Actions militantes des femmes à travers les frontières

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Appel international "Paix et sécurité - une alternative féministe" - Appel de Skopje - octobre 2009 :


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IFE-EFI Conférence des Femmes des Balkans et des autres régions d’Europe : conclusions 

Mise en ligne : samedi 30 septembre 2006

 

L’Initiative Féministe Européenne pour une autre Europe, IFE-EFI a réuni les 18 et 19 septembre dans les enceintes du Parlement européen à Bruxelles, une soixantaine de militantes féministes originaires des Balkans et d’autres régions d’Europe ainsi que des militant-e-s pacifistes pour une conférence autour des thèmes « La sécurité en Europe. Pour qui ? » ; « Quelle Europe voulons nous ? »

Cette conférence a été organisée avec le soutien du groupe parlementaire européen GUE/NGL.

Les participantes, au delà de leurs différents contextes géographiques et politiques, ont partagé connaissances et expériences et posé comme priorité le maintien d’un dialogue féministe constructif pour une autre Europe, avec notamment pour objectifs d’élargir et d’enrichir le débat politique dans l’Union Européenne sur la sécurité des personnes et de faire entendre les voix et les expériences des femmes dans ce domaine.

1) La conférence a contribué à mettre en évidence la façon dont les différents niveaux de discrimination à l’encontre des femmes au sein même des structures de nos sociétés inégalitaires perpétuent leur subordination et le sentiment global d’insécurité en Europe - à l’intérieur, comme à l’extérieur de l’Union, dans la vie publique, comme dans la sphère privée.

2) Les participantes se sont accordées sur le fait que, si le projet européen entend être porteur de paix véritable, de justice sociale et de démocratie, l’ensemble de l’UE doit reconnaître les liens qui existent entre patriarcat, violence masculine à l’encontre des femmes et guerre elle doit s’attacher d’urgence à transformer la politique européenne de défense et à promouvoir une conception nouvelle de la sécurité. Pour ce faire, l’analyse et la critique féministes doivent nécessairement être prises en considération par les responsables politiques.

3) La conférence a souligné l’urgence d’une reconnaissance, au plan politique, de la marginalisation globale des ressources et des besoins des femmes , y compris au plan de la sécurité. Cette reconnaissance conditionne une affectation équitable des ressources et du pouvoir politique et économique . Elle a rappelé que l’inégalité entre les hommes et les femmes est un obstacle majeur au développement des sociétés.. Les débats ont porté sur les liens entre violence masculine à l’encontre des femmes, patriarcat, inégalités structurelles qui perpétuent le déséquilibre dans les rapports de pouvoir entre hommes et femmes. Ils ont permis de dégager les liens entre les structures de la violence en temps de guerre et celle des sociétés patriarcales en temps de « paix » qui porte pour noms précarité, chômage, insécurité économique, traite et prostitution. La conférence a également mis l’accent sur le lien entre militarisme et oppression patriarcale, appelant à l’expression et au renforcement d’une éthique de solidarité et d’une plate-forme féministe sur la sécurité .

4) Les débats ont permis de montrer comment la violence militaire pratiquée en période de guerre, justifiant les exactions sexuelles et le viol, est aussi présente en temps de « paix » dans les foyers. Ils ont d’autre part mis en évidence la nécessité d’interpeller et de remettre en cause , à plusieurs niveaux et de façon radicale, les concepts patriarcaux traditionnels de guerre , de paix et de sécurité. Les oratrices ont invoqué l’urgence d’envisager la sécurité comme une question humaine basée sur une éthique de solidarité. Cela a conduit à souligner la nécessité d’inclure de façon urgente les analyses féministes dans les approches politiques, à tous les niveaux, et de reconceptualiser les notions évoquées plus haut. À cela s’est ajoutée la condamnation absolue du recours à la force comme moyen de résoudre les conflits, du militarisme et de toutes les autres formes de violence ainsi que l’exigence d’une démilitarisation globale.

5) D’autre part, les interventions ont mis en exergue les liens entre l’inégalité des droits aujourd’hui entre les hommes et les femmes en Europe et le manque de cadre légal contraignant à même de garantir l’égalité et la démocratie et d’assurer le partage équitable du pouvoir entre les sexes. Ceci pose la question d’un réexamen sérieux et urgent du concept de démocratie. Le fait que , sur les 202 membres de la Commission qui a préparé le projet de traité constitutionnel européen , il n’y ait eu que 17 femmes , illustre cette carence de démocratie .

6) La conférence a souligné la corrélation entre l’augmentation des budgets militaires et de l’armement et la restriction des budgets du secteur public ; ainsi le régime politique néo libéral qui s’est imposé à l’UE et qui sera étendu aux futurs membres se développe principalement aux dépens des femmes. La conférence a manifesté sa préoccupation quant au modèle de sécurité et de défense commune qui revient à créer des structures fédérales de sécurité plus puissantes que celles des Etats membres et qui enjoint ces Etats à augmenter leurs budgets militaires.

7) Les participantes ont montré dans leurs interventions l’ampleur de la régression des droits sexuels et reproductifs des femmes dans toute l’Europe et souligné le lien existant entre cette régression et l’influence croissante que les États accordent aux Églises, influence confortée dans le projet de traité constitutionnel européen. La nécessité de la séparation de l’Église et de l’État et la promotion d’une Europe laïque ont été actées comme des priorités majeures de la politique européenne. L’UE doit mener une politique qui affirme le droit des femmes à disposer de leur propre corps, à bénéficier du droit à l’avortement qui est non seulement un droit humain mais est partie intégrante de la sécurité des femmes.

8) La conférence a mis en évidence le lien entre la représentation des femmes dans les instances, leur participation à la vie politique et la promotion de mesures conformes aux intérêts des femmes au premier plan de l’agenda politique. Elle a souligné la nécessité de prendre pour cible le système patriarcal dans sa continuité et dans sa cohérence , en déconstruisant le mythe selon lequel le pouvoir ne conviendrait pas aux femmes . L’éducation populaire féministe figure parmi les priorités évoquées pour cette déconstruction.

9) Les participantes ont partagé leurs expériences et leurs réflexions ainsi que leurs critiques du concept traditionnel de sécurité en relation avec l’intitulé de la conférence « la sécurité en Europe - pour qui ? » En confrontant et en rassemblant les différentes expériences, en mettant en commun les différents niveaux de connaissances , en analysant les discriminations dont les femmes sont victimes en temps de guerre comme de paix, les féministes et militantes pacifistes du continent, par delà les frontières des différents pays, ont naturellement remis en cause le concept traditionnel de sécurité en tant que concept limité aujourd’hui à la défense des droits de ceux qui détiennent le pouvoir.

La question de la sécurité des personnes a été définie comme une question personnelle , politique et, en tant que question sociale comme l’ exigence légitime au droit de vivre sans crainte, en tous lieux et dans à tous les moments de sa vie. La violence masculine envers les femmes sous ses différentes formes est structurelle, elle dépasse les frontières des États et franchit les limites de la sphère privée. Elle est omniprésente. C’est pourquoi, elle constitue pour chaque femme un problème de sécurité. La conférence a montré l’importance d’élargir le concept politique de sécurité en y incluant la violence structurelle envers les femmes au quotidien. Elle a aussi réaffirmé que la liberté de choix pour les femmes signifie l’accès à l’éducation, à la santé, aux ressources, au travail, et au pouvoir de décision. Dans le même temps, la conférence a rappelé l’urgence de promouvoir des politiques et des façons d’être qui conduisent à la transformation des relations de pouvoir entre sexes et des représentations des deux sexes dans l’espace public comme dans l’espace privé.

10) Une plate forme exigeant des changements et des orientations politiques visant à en finir avec le déséquilibre des relations de pouvoir entre hommes et femmes et l’insécurité des femmes sera prochainement adressée par les participantes de la conférence au Parlement Européen, à la Commission Européenne et aux gouvernements nationaux.

Rencontre féministe européenne des femmes des pays des Balkans et des autres pays d'Europe en septembre 2006

 

L'IFE/EFI est un réseau d'associations et de femmes féministes en Europe qui s'est constitué après le FSE à Londres. Il a été initié à partir du groupe "Femmes et pouvoir" au FSE de Bobigny. Ce sont Josette Rome-Chastanet et Lilian Halls-Franch qui en sont les animatrices (toutes deux au PCF - Lilian ayant travaillé au cabinet de MG Buffet lorsqu'elle était ministre de la Jeunesse et des Sports. C'est une association déclaré loi 1901 dont l'envergure européenne a commencé à se dessiner lors du 4ème FSE d'Athènes. Elles ont co-organisé plusieurs forums, dont celui sur la laïcité en Europe qui était assez intéressant. Cette proposition de conférence des femmes des Balkans a mûri et pris forme dans ce dernier forum et a été décidé par les associations présentes dans la perspective de l'élargissement des réseaux femmes du FSE aux pays des Balkans. La nécessité de tisser des liens avec les femmes des pays de l'Est a été reprise également par les organisatrices du forum Services Publics/conséquences pour les femmes en Europe (dans laquelle j'intervenais pour les associations françaises). Cette décision de conférence a donc été adoptée dans l'AG des femmes le samedi matin.

 

Les féministes de Serbie et du Kosovo s’unissent

Traduit par Persa Aligrudic 

Publié dans la presse : 3 juin 2006

C’est une première. Le Réseau des femmes kosovares et les Femmes en noir de Serbie se sont unies, pour former une Coalition pacifiste féministe, qui entend peser dans le processus de négociations sur le statut du Kosovo. Elle rappelle la résolution 1325 des Nations Unies sur la place des femmes dans les processus post-conflictuels, et elle entend même lancer des négociations parallèles.

Par Jelena Bjelica

La Coalition pacifiste féministe vient de publier son premier communiqué, à propos des négociations sur la protection du patrimoine culturel. Le communiqué souligne entre autres que les autorités de Serbie et du Kosovo ont passé sous silence la Résolution 1325 du Conseil de sécurité des Nations Unies, laquelle invite les gouvernements à impliquer un plus grand nombre de femmes dans les processus politiques post-conflictuels, et que la Coalition pacifiste féminine qui vient de se former a décidé de tenir des négociations parallèles.

C’est la première fois, ces quinze dernières années d’activisme féminin sur le territoire de l’ex-Yougoslavie, qu’une coalition a été officiellement formée entre deux importantes organisations de Serbie et du Kosovo. Il y a eu bien sûr à plusieurs reprises, durant toutes ces années, solidarité exprimée entre les femmes du Kosovo et de Serbie, mais jamais il n’y a eu une si puissante collaboration institutionnelle.

Qu’exige la Coalition pacifiste féminine dans les négociations sur le statut du Kosovo ?

Le respect de la Résolution 1325 du CS ONU « Les femmes, la paix, la sécurité » ; La participation des femmes aux négociations sur le statut du Kosovo ; La reconnaissance et le respect des initiatives pacifiques féminines liées aux négociations sur le statut du Kosovo ; Le suivi des négociations pacifiques sous forme d’évaluation par les réseaux pacifistes féminins (de Serbie et du Kosovo) ; Le soutien des réseaux internationaux des femmes à sa plate-forme ; La reconnaissance et le respect de la part des acteurs importants de la communauté internationale, non pas comme des « compléments » ou des « ornements » dans les négociations, mais comme un acteur extrêmement important dans le processus de paix et des négociations pacifiques.

La série de réunions qui s’est tenue entre les Femmes en noir de Serbie et le Réseau des femmes kosovares a débouché sur une initiative civile indépendante fondée sur la solidarité féminine. La coordinatrice du Réseau des femmes kosovares, Igbala Rogova et les représentantes des Femmes en noir Stasa Zajovic, Jovana Vukovic et Vera Markovic, se sont rencontrées au début du mois de mars 2006 à Belgrade dans le cadre d’une réunion régionale de la fondation suédoise Kvinna till Kvinna, afin de discuter de la situation politique en Serbie, de la sécurité, de la paix dans la région et de la participation des femmes dans ce processus.

À cette occasion, elles se sont entretenues de leur future collaboration : réunions communes, tables rondes, compréhension féministe de enjeux de sécurité, participation des femmes à la construction de la paix et dans les processus pacifiques, organisation de négociations parallèles des femmes lors desquelles seront commentées et critiquées les positions et les conclusions officielles (serbes et kosovares) des équipes de négociations.

Des négociations parallèles

Un mois et demi plus tard, le 23 mai, ces deux organisations ont publié leur premier communiqué sous le nom commun de Coalition pacifiste féministe, à propos des négociations sur la protection du patrimoine culturel. Le communiqué annonce que les autorités de Serbie et du Kosovo n’ont pas tenu compte de la Résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, invitant les gouvernements à inclure un plus grand nombre de femmes dans les processus politiques post-conflictuels, et que cette nouvelle Coalition des femmes a décidé de tenir des négociations parallèles et de faire des recommandations relatives à tous les sujets de discussions menées à Vienne.

Bien que la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination contre les femmes soit un document juridique rafitié par la majorité des pays membres des Nations Unies, la Résolution 1325 représente le premier document juridique obligatoire concernant la participation des femmes dans les questions pacifiques et sécuritaires. Elle a été adoptée à l’unanimité le 31 octobre 2000 par le Conseil de Sécurité des Nations Unies, et elle souligne surtout l’importance de la participation des femmes dans les processus pacifiques, ainsi que la protection des femmes dans les régions de crise et de guerre contre la violence, surtout la violence sexuelle, ainsi que l’intégration de ces perspectives dans les mécanismes d’application des accords pacifiques.

La Coalition pacifiste féministe propose d’exclure de la politique les monuments culturels et religieux, et d’inclure dans les négociations toutes les communautés vivant à proximité de ces monuments, de fonder une organisation professionnelle, indépendante pour la protection des monuments, ainsi que d’impliquer les citoyens du Kosovo dans la protection du patrimoine culturel à travers des débats, discussions et réunions publiques. La Coalition pacifiste féministe souligne dans son premier communiqué officiel que les « églises, les cathédrales, les minarets et les autres édifices sont liés au patrimoine culturel et à l’histoire de tous les groupes ethniques », et que « c’est la raison pour laquelle tous les groupes ethniques ont le droit de les partager, de les conserver et de les protéger ».

Les femmes, actrices de la paix

Il est vrai qu’au niveau international, les femmes ne sont visibles pratiquement que comme des victimes de la guerre, comme des objets passifs du nationalisme et du militarisme. En tant qu’actrices de la paix, en tant que promotrices d’initiatives pacifiques, elles sont quasiment invisibles. Cela est confirmé par la composition des missions de paix partout dans le monde et, bien sûr, au Kosovo. Il n’y a pas de femmes dans les hautes sphères de décision de la MINUK, de la KFOR, de l’OSCE et des autres institutions internationales. Dans les négociations sur le statut du Kosovo, les femmes sont présentes seulement comme « décoration » : on ne compte qu’une seule femme dans les deux délégations. Ce fait, avec la montée des résistances nationalistes aux négociations, rend ces négociations de paix encore plus incertaines et fragiles.

« Les groupes de femmes qui ont entretenu ces dernières années des contacts avec les groupes du Kosovo sont ceux qui doivent être consultés lors des négociations, mais il y a le danger que les entretiens alternatifs qui sont menés tout le temps entre les groupes féministes de Serbie et du Kosovo ne deviennent des indices de parallèlisme des négociations sociales », avertit Borka Pavicevic, directrice du Centre pour la décontamination culturelle de Belgrade. Elle ajoute qu’il est indispensable que le voie de la société civile et le voie des États se rencontrent, se reconnaissent, se respectent et soient productifs.

« Les porteurs de changements au Kosovo étaient les femmes, elles se sont émancipées à travers une vraie révolution. Naturellement, il faut que les femmes soient inclues des deux côtés, ce qui n’est pas le cas lorsqu’on en vient à la politique. Toute la région est polluée par le machisme et les constructions abusives. C’est le signe d’une fermeture des sociétés, l’annonce de ce à quoi elles vont ressembler. Les femmes possèdent un instinct pour les phases de changement, car la question centrale est : comment allons-nous vivre, comment la société sera-t-elle organisée ? Les femmes, dans les équipes de négociation, doivent représenter les intérêts des citoyens, de la population. Il faut affronter la réalité et la virtualité, le réel et la mythologie » conclut Borka Pavicevic.

Plate-forme de la Coalition pacifique féminine

Les droits de la personne humaine, et en particulier ceux des femmes, la qualité de la vie de l’individu, doivent être au-dessus du territoire et des frontières. Le droit à l’autodétermination pour nous les femmes, sous-entend le contrôle sur notre propre vie, notre corps, notre esprit ; le droit à l’intégrité et à l’autonomie (économique, politique, morale, émotionnelle, sexuelle). Comme femmes activistes de la société civile, féministes et pacifistes, nous soutenons le droit à l’autodétermination qui sous-entend un plus grand degré de liberté et de droits de toutes les citoyennes et des citoyens, nous soutenons le droit à l’autodétermination qui rejette toute forme d’homogénisation et d’exclusion ethnique. Nous nous engageons de façon résolue pour la séparation de l’Église et de l’État, ce qui signifie que les communautés religieuses ne peuvent pas prendre des décisions sur les questions étatiques, les systèmes d’éducation ou de santé. Le droit à l’autodétermination ne doit menacer aucun droit acquis jusqu'à présent. Le droit commun qui menace le plus les droits de la femme, ne doit pas être réhabilité sous prétexte de préserver « l’identité culturelle », indépendamment du fait qu’il s’agisse de communautés religieuses majoritaires ou minoritaires.

Les droits de la personne humaine, surtout ceux des femmes, sont au-dessus de la souveraineté des États : tous les pays signataires des documents internationaux sur les droits de la personne humaine doivent en premier lieu soutenir les intérêts des citoyennes et des citoyens, et non pas ceux de l’État ;

La sécurité des personnes est au-dessus de la souveraineté de l’État : cela signifie la sécurité des citoyennes et des citoyens (économique, politique, personnelle, sanitaire, etc.), le respect des droits humains, surtout ceux des femmes ; la sanction de toutes les formes de violence contre les femmes, tant sur le plan privé que public ; la démilitarisation de la société. La sécurité des personnes sous-entend une pleine collaboration avec le Tribunal de La Haye, la condamnation de tous ceux qui ont commis des crimes de guerre sur les territoires de l’ex-Yougoslavie, et l’exigence que tous ceux qui ont commis des crimes, d’abord en notre nom et en celui de tous les autres, en assument la responsabilité.

Le droit et l’obligation pour nous de participer aux processus pacifiques, d’influencer les négociations pacifiques : en tant que femmes, nous payons le prix le plus cher de la guerre, du militarisme et de toutes les formes de violence. En tant que citoyennes, nous avons le droit d’exiger que le pays dans lequel nous vivons et la communauté internationale fassent état de la manière dont les fonds sont dépensés : il s’agit de l’argent de tous les citoyens/citoyennes et nous avons le droit et l’obligation d’exiger qu’il soit investi dans la paix, le développement et le bien-être et non pas dans la guerre. Nous exigeons de tous les acteurs importants de la communauté internationale qu’ils considèrent les droits des femmes comme une question internationale essentielle, et qu’ils nous reconnaissent et nous respectent en tant qu’actrices de la paix.

 

Comité économique et social européen 
 
Forum de la société civile des Balkans occidentaux

27-28 mars 2006

Le site du Comité économique et social européen

Les conclusions du forum de la société civile des Balkans occidentaux

Participants :

        • Mme Anne-Marie Sigmund, Présidente du CESE
        • Un(e) représentant(e) de la Présidence autrichienne de l’UE
        • M. Michael Leigh, Directeur général de la DG Élargissement, Commission européenne
        • M. Srdjan Cvijic, expert (WTI: démocratie), Pacte de Stabilité pour l’Europe du Sud-Est
        • M. Dimitriadis, Vice-Président du CESE, membre du     Groupe de contact avec les Balkans occidentaux 
        • M. Stève Duchene, Délégué de l’Agence de la démocratie locale du Kosovo
        • Mme Sonja Lokar, Présidente de la « Gender Task Force » du Pacte de Stabilité pour l’Europe du Sud-Est
        • Mme Roksandić, membre du CESE et du Groupe de     contact avec les Balkans occidentaux
        • M. Youcef Ghellab, spécialiste des relations industrielles et du dialogue social, bureau sous-régional de l’OIT pour l’Europe centrale et orientale, Budapest
        • M. Budimir Raickovic, Union monténégrine des employeurs, représentant l’Organisation internationale des employeurs
        • M. Krastyo Petkov, professeur, Université pour l’économie mondiale et nationale
        • M. Barabás, membre du CESE, Président du Groupe de    contact avec les Balkans occidentaux 
        • Mme Branka Magas, historienne, The Bosnian Institute (Royaume-Uni)
        • Un membre du Parlement européen
        • M. Louis Hersom, Unité Coopération régionale (Balkans occidentaux), DG Élargissement, Commission européenne
        • Mme Davison, membre du CESE, Présidente de la     section des relations extérieures 

                 

 

La 49e session de la Commission sur le statut des femmes (CSW) s'est ouverte le 28 février 2005 au siège de l'ONU à New York. On l'appelle communément "Beijing + 10". De quoi s'agit-il ? D'examiner la façon dont les Etats ont tenu les engagements pris il y a 10 ans, à l'issue de la conférence de Beijing. Hormis leurs représentant-es, celles de nombreuses ONG et organisations de femmes y participeront. Elle se déroulera jusqu'au 11 mars. Dans son discours inauguratif, Kofi Annan a clairement défendu le principe de l'égalité des genres, qu'il définit comme un des objectifs prioritaires du Millenium. Malheureusement, des forces contraires ne manqueront pas de se déchaîner. Une coalition internationale de médias féministes s'est constituée pour suivre et transmettre les débats. Rendez-vous sur : http://www.womensmediapool.org

 

 

Chômage et discriminations pour les femmes albanaises
TRADUIT PAR MANDI GUEGUEN

Publié dans la presse : 11 février 2005
Mise en ligne : mardi 22 février 2005

En Albanie, la « transition » économique est dure pour tout le monde, mais les femmes comptent au rang des principales victimes : plus touchées que les hommes par le chômage, elles sont aussi frappées par de nombreuses discriminations, notamment salariales.

Par Lucia Pantella

Le chômage et ses effets pervers restent les préoccupations principales des Albanais, malgré les 14 années de transition et d’économie de marché déjà écoulées. L’Albanie a aujourd’hui le taux d’émigration le plus élevé du continent, par rapport à tous les autres pays du bloc de l’Est.

Actuellement, un Albanais sur trois a émigré, deux sur trois cherchent à le faire, surtout vers l’Italie et la Grèce. Selon les statistiques aussi bien les chômeurs que la majorité des fonctionnaires albanais, privés et publics, peinent à vivre de leurs salaires.

Diverses conférences et études ont mis en évidence une extrême polarisation des diverses couches sociales du pays. Selon quelques études, 7 Albanais sur 10 vivent avec moins de deux dollars par jour, 3 sur 10 vivent selon les standards occidentaux. L’Institut des Statistiques Albanais, le confirmait en attirant l’attention publique sur le fait que 10 % de la population consomme près de 50 % des revenus nationaux, tandis que 90 % consomme le reste des rentrées, soit près de 3 millions d’Albanais vivent avec 700 dollars par an, et 300 000 restants avec 10 000 dollars par an et par personne.

Les femmes frappées de plein fouet par le chômage

La pauvreté frappe en premier les femmes, souffrant aussi bien du chômage que des discriminations salariales. Elles étaient les premières touchées par le chômage entre 1991 et 1993, et la chute du communisme les a privées de certaines structures publiques qui leur venaient en aide.

Selon les statistiques officielles, en 2004 le taux de chômage féminin en Albanie tournait autour de 19%, contre 15% pour les hommes. Et c’est sans compter avec la condition des paysannes, employées jadis dans les coopératives socialistes et cantonnées au foyer depuis, sans être inscrites dans les listes de reclassement, et les citadines ne cherchant plus de travail après leur licenciement et les privatisations des industries alimentaires, textiles et des manufactures.

Ne constituant que 37 % de la population active, les femmes subissent aussi une discrimination salariale, selon l’INSTAT (1998-2000) le salaire moyen des femmes constituait seulement 70 % du salaire des hommes dans tous les secteurs et à tous les niveaux. Une étude de l’UNICEF (2000) mentionnait que 60% des employeurs préféraient embaucher des hommes, et la difficulté des femmes albanaises pour atteindre des postes à responsabilité, tant dans le public que dans le privé.

Avec le temps, la situation ne semble pas avoir notablement changé. Malgré leur désir de travailler, beaucoup d’Albanaises sont toujours au chômage.

L’âge et l’éducation

Selon un récent rapport du ministère du Travail et des Affaires Sociales, en 2004 plus de 75 000 femmes se sont inscrites comme demandeuses d’emploi. 50 000 d’entre elles recherchent du travail mais sont découragées, et seulement 2% ont fait des hautes études.

Beaucoup de femmes des campagnes en sont réduites à vendre quelques produits sur les trottoirs, seules ou en couple, leurs revenus étant insuffisants. Certains passaient ainsi les fêtes de fin d’année à vendre des châtaignes.

Ce sont les femmes de moins de 24 ans (25% du total des femmes au chômage) qui connaissent les majeures difficultés à trouver un travail, en partie à cause de l’absence de formations professionnelles et d’un bas niveau d’études, selon les experts du Ministère et les données du rapport. « Dans la liste des femmes à la recherche d’un emploi, seul 53 % ont une qualification élémentaire, alors que seulement 2% des diplômées sont au chômage », affirme le rapport.

50 % des femmes sont ouvrières

Les professions demandées par les femmes au chômage sont toujours les mêmes, 50% d’entre elles sont ouvrières, et 30% ont une profession. Selon le rapport, les femmes ayant fait de hautes études, même si peu nombreuses, ont un profil tertiaire. Ce secteur a été touché par le chômage après la réforme dans l’administration publique. 17% sont des techniciennes spécialisées, dans l’industrie de la transformation, du transport et des télécommunications.

En 2004, 49% des femmes (inscrites ou non dans les listes de chômeurs) ont participé aux programmes de promotion du travail et de la formation professionnelle. On peut en déduire que le nombre réel des femmes au chômage est bien plus élevé que les chiffres publiés.

Les femmes sont bien plus intéressées que les hommes par la formation professionnelle. Selon les données de 2004, 5000 personnes ont participé aux programmes de formation professionnelle, dont 3000 femmes, soit 63%. L’année précédente les femmes ont été 4858 à participer à des cours de formation sur 8097 personnes, en 2002 elles représentaient 65% de ces personnes.

Le mouvement pour la défense des droits des femmes albanaises

Déjà en 1995, un groupe parlementaire pour les droits des femmes a été créé, qui présentait un nouveau code du travail en demandant de meilleures conditions hygiéniques dans les lieux de travail, la résolution du problème du travail de nuit et de la discrimination des salaires. Depuis, plus de 20 ONG de femmes ont été créées, l’Union des Femmes Albanaises, créée en 1946 était restée pendant 45 ans l’unique organisation féminine admise par le Parti Communiste et placée sous son contrôle direct.

Afin de donner la priorité aux questions du travail féminin et pour offrir des opportunités égales aux hommes et aux femmes, une loi a été récemment approuvée, qui institue un programme de promotion pour le retour à l’emploi des femmes. Ainsi, 3 projets ont été mis en place à Shkodra, à Durres et à Lezha, avec l’ouverture de lignes de productions (chaussures, confections, poissonnerie), permettant l’embauche de 120 femmes, dont 88 en détresse sociale.

1300 femmes ont été intégrées et embauchées grâce à d’autres programmes. Un nombre croissant d’ONG, aide l’action du gouvernement, en travaillant, dans les villes et les villages, pour relancer le statut légal et civil des femmes, la protection de leur santé et la croissance économique des femmes. Ces organisations peuvent offrir des services aux femmes appartenant aux classes les plus vulnérables de la société albanaise, souvent aux prises avec des trafics d’êtres humains ou des réseaux du crime organisé.

Bien que le mouvement pour la défense des femmes en Albanie ait atteint des résultats importants, il est toujours en transformation et affronte les difficultés et les défis comme le reste de la société albanaise. Le mouvement féminin n’est pas coordonné et dépend totalement des associations de donateurs étrangers, risquant de mettre en danger la vie même de telles organisations. Ces derniers temps, en effet, l’Albanie est sortie de la liste des pays qui recevaient des financements majeurs des fonds de la coopération internationale (provenant en particulier de l’Italie, de l’Allemagne et des Etats-Unis) et les organisations de défense des droits des femmes ont particulièrement ressenti le départ des donateurs internationaux. Pour cette raison l’avenir de l’offre de services sociaux pour la défense des droits des femmes dépendra largement des financements que le gouvernement, dans ses structures centrales ou locales et les entreprises albanaises décideront de lui concéder.

 

 

La violence contre les femmes n’est (presque) pas réprimée en Bosnie
TRADUIT PAR STÉPHANE SURPRENANT

Publié dans la presse : 11 février 2005
Mise en ligne : jeudi 17 février 2005

La violence domestique est une réalité massive et largement ignorée en Bosnie-Herzégovine. Bien peu de cas sont dénoncés à la police. Un nouveau projet de loi, qui suscite la colère des féministes et des associations de défense des droits de la personne, assimilerait cette violence à un simple délit passible d’amende.

Par Nidzara Ahmetasevic

Sejla (un nom fictif) se rappelle trop bien sa vie conjugale : « Il a menacé de me tuer », dit-elle, se tortillant les mains nerveusement. « Il me frappait, m’insultait et jurait contre moi », a-t-elle confié à l’IWPR, elle qui s’est réfugiée dans une maison pour femmes avec son bébé de 4 mois.

« J’étais sous une sorte de résidence surveillée, je ne pouvais pas sortir sans escorte. Un jour, j’en ai eu assez. Un matin, très tôt, j’ai couru et j’ai tout raconté à la police, qui m’a présenté à des gens du centre de travail social ». « Les gens comme mon mari devraient être en prison. Ils doivent être poursuivis pour tout ce qu’ils font. »

Le nombre de cas comme celui de Sejla augmente de façon alarmante en Bosnie. Mais au lieu de punir les coupables plus sévèrement, les autorités prévoient de faire de la violence conjugale une offense mineure, comparable à un parking non réglementaire, et passible d’une simple amende.

Les critiques soulignent que le projet montre que la violence contre les femmes est encore jugée « acceptable » dans un pays dominé par des nationalistes conservateurs.

« Qu’un geste violent soit considéré comme une incartade plutôt que comme un acte criminel en dit long sur les valeurs que le gouvernement cherche à promouvoir », explique Fedra Idzakovic de Global Rights, un organisme consacré aux femmes victimes de violence.

La violence conjugale est un problème croissant en Bosnie alors que le pays est toujours aux prises avec l’héritage de la guerre : chômage endémique, stress post-traumatique et services sociaux limités. Pourtant, il n’y a que cinq maisons accueillant des femmes en fuite dans tout le pays. Cela a pour résultat que les services offerts par des groupes de support locaux font face à une demande très forte.

« Nous avons reçu 640 appels au cours des 6 premiers mois de notre ligne d’aide téléphonique, ce qui donne une idée de l’ampleur du phénomène », affirme Selma Begic, qui travaille à la maison de Sarajevo où vit présentement Sejla.

Mais cela n’apparaît pas dans les statistiques. Selon les chiffres de la police divulgués en 2002, seulement 147 incidents de violence domestique avaient été rapportés dans la Fédération.

65% des femmes victimes de violence domestique

Des militantes croient qu’un récent sondage à l’échelle nationale, commandé par la Local Democracy Foundation, donne une version plus réaliste de l’étendue du problème. Ce sondage, mené auprès de 4 000 femmes, montre que 65 % d’entre elles déclarent avoir subi des violences domestiques et que les trois quarts des répondantes n’avaient pas rapporté les incidents.

Les militantes soutiennent que ces réticences sont compréhensibles, compte tenu de l’indulgence des juges et des policiers envers ce type de crime.

Un rapport récent produit par Global Rights et d’autres ONG sur le traitement judiciaire réservé aux cas de violence conjugale a démontré que les juges avaient tendance à punir les coupables avec de petites amendes et que les sentences de prison constituaient l’exception.

Selon le ministère de la Justice de la Republika Srpska (RS), 51 cas de violences domestiques ont été rapportés à la police de Banja Luka pour la seule année 2002, mais que seulement deux personnes ont été emprisonnées relativement à ces événements.

Une société traditionnelle et patriarcale

Des groupes de droits humains constatent que la faible proportion de cas rapportés aux autorités s’inscrit dans un problème plus vaste. Global Rights relève que « derrière une façade civilisée et moderne, la Bosnie cache une société profondément traditonnelle et patriarcale. La violence est une partie intégrante de la réalité familiale, mais reste ignorée et n’est pas discutée en public ».

Les militantes pensent que cette attitude est profondément ancrée chez les forces de police locales. « Même lorsqu’ils reçoivent une formation appropriée sur le sujet, de nombreux policiers semblent toujours croire qu’il est normal, un jour ou l’autre, de taper sur une femme », déplore la conseillère de la maison pour femmes Zehrija Zajkovic. Elle ajoute que beaucoup d’hommes bosniaques ont tout l’air de penser qu’une gifle n’est « rien ».

Les groupes de soutien aux femmes préviennent que le projet de loi reléguant la violence conjugale à un simple écart de conduite ne changera pas grand chose à de telles attitudes.

« L’État doit efficacement punir les responsables de la violence dans les foyers », déclare Idzakovic. « Rien n’évoluera si l’on s’obstine à traiter la violence familiale comme une broutille ».

Le gouvernement défend son projet

Global Rights fait partie d’une coalition de plus d’une centaine d’ONG pressant le gouvernement de ne pas donner suite à son projet de loi. « Il n’a pas été clairement présenté en public et il n’y a eu aucun débat à ce sujet », dit Sehic. « Nous nous opposons à une vision qui fait de la violence domestique un simple écart de conduite ».

Mais des représentants du gouvernement préviennent que le projet de loi relativisant le sérieux de la violence contre les femmes ne sera pas modifié. Un responsable du ministère de la Justice Dzemal Mutapcic déclare qu’une « telle loi nous permettra de distinguer des offenses mineures, comme la gifle, de d’autres offenses plus sérieuses ». Il ajoute que d’autres lois pouvaient être utilisées pour poursuivre ces offenses « plus sérieuses ».

Les militantes admettent que certaines dispositions contenues dans d’autres projets de loi pourraient contribuer à réduire la violence dans les foyers.

Par exemple, dans la Loi sur la Famille actuellement présentée par le ministère de la Justice de la Fédération, il sera possible d’évincer les personnes violentes du foyer et même de leur refuser l’accès à leur famille. Mais la question des peines infligées aux coupables demeure entière.

Les ONG affirment que tant que la loi considèrera la violence domestique comme une incartade et ne la punira que d’une petite amende, il y a peu d’espoir de changer l’attitude de la police, des juges et des abuseurs.

Toujours dans une maison pour femmes de Sarajevo, Sejla vit dans la peur de son mari - qui, lui, demeure un homme libre.

« Quand je suis venue ici, j’étais brisée », raconte-t-elle. « Aujourd’hui, je vis dans l’espoir de pouvoir quitter cet endroit, de me trouver un travail et de commencer une nouvelle vie. Mais je ne songe pas à une nouvelle relation. J’ai trop peur ».

 

Des femmes bosniaques, croates et serbes victimes d’atroces sévices sexuels n'ont toujours pas obtenu justice. Alors que cela fait près de dix ans qu’a pris fin le conflit armé de 1992-1995 en Bosnie-Herzégovine, seules quelques personnes présumées responsables des viols et autres violences sexuelles infligés à de très nombreuses femmes ont été traduites en justice. Des groupes armés et paramilitaires issus de toutes les parties au conflit ont réduit des femmes à l'état d'esclaves sexuelles, les soumettant à des viols à répétition et à d'autres formes de torture.

En 1992, grâce à une forte mobilisation, des organisations œuvrant pour les femmes révélaient à un monde choqué l'ampleur des violences perpétrées, contribuant ainsi à faire reconnaître le viol comme un crime de guerre. Des poursuites pour viol et esclavage sexuel en tant que crimes contre l'humanité ont été engagées devant le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie ; plus tard, le Statut de Rome de la Cour pénale internationale a reconnu le viol, l'esclavage sexuel et d'autres crimes visant principalement les femmes et les jeunes filles comme étant des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité.
Malgré cela, l'impunité pour les crimes commis demeure presque totale. Presque aucune poursuite n'a été engagée pour viol ou pour d’autres sévices sexuels devant les tribunaux nationaux de Bosnie-Herzégovine, la plupart des femmes se trouvant ainsi privées du droit d'obtenir justice et réparation. Les hommes qui les ont violées continuent à jouir de l'impunité, tandis que la vie des victimes a été économiquement et socialement anéantie. En dehors des services apportés par certaines associations de femmes, il n’existe, en général, aucun autre système d’aide médicale et psychosociale.

En juin 2003, comme le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie prévoyait sa cessation d'activité pour 2010, la communauté internationale a suggéré la mise en place, en Bosnie-Herzégovine, d’un tribunal national doté d'une chambre des crimes de guerre, censé commencer à fonctionner dès le début de l'année 2005. Cependant, la volonté de création d'un tribunal national chargé de juger les crimes de guerre n'a pas apaisé les craintes de voir les responsables de ces crimes continuer à jouir de l'impunité.

Le nouveau tribunal, né dans un mouvement apparemment soumis à divers facteurs politiques et financiers internationaux, sera dans l'incapacité de rendre la justice et de fournir une réparation aux femmes victimes de violences si ces dernières sentent qu'elles courent un danger en allant témoigner. Sans le courage et la détermination de certaines femmes qui ne se sont pas laissées intimider par les menaces qu'elles ont reçues, le nombre de poursuites engagées devant le Tribunal pénal international aurait été encore plus faible.

Ni les autorités du pays, ni le programme international de protection mis en place par le Tribunal pénal international n’offrent aux témoins une protection efficace contre les attaques et les actes d’intimidation. Il est nécessaire de garantir aux femmes prêtes à témoigner devant le tribunal national, aussi bien pendant les procès qu’après ceux-ci, une protection physique et un soutien psychologique, social et économique.

De plus, la législation nationale ne reflétant pas toujours l’évolution du droit international, il se peut que des violeurs échappent à la justice et que les poursuites judiciaires proprement dites se trouvent entravées. La façon dont le viol est actuellement défini par le Code pénal de Bosnie-Herzégovine limite le nombre d’actes qui rentrent dans cette catégorie. Selon ce Code, la définition du viol en tant que crime contre l’humanité prévoit le fait de «contraindre autrui par la force ou par des menaces d’attaque directe». De son côté, le Tribunal pénal international a déjà statué que, même si la force physique ou les menaces n’ont pas été directement utilisées, un auteur présumé de viol ne peut pour autant échapper à des poursuites si la victime était dans «des circonstances si contraignantes qu’elles excluaient toute possibilité de consentement».

Pour que justice soit rendue aux femmes soumises à des violences sexuelles pendant la guerre, des réformes au Code pénal ainsi qu’à certaines pratiques de la police et de l’appareil judiciaire s’imposent ; il est également nécessaire que les définitions du viol et de l'esclavage sexuel, telles qu'elles ont été développées par la jurisprudence du Tribunal pénal international, soient incorporées au Code pénal de Bosnie-Herzégovine.

 

Rencontre Internationale des Femmes contre la Guerre - Août 2004

Dans le cadre de la Rencontre Internationale des Femmes contre la Guerre, qui s’est tenue à Bogota les 10, 11 et 12 août 2004, 300 délégué-es nationales et 30 personnalités féminines internationales se sont réuni-es afin de discuter de la place des femmes dans les processus de paix. 

La sous-directrice du Fond des Nations Unies pour le développement de la Femme, l’UNIFEM, a affirmé que les femmes des pays en conflit comme la Colombie doivent jouer un rôle primordial dans les processus de paix. 

En effet, les femmes doivent être perçues comme un acteur social premier, et de ce fait, comme le souligne la résolution 1325 du Conseil de Sécurité, les gouvernements doivent prendre en compte leur participation dans l’élaboration des plans de paix.

 

 

Sonja Lokar : Women Can do it (contribution de 2003)

 

 

La 11e rencontre internationale des femmes en Noir s'est tenue du 27 au 31 août 2003.

Son thème : "Osons la paix, désarmons le monde" avec un joli logo mêlant femme et colombe tenant l'inscription : "Bannissons la guerre de l'histoire".

Elle s'est déroulée en résidentiel dans la station balnéaire de Marini de Massa, en Toscane, dans une sorte d'hôtel social situé entre la mer et des montagnes d'où on extrait le fameux marbre de Carrare. La nuit, nous pouvions voir dans le ciel le reflet rosé et brillant de la planète Mars au moment où elle est la plus proche de la terre, tout un symbole !

L'hôtel disposait heureusement de vastes espaces ombragés où nous avons tenu nos ateliers car la chaleur était toujours caniculaire.

J'étais partie sans grande illusion vu la situation tragique et surréaliste dans laquelle nous nous trouvons, mais ce fut un colloque remarquable et très intense à bien des égards.

Le fait que pratiquement toutes les femmes présentes sont impliquées d'une manière ou d'une autre dans un travail militant, qu'elles appartiennent ou non au monde académique, par le fait que relativement peu gagnent leur vie comme "fonctionnaire" d'ONG, par le fait qu'un grand nombre d'entre elles vivent malheureusement dans un contexte de guerre et qu'elles connaissent la situation de leur région avant, pendant, et pour certaines, après le conflit - sans parler du fonctionnement très démocratique non hiérarchisé des Femmes en Noir et de leur philosophie - donne à ce genre de colloque un caractère de grande intensité loin de l'académisme et proche du vécu réel, souvent douloureux mais toujours combatif.

Femmes de partout

La première chose à signaler est le nombre de Femmes en Noir présentes : près de 400 dont, bien sûr, une majorité d'Italiennes mais aussi beaucoup d'étrangères venues de partout (une cinquantaine de femmes des Balkans, une dizaine de Femmes en Noir israéliennes et palestiniennes, une femme afghane, deux femmes irakiennes dont l'une venait de Bagdad une dizaine de Nord-Américaines, une dizaine d'Australiennes, cinq Colombiennes, deux Japonaises etc. et bien sûr les femmes européennes parmi lesquelles, une nouveauté, une dizaine de Françaises). Nous étions cinq ou six femmes venues de Belgique. Les femmes absentes étaient celles des pays de l'Est.

En outre, pour la première fois aussi, à ma connaissance, des femmes africaines, une Sud-africaine, une Ougandaise et cinq femmes du Congo-Kinshasa. Par leur présence, elles marquent l'intrusion du tiers-monde dans un mouvement qui se caractérise par un certain eurocentrisme avec des priorités sur les Balkans et le conflit israélo-palestinien. Et on sentait bien que cette Afrique-là était prête à secouer un peu la bonne conscience des Femmes en Noir.

Bref, il s'agit d'un mouvement est en pleine expansion.

Personnellement, je regrette que les problèmes environnementaux restent les grands absents de ce genre de colloque comme si ces problèmes n'avaient aucun impact sur le déclenchement des guerres et sur ses conséquences. Le problème de l'eau est pourtant la preuve évidente du contraire de même que, par exemple, l'utilisation de d'uranium appauvri par les démocraties occidentales.

Chaque Femme en Noir vient à cette rencontre avec son histoire, ses connaissances propres, ses centres d'intérêt et choisit ses ateliers parmi beaucoup d'autres. Ce qui est certain, c'est que la description des situations n'a rien - mais alors rien à voir - avec ce qui nous est présenté par les médias officiels ! Voici donc, très subjectivement, mon parcours et ce que j'en ai retenu.

Quand les démocraties s'en mêlent...

Les Balkans : La paix est imposée de l'extérieur par la présence de 55.000 soldats étrangers. La communauté internationale a fermé les yeux devant les exactions et les crimes commis contre les minorités ethniques du Kosovo par "l'Armée de Libération kosovar" et a légitimé sinon encouragé l'épuration ethnique. Les religions ont joué un rôle néfaste en exacerbant les haines et exercent une influence politique importante par leur position anti-communiste. Les maffias tiennent le haut du pavé et ont des liens entre elles dans les différentes républiques. La société par contre, se dualise fortement et la pauvreté progresse. La fameuse aide étrangère a un caractère colonial. Les Femmes en Noir pensent que la paix n'est pas possible sans une confrontation avec le passé (voulant dire, je suppose, avec le régime communiste qui n'avait pas seulement des côtés négatifs. Cette impression a été confirmée plus tard par le plaisir qu'elles montraient à chanter des airs datant de la période communiste).

Israël/Palestine : Une Palestinienne explique comment les femmes, qui pourtant sont plus à même de comprendre les souffrances de l'ennemi, en sont venues à soutenir les pratiques masculines de violence. Pourquoi la violence plutôt que la non-violence ? Parce qu'à la non-violence palestinienne a répondu une violence accrue israélienne. Une autre dénoncera les viols exercés par des Israéliens sur les Palestiniennes emprisonnées.

De son côté, une Israélienne s'est demandé pourquoi, depuis 15 ans, elle participe chaque semaine à une vigie. Très émue, elle explique que c'est le seul endroit où elle peut dire : "Je ne suis pas d'accord". Pour elle, c'est une question de dignité humaine, un moyen de retrouver d'autres femmes pour trouver des alternatives au patriarcat.

La Colombie : Il y a près de 5000 Femmes en Noir en Colombie. Les Colombiennes mettent directement en cause les hommes qui sont responsables de la violence et elles ont la conviction que seules les femmes peuvent changer la société grâce à une alternative féministe, pacifiste et écologique. Elles réclament une révolution éthique. Mais, faut-il le dire, une fois de plus les femmes sont les grandes absentes des négociations. Elles dénoncent l'immense pauvreté dans un pays où le salaire minimum est de deux euros par jour et la misère des Indiens qui sont chassés de leurs territoires. Elles concluent leur intervention par ce cri : "Nous ne pouvons pas perdre espoir, parce que c'est notre seule arme".

L'Afrique noire : Le témoignage de l'Ougandaise est accablant. Elle s'exprime pour toute l'Afrique noire. Les politiciens occidentaux prétendent que l'Ouganda est le pays le plus prospère mais le pays et l'Afrique toute entière ont été complètement déstabilisés par l'importation d'armes légères produites en occident (ex : Beretta en Italie, la FN chez nous). Son propre pays occupe une partie du Congo pour en piller les ressources.

Et les femmes sont les premières victimes de la violence car elles sont rurales à 80%. L'Afrique qui dans le temps était autosuffisante pour se nourrir, à présent, souffre de la faim. Les femmes sont invisibles dans l'histoire et, victimes du patriarcat, elles doivent obéissance aux hommes. Et l'intervenante d'ajouter : et c'est pour cela que je ne m'excuse jamais de ne parler que des femmes et pas des hommes. L'Ouganda connaît aussi le taux de sida le plus élevé. "Ce sont les hommes de notre propre communauté qui alimentent les guerres tandis que les femmes sont obligées de nourrir les soldats", dit-elle.

"Pourquoi s'attaquer aux femmes qui sont faibles ? Pour gagner la guerre ! Car ce sont les femmes qui maintiennent l'unité des communautés et cette capacité des femmes doit être détruite par la violence sexuelle". "En Afrique, les femmes se mobilisent en faveur de la paix. Au Mozambique, des femmes ont refusé des relations sexuelles avec les hommes s'ils n'entamaient pas des négociations de paix. Et les hommes ont pris peur et se sont mis autour de la table et actuellement, au Mozambique existe un semblant de paix. " Et de conclure : "Les femmes doivent prendre le leadership si nous voulons la paix, les vigies ne suffisent plus car la situation est très grave."

La Congolaise, qui parle ensuite, se rallie entièrement à ce qui vient d'être dit. Elle fait une description insoutenable de ce qu'on fait subir aux femmes dans les zones de conflit. Je me suis dit que nous n'avions plus le droit d'oublier ce qui se passe en Afrique.

Il y a encore eu évidemment d'autres interventions en séance plénière et qui n'étaient sûrement pas sans intérêt. Mais je me contenterai de citer encore celle d'une intervenante surprise, la Nord-américaine Eve Ensler, qui a écrit "Les monologues du vagin", qui entre-temps ont été joués, avec le même succès, dans le monde entier, même à Islamabad, Pakistan. Depuis cinq ans, elle parcourt le monde en visitant surtout des pays en crise et relevant les violences contre les femmes. Elles constate que de plus en plus de femmes entrent en résistance. Dans le monde entier, dit-elle, se créent des groupes de femmes qui pour le moment se dénomment "Vagina warriors" : ce sont des femmes qui n'ont plus peur et recourent à l'humour : elles rendent visible ce qui est caché.

Australie :De certaines conversations privées, j'ai recueilli les informations suivantes qui ne poussent pas à l'optimisme. Les Australiennes estiment qu'elles ont un gouvernement quasi nazi surtout en matière d'immigration et concernant l'attitude vis-à-vis des aborigènes. L'Australie est aussi partie prenante dans la guerre contre l'Iraq.

Quand aux Nord-américaines, elles remarquent avec ironie que leur pays tente d'exporter la démocratie tout en réduisant considérablement les droits démocratiques chez eux. Après le "11 septembre", le nombre de groupes de Femmes en Noir a fortement augmenté. Leur slogan : "La justice, oui ; la vengeance, non."

A partir de l'audition des interventions en séances plénières et des discussions privées ou en atelier, il m'a semblé que deux problèmes sont revenus souvent :

1. Le scandale des armes légères.

2. Et pourquoi il y a si peu de jeunes femmes qui rejoignent le mouvement des Femmes en Noir alors que filles et garçons n'hésitent pas à rejoindre le mouvement anti-mondialiste relativement macho ?

Manifestations

Enfin, quand il s'agit d'une rencontre de Femmes en Noir, il faut évidemment évoquer la tenue traditionnelle le samedi, de manifestations publiques sous forme de happening : et cette fois-ci, nous avons manifesté en deux endroits différents. Voici ce qu'en dit Gila, une Israélienne :

 

    "Deux manifestations ont couronné l'événement, l'une devant une base de l'armée US en Italie où les soldats se concentrèrent avec ferveur sur leur jeu de football pour éviter de regarder les panneaux anti-guerre en dehors de la grille. Et l'autre dans la station balnéaire de Viareggio, pour rappeler aux vacanciers que les crèmes solaires n'empêchent que quelques problèmes de surgir. Ils ne semblaient pas intéressés."

 

Petite remarque : les soldats étaient, hélas, des soldates. Et tout aussi traditionnellement, le soir ce fut la fête autour de la piscine très peu profonde de l'hôtel. Un petit orchestre jouait des airs ringards comme je les aime. Et finalement tout le monde s'est mis à danser joyeusement, histoire de se défouler. Puis une femme s'est jetée toute habillée dans l'eau, bientôt suivie d'une vingtaine d'autres et je n'oublierai pas de si tôt ce spectacle vraiment hilarant et jouissif de ces femmes dansant dans l'eau en se trémoussant.

Le lendemain la discussion a porté essentiellement sur la nécessité d'un réseau de communication performant, vu l'extension évidente du mouvement.

Et la session s'est terminée par des chants et les remerciements d'usage, surtout aux traducteurs et traductrices qui ont offert leurs services bénévolement en qualité de militant-es d'un autre mouvement pacifiste.

Que dire de plus sinon : femmes, "Bannissons la guerre de l'histoire."

Le site du mouvement international : http://www.womeninblack.org Une version française existe pour les rubriques explicatives.

 

CEE Network for Gender Issues

General Information and History
In 1994, the European Forum for Democracy and Solidarity formed a Women Working Group - in order to address the gender aspect of democracy building and the status of women in countries in transition. This Working Group initiated many activities and organised workshops and conferences all over the CEE region – while working on a voluntary basis.
Based on the report of this Women Working Group, the European Forum decided in October 1997 to continue the work on these issues and to give it a more formalised structure.

Subsequently, it was decided that the Working group should be transformed into an international network, working as a part of the European Forum, called "Central and Eastern Network for Gender Issues", with an office in Budapest, Hungary. The new Network started to work from the 1st of February 1998.

Mission Network
The Network endeavors to assist social democratic, socialist, labor and other parties, their women's organizations and progressive women's NGO in:

  • Formulating policies and election platforms on the most acute political, economic and social problems that women are facing in the processes of transition.
  • Supporting their capacity and organization building.
  • Promoting nation wide gender awareness campaigns.
  • Helping to mainstream issues of gender equality, equity and human rights into all walks of life.
  • Assisting to harmonize national legislation on gender issues with the one of the European Union and to elaborate gender sensitive policy guidelines for the integration of Central and Eastern European countries into European Union.
  • Assisting the establishment of an active network, including an electronic network, of women's organizations and the co-ordination of their activities.

Structure
As from 1998, the CEE Network was based in Budapest, Hungary. In 2001, the Network began with its decentralisation into three sub-regional offices: Ljubljana (South Eastern Europe) headed by Sonja Lokar, Budapest (Central Europe) headed by Marta Szigeti Bonifert, Tallinn (the Baltics, Russia, Ukraine and Belarus) headed by Lena Ag. The Tallinn Office has become operational in 2002, but has limited activities due to inefficient funding. The Network has an international board, chaired by Dasa Silovic, former coordinator of the Forum's Women's Group

Reports
The Gender Network The Gender Network produces an Annual Report, as well as reports from its meetings. See under reports.

Cooperation and subsidy
The cooperation between the European Forum and the Gender Network has intensified. The plan for 2003 is to include more Gender issues in the Country Updates and Newsflashes of the Forum. The most important sponsor of the CEE Gender Network continues to be the Olof Palme International Center.

Contact

New York:
Dasa Silovic
Tel: +1 212 535 4628
dasa.silovic@yahoo.com;

Slovenia:
Sonja Lokar
Tel : +386 1 4261140
Sonja.Lokar@siol.net

Budapest :
Marta Szigeti Bonifert
Tel : +36 209 364 702
mszboni@lender.hu

Sweden :
Lena Ag
Tel: + 48 709 546166
lena.ag@norna.se

General contact address:
CEE Network for Gender Issues
C/o ZLSD
Fax: + 386 1 251 5855
e-mail: office@zlsd.si

 

Vient de paraître / Now Available

Bon de commande / Order Form

S'adresser à l'association Transeuropéennes :http://www.transeuropeennes.org/

Femmes des Balkans pour la paix

Itinéraires d’une action militante à travers les frontières

 

Balkan Women for Peace

Itineraries of crossborder activism

 

Ouvrage collectif bilingue français-anglais

Bilingual French-English edition

 

dirigé par / co-edited by Ghislaine Glasson Deschaumes et / and Svetlana Slapsak

 

publié dans le cadre du projet « Actions militantes des femmes à travers les frontières » mené par Transeuropéennes et ses partenaires locaux. 

Published in the framework of the project “Women Activists’ Cross-Border Actions,”  managed by Transeuropéennes and its local partners. 

 

Le dimanche 6 octobre 2002

Des centaines de femmes lancent une initiative pour la paix à Genève

Agence France-Presse
Genève

Des centaines de femmes, représentant les religions et cultures du monde entier, se réunissent de dimanche à mercredi à Genève, pour promouvoir leur rôle accru en faveur de la paix, a indiqué un communiqué de «l'Initiative des femmes pour une paix globale».

Ce projet, appelé en anglais «Global peace initiative for Women», est la conséquence d'une réunion pour la paix tenue à l'occasion du Sommet du Millénaire d'août 2000, et qui avait rassemblé quelque 2000 religieux aux Nations Unies à New York. À cette réunion, seuls 15% des participants étaient des femmes, souligne le communiqué.

À la suite de ce constat, un réseau de femmes qui exercent des responsabilités dans les domaines religieux, gouvernemental et économique, s'est formé avec pour objectif de s'allier aux Nations Unies afin de contribuer à réduire les conflits et la misère dans le monde.

Dimanche après-midi, quelques centaines de femmes, habillées dans leur habits traditionnels religieux, se sont recueillies à la lueur des bougies, lors d'une cérémonie pour la paix dans un parc au bord du lac de Genève.

Des représentantes du christianisme, du judaïsme, de l'islam, du bouddhisme, des prêtresses zoroastriennes ou encore de groupes traditionnels d'Afrique, du Canada, de Nouvelle-Zélande et des États-Unis, étaient présentes avec plusieurs personnalités comme la princesse Rattana Devi du Cambodge, et Habiba Sarabi, ministre afghane de la condition des femmes, selon le communiqué.

De lundi jusqu'à mercredi, l'initiative, qui fera se côtoyer des femmes de 75 pays, organise des présentations et des séminaires.

Le directeur exécutif du Fonds des Nations unies pour le développement des femmes (UNIFEM), Noeleen Heyzer, et le nouveau Haut commissaire aux droits de l'homme, Sergio Vieira de Mello, devraient prendre part lundi à une cérémonie de présentation au Palais des Nations, selon le communiqué.

 

 

Sonja Lokar

Mehanizmi za rodnu ravnopravnost - Mali korak za zemlju, ali veliki korak za žene

 

Šta te ovog puta dovelo do Novog Sada?

U Novi Sad sam došla zbog jedne vrlo zanimljive i važne akcije. U Novom Sadu naime kreće kampanja za uspostavljanje nacionalnih mehanizama koji će podržavati ravnopravnost i jednake mogućnosti muškaraca i žena. To je mali korak za ovu zemlju, ali je veliki korak za žene. Inače, ovakvi događaji u ovoj regiji postaju sve češći. Kad smo krenuli u radnoj grupi za jednakost polova unutar Pakta za stabilnost da radimo sa vladama samo u dve zemlje je postojalo institucionalizovano nešto što je nalikovalo na mehanizam za obezbeđivanje jednakih mogućnosti za muškarce i žene – u Sloveniji i Hrvatskoj. U Sloveniji je postojao ured koji se tada zvao Ured za žensku politiku, sada je preimenovan. U Hrvatskoj je postojalo Vladino povjerenstvo za žene. Slovenački ured je prvi koji je napravljen u zemljama u tranziciji, dakle prva institucija u jednoj od 27 zemalja koje su krenule u tranziciju. Nastao je već 1992. godine, ali nikada nije dobio mandat i ovlašćenja koja bi mu bila neophodna da obavi predviđene poslove. Ipak, bio je to ured koji je napravio valjanu statistiku, pregled stanja ženskih prava u Sloveniji i prisilio slovenačku vladu da počne da se bavi nekim od problema koji su obeležavali žensku egzistenciju.

 

Vi ste nakon prvih višestranačkih izbora imali najveći procenat žena u parlamentu u odnosu na sve druge države nastale na prostorima bivše Jugoslavije.

Imali smo različite situacije u poslednjoj deceniji. Odmah nakon prvih izbora, posle 26% žena u parlamentu u socijalizmu, spali smo na bednih 11%. Tada smo shvatile da ako se žene ne udruže i ne bore da će biti još gore, jer je krenula tranzicija, a tranzicija znači manje i tanje u svim socijalnim davanjima. Tranzicija je donosila političke slobode ali je oduzimala ekonomske i socijalne, a to je za žene ključna stvar. Vrlo brzo smo shvatile da nam i ona prava, za koja je izgledalo da su nam Bogom dana i da ih niko neće dirati, baš nisu tako sigurna. Desne partije su odmah počele voditi kampanju da se iz Ustava izostavi član o slobodi rađanja koji je tamo ušao još 1974. godine. Tada, 1991. godine organizovale smo veliku žensku akciju za odbranu tog prava. Akcija se završila demonstracijama ispred parlamenta. Pod pritiskom javnosti parlamentarci se prosto nisu usudili da diraju u taj član Ustava. Tako je član o slobodi rađanja ostao u našem Ustavu do dan danas, a zbog te akcije su na sledećim izborima žene dobile još više mesta u parlamentu. Izabrano je 14% žena u slovenački parlament. Onda je došao debakl. 1996. godine najpre smo zakonom pokušale uvesti kvotu koja je podrazumevala minimalno 40% za jedan i drugi pol. Taj zakon o kvoti u parlamentu nije prošao jer se nismo bile dobro organizovale. Tako smo prvo izgubile u parlamentu, a onda i na izborima.

 

Koji su bili razlozi za tako drastičan pad broja žena u parlamentu?

Bilo je više razloga. Prvi, žene iz dve najjače partije Udružene liste Socialnih demokrata i Liberalnodemokratske nisu shvatile da to nisu pitanja oko kojih se treba međusobno natjecati među strankama. Znači, nije bilo dobro što smo se borile da naša stranka oko toga nosi zaslugu. Bitno je to shvatiti, jer kad god bi naša stranka nešto predložila druga najjača stranka bi nas odbila zato što to nije bio njihov predlog. I obrnuto. Kad smo tako dva puta jedne druge ispreskakale i kad je iz istog konkurentskog razloga i predlog zakona o kvotama parlament odbio, onda se desilo nešto vrlo zanimljivo. Lideri naše stranke su upozoravali one iz drugih stranaka da se čuvaju svojih »veštica«, da im suviše ne popuštaju jer to neće na dobro izaći. Onda su ti lideri drugih stranaka nagovorili svoje žene da javno istupe protiv kvota. Neke su to uradile nadajući se da će za to dobiti mesto u parlamentu. Nijedna žena od onih koje su istupile protiv kvota nije potom izabrana u parlament. Daduše, nismo izabrane ni mi koje smo se za kvote borile. Ispalo je da smo svoju glupost u porazu podelile. Nakon tog poraza, četiri godine se nismo mogle oporaviti. Od 1996 do 2000. kad su bili sledeći nacionalni izbori žene su vrlo malo radile na javnoj sceni, ali su »lizale rane« i popravljale greške. Nakon tih izbora stanje se opet malo popravilo. Sada imamo 13,7 % žena u parlamentu. Ali, ono što je još važnije je da smo prošle godine napravile prvu veliku žensku koaliciju koja prelazi sve granice, odnosno okuplja žene iz partija, iz vlasti, sindikata, nevladinih organizacija, medija. Jednom rečju, žene su se udružile. Mi tražimo ustavne promene, hoćemo paritet na francuski način. To znači da najpre moramo promeniti Ustav, kako nam ne bi rekli da delujemo protivustavno, jer zakidamo prava muškaraca. Kad smo krenule da radimo zajedno, onda smo dobile i mušku podršku u parlamentu, od 90 glasova u parlamentu dobile smo 73 za promene Ustava. Stigle smo dakle do vrata koja se otvaraju, ali je taj otvor još jako mali. Ništa se neće razvijati brzinom munje. Potrebna nam je vrlo razvijena i solidna podrška u civilnom društvu da bismo uspele. U protivnom, mala nesloga nas može blokirati i od svega neće ispasti ništa. Može se dobiti i kvota od 40%, ali ako se ne dobiju dobitna mesta na koja će se žena kandidovati, to ne mora značiti ništa, može biti obična varka na bazi koje neće biti ni jedne žene u vlasti. Zato se još previše ne radujem. Ali, rekla bih da polako učimo kako se poraz pretvara u akciju.

 

Pošto si u toku sa stanjem ženskih prava u politici u svim zemljama na prostorima bivše Jugoslavije, kakvo je stanje u tim zemljama?

Situacije su jako različite. Pre svega različita je snaga ženskog pokreta u svakoj od tih zemalja. Recimo, u Sloveniji je ženski pokret još slabačak. Mi imamo samo nekoliko ženskih nevladinih organizacija. Ženske grupe u političkim strankama nisu snažne, osim u mojoj stranci. Zapravo ženski pokret tek treba organizirati. Jedino je svest sazrela da nam nema druge.

U Hrvatskoj imamo potpuno drugačiju situaciju. Tamo su jako moćne ženske nevladine organizacije. Žene u političkim strankama stoje kako-tako. Problem je u saradnji. To još moraju naučiti. Moraju naučiti da se međusobno podržavaju. I tu postoje velike razlike. Recimo ženske grupe u političkim strankama nisu sve podjednako otvorene. Saradnja sa vladom ide sporo. Ženske nevladine grupe su bile navikle na delovanje iz opozicije, a sada bi u vladi i njenim organizacijama trebalo da imaju partnerke, saveznice, ali nisu pronašle način kako da to stvarno i urade.

U Srbiji je, po mom mišljenju, sasvim drugačija situacija. Mislim da se u Srbiji desilo nešto vrlo zanimljivo. Žene su zajednički prošle kroz najveći politički okršaj, svesno su taj okršaj vodile tako da i one same nešto od toga dobiju. Srbija je jedina zemlja u tranziciji u kojoj su žene to tako uradile. Nema nijedne druge zemlje u kojoj se žene time mogu pohvaliti. Fantastično ste to izvele, ali nakon pobede stvari su postale znatno komplikovanije. Jer, jedinstvo žena iz civilnog sektora sa ženama iz različitih partija i među ženama iz dojučerašnjih opozicionih partija nije više samo po sebi razumljivo. Sada to jedinstvo treba graditi na konkretnim akcijama, a za to je potreban novac i promena taktike. Naravno, bilo bi jako dobro da nam vlade – savezna, republička i ova pokrajinska, izađu u susret. Za sada to jos vrlo tesko ide.

 

Možda je situacija donekle različita u Vojvodini jer Izvršno veće Vojvodine ima resor za pitanja žena i pokrajinska vlada je dala i materijalnu pomoć nevladinom sektoru, doduše malu, ali bar simboličnu.

Jeste, postoje gesti vojvođanske vlasti koji govore o razumevanju problema. Recimo, Jelica Rajačić Čapaković je prva na području Jugoslavije ponudila Gender task force Pakta za stabilnost da može u Novom Sadu da otvori kancelariju. Sve ove pozitivne vojvođanske inicijative treba još osnaživati da bi one krenule kao proces koji će sistematski podržavati ravnopravnost polova. Ono što je ovde sigurno je da postoji dobra politička volja.

Na razini federacije zene su krenule sa razvijanjem mehanizama za ravnopravnost polova.Čini mi se da se najmanje toga događa na razini Srbije. Nemam poslednju informaciju o tome da li su žene uspele da ozvaniče barem ženski parlamentarni lobi.

 

Nemam ni ja tu informaciju, ali znam da su parlamentarke uspele, mimo očekivanja žena iz nevladinih organizacija, da u predlog novog krivičnog zakona uđu amandmani o nasilju protiv žena. I to je značajan posao koji su žene u parlamentu uradile.

Žene u parlamentu stvarno mogu mnogo da urade. Treba imati u vidu da se sve radi i jako velikom brzinom, da se zakoni usvajaju kao na tekućoj traci. Sve što se odnosi na ženska ljudska prava, zapravo na lična prava žena a u skladu je sa prihvaćenim evropskim i svetskim standardima neće biti teško uvrstiti ni u naše zakonodavne akte. To ne bi trebao da bude problem, jer to nikoga ne košta ništa, a puno znači na nivou svesti, u pristupu čoveku. Pritisak međunarodnih faktora za ozakonjenje ovih prava je, takođe, velik. Kad se pogleda problematika nasilja protiv žena i dece, incesta, seksualnog uznemiravanja i ucenjivanja, trgovine »belim robljem«, prisilne prostitucije – sa tim ide i dosta brzo i lako. Čak i kod pitanja kao što je 'jednaka plata za isti rad'. To će sve proći. Tu je međunarodna zajednica odličan saveznik ženama. Ali, kada dođe do ljudskih prava sa ekonomskog i socijalnog stanovišta, onda nam taj »veliki svet« više nije saveznik. Onda će nam Međunarodni monetarni fond uskratiti porodiljski dopust, onda će vršiti pritisak na zdravstveni sistem da roditelji ne mogu ostajati uz bolesno dete. Ono što je bio naš socijalni standard koji je itekako uticao da se žene osećaju ravnopravnim, biće u tranziciji dobrano uzdrmano. Politika štednje i ekonomske racionalnosti na tu vrstu ženskih prava gleda popreko. O tome će odlučivati političke strukture i baš zbog toga je važno da su žene prisutne na mestima gde se politički odlučuje. Jer, kad se nađemo u situaciji da nema dovoljno radnih mesta, da su restrikcije posvuda prisutne, onda se ono što je ženama potrebno čini kao luksuz. Vrtić je luksuz ako ga država plaća. Zdravlje je luksuz ako ga poslodavac plaća ili budžet. Čak i školovanje postaje luksuz. Onaj ko nema novca da plati školarinu, neće ići u školu. To su naši najveći problemi. I sada pitanje je kako se dogovoriti sa muškarcima o prioritetima. Ne zato što oni ne bi hteli, nego kad nema novca, političari utvrđuju prioritete, poređa se vojska, diplomatija, policija ali ne i socijala, zdravstvo, obrazovanje... E, u tim situacijama se zna kuda se okreću prioriteti i zbog toga je potrebno više žena u politici. Ne mislim da se sve može razrešiti, ali teško breme tranzicije koja se zahuktava se mora raspodeliti.

 

Šta je osnovna ideja kampanje koju danas ovom promocijom u Novom Sadu počinjemo?

Osnovna ideja je da je država shvatila da ima dužnost prema ljudskim pravima i da su ženska prava ljudska prava. Dakle, da ako država podržava sva ljudska prava, onda mora podržati i ženska ljudska prava. Naravno, podrška jednakosti polova se ne može raditi »na divlje«, jer ima mnogo prikrivene diskriminacije. Mnoge žene još misle da diskriminacija nije veliki problem. Svaka koja oseća da joj se nešto loše dešava misli da je to njen privatni problem. Misli da je imala peh u životu, pa je naišla na šefa koji je uznemirava ili muža/partnera koji u komunikaciji koristi nasilje i druga nedozvoljena sredstva. Vrlo teško ženama dolazi do svesti da je reč o strukturalnom društvenom problemu, koji je veoma prikriven. Pa ni u jednom zakonu ne piše da žene treba tući. Jedino nema mehanizama koji bi štitili prava koja u zakonu postoje. Nema mehanizama koji bi pratili šta se ženama u društvu događa i nema mehanizama koji bi isterivali pravdu, da im se ono loše što im se događa, više ne događa. To je osnovno. Mehanizmi koje sada pokušavamo da uspostavimo treba da omoguće da zakoni, koji nisu tako loši, a ako jesu da se poprave, budu pravilno i efikasno korišćeni.

 

Posle 5. oktobra uloga nevladinog sektora se menja. Nevladine organizacije su umnogome zamenjivale državu čije funkcije su bile odumrle ili nisu bile ni razvijene. Kako sada vidiš ulogu nevladinog sektora kod nas?

I ovo vreme je puno velikih izazova i velikih mogućnosti. Važno je sa vladinim sektorom razviti nove strategije delovanja. Ranije smo imali sistem koji je sve humane servise prepuštao državi. Država je onda to svima egalitarno razdeljivala. Kvalitet usluga je bio osrednji ili nizak. Na kraju je država propala, pa je i tih niskih usluga nestalo. Jer, zašto su ženske organizacije uzele u svoje ruke deobu lekova, humanitarnu pomoć... Zato što , zapravo, ničega više nije bilo. To je bio način samoorganizovanja žena, pridobijanja novca izvana da neke osnovne stvari ipak funkcionišu. Žene su pribavljale lekove, pružale podršku izbeglicama, pretučenim ženama, različitim ranjivim kategorijama stanovništva. To su inače poslovi svake normalne socijalne države. Ali, ako te normalne socijalne države nema, dobro je da su se žene samoorganizirale, privukle strani novac i nešto uradile. Sada imamo nov momenat i pitanje je da li će sada država ili njen takozvani javni sektor preuzeti na sebe proizvodnju svih socijalnih dobara ili će ipak raditi neku kombinaciju sa nevladinim organizacijama. To onda ne znači da će nevladine organizacije nastaviti da rade te poslove besplatno, nego znači da će i budžetska sredstva biti angažovana za finansiranje usluga koje pružaju nevladine organizacije. To bi bila vrlo pametna politika, jer bi se na taj način mogao kombinovati strani i domaći novac za različite socijalne usluge. Stranci će još dosta dugo podržavati projekte te vrste ovde, ali ako se bude divlje postupalo sa projektima izgubiće se i potencijalni sponzori. Ne glorifikujem nevladin sektor. U NGO sektoru su junački odrađeni mnogi poslovi, ali i tu treba uvesti više reda, stručnosti, znanja. Stoga i zagovaram kombinirani pristup u kome bi različiti servisi, koji služe ljudima, bili deo nevladinog sektora ali se istovremeno radili i u dosluhu sa državom i sa tačno razrađenim pravilima igre, onda bi sigurno od takvog posla profitirali korisnici usluga i obe strane. Treba, naravno, menjati i svest ljudi da je država obavezna da sve za njih uradi. Kad imaš javni sektor koji je strahovito jak, on ima tendenciju da se birokratizuje i pretvara ljude u svoje ovisnike. Kad imaš kombinaciju između civilnog društva i države i njihovu međusobnu kontrolu, onda i građani znaju da moraju i malo svog dobrovoljnog rada da ulože za opšte dobro, da ne stiže sve gotovo od države ako hoće da žive na jednom višem nivou. Volela bih da dođemo do kombinacije američkog i švedskog sistema. Švedski sistem previše visi na državi, a američki previše visi na civilnom sektoru. Oba su neracionalna iz potpuno različitih razloga. U Švedskoj više novca ode na birokraciju nego na usluge, a u Americi nema plana i uvida u celinu problema. Kad bismo našli kombinaciju između ta dva sistema kao što su uradile na primer Holandija ili Danska, to bi bilo izvanredno. Mislim da bi taj kombinovani sistem i veoma odgovarao našem mentalitetu, jer bi nas nukao da budemo aktivni a ne bi ni državu amnestirao od njenih obaveza. Takva se strategija može napraviti ali je moraju hteti i država i civilni sektor.

 

Prema tvom viđenju, koliko vlast kod nas pokazuje dobre volje u odnosu na inicijative civilnog sektora?

Rekla bih da vlast još nema punu svest šta sve može da dobije od civilnog sektora. Nije svesna koliko znanja, sposobnosti, dobre motivacije je akumulirano u nevladinim organizacijama. Vlast sasvim sigurno hoće promene, zahuktala se. Druga stvar je što u toj brzini mnogo toga promiče, a mogli bi se većim učešćem civilnog sektora preduprediti propusti do kojih dolazi. To je situacija i u Hrvatskoj i u Sloveniji. Zakoni dolaze na dnevni red preko noći, tako da ljudi ponekad gotovo da nemaju vremena da ga solidno iščitaju i dok uhvate zakon u ruke, on je već prošao. Onda kad se oko nekog zakona podigne buka, mobiliziraju zainteresovani, isprave se postavke. Imali ste i vi takve situacije već. Ali, neko treba da mobilizira zainteresovane. Vlast ide svojim putem, jer mora, žuri joj se. A mi žene kaskamo za njima. Kako to kaskanje ubrzati, kakav mehanizam može obezbediti ženama da ne kaskaju. Kad je mehanizam napravljen tako da je otvoren, da za svaki problem koji dolazi na dnevni red moraš uključiti aktere, one iz društva koji o tom problemu najviše znaju, to je onda sasvim nešto drugo od monopola jedne grupe ljudi da priprema zakonska akta. Bez dobrog otvorenog mehanizma može doći i do konflikata između, recimo, stranačke ženske politike i nevladine ženske politike.

 

Akcija »Žene to mogu«, za koju bez preterivanja mislim da je uveliko zaslužna za odlazak Miloševića i njegove politike sa političke scene Srbije, se nastavlja. Šta sada žene to mogu?

Dve stvari su bitne. Prvo, akcija žene to mogu nije nikad završena. Zapravo rezultat tog projekta je da u svakom gradu gde smo održale seminare »Žene to mogu« postoji jedna grupa žena u kojoj sve žene žele da budu politički aktivne, imaju svest i sposobnosti da se bave politikom. Sada nam treba mehanizam koji će tu aktivnost održavati u pogonu. To naravno ne može bez novca. I u tome i jeste glavni problem. Gender task force nije dovoljno snažna da može pridobiti i privući sredstva koja bi tu lokalnu aktivnost žena održavala u snazi. Oko toga će biti još velike borbe. Nemam veliku nadu da će to samo po sebi doći.

Druga stvar je da su ostali neki nedovršeni poslovi. Žene su ušle u političke partije, postale su svesne da imaju malo drugačije prioritete od muškaraca, ali svoje strukture unutar partija nisu dobro izgradile. Ne mogu čak ni u svojim vlastitim partijama da postave prioritete. Kako će ih onda uspostaviti u parlamentu. Znači, treba jačati žene unutar partija i tome će poslužiti sada projekat »Žene to mogu II«. Glavna ideja tog projekta da će žene iz političkih partija zajedno odlučiti na kojim pitanjima će zajedno raditi u parlamentu, bez obzira iz koje partije došle do poslaničkog mandata.

Treća stvar je kako ženama, koje su već došle na položaje, pomoći. Kako da one nauče da taj posao rade maksimalno profesionalno i kako da one znaju da pokažu da zato što su žene u politici rade drugačije. Recimo, šta bi bilo lepše od podrške gradonačelnice jednog velikog grada iz inostranstva gradonačelnici Beograda da sprovede jedan značajan projekat za žene Beograda. To je moguće uraditi, ali neko mora to da pripremi. To je veliki posao. Jasno je da gradonačelnica nema kad da ga uradi. Ona verovatno i ovako ustaje u pet sati ujutru i leže posle jedanaest uveče. Ako hoćemo da pokažemo da žene mogu i nešto različito da urade, onda moramo pomoći recimo gradonačelnici Beograda da izgura tu vrstu projekta koji će osnažiti dve gradonačelnice i pokazati moć ženske politike. Dakle, još više naše ženske solidarnosti moramo investirati u žene političarke.

 

Da li si ponosna što su i na čelu parlamenta u Srbiji i u Crnoj Gori žene?

Znaš koliko! Najlepše je kad pogledaš sve te žene koje su danas predsednice parlamenata, ministarke, zamenice ministarki, gradonačelnice, šta su radile prethodnih godina. Bile su demonstrantkinje, otporne majke, štrajkačice, pravile su političku zimnicu...

Prekjuče sam se vratila iz Albanije. Potpuno su, čak i unutar političkih stranaka, svi u međusobnim sukobima. Daju ostavke, svađaju se, uslovljavaju jedan drugom uz ultimatume. Parlament je bio stalno u bojkotu. Premijer je u sukobu sa šefom svoje partije. Šef njegove partije misli da je glavni problem borba sa korupcijom. On misli da treba pokrenuti ekonomiju i da je to prioritet, da ne treba biti čistunac pritom. Sad je on dao ostavku. Struje nema po ceo dan. Stanje je prilično haotično. I znaš šta su žene uradile. Žene iz svih političkih stranaka su se našle i dogovorile da naprave koaliciju, da neće dozvoliti da ih gnjave političari svojim sukobima, već će one podići svoje učešće u politici i pomeriti stvari sa mrtve tačke. U situaciji kad ni ljudi iz iste partije međusobno ne govore, one iz različitih partija se nalaze i dogovaraju. To je rezultat našeg rada. Nije to došlo spolja, niti im je to neko nametnuo. Žene su naprosto kroz zajednički rad u Paktu stabilnosti izgradile svest o tome da treba da preuzimaju inicijativu...

Bulevar, broj 70, Novi Sad, 8. II 2002, str. 6-9

 

 

Actions militantes des femmes à travers les frontières

Déclaration  de Mavrono (2000)

Conscientes des processus de fragmentation qui sont à l’œuvre dans les sociétés des Balkans et entre elles, et partant des différentes pressions auxquelles les individus sont confrontés, nous décidons, depuis la posture de résistance qui est la notre, de passer à l’action selon les nécessités suivantes :

- reconnaître la responsabilité individuelle comme point de départ pour prendre le risque de nous confronter à notre propre réalité et à celle des autres ;

- développer un réseau de solidarités pour se soutenir mutuellement dans cette prise de risques ;

- se rendre visible dans l’espace public ;

- franchir les frontières à la fois symboliques et territoriales ;

en vue de la réalisation d’intérêts communs, à savoir:

- surmonter les pressions communautaires, visibles et invisibles qui terrorisent les individus et nient leurs choix,

- se libérer en tant qu'individu et d'ouvrir l’espace aux autres,

- s’abstenir de juger l'expérience des autres; la peur, et la douleur de l'autre ne pouvant être mises en question,

- bâtir la confiance et recréer un espace de communication et de mouvement;

nous proposons les initiatives suivantes, fondées sur les ressources locales et régionales :

- des actions de passage de frontières,

- l’éducation à la paix et aux enjeux de la cause féminine dans les réseaux d’ONG des différents pays,

- la sensibilisation de l'électorat aux questions des femmes,

- la formation des femmes politiques dans la perspective de la mise en œuvre d’actions s’inscrivant dans le cadre de la présente charte,

- et toute autre action constituant un outil de civilité pour s’opposer aux collectivités armées (écrire, éduquer, se rencontrer, voyager et inciter à la prise de conscience).

Mavrovo, le 30 avril 2000

 

The Situation of Women in Politics in Kosovo

The Gender Task Force (GTF), an initiative sponsored by the OSCE and the Central and East European Network for Gender Issues, was born out of the Appeal to the Stability Pact for Southeastern Europe, July 29,1999. Signed by more than 100 prominent Southeast European women activists and distributed during the Stability Pact Summit in Sarajevo, the Appeal called for an equal and active role for women in the development and implementation of the Stability Pact. Kosovar women activists signed the Appeal in the summer of 1999 from refugee camps in FYRoM. Their call was heard.  At the inaugural meeting of the Stability Pact Working Table One in October 1999, the political empowerment of women was named as a top priority. The Gender Task Force Inaugural Meeting, held in November 1999, works through a combined government and non-governmental network of focal points that combine to form an Advisory Board, headed by a representative from Southeast Europe. Established to coordinate projects to improve women’s political representation and participation across Southeast Europe, the GTF operates in ten Southeast European Countries; Albania, Bosnia and Herzegovina, Bulgaria, Croatia, FYR of Macedonia, Greece, Hungary, FRY (Montenegro, Vojvodina and Serbia), Romania and Slovenia. 

The timing of the Stability Pact Gender Task Force initiative coincided with the arrival of a large international presence in Kosovo, including international governmental and non governmental organizations with a strong gender equality mandate. The UN MIK Gender Unit established in Kosovo includes gender equality machinery.  In July 2000 Sonja Lokar, GTF Chair initiated a fact-finding mission to explore Kosovo/a’s participation in the SPGTF. This is especially significant given the October 28, 2000 local elections and 30% quota for women candidates.


Sonja Lokar, Stability Pact GTF Chair Visits Kosovo

Sonja Lokar’s visit was organized by the OSCE Mission in Kosovo and consisted of meetings with Kosovar Albanian, Roma and Serbian women leaders of major women’s NGOs, political party women’s organizations, as well as international NGO’s active in gender equality issues. She visited women in the Roma camp in Obilic, met with Afredita Kelmendi, editor of Radio 21, and attended the first Kosovo Women’s Union meeting.  The meeting was staged following a Regional Albanian Women’s Conference that was held in Pristina the weekend before Lokar's arrival.

Conclusions

Despite a complex environment, international and domestic organizations have managed to assess the economic, social and political situation of Kosovar women. Work with future women politicians has begun. Women’s groups in political parties are weak and traditional values are an obstacle to women’s participation. Women work day and night for mere survival; Kosovo/a political life is hectic and can sometimes even be dangerous. Political party work does not pay in comparison with the engagement within donors’ established and donors’ priorities driven women’s NGO-s.

  • The rules and regulations for local elections include a 30% women’s quota amongst the first 15 candidates. Women in political parties are reluctant to support quota regulations, they do not see that there is enough really qualified women politicians to get the posts – so they are afraid of the repeating of the token women model from the past. Their awareness of the gender aspects of politics is very low.
  • International donors generously support women’s NGO-s dealing with domestic violence, economic and political empowerment of women, and the first initiatives of cross cutting cooperation of all women’s groups has just been started. The first attempt of Roma women to get solidarity and help from Kosovar Albanian women to be able to leave displaced persons camps and start to move back to their homes without harassment was presented at the Albanian Women NGO-s conference and well received.
  • NGO women are reluctant to support the establishment of governmental gender equality machinery. They are afraid of the possibility that this machinery will kill their initiative in the civil society, as was the case in the past.

GTF Follow-up

  • The SP GTF offered know-how and trainers to the UNMIK Gender Unit and to a network of political women’s groups which resulted out of the SP GTF Chair’s visit to Kosovo/a.
  • The SP GTF helped two Kosovo/a gender equality activists to take part in the Women Can Do It (WCDI) train the trainers seminar in Tirana, Albania (August 18-20, 2000).
  • Sonja Lokar, SP GTF Chair will visit Kosovo/a for a second mission (September 2-5, 2000).

 

 

Déclaration de principes des femmes militantes en faveur de l'action politique concrète - 1999 - (déclaration de Royaumont)

Après presque vingt ans d'apartheid imposé par l'Etat au Kosovo/a, de destruction des liens multi-ethniques et multi-culturels, de destruction des savoirs et des traditions de communication ; toutes profondément affectées par les pertes de vies et par la violence lors des événements récents dans la région et dans la dernière et tragique phase de la guerre en Yougoslavie, nous, femmes militantes, participantes de la conférence de Transeuropéennes "Les femmes militantes dans les conflits : une perspective pour les Balkans", à la Fondation Royaumont, du 3 au 6 décembre 1999, avons décidé de travailler :

- pour la création de coalitions ad hoc des femmes contribuant au développement politique, social, économique et culturel de la région ;

- pour mettre fin à la spirale de la violence ;

- pour défendre et promouvoir les Droits de l'homme en élevant publiquement la voix contre leurs violations ;

- pour agir en faveur de la construction de l'espace public et politique nécessaires afin de guérir les traumatismes subis par tous les enfants, femmes et hommes, lors de la guerre au Kosovo/a, de faire face aux responsabilités ainsi qu'aux incessants problèmes lies à la peur, la faim, l'exclusion, la séparation, la migration forcée, la pauvreté et toutes autres privations en termes d'information, d’éducation et de culture dans tous les pays de la région ;

- pour appeler au soutien collectif et à la responsabilité individuelle comme processus politique permettant de mieux faire face aux pressions de la communauté, de surmonter les stéréotypes et les préjugés discriminatoires à l'encontre des femmes et des différents groupes ethniques ;

- pour renforcer le rôle des femmes, en facilitant leur accès aux positions politiques, en soutenant des femmes politiques et en collaborant avec des électrices pour promouvoir la participation des femmes à tous les niveaux de la prise de décision ;

- pour appeler à l'action politique des femmes contre l'Etat et les groupes

- pour établir un cadre normatif rehaussant la dignité de la femme dans les médias et facilitant l’accès des femmes aux structures de pouvoir au sein des médias ;

- pour proposer à l'Union européenne et à la communauté internationale un partenariat pour l'action, et renforcer des réseaux de résistance locaux et régionaux.

Royaumont, 5 décembre 1999