interlocuteur normal. Racan n'a compris l'importance des médias qu'après notre victoire lors du XIVème congrès. Cependant, s'il avait été moins convaincant, la délégation slovène n'aurait pu repartir à Ljubljana en toute tranquillité.

L'officier de la JNA de l'époque, Veselin Sljivancanin, responsable selon le TPI de la mort de 200 personnes fusillées à Ovcara, voulait se rendre sur le lieu du congrès. Il souhaitait soutenir Milosevic et faire rentrer dans le rang, à coup de revolver, les responsables slovènes. Un livre a sa gloire est paru en Serbie. Aux représentants de la Croix Rouge qui voulaient entrer dans l'hôpital de Vukovar, il aurait déclaré qu'il était dans son pays, et qu'ici, c'était lui qui donnait les ordres. Il est déplorable de constater qu'une génération entière de Serbes n'est toujours pas capable d'autocritique. Je suis content que Kostunica ait pris ses distances par rapport à cet ouvrage. »

Reporter : « – Cette incapacité à faire preuve d'autocritique est-elle un mal spécifiquement serbe ? »

Ribicic : « – Non. La Croatie a contribué également à ce que la guerre contre les Bosniaques éclate. Des fautes similaires n'étaient pas possibles en Slovénie car personne ne possédait le contrôle absolu du pouvoir comme en Serbie avec Milosevic, et en Croatie avec, depuis 1992, Tudjman. Si des politiciens comme Kucan et Spomenka Ribar n'avaient pas recherché un consensus sur toutes les questions d'importance, il est sûr que des représentants du DEMOS auraient conduit la Slovénie dans une guerre totale contre la JNA. »

Reporter : « –Vous avez écrit le livre 'La genèse d’une erreur'. Il s'agissait d'une étude juridique sur l'activité de la communauté croate de Bosnie. Le titre nous fait part de votre message. Croyez-vous que les Croates aient renoncé à leurs aspirations politiques ? »

Ribicic : « – Le sténogramme de la réunion de la direction du HDZ (le parti de Tudjman) laisse à penser que la situation réelle était pire encore. Le HDZ souhaitait la destruction de la Bosnie-Herzégovine afin de rattacher à la Croatie l'Herceg-Bosnie. La réunion s'est tenue fin 1991 à Zagreb, et un extrait du sténogramme de la séance figure dans mon ouvrage : 'Les Américains essaient d'empêcher la création d'un Etat musulman en Europe. La Croatie commettrait une erreur si elle les laissait faire ainsi que la Serbie.' »

Il est clair que les dirigeants croates actuels comme Mesic et Racan ont officiellement pris leur distance par rapport à cette volonté hégémonique. Mesic s'est longtemps opposé à la partition de la Bosnie-Herzégovine. Il a du faire face à de nombreuses critiques lorsqu'il a témoigné au TPI à l'époque de Tudjman. Malheureusement, les forces nationalistes serbes et croates n'ont pas disparu. Elles continueront à s'épauler pour obtenir le partage de la Bosnie-Herzégovine entre la Serbie et la Croatie. »

Reporter : « –Vous êtes un expert du TPI. Est-ce que l'action de ce tribunal est bien repartie dans tous les Balkans ? »

Ribicic : « – Depuis que Milosevic est à La Haye et que les accusations à son endroit ne cessent de croître, on ne peut plus dire que le TPI ne sert qu'à juger les crimes croates. Les principaux responsables comme Susak et Boban étant morts, ils n'ont pu être convoqué. Il est normal que l'on demande au tribunal international la raison pour laquelle il n'a toujours pas invité Karadzic, Mladic et Sljivancanin à comparaître. Le TPI devrait à long terme disparaître. Les procès seront menés par les juridictions nationales. Toutefois, je pense que le tribunal de La Haye a montré qu'il avait la volonté de traiter d'égale manière l'ensemble des crimes commis depuis 1991 dans l'ancienne Yougoslavie.

Reporter : « – Le public slovène s'intéresse-t-il aux procès conduits par le TPI ? Comment réagissent-ils aux déclarations de Milosevic ? »

Ribicic : « – Les Slovènes suivent avec attention le travail du tribunal de La Haye et notamment les réactions de nos voisins croates. Les jeunes considèrent que Milosevic s'en tire bien, mais ils ne se souviennent pas de Tudjman comme quelqu'un qui voulait être un nouveau Tito. »

Reporter : « – Milosevic est-il, pour les Slovènes, l'incarnation de la Serbie ? »

Ribicic : « – 'Celui qui a été mordu par un serpent a peur du lézard', dit le proverbe. Beaucoup de Slovènes se méfient de Belgrade. Ils ne partagent pas mon point de vue, et ils pensent que la politique de Milosevic est toujours d'actualité. Certains nouveaux dirigeants serbes comme le Premier ministre et le ministre des affaires étrangères représentent le changement. Cependant, Kostunica est toujours regardé comme le partisan d'une Yougoslavie unifiée. »

Reporter : « – Quelle est la forme actuelle du nationalisme slovène ? Y a-t-il eu, ces dix dernières années, quelques changements ?

Ribicic : « – Après l'indépendance, les forces nationalistes n'ont pas triomphé. Il suffit de regarder la façon dont la question sur la nationalité slovène a été résolue. Lors du plébiscite, tous les résidents ont eu droit, sans condition, à la nationalité slovène – sauf ceux qui s'étaient opposés à l'indépendance par les armes. La Slovénie a également tenu sa promesse à l'égard les minorités italienne et hongroise. Certes, il y a eu quelques tentatives pour réduire leurs droits, mais les nationalistes n'étaient pas majoritaires en Slovénie. »

Reporter : « – On dit souvent que les Slovènes souffrent d'un complexe de supériorité envers les 'gens du Sud' comme les Bosniaques, les Serbes, les Monténégrins et les Macédoniens. Ils n'auraient jamais eu le sentiment d'appartenir à la Yougoslavie… »

Ribicic : « – Je ne pense pas que ce soit vrai. Les Slovènes ont tout intérêt à cohabiter avec leurs voisins. Il faut néanmoins que leur liberté de décision, leurs droits culturels et linguistiques soient respectés. Les Slovènes ont toujours communiqué avec 'les gens du Sud' en serbo-croate. Je ne vous parle pas en slovène ou en anglais. Nous faisons peut-être plus preuve d'attention pour les petites républiques de l'ancienne Yougoslavie, comme la Macédoine ou le Monténégro. Pour nous Slovènes, il est inacceptable de sous-estimer les minorités albanaises que ce soit en Serbie ou en Macédoine. Nos rapports envers la Yougoslavie ont changé lorsque nous avons pris conscience que le retard de notre économie, par rapport à celle des pays européens, était dû à des querelles internes. La Serbie rejetait les produits en provenance de Slovénie. Certes, il y a toujours des Slovènes qui refusent toute collaboration avec les pays de l'Est. Ils considèrent qu'ils appartiennent à l'Europe occidentale. Je ne fais pas partie de ces gens-là. Je trouve honteux que Clinton ait dû nous rappeler qu'il fallait que nous coopérions avec le Sud-est de l'Europe.

( Mise en forme : Stéphan Pellet )

 

vendredi 21 septembre 2001, 16h41

Pour lutter contre le terrorisme, il faut régler le sort des réfugiés

VIENNE, 21 sept (AFP) - L'OSCE a averti vendredi que pour lutter contre le terrorisme, il fallait aussi régler le sort des victimes des conflits des Balkans, du Caucase et d'Asie centrale croupissant dans les camps de réfugiés.

Dans la lutte contre le terrorisme, "il est bon de se concentrer sur les actions à entreprendre immédiatement, mais je crois que le temps est venu de se pencher sur les racines du terrorisme", a déclaré à Vienne le président de l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe.

Parmi ces causes évidentes, comme la pauvreté et les conflits sociaux, le ministre roumain des Affaires étrangères Mircea Geoana a cité la situation dans les camps de réfugiés, viviers de recrutement pour les terroristes.

"Nous avons des centaines de milliers de réfugiés et déplacés" dans la zone de l'OSCE, qui s'étend de l'Amérique du nord à la Russie et l'Asie centrale, a souligné M. Geoana qui exerce la présidence tournante de l'organisation.

"Ces jeunes qui ont passé pratiquement toute leur enfance et leur adolescence (dans les camps) seraient des proies faciles pour ceux qui cherchent à les recruter et à en faire des fanatiques", a-t-il ajouté.

Annonçant un prochain plan d'action de l'OSCE contre le terrorisme, il a estimé que l'organisation devait consacrer plus de ressources et d'efforts à régler la situation des réfugiés pour leur assurer le droit au retour et à la ré-installation dans leur foyers.

"Nous faisons face à un énorme problème politique, social et humanitaire dans l'OSCE. Pratiquement tous les conflits depuis la chute du communisme il y a douze ans, dans le Caucase, les Balkans et l'Asie centrale" ont fait des réfugiés, a rappelé le ministre. "C'est une situation qui peut vraiment devenir explosive" et "c'est une source d'instabilité de toute façon", a-t-il ajouté.

Quand les conflits perdurent, même si les hostilités sont suspendues, les régions qui échappent à l'autorité des gouvernements "sont la plupart du temps des refuges pour le crime organisé (et) le blanchiement d'argent qui alimentent le terrorisme international", a poursuivi M. Geoana.

L'OSCE tente depuis des années de régler ces conflits pour la plupart dans l'ex-URSS.

Parmi les camps de réfugiés, le ministre roumain a cité ceux d'Azerbaïdjan, des Balkans et de Tchétchénie qu'il a lui-même visités.

La Russie, qui lutte contre la sécession tchétchène, affirme que des combattants tchétchènes sont formés en Afghanistan, où le principal suspect des attaques du 11 septembre contre New York et Washington, Oussama ben Laden, passe pour être réfugié.

M. Geoana a cependant déclaré chercher à "dissuader les dirigeants de pays de l'OSCE d'utiliser les évènements dramatiques aux Etats-Unis à leurs propres fins". "Accuser ben Laden d'être derrière pratiquement chaque groupe qui déplaît à un gouvernement sert probablement des fins de politique intérieure", a-t-il estimé.

M. Geoana n'a pas mentionné les réfugiés du Proche-Orient. Mais il a recommandé qu'au "vu de la complexité de la situation au Proche-Orient et en Afrique du nord", l'OSCE poursuive sa coopération avec les pays de cette région également "dans la lutte contre le terrorisme".

M. Geoana a annoncé que l'OSCE préparait un plan d'action qui devrait être adopté lors de la conférence annuelle des ministres des Affaires étrangères des 3 et 4 décembre à Bucarest.

Le plan consisterait à se joindre ses efforts à la lutte contre le terrorisme international, à éradiquer les causes du mal et à coordonner les initiatives régionales dans la zone de l'organisation qui regroupe 55 Etats.

 

Monitor 16 juillet 2001

Entretien avec Dan Everts, chef de la mission de l’OSCE au Kosovo 

(Traduit par Jasna Tatar) 

LE MONTENEGRO EST DIFFERENT Au Kosovo, nous devrions réaliser ce que vous avez réussit à faire au Monténégro : avoir de bons rapports au sein de la communauté. Dans ce sens, le Monténégro pourrait être un exemple pour l’ensemble des pays balkaniques. Propos recueillis par Petar Komnenic En 1999, des dizaines de milliers d’Albanais, de Serbes, de Romes et de Monténégrins ont fui la guerre au Kosovo et trouvé refuge sur le territoire monténégrin. Pour certains, le Monténégro n’était qu’un premier refuge, une zone de transit vers les pays occidentaux. D’autres ont décidé de rester. Selon les estimations, 40.000 réfugiés de différentes nationalités sont toujours au Monténégro. Cette question était en centre de la visite de Dan Everts, chef de mission de l’OSCE au Kosovo, avant les élections prévues en novembre prochain au Kosovo. L’objectif est d’encourager ces personnes apeurées et méfiantes à retourner chez elles. Dan Everts nous parle de la situation au Kosovo, des conditions du retour, du futur statut de cette région formellement serbe, de la façon dont le Monténégro influence ce processus… Dan Everts : Nous sommes venus ici, au Monténégro, pour encourager les personnes déplacées à prendre part au processus démocratique et à voter le 17 novembre prochain au Kosovo. Cela concerne surtout les Serbes et les Romes. Il est très important, pour l’avenir du Kosovo qu’ils montrent aux Albanais de Kosovo qu’ils souhaitent participer à la construction d’un nouveau Kosovo multiethnique. S’ils décident de boycotter les élections, cela radicaliserait la partie albanaise et cela donnerait un prétexte aux extrémistes pour dire : « Vous voyez, les Serbes ne veulent pas de progrès, ils sont toujours tournés vers le passé ». Or cela renforcerait la polarisation. Le problème est que les personnes déplacées sont mal informées sur la situation au Kosovo et ne connaissent pas les avancées qu’il y a eu sur l’intégration des minorités. Monitor : Combien d’habitants non-albanais sont-ils retournés au Kosovo ? Dan Everts : Il y a eu un certain nombre de retours spontanés, mais cela ne correspond pas à nos attentes. Nous espérons que cet été les retours deviennent beaucoup plus visibles et qu’ils soient plus systématiques dans les localités habitées par les Serbes. Il est évident qu’un certain nombre de personnes ne souhaitent pas revenir, mais nous allons faire notre possible pour que ceux qui l’envisagent puissent le faire. Monitor : La nouvelle politique du pouvoir à Belgrade a t-elle influencée la situation au Kosovo ? Dan Everts :  Cette influence est très importante. Il y a beaucoup  plus de compréhension pour ce que nous faisons au Kosovo et par conséquent nous avons une meilleure coopération dans plusieurs domaines, notamment en ce qui concerne le retour des réfugiés. Certains sujets sont restés sensibles, comme par exemple celui des personnes disparues. Au moins 3.000 Albanais sont toujours portés disparus. Ces questions ont cependant été récemment soulevées après la découverte de fosses communes et de chambres froides en Serbie… Environ 1.300  Serbes sont également portés disparus. La question de la propriété nous pose également de gros problèmes. Nous avons commencé un travail plus systématique d’indentification des personnes qui occupent les appartements et les terres des autres. Nous les informons que ce n’est qu’une solution provisoire et qu’ils devront les rendre aux vrais proprietaires. Monitor : Combien de temps le statut provisoire du Kosovo peut-il durer ? Dan Everts : Nous avons tout prévu pour les trois ans à venir. Nous espérons que cette période est suffisante pour que la démocratie s’enracine et que des progrès soient réalisés dans d’autres domaines. Je pense surtout à une professionalisation de la police, à l’établissement de tribunaux indépendants, ce que le Kosovo n’a jamais eu, la justice aillant toujours été au service du politique. Je tiens à souligner l’importance des medias indépendants. Nous espérons arriver à une phase de gestion commune et non pas par une seule communauté, ce qui représente un grand défi. Nous devons créer les conditions d’un développement intégral, ainsi qu’un service civil autonome, indépendant des partis politiques. Ensuite, nous verrons ce qui va se passer – de nouvelles élections, une nouvelle assemblée, une discussion sur le futur statut. Il est encore trop tôt pour en parler. Monitor : Si vous réussissez à résoudre tous ces problèmes, pensez-vous qu’ il soit concevable que le Kosovo reste en Serbie ? Dan Everts :  Milosevic a privé le Kosovo de pratiquement tout ce qui lui appartenait dans l’ancienne Yougoslavie et le Kosovo n’a plus d’institutions autonomes.  Je ne pense pas qu’on puisse revenir à cette situation, parce que personne ne l’accepterait. Nous devons trouver de nouveaux instruments, mais cela ne doit pas être l’indépendance totale. Ce n’est pas, aujourd’hui, une de nos priorités. La plupart des Albanais du Kosovo ne veulent pas d’ indépendance « instantanée »  mais voient l’indépendance comme un objectif final. La réalisation de cet objectif dépend de nombreux facteurs – le progrès intérieur, l’attention portée pas les Albanais aux minorités et, bien sûr, l’attitude de la communauté internationale. Monitor : Quel impact aurait l’indépendance du Monténégro sur ce processus ? Dan Everts : Je sais qu’au Monténégro vous aimez dire que ces deux processus ne sont pas liés et que l’indépendance monténégrine est avant tout un problème entre Belgrade et Podgorica. En réalité, cela aurait d’importantes conséquences sur la situation au Kosovo. Et je pense que cette influence serait plutôt positive car la façon dont le Monténégro a intégré ses minorités est assez bonne. Il y a peu près le même nombre de personnes appartenant à des minorités au Kosovo et au Monténégro (si on considère le pourcentage de la population non–albanaise). Au Kosovo, nous devrions réaliser ce que vous avez fait ici – à savoir obtenir de bons rapports au sein d’une communauté. Dans ce sens, le Monténégro pourrait être un exemple pour l’ensemble des pays balkaniques. Monitor : Croyez-vous à la théorie de l’effet «domino», que le Monténégro pourrait éventuellement déclencher en  proclamant son indépendance ? Dan Everts : Si l’indépendance est annoncée de façon équilibrée, si les rapports économiques, commerciaux et autres avec l’environnement sont maintenus, elle ne devrait entraîner aucun effet négatif.  Il faut atteindre un consensus interne au Monténégro car, autrement il pourrait y avoir des effets non désirés. La façon dont l’indépendance sera obtenu est très importante. Monitor : L’extradition de Milosevic vers le TPI a t-elle eu des conséquences sur la situation au Kosovo ? Les Serbes du Kosovo se croient-ils victimes de la communauté internationale ou ont-ils vécu cette décision du pouvoir de Belgrade comme un soulagement ? Dan Everts : A l’époque, les gars de Belgrade étaient perçus comme les mauvais et ceux de Pristina étaient « les bons ». Maintenant, Belgrade devient plus propre, meilleur et les Albanais ne sont plus les « chouchoux » de la communauté internationale. Dans ce sens, ils doivent témoigner d’une volonté de vivre et coopérer avec les autres. Les Serbes commencent à renoncer à leur passé mais les Albanais doivent le faire aussi et rompre par rapport à leur récente attitude envers la population non-albanaise. Ils doivent savoir que les choses changent au Kosovo malgré les traumatismes de guerre. La communauté internationale a clairement annoncé qu’elle ne tolérerait pas de violence ethnique. Monitor : Le conflit en Macédoine est contraire aux efforts de la communauté internationale… Dan Everts : Nous sommes très inquiets des événements en Macédoine et nous essayons de nous en tenir le plus possible éloignés. La possession illégale d’armes, le passage clandestin de la frontière ainsi que tout comportement extrémiste comme l’élargissement du mouvement et l’incitation au combats sont interdits. La communauté internationale  essaye d’empêcher tout soutien à partir du Kosovo du conflit en Macédoine. Il est également important que les leaders albanais du Kosovo aient pris leurs distances et déclaré qu’ils étaient favorables à un règlement négocié du problème macédonien. Malheureusement, nous ne pouvons pas dire que ces efforts aient beaucoup porté leur fruits car la situation en Macédoine ne s’est pas améliorée. Monitor : Comment se font les passages clandestins de la frontière et le transport des armes du Kosovo en Macédoine alors que la région est contrôlée par les forces internationales ? Dan Everts : Il n’est pas facile de bloquer et de couvrir toute la zone frontalière. Les routes principales sont faciles à contrôler, mais il existe beaucoup d’autres zones qu’il est possible de franchir illégalement. Par contre, ce phénomène n’est plus aussi important qu’au tous premiers jours du conflit. La KFOR a renforcé sa présence à la frontière mais je pense que l’ origine du conflit est en Macédoine et qu’il n’est pas «importé» du Kosovo comme le disent les forces macédoniennes. Monitor : Certains medias et responsables politiques favorables à une conception  yougoslave considèrent que le Monténégro pourrait connaître un sort similaire à la Macédoine. Qu’en pensez-vous ? Dan Everts : Non, je ne le dirais pas. L’origine du conflit en Macédoine est du au fait que les Albanais se sont sentis inférieurs et c’est toujours le cas . Comme je l’ai déjà dit, le Monténégro est différent et il montre un bon exemple pour toute la région. (Mise en forme : Catherine Monnet) ___________________________________________________________

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vendredi 29 juin 2001, 18h13

Aide financière de 1,28 milliard de dollars pour la Yougoslavie --Par Paul Ames--

BRUXELLES (AP) -- Les pays donateurs, réunis vendredi lors d'une conférence à Bruxelles, ont répondu à l'appel lancé par Belgrade en faveur d'un aide financière, promettant de verser au gouvernement yougoslave 1,28 milliard de dollars (9,89 milliards de ff/1,51 milliard d'euros).

Parmi les 44 pays donateurs, l'Union européenne s'est engagée à verser 530 millions d'euros (3,47 milliards de ff). La Banque mondiale a promis 150 millions de dollars (1,15 milliard de ff/176,7 millions d'euros, les Etats-Unis 181,6 millions de dollars (1,40 milliard de ff/214 millions d'euros) et la Suisse 40 millions de francs (170 millions de ff/25,9 millions d'euros).

''Ces investissements créeront un cadre pour la stabilité et la paix. Investir pour l'avenir est un meilleur choix que supporter le coût de l'instabilité et du chaos'', a déclaré le vice-premier ministre yougoslave Miroljub Labus.

Il avait lancé en ouverture de la conférence vendredi matin un appel à la générosité des pays donateurs, en soulignant que Belgrade avait clairement rompu avec le passé en remettant l'ancien président yougoslave Slobodan Milosevic au Tribunal pénal international de La Haye.

Selon le plan de restructuration économique du gouvernement yougoslave, un financement d'environ quatre milliards de dollars, sur trois ou quatre ans, sera nécessaire pour reconstruire le pays ruiné par 13 années d'un règne Milosevic marqué par les guerres et le népotisme. Belgrade espèrait obtenir pour l'année 2001 un financement de 1,25 milliard de dollars, objectif largement atteint.

L'inflation en Yougoslavie atteint annuellement 150%, avec un taux de chômage de 50% et une dette extérieure de 12 milliards de dollars. L'aide financière doit notamment servir à la reconstruction des infrastructures -routes, télécommunications, électricité, eau-endommagées lors des bombardements de l'OTAN en 1999.

 

Monitor 25 mai 2001 (Traduit par Jasna Tatar) 

Entretien avec Dusan Janjic, fondateur du Forum sur les rapports interethniques.

 Radioscopie sociologique des rapports serbo-monténégrins

 La constitution serbe présente de nombreuses lacunes héritées de la Yougoslavie. Ce serait contraire aux intérêts serbes que de maintenir la RFY et le pouvoir fédéral en l'état. Refuser de redéfinir les rapports avec le Monténégro serait également préjudiciable. Propos recueillis par Ljubeta Labovic Dusan est un observateur attentif de la société yougoslave, spécialisé dans les questions ethniques. Sociologue de l'Institut des sciences sociales de Belgrade, il intervient dans nos colonnes pour commenter la nature des relations qu'entretiennent les communautés serbes et monténégrines. Il est également le secrétaire général du Mouvement européen en Serbie et le fondateur du Forum sur les rapports interethniques. D. Janjic [DJ] : « Les nations reposent, certes, sur une langue et sur une culture commune mais il est un facteur d'importance : les traditions politiques de l'Etat qui autorise la création d'entités ethniques sur son territoire. Le Monténégro a toujours été un cas particulier. Son identité se définit en relation avec la Serbie. Il est question de Serbes monténégrins et de Monténégrins serbes. Notons que la Serbie connaît aussi une situation singulière avec la Voïvodine et le Kosovo. A mon avis, deux facteurs compliquent le problème monténégrin. Ses ressortissants qui habitent en Serbie craignent de devenir une minorité. Dans la région, le terme a mauvaise presse car il signifie 'être de moindre importance'. Ils ont peur également d'être marginalisés. Ce second élément revêt un caractère politique. Prenons l'exemple du SNP. Il profite de l'espace yougoslave pour acquérir une influence socio-politique au Monténégro. Lorsque que le Monténégro aura réglé ses problèmes internes et que la Serbie vaquera à ses occupations, il sera facile alors de trouver un compromis politique. » Monitor [M] : « La coalition 'Ensemble pour la Yougoslavie' a joué, lors des législatives, la carte nationaliste serbe. Cela a eu pour effet de montrer que le Monténégro était particulièrement divisé sur la question nationale. » DJ : « Effectivement et cela m'effraie. Lors de la campagne électorale, la coalition 'Ensemble pour la Yougoslavie' a clairement pris position. Ce fut moins le cas de leurs adversaires. Des partisans de la Yougoslavie unifiée comme Bulatovic, Soc, et Bojovic ont joué de la peur des gens, en présentant les dangers qu'il y aurait pour le Monténégro à se séparer de la Serbie. Leur campagne a bénéficié du support logistique, et probablement financier, de Belgrade. Elle ressemblait beaucoup à celle des Serbes de Bosnie. Croyez-moi, les Serbes de Serbie n'auraient jamais interprété des chansons nationalistes à Kotor. Cet acte est le fait de Serbes de la diaspora. La coalition 'Ensemble pour la Yougoslavie' a mis du sel sur les plaies. Leur imitation, ironique, du vieux parler monténégrin trahit un retour à la tradition. Or, ils ont trop joué la carte serbe. Ils ont de la Serbie une vue obsolète, très XIXème siècle. La coalition 'Ensemble pour la Yougoslavie' est constituée d'un parti monténégrin, qui cumule les crises identitaires serbes et monténégrines, et d'une formation serbe. Sans l'influence du pouvoir fédéral, cette coalition n'aurait jamais existé. Je me permets de vous faire observer que le Parti du peuple est dans une position très inconfortable. Autrefois progressiste, il est devenu le chantre de la cause serbe au Monténégro, et cela à cause du scénario de la campagne et de l'ambiance générale. Je connais Soc, Drecun et les autres dirigeants. Le discours, qu'on leur a enjoint de tenir, a provoqué des divisions de natures ethniques au sein même du parti. L'erreur du groupe 'Ensemble pour la Yougoslavie' est d'avoir brandi l'identité nationale serbe pour marquer une frontière ethnique. 'L'orthodoxie serbe' a fait l'objet d'une exploitation folklorique, poussée à l'extrême. C'est pourquoi j'affirme qu'il est du devoir de Milo Djukanovic et de Dragan Soc de trouver un compromis, gage de stabilité au Monténégro. » M : « Peut-on mesurer l'influence des hauts fonctionnaires monténégrins pro-yougoslaves et des pouvoirs fédéraux dans le ralentissement du processus sécessionniste ? » DJ : « Il existe un groupe monténégrin à Belgrade supporté par les pouvoirs fédéraux. Kostunica apprécie leurs idées. Il s'agit d'un groupe de pression puissant qui jette ses dernières armes dans la bataille pour ralentir le démembrement de la RFY. Les plus éclairés, qui savent qu'ils ne peuvent aller contre le cours de l'Histoire, essaient de ralentir le processus. Il ne souhaite pas d'une Serbie indépendante – il paraît difficile de faire marche arrière au Monténégro où les choses sont en bonne voie. Ils entravent la mise en œuvre d'un Etat serbe car ils veulent prolonger leur responsabilité à la tête des partis et du gouvernement. Essaient-ils également de gagner du temps pour mieux se positionner sur la scène politique monténégrine ? Predrag Bulatovic est un homme intelligent qui défend des ambitions personnelles au Monténégro, il y mène des négociations difficiles. Il en est de même pour Zoran Zizic. Dragan Soc n'appartient pas à la formation de Kostunica qui, les gens semblent l'avoir ignorer, ne s'appelle pas le parti démocratique de Yougoslavie. Le nationalisme, modéré selon les Américains, de Kostunica ne s'applique qu'à la Serbie. La première disposition du programme du DOS est la constitution serbe. A mon avis, Kostunica pense que la Yougoslavie n'est qu'une étape intermédiaire qui devrait aboutir à la constitution de deux Etats, la Serbie et le Monténégro. Toutefois, dans son discours diplomatique, il prend soin de ne pas brandir le nationalisme serbe. Il profite de l'influence du pouvoir fédéral et de ses relations avec la communauté internationale. A Washington, le président Bush nous a clairement spécifié que son gouvernement soutiendrait les initiatives démocratiques en Serbie, au Monténégro, et au niveau fédéral. Il n'a jamais été précisé que la question devait trouver une réponse au sein d'une RFY démocratisée ; cette idée a été initiée par un groupe de pression de l'Union européenne. » M : « Ne croyez-vous pas que, contrairement à vos affirmations, Djindjic et Kostunica ne parlent que de Yougoslavie ? Ils devinent l'avenir du Monténégro et proposent comme solution une fédération. » DJ : « La constitution serbe présente de nombreuses lacunes héritées de la Yougoslavie. Ce serait contraire aux intérêts serbes que de maintenir la RFY et le pouvoir fédéral en l'état. Refuser de redéfinir les rapports avec le Monténégro serait également préjudiciable. Et puis d'abord, quels sont les avantages et les défauts du gouvernement fédéral ? Il a contribué à ce que la Yougoslavie soit reconnue. Comment s'est effectuée cette reconnaissance ? Kostunica a envoyé une lettre à l'ONU et la Yougoslavie a été immédiatement acceptée. La communauté internationale a ainsi rempli la chaise demeurée vide pendant des années. L'idée de proposer deux sièges, un pour le Monténégro et un pour la Serbie, lui paraissait séduisante pour déstabiliser le régime de Milosevic mais aujourd'hui Kostunica a résolu le problème technique de l'ONU. Le Monténégro doit abonder dans le sens de Milo Djukanovic. Il doit décider de son indépendance et envoyer une lettre à l'ONU. Sa candidature devrait ainsi être agrée. L'histoire des deux sièges n'est plus d'actualité depuis la reconnaissance de la Yougoslavie. Le problème majeur est que cette reconnaissance s'applique, sous un faux nom, à la Serbie. Il nous faudra batailler ferme pour être à notre tour reconnus. La RFY est regardée comme 'une communauté instable', ce qui me semble incontestable. Ce n'est pas un pays qui attire les investisseurs. Il existe également des fonctions qui sont du ressort de l'Etat fédéral comme la diplomatie par exemple. Comment effectuer la répartition des postes ? A quel titre 20% des citoyens monténégrins peuvent-ils décider des 22% des postes à pourvoir dans la diplomatie yougoslave ? Comment le SNP peut-il s'arroger le droit d'en décider ? C'est un parti qui est trop attaché à son passé. Je ne peux pas lui demander de renoncer à Milosevic ni à Sainovic. Savez-vous les dommages qu'ils ont causés en arrêtant la procédure à l'encontre de Sainovic ? Ils affirment que la Serbie doit délivrer les criminels de guerre mais que le Monténégro ne livrera ni Sainovic, ni Milosevic, ni même leurs généraux. Cette position, défendue par Pedja Bulatovic et Zizic, nous coûte des milliards de Dollars. » M : « Le dysfonctionnement du gouvernement fédéral est devenu une sorte de règle politique. La Serbie aura t'elle la même marge de manœuvre si elle devient indépendante ? » DJ : « Le problème de la Serbie est très grave : il s'agit d'une fracture de l'identité nationale et du corps politique serbe. Depuis 150 ans, nous avons, en réalité, deux manières de penser, deux conceptions nationales inconciliables. Il existe l'idée d'une grande Serbie qui engloberait tous les Serbes. Il me semble que Kostunica y est favorable. Il est, à cet égard, très proche de Cosic, le premier président de la RFY, écrivain et créateur du nouveau nationalisme serbe. Milosevic avait les mêmes opinions et Kostunica, même s'il ne dira jamais que tous les Serbes doivent vivre dans un même Etat, pense que la Serbie est la mère patrie de tous les Serbes. Une autre conception prédomine à travers la tradition de Svetozar Markovic. Elle a ses représentants dans le DOS et l'opinion publique. Je pense que c'est cette option que Djindjic a choisie mais il se montre trop calculateur. Les résultats d'un récent sondage fait apparaître que 40% des personnes interrogées souhaitent que la Serbie devienne indépendante. La question est de savoir qui de Djnidjic ou de Kostunica dira 'on veut une Serbie indépendante', le vainqueur aux élections, sans doute. Cependant, j'ai l'impression que chacun, mais surtout Djindjic, souhaite laisser son adversaire manœuvrer. Ils attendent un faux pas de leur concurrent pour lui imputer la responsabilité de l'éclatement, inéluctable, de la Yougoslavie. Ils ont procédé de la sorte avec Milosevic. Ils emploient tous les deux la même méthode mais ne proposent aucune politique alternative. Les électeurs n'auraient jamais voté pour le DOS si celui-ci n'avait pas offert une politique différente. Cette victoire est intervenue au moment où, après la chute de Milosevic et sous la pression de la communauté internationale, on commençait à parler d'une nouvelle Serbie, d'une nouvelle politique. La Serbie focalisait toutes les attentions. Le porte-parole du DSS, formation politique à laquelle appartient Kostunica, a déclaré que le Monténégro devait décider de son avenir car il freinait le développement de la Serbie. Comment se fait-il que les Monténégrins ne réagissent pas à cette affirmation ? J'y vois un passage à l'acte pour une Serbie indépendante. » (Mise en forme : Stéphan Pellet) 

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Pour un marché commun des Balkans

Nationalismes, corruption, insécurité... Sans un plan d'ensemble, la péninsule ne sortira jamais de la crise. D'où l'idée de commencer par une réunification économique de l'ancienne Yougoslavie.

DIE WELTWOCHE
Zurich


Pendant l'été 1999, les chefs d'Etat et de gouvernement les plus puissants du monde se sont rencontrés à Sarajevo pour tirer les leçons de dix ans d'une politique erronée dans les Balkans. Avec en toile de fond la guerre du Kosovo, tous étaient d'avis qu'il était temps de réagir à la situation dans l'Europe du Sud-Est. La nouvelle devise était donc : européanisation des Balkans et intégration régionale. A cet effet, Sarajevo a été le théâtre de la création du Pacte de stabilité. Son responsable, Bodo Hombach, coordonne depuis Bruxelles un éventail de nouveaux groupes de travail. Tout cela était censé avoir pour objectif ce que le ministre des Affaires étrangères allemand, Joschka Fischer, père spirituel du projet, avait défini en des termes clairs : "La guerre du Kosovo a été la quatrième guerre en ex-Yougoslavie en seulement huit ans et elle sera, espérons-le, la dernière. Mais une solution politique au Kosovo ne pourra avoir d'effet durable que si elle fait partie d'une stratégie de paix globale pour l'ensemble de la région."
Or, aujourd'hui, il faut se rendre à l'évidence : on est aussi loin d'une solution politique au Kosovo qu'il y a deux ans, malgré le changement décisif qui s'est produit en Yougoslavie. La Banque mondiale remarquait dans son dernier rapport sur la situation économique de la province, au mois de février 2001, que "l'on ne voit pas encore le bout du tunnel, que ce soit dans le domaine constitutionnel ou économique".


L'INTÉGRATION EUROPÉENNE, UN MODÈLE À SUIVRE


Déjà, du temps de l'ancienne Yougoslavie, le Kosovo était la région la plus pauvre du pays. Au cours de la décennie écoulée, le gouvernement serbe n'a rien investi dans l'industrie, ni dans les infrastructures. Puis il y eut la guerre et le déplacement de la population albanaise. Les Kosovars vivent dorénavant dans un no man's land. On voit toujours mal d'où sont censés venir les investissements et les entreprises qui pourraient offrir des emplois et un avenir à la jeunesse. Pas plus qu'on ne peut dire quand et comment la question du statut de la province, Etat indépendant ou partie de la Yougoslavie, pourra être abordée et, surtout, qui en décidera.
En Serbie, à la chute de Slobodan Milosevic, un nouveau gouvernement a pris les commandes, un gouvernement qui souhaite libéraliser l'Etat et la société. Mais l'expérience de la Roumanie voisine montre bien à quel point le chemin risque encore d'être long. Là aussi, le Premier ministre Victor Ciorbea, qui dirigeait une coalition étendue, avait annoncé à son peuple, en 1997, "des temps difficiles qui seraient le prix de réformes nécessaires", assurant, en outre, que le gouvernement était prêt "à en payer le prix politique". Le prix en question a été élevé, car Ciorbea a dû rendre des comptes : en 1999, l'économie roumaine s'affaissait de 8 % et, en 2000, la coalition au pouvoir a été balayée aux élections, tandis que l'ultranationaliste Vadim Tudor se retrouvait propulsé au rang de principal acteur de l'opposition.
Même après la victoire de forces modérées en Serbie, en Croatie et en Bosnie, ce scénario reste un réel danger pour l'ensemble des Balkans : des coalitions certes de bonne volonté mais faibles sont grevées par l'héritage économique de leurs prédécesseurs et un appareil d'Etat d'une incroyable inefficacité. Ces alliances finissent par échouer, alors que le substrat nécessaire au développement d'une nouvelle génération d'extrémistes, lui, subsiste.
Dans cette situation, il faut absolument que la communauté internationale réfléchisse à une nouvelle stratégie. Actuellement, le Pacte de stabilité ne propose qu'un mélange de modestes projets de démocratisation et de mesures partielles au niveau des infrastructures. C'est une réponse insuffisante aussi bien à la crise profonde des institutions étatiques qu'au manque de confiance mutuelle dans toute la région. Preuve de la faiblesse des Etats dans la lutte contre la criminalité organisée, la contrebande et la traite des femmes : les policiers ne touchent que des revenus irréguliers, comme en Bosnie, ou ils risquent de perdre leur place en cas de changement de gouvernement, comme en Albanie. C'est justement la rencontre entre un Etat fragile qui ne parvient pas à contrôler ses frontières, une alliance entre la criminalité organisée et le nationalisme, et le problème en suspens du statut du Kosovo qui rend si dangereuse la crise de Tetovo.
L'Union européenne et l'histoire de sa mise en place peuvent servir éventuellement d'exemple. Le processus de l'intégration européenne, souvent avancé comme exemple pour le Pacte de stabilité dans les Balkans, a trouvé sa dynamique non dans les réunions régulières d'hommes d'Etat européens, mais dans la stratégie d'intégration ciblée dans le domaine essentiel de l'économie, en particulier dans le secteur du charbon et de l'acier. Par le biais de cette intégration économique, il a ensuite été possible de parvenir à une "solidarité de fait" entre anciens ennemis. Mais l'objectif en était éminemment politique. Car, en fin de compte, il s'agissait d'un problème de statut : celui de l'Allemagne, mais aussi celui de régions plus modestes. Le statut de la Sarre, occupée par la France, était encore sujet à des débats acharnés entre les deux pays en 1950. Dans le cadre d'une croissance commune, on a pu résoudre cette question sans difficulté. En appliquant une stratégie progressive dans les sphères où l'ouverture des marchés a un sens sur le plan économique, on préparerait ainsi le terrain à une intégration européenne ultérieure plus générale et à une confiance mutuelle. C'est ce modèle qu'il faut exporter dans les Balkans.


UN PACTE ÉNERGÉTIQUE POUR RELANCER LES INVESTISSEMENTS


Le Monténégro souhaite se détacher de la Yougoslavie et proclamer son indépendance. La Serbie s'y oppose. Si l'on s'efforçait maintenant de créer des institutions économiques supranationales, ces deux pays pourraient se séparer tout en restant sous le même toit (économique). Ce qui permettrait également de résoudre la question du statut du Kosovo par des négociations : en tant que partie d'une union économique, mais avec comme cible la souveraineté dans d'autres domaines. Dans cette nouvelle union économique, l'Europe pourrait jouer le même rôle que les Etats-Unis, qui ont aidé à la naissance de la communauté européenne, en 1950. La création d'un pacte énergétique en Europe du Sud-Est, pacte intégré à l'UE, représenterait un objectif concret pour les investissements européens des prochaines années. Si les frontières du Kosovo se voyaient confirmées par un rapprochement entre la province et la Serbie, les problèmes en Macédoine n'en seraient que plus faciles à résoudre.
Comme dans l'Europe de l'après-guerre, il faut aboutir à des solutions créatives. L'Europe ne peut espérer avoir de succès dans les Balkans que si elle est consciente de l'énormité de la tâche et se dote par conséquent de nouveaux instruments pour résoudre les conflits.


Gerald Knaus*


Courrier International
12/04/2001, Numero 545

 

(Alternativna informativna mreza)
21 août 2000 - (traduit par Emmanuelle Rivière)

LA CRISE ECONOMIQUE EN REPUBLIKA SRPSKA


"La Bosnie-Herzégovine se trouve dans une grave crise financière. Il est urgent de prendre des mesures: le déficit budgétaire des deux entités les rapproche de plus en plus de la banqueroute", a récemment affirmé Joseph Ingram, directeur de la mission de la Banque mondiale (BM) en Bosnie-Herzégovine (BiH). Tout le monde le savait, mais Ingram a ainsi permis de rendre public un fait constamment nié par les autorités de Republika Srpska (RS): le soi-disant succès économique actuel en BiH repose sur un argent qui ne lui appartient pas et sur les économies des pays donateurs.

Par Mladen Milosavljevic à Banja Luka.

"Le déficit budgétaire actuel de la RS atteint les 200 millions de KM (konvertible mark, monnaie officielle en BiH, dont le taux suit celui du deutschemark, NDLR). Dans la Fédération, le trou est de 140 millions de KM.", a précisé Ingram. Le chef de la mission du Fond monétaire international, Bruno de Sazzen, a quant à lui estimé que la principale cause de ces déficits se trouvait dans les diverses évasions fiscales. Ingram a prévenu que le pire était encore à venir: "les pensions versées pour les personnes âgées, pour les chômeurs, ainsi que les salaires des fonctionnaires pourraient subir des interruptions" si la situation continuait à se détériorer.

Attendons-nous à ces désagréments avant les élections de novembre prochain: car ces déclarations des deux responsables financiers mondiaux représentent une pression contre la RS pour qu'elle prenne des mesures immédiates. Les statistiques indiquent que le PIB de la RS est quasiment nul. Quant au coût de la vie, la situation est catastrophique: entre février 1998 et décembre 1999 les prix ont augmenté de presque 100%.

Mais il a fallu attendre ces menaces de la BM et du FMI - les deux organismes priveraient la RS de subventions avant les élections - pour que le gouvernement de la RS se décidât à s'inquiéter. Ni les chiffres évoqués, ni les rapports du CAFAO (Customs and Fiscal Assistance Office) selon lesquels la RS perd 200 millions de KM en n'imposant aucune taxe sur les cigarettes, ni les déclarations de l'ambassadeur américain James Perdew au Congrès américain, qui estimait que la RS perdait 136 millions de KM en fraudes fiscales, n'avaient réussi à troubler le gouvernement.

Quoi qu'il en soit, l'une des premières mesures prises par le Premier ministre Dodik - également candidat à la présidence en RS - fut de réduire les pensions de 40%, alors qu'il avait déjà retiré récemment deux aides aux retraités. Lot de consolation, il leur promet des coupons de 50KM pour payer leurs factures d'électricité.

Pour Ingram, cette histoire de coupons est "stupide": la situation des retraités va s'améliorer pour quelque temps, mais au bout du compte, les problèmes - déjà si nombreux - de l'industrie électrique vont s'en trouver aggravés.

Conscient du mécontentement justifié des retraités, et de son coût électoral - la perte de 172 000 voix aux élections prochaines - le gouvernement s'est lancé dans une nouvelle mesure - toute aussi risquée. Svetozar Mihailovic, directeur du Fond pour les retraites publiques et les allocations aux handicapés de la RS, a déclaré que le bureau du Fond à Bijeljina avait lancé une procédure judiciaire contre onze directeurs d'entreprises semi-privées qui ne payaient pas leurs cotisations.

Cette décision pourrait se retourner une nouvelle fois contre les élus, non seulement parce qu'elle n'est pas justifiée, mais aussi parce que les directeurs incriminés sont responsables d'entreprises situées dans l'Est de la RS, déjà peu favorable à Dodik et à la coalition au pouvoir. Il s'agit également des plus grosses entreprises dans cette région de RS, des principaux employeurs: par exemple, les entreprises d'outillage de Trebinje, Birac Holding de Zvornik, de la mine et la centrale thermo-électrique d'Ugljevik, Maglic de Srbinje, etc.

Par cette action, le gouvernement soulève des soupçons: pourquoi d'autres entreprises n'ont-elles pas été accusées? Serait-ce parce que les entreprises très endettées de l'Ouest de la RS sont contrôlées par la coalition au pouvoir? On a beau rassurer la population, et une première instruction a beau avoir été entamée à Prijedor, les suspicions perdurent.

Le directeur du bureau du Fond à Banja Luka, Nedeljko Vujovic, a déclaré qu'il prenait actuellement des renseignements sur les mauvais payeurs de la région. Aucune mesure n'a toutefois encore été prise, même si chacun sait qui sont ces endettés. Vujovic lui-même précise qu'il s'agit d'entreprises employant une main d'œuvre importante: Cajavec, Incel, Vrbas, Jelsingrad, Fruktona, Univerzal et Sentetik de Banja Luka,  Svila et Celinac, Itris de Srbac et Machine Service de Gradiska. Non seulement ces entreprises ne paient pas leurs contributions au Fond pour les pensions et les handicaps, mais elles ne s'acquittent qu'irrégulièrement des salaires de leurs employés!

Bien sûr, il est clair qu'une partie de ces entreprises n'a réellement pas les moyens de payer ses dettes, qu'elle le souhaite ou non. Conjoncture difficile, guerre, disparition des pays auxquels on avait l'habitude d'exporter, mauvaise gestion et retard des privatisations: ces entreprises se trouvent sur le fil du rasoir.

La décision prise par le gouvernement en faveur des pensionnés est une tentative de créer l'impression d'un gouvernement efficace capable de gérer les problèmes et de les résoudre rapidement tout en faisant bonne figure devant les menaces des donateurs internationaux. Pourtant, le seul résultat, c'est un brouillage des cartes d'un problème qui ne pourra toutefois pas être évité. Le gouvernement devra s'y atteler pour éviter la banqueroute à la RS: les retraites et pensions n'en sont qu'un résultat, et non pas une cause. Le problème-clé se trouve beaucoup plus haut: la stratégie de restructuration étant non existante, les grandes entreprises n'attirent pas l'attention des investisseurs. De plus les programmes de privatisation sont tels qu'en réalité, elles voient difficilement le jour.

Lors d'une récente rencontre avec les représentants des institutions monétaires internationales et les envoyés de la communauté internationale dans le Sarajevo serbe, les leaders de l'Assemblée populaire et les représentants des députés se sont vu réitérer la voie à suivre. Quelques soient les problèmes de réforme des systèmes de retraites, des lois sociales sur le travail ou du trou budgétaire, aucun problème ne sera résolu tant que les leaders y mêleront leurs activités politiques.

Il faut donc que le gouvernement relève immédiatement son pied du frein mis au développement du secteur privé, et qu'il simplifie les procédures administratives pour les investisseurs locaux comme étrangers. Aucune loi n'existe sur l'enregistrement des investissements étrangers directs: ce qui ne peut guère attirer les étrangers dans le pays.

Le problème ne se trouve donc pas uniquement dans ce refus de payer les contributions au Fond de pensions: il s'agit d'un dysfonctionnement beaucoup plus profond, dont le gouvernement est également responsable. Là est l'essence du problème. Si le gouvernement ne procède que par décisions partielles, et qui plus est uniquement lorsqu'il craint de perdre le soutien des internationaux ou des électeurs; s'il ne réforme jamais le système qu'il contrôle, il ne faut espérer aucune solution. Le gouvernement doit, aujourd'hui, suivre les indications des représentants internationaux: et s'il est trop tard pour éviter une banqueroute de l'économie, qu'il cherche au moins à établir un Etat de droit, à combattre la corruption, l'économie grise et la fraude fiscale.