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Presse concernant la Grèce
![]() La Grèce continue à ignorer ses minorités Traduit par Viktor Zakar Publié dans la presse : 20 mars 2006 Depuis plusieurs années, de nombreuses institutions épinglent la situation des droits de la personne en Grèce. Principales victimes, les minorités. Mais Athènes reste souvent sourde aux recommandations. Un récapitulatif proposé par le quotidien macédonien Dnevnik. Par Irena Causevska Les pays occidentaux considèrent la Grèce comme le « berceau de la démocratie et de la civilisation moderne ». Cette représentation nostalgique ne correspond pas à la réalité. La Grèce ne mérite pas cette réputation si l’on observe son comportement envers les minorités. Ce pays membre de l’Union Européenne applique depuis longtemps des mesures non démocratiques envers ses minorités, par ailleurs non reconnues par l’Etat. Il demeure sourd aux appels constants des institutions internationales pour la protection des droits de la personne. Les institutions demandent que la Grèce se remette en cause, car sa population compte plusieurs minorités. Le Département d’Etat américain a publié le 8 mars dernier son rapport sur le respect des droits de la personne en 2005. Le chapitre consacré à la Grèce évoque un grand nombre de cas de violation des droits de la personne. La majorité des manquements rapportés concernent les droits des minorités. Le rapport indique que la loi permettant au Gouvernement de déchoir de la nationalité grecque des personnes commettant des actes contraires aux intérêts de l’Etat, au profit d’un Etat étranger, n’a été presque exclusivement appliquée qu’à la « minorité macédonienne ». Le rapport mentionne également le cas de certains membres de la minorité macédonienne, ayant une nationalité et un passeport d’un autre pays, pour qui l’entrée en Grèce a été interdite, suite à l’établissement d’une « liste noire ». Egalement repris dans le rapport : même si beaucoup de citoyens s’identifient comme Macédoniens, Turcs, Pomaks, Valaques, Roms et Arnaoutes, le Gouvernement ne reconnaît pas officiellement leur existence. Par ailleurs, le Gouvernement grec ne considère pas comme « macédonienne » la langue des habitants de la région nord-ouest du pays. Oter les guillemets Les membres du parti Vinozito (Arc-en-ciel), qui a pour vocation de représenter la minorité macédonienne de Grèce, se félicitent que le Département d’Etat ait enregistré les cas de violation des droits de la minorité macédonienne. Ils soulignent que des termes sensibles comme « Macédoniens », « minorité macédonienne » et « langue macédonienne » sont présentés comme des formules entre parenthèses et considèrent qu’il est grand temps que cette pratique négative soit dépassée. Ils invitent à suivre un exemple, celui de la Commission Européenne contre le Racisme et l’Intolérance (ECRI), qui utilise ces termes sans guillemets dans ses derniers rapports. En l’an 2000, l’ECRI avait identifié des cas de racisme, d’intolérance et de discrimination en Grèce. Elle expliquait ce fait par le faible niveau de reconnaissance de la réalité multiculturelle qui domine dans la société grecque. Elle recommandait alors aux pouvoirs politiques de prendre des mesures pour améliorer la situation. Dans son rapport 2004, qui avait pour but d’examiner si les recommandations du rapport antérieur avaient été mises en œuvre, l’ECRI soulignait que les personnes désireuses de s’affirmer macédoniennes, turques ou autre, rencontrent des réactions d’hostilité parmi la population. Ces minorités font l’objet de préjugés et de stéréotypes, et se heurtent parfois à de la discrimination. L’ECRI avait cette fois encouragé les autorités grecques à « progresser dans la reconnaissance de la liberté d’association et d’expression des membres de la communauté macédonienne et d’autres communautés vivant en Grèce. » Le même rapport recommandait au Gouvernement grec de renoncer à attribuer le statut de « non-ressortissants d’origine grecque » à certains membres des minorités. L’ECRI incitait également à assurer à ces personnes la possibilité de bénéficier des mêmes privilèges que les citoyens grecs, soulignant qu’un comportement différent à leur égard peut provoquer une discrimination à base ethnique. Un exemple illustrait cette situation : celui de la loi de 1982, permettant aux « Grecs de souche » ayant quitté le pays pendant la Guerre civile (1946-1949) de rentrer en Grèce avec leurs familles. L’ECRI soulignait que cette clause exclut toutes les personnes de souche non grecque, notamment les citoyens grecs de souche macédonienne, qui quittèrent la Grèce dans les mêmes conditions que les Grecs de souche. Le silence des autorités En mai 2004, le Comité des Droits Économiques, Sociaux et Culturels des Nations Unies a signalé avec inquiétude qu’une seule minorité était officiellement reconnue en Grèce, alors que d’autres groupes ethniques revendiquent la reconnaissance de ce statut. Le Comité s’est aussi préoccupé du manque d’informations sur les mesures prises par le pays pour la protection et la promotion des langues et cultures minoritaires. De même, le Comité a recommandé à la Grèce de revenir sur sa position relative à la reconnaissance des autres minorités ethniques, religieuses, linguistiques existant sur son territoire, en conformité avec les normes internationalement reconnues, et l’a invitée à ratifier la Convention-cadre du Conseil de l’Europe pour la protection des minorités nationales de 1995. En mars 2005, le Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies a souligné que le Gouvernement grec ne permet pas l’utilisation du terme « macédonien » ou « turc » de la part des associations dans leur nom. Selon le Comité, « les personnes faisant partie des telles minorités ont le droit selon l’article 27 de la Convention internationale sur les droits politiques et les droits de l’homme de cultiver leur culture, d’exercer leur confession religieuse et d’utiliser leur langue en communauté avec d’autres membres de leur propre groupe ». Aussi, le comité a-t-il recommandé à la Grèce de remettre en cause sa pratique. Il y a quelques jours, le Parti Communiste grec a demandé aux autorités du pays d’ôter de la Loi sur le rapatriement et la réadmission des réfugiés la clause contestable évoquant les « Grecs de souche ». Mais Athènes n’a pas encore répondu.
Le rapport de l’ECRI est disponible sur ce lien. |
KATHIMERINI Kosovo, Chypre, Macédoine - FYROM : quelle politique pour la Grèce à l’ONU ? TRADUIT PAR DIDALIA PAPAKONSTANTINOU Publié dans la presse : 5 mars 2005 Il y a quelques mois, on ne parlait guère de la Grèce qu’à propos des Jeux Olympiques. Maintenant, ce qui occupe les esprits, c’est la participation du pays au Conseil de Sécurité des Nations Unies, en tant que membre non permanent. Quelle voix la Grèce peut-elle faire entendre sur des dossiers sensibles pour la région, notamment le statut du Kosovo ? Par Iorgos S. Bourdara Les diplomates étrangers insistent sur le
rôle que peut jouer le pays. Cependant, la société grecque semble entraînée
dans un tourbillon d’événements qui ne devraient pas être dignes
d’attention exclusive, par exemple les événements au sein du Synode de
l’Église orthodoxe grecque. De première importance, même d’un
point de vue « étroitement » grec, arrive la question du
Kosovo, ce thème étant également une des priorités de l’ONU. La décision
concernant le statut final de cette région pourrait entraîner des répercussions
dans les Balkans. Il est connu qu’un rapport spécial, sera étudié au
Conseil de Sécurité au milieu de l’été prochain. Il est également
connu qu’en Juillet la Grèce, en tant que pays présidant, aura des
responsabilités accrues. Les opinions sur l’avenir de la région,
pour laquelle le gouvernement grec a manifesté son intense intérêt
diplomatique, semblent être partagées entre deux groupes au niveau
international : les Etats-Unis et la Grande Bretagne, principalement,
se déclarent favorables à l’indépendance immédiate. La France et
l’Allemagne adoptent une évolution plus progressive, évoquant comme
priorité l’accomplissement de certaines conditions concernant les
droits de l’Homme et la démocratie. En principe, Athènes soutient la
deuxième approche. Vu objectivement, la question qui en résulte
est la suivante : Quel côté soutiendra Athènes lors d’une éventuelle
confrontation des deux approches au sein du Conseil de Sécurité l’été
prochain ? Qui suivra-t-elle au final ? Chypre et La FYROM : Certains cercles diplomatiques exprimant
un doute encore plus « fort » insistent pour que le
gouvernement grec prenne dès maintenant, ou au moins à temps, une
position claire et définitive. Selon eux, Athènes semble suivre la
discussion au niveau international sans avoir encore décidé si elle veut
l’autonomie du Kosovo et quand ? En même temps, au moins deux autres sujets concernant particulièrement les intérêts grecs sont « en cours » à l’ONU : Chypre et le nom de l’Ancienne République Yougoslave de Macédoine. Les réclamations grecques (justes ou non, à ce stade cela n’a plus beaucoup d’importance) sont loin de créer un environnement mettant la diplomatie grecque à l’aise. Les comités : En même temps la responsabilité grecque
est « encore plus lourde » à cause de la participation de la
délégation du pays à des comités spéciaux au sein du Conseil de Sécurité :
pour la Côte d’Ivoire, le terrorisme et le contrôle sur l’action des
Talibans et d’Al-Kaïda. Ceci, sans sous estimer l’aspect
objectif de la participation grecque au Conseil des Nations Unies, qui
« impose » une préoccupation directe et simultanée de tous
les problèmes de notre planète : faim, SIDA, pauvreté, problèmes
écologiques etc. |
![]() Mont Athos : le monastère serbe de Hilandar partiellement détruit par les flammes Publié dans la presse : 9 mars 2004 Il a suffi de deux heures, à l’aube du 4 mars, pour que le feu détruise plus de huit siècles d’histoire serbe. Le monastère de Hilandar, haut lieu de l’orthodoxie serbe, est l’un des plus anciens du complexe monastique du Mont Athos, en Grèce. La Serbie et la Grèce devraient coopérer pour sa reconstruction. Par Zoran Knezevic Après plusieurs heures de lutte contre l’incendie, avec l’aide des confréries des autres monastères du Mont Athos et des pompiers de Karej, les moines, des seaux d’eau dans les mains, le visage noir de suie faisaient tout leur possible pour éteindre les brasiers. L’higoumène Mojsije et les moines étaient sous le choc, mais en dépit de leurs pleurs ils ont lutté toute la nuit contre l’incendie. Tôt le vendredi matin, nos compatriotes résidant dans cette région de la Grèce sont venus porter secours aux moines de Hilandar. Par bonheur il n’y a pas eu de victimes. Le monatère n’a maintenant ni eau ni électricité, les lignes téléphoniques sont coupées et de nombreux moines n’ont plus de lit. Ceux qui sont venus prêter leur aide ont longtemps pataugé dans les cendres transformées en boue ; ils ont remercié Dieu que les plus grandes richesses et les précieuses reliques fussent restées intactes car elles avaient été mises à l’abri par les moines. L’incendie a ravagé la partie nord ouest des batiments d’accueil, construits en 1821 et récemment restaurés, où se trouvaient la direction du complexe monacal, la salle d’accueil et les chambres d’hôtes. Ont brulé également les logis de Beli Konak, construits en 1598, actuellement en phase de reconstruction. L’église datant du 17ème siècle, avec ses fresques et son iconostase des 17e et 18e siècles a été détruite ainsi qu’une partie du matériel et des fresques de la bibliothèque. L’eau ayant servi à éteindre le feu s’est inflitré à certains endroits dans la salle à manger, mettant en danger les fresques de Georgije Mitrofanovic, un maître renommé du 17e siècle. Le feu a pris dans la cheminée : la cause n’a pas encore été constatée mais il est probable, ainsi que nous l’a confirmé notre ambassadeur à Athènes, Dusan Batakovic, que le feu ait éclaté « à cause de mauvaises installations ». C’est aussi ce qu’a communiqué le Centre de protection contre les incendies de Poligiros. L’incendie s’est déclaré dans une cheminée de la partie nord ouest du monastère, abritant les chambres des higoumènes. « On suppose que les poutres sèches de la toiture se sont enflammées, de sorte qu’en moins de vingt minutes le feu s’est propagé au dessus des bâtiments des logis Dohija, un nouveau bâtiment où se trouvaient les bureaux d’administration, la bibliothèque, les chambres, puis s’est étendu sur le bâtiment de Beli konak », explique Stefan Milenkovic, agent des relations publiques du patrimoine de Hilandar (Zaduzbina Hilandar). Par ailleurs, les pièces n’étant plus chauffées individuellement, le chauffage central a été installé pour des raisons de sécurité. Or, Il est possible qu’un chauffage soit resté dans une chambre et que les moines l’aient utilisé pour se chauffer. « L’incendie a éclaté entre 1 et 2 heures du matin sur le toit du bâtiment de la bibliothèque qui jouxte la grande salle à manger. En un éclair, il s’est propagé sur les toits des bâtiments et a détruit une grande partie du complexe monacal », explique Jugoslav Vukadinovic, consul général de Serbie-Monténégro à Thessalonique. L’adjoint de l’administrateur civil de la Sainte Montagne, Aristos Kazmiroglu, a déclaré que le feu aurait été provoqué par un poêle de chauffage. « Un quart au moins du complexe monacal a brûlé dans l’incendie, notamment la salle d’accueil récemment rénovée, le gîte de Beli konak, environ 50 cellules monacales, le bureau de l’higoumène, ainsi que les paroclysses - les pirgs de Saint Sava, Saint Nikola, Saint Dimitri et des Quarante martyrs, tandis que les flammes ont épargné l’église du roi Milutin, le trésor, les archives et la bibliothèque du monastère », confirme Stefan Milenkovic. Dans la partie incendiée de Hilandar destinée aux hôtes séjournant au monastère, l’installation électrique avait été réparée il y a une dizaine de jours. On suppose que le travail aurait été fait trop vite, ce qui aurait pu également provoquer l’incendie. « Selon le témoignage des moines, l’incendie s’est propagé à vive allure du fait qu’il n’y avait aucune cloison entre les charpentes de certains bâtiments et que les poutres de la toiture étaient en bois sec de sorte que tout a brûlé en quelques heures. La voiture des pompiers n’a pas pu arriver à temps à cause du terrain inaccessible et du portail trop étroit du monastère », a ajouté l’ambassadeur Batakovic. Estimation des dégâtsLes experts de l’Institut pour la protection de la culture byzantine (KEDAK) sont venus sur place pour constater les dégâts et faire le bialn des destructions. De même, quatre membre de l’Institut républicain pour la protection des monuments de la culture de Belgrade se se joints à eux, qui doivent estimer les dommages. Leur tâche sera d’établir les mesures urgentes à prendre afin de reconstruire les lieux sinistrés. Au début, on devra construire des toits provivoires et évaluer les ruines à nettoyer afin qu’elles ne s’effondrent pas au cours des travaux. Les experts estiment que le plus important est de sauvegarder ce qui est le plus précieux, notamment tous les vieux murs authentiques portant les précieuses inscriptions des siècles passés. La reconstruction sera très difficile étant donné l’étendue des dégats qui sont estimés à dix millions d’euros, et elle nécessitera des années de travail. On estime qu’il faudra cinq, voire dix ans, à condition d’obtenir les fonds nécessaires. Le plus gros problème sera d’acheminer le matériel, ce qui ne peut se faire que par la mer, par des chemins impraticable et dans une enceinte du monastère assez restreinte. Pour tous les travaux à faire, il faudra engager des experts de haut niveau. Les premiers résultats des équipes de chercheurs doivent être présentés devat le Synode de l’Église orthoxe serbe dans le courant de la semaine. Le monastère de Hilandar n’appartient pas seulement au patrimoine culturel et religieux serbe, mais aussi au patrimoine byzantin et au patrimoine grec, car des manuscrits grecs font partie de ses inestimables trésors. Ainsi, comme l’a annoncé l’ambassadeur Batakovic, conformément à l’accord de collaboration culturel et technique entre la Serbie-Monténégro et la Grèce, qui prévoit aussi un engagement commun pour la conservation du complexe Hilandar, « tout sera fait pour qu’il soit reconstruit au plus tôt ». Pour ceux qui désirent apporter leur soutien à la reconstruction de Hilandar, la Privredna banka de Belgrade a ouvert des comptes bancaires dont les numéros sont : Compte dinars : 980 25502 08 5070 1810001 Compte devises : 5428 0588005 Le patriarche Pavle a remercié tous ceux « qui ont le desir, le besoin et la possibilité d’aider à la reconstruction du vieux monastère serbe ». |
KOHA JONE Quelques commentaires sur les relations albano-grecques TRADUIT PAR MANDI GUEGUEN Publié dans la presse : 11 janvier 2003 Le Parlement albanais demande à la Grèce d'abolir l'état de guerre qui règne officiellement entre les deux pays depuis 68 ans. Le ministre des Affaires étrangères, Ilir Meta, soutiendrait cette demande. Par Agim I. Tartari. Ilir Meta a annoncé qu'il était favorable à l'ouverture de négociations entre les deux États au sujet de la population cham (Albanais du nord de la Grèce, chassés après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, NdT), afin qu'Athènes lui rende ses biens. Selon Ilir Meta, l'état de guerre serait responsable de la spoliation des richesses chams. Par le décret n° 2636, la Grèce avait déclaré l'état de guerre contre l'Albanie. Les Chams ont été expulsés et leurs biens confisqués. En 1941, Athènes avait abrogé cette loi, mais le gouvernement suivant l'a rétablie en 1944 ! Cette fois-ci, il ne s'agissait plus de s'opposer à l'envahisseur italien, mais à l'Albanie. Cependant, les médias électroniques nous apprennent que le vice-ministre grec de la Défense a déclaré, lors de sa dernière visite en Albanie, qu'il n'y avait aucune raison d'abroger l'état de guerre, puisque les deux pays ont signé un traité d'amitié, de collaboration et de bon voisinage, le 21 mars 1996. Tout cela donne l'impression que ces questions révèlent un certain manque de transparence. L'existence de tels malentendus risque de rendre impossible la solution du problème. Quant aux déclarations du vice-Premier ministre, telles qu'elles ont été publiées par le journal Shekulli, elles comportent une série d'erreurs historiques et juridiques. Quand l'Italie fasciste a attaqué la Grèce, en 1940, l'Albanie était-elle un pays souverain et, à ce titre, était-elle un ennemi de la Grèce ? Cet épisode dramatique pourrait être ainsi résumé : le 28 octobre 1940, l'Italie attaque la Grèce en passant par les territoires albanais occupés. Le 10 novembre 1940, le parlement grec approuve la loi n° 2636/1940, proclamant l'état de guerre. En 1948, la Grèce sanctionne cette loi par l'amendement n°1138, qui fait l'objet d'une publication au journal officiel grec. En 1940, l'Albanie était donc regardée comme un État en guerre. Le 10 février 1947, le traité de paix est signé à Paris. L'Albanie adhère à ce pacte par le décret n°480 du 9 octobre 1947. Elle devient ainsi un pays ami. Toutefois, la Grèce espérait de son voisin albanais des dédommagements de guerre. Cela nous paraît un raisonnement sans fondement, sachant que l'Albanie était un pays occupé. L'Italie, quant à elle, a versé des réparations. Une conséquence directe du décret royal du 10 novembre 1940 est que toutes les richesses albanaises en Grèce ont été saisies par l'État grec, qui les détient toujours… Le ministère des Affaires étrangères n'en a été informé que le 30 mai 1999 ! L'abrogation de l'état de guerre demande une procédure particulière définie par le Parlement. Ce serait bien plus simple si le Premier ministre et les ministres des Affaires étrangères, des Finances et de la Justice reconnaissaient, par une décision commune, que l'Albanie n'a jamais été l'ennemie de la Grèce. Il faudrait que cette déclaration ait un effet rétroactif, et qu'elle paraisse au Journal Officiel grec. Ce serait la seule façon de permettre une rétrocession des biens aux ayants droit. Le vice-ministre grec de la Défense a certes affirmé, en 1987, que l'Albanie n'était pas considérée comme un État en guerre. Néanmoins, cette déclaration à la presse ne mentionnait pas les biens spoliés en 1940. Il ne s'agit pas de savoir s'il y a le feu entre les deux pays, mais d'analyser la façon dont la Grèce regardait l'Albanie en 1940. Une réponse au problème se trouve dans l'acte juridique induit par l'article 21 qui amende la loi n° 2636/40. Il coïncide avec l'article 15 du Traité d'Amitié, évoqué par le vice-ministre grec de la Défense, qui stipule que "chacune des parties veillera à diminuer les obstacles qui feraient en sorte que les minorités grecques et albanaises ne puissent jouir de leurs biens". Quant aux Chams, ils étaient en 1940 considérés comme des citoyens grecs. Ils furent contraints d'abandonner leurs propriétés pour trouver refuge en Albanie, en 1944, pour fuir les persécutions grecques. L'article 15.2 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme affirme que "personne ne peut être privé de sa citoyenneté", et pourtant les Chams le furent, et perdirent ainsi tous leurs autres droits. L'Albanie leur a fourni un abri. Elle a endossé cette responsabilité, qui lui a financièrement beaucoup coûté, sachant que le pays n'était pas à l'époque des plus riches. La rétrocession de leurs terres aux Chams ne saurait résoudre le problème. Ils ont subi un préjudices bien plus grand, car leur richesse ne se limitait pas seulement à la terre… (mise en forme : Stéphan Pellet) |
AMNESTY INTERNATIONAL / GREEK HELSINKI
MONITOR Amnesty International épingle la Grèce TRADUIT PAR JACQUELINE DÉRENS Publié dans la presse : 24 septembre 2002 « La Grèce : à l'ombre de l'impunité. Mauvais traitement et usage illégal des armes à feu » : un rapport d'Amnesty International épingle sévérement la Grèce, d'autant plus que les policiers, les militaires et les gardes-frontières semblent jouir d'une totale impunité. Ce rapport fait état des soupçons de violation des droits de la personne commises par des représentants des forces de l'ordre contre 66 personnes. Amnesty International et la Fédération Internationale d'Helsinki pour les Droits de la Personne sont convaincus que ces chiffres sont loin de révéler l'ampleur des violations commises, qui est sans aucun doute sous-estimée. Le rapport cite huit cas de tirs mortels par des policiers (parmi les victimes il y avait trois Tziganes, un Grec venu de l'ex-Union Soviétique, deux Albanais, un lycéen serbe de 17 ans et un ressortissant grec), neuf cas d'infraction mineure, six cas de garçons ou d'hommes, victimes de menaces de violence sexuelle et d'humiliation, dont l'une publique. Bien que le rapport s'appuie sur un nombre de cas limités, les chiffres officiels confirment l'impunité réelle dont bénéficient les membres des forces de l'ordre de Grèce, soupçonnés de sérieuses violations des droits de la personne. Selon les informations dont disposent Amnesty International et la Fédération Internationale d'Helsinki, pas un seul policier n'a été condamné pour torture ou mauvais traitements de 1996 à 2000, d'après les données officielles. En 2000 et 2001, seulement trois policiers accusés de torture ou de mauvais traitement ont été jugés. Deux ont été acquittés et le troisième a vu sa peine de trente mois de prison se réduire à quinze mois avec sursis. Aucun policier n'a été jugé pour des faits similaires dans les huit premiers mois de 2002. Entre le début de l'an 2000 et le mois de juin 2002, des tribunaux ont dû statuer sur cinq cas d'homicides mortels commis par des policiers. Dans deux cas, les prévenus n'ont pas été reconnus coupables et n'ont pas été appelés à comparaître devant un tribunal.Dans deux autres cas, les policiers concernés ont été jugés pour homicide et condamnés à des peines de prison avec sursis.Dans le cinquième cas, le policier a été reconnu coupable d'homicide et a été condamné à quatre ans et demi de prison, jugement dont il a fait appel. À la fin du mois de juin 2002, aucun garde frontières ou soldat n'a été inculpé pour les incidents cités dans le rapport. Parmi les victimes, on compte 17 Albanais,15 Tziganes, 10 Grecs, un Grec de l'ex-Union Soviétique ; et 22 autres personnes, y compris des immigrants illégaux dont des demandeurs d'asile venus du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Asie (majoritairement des Kurdes de Turquie, d'Iran et d'Irak) et un Serbe. Le rapport complet est disponible pour les journalistes sur http://news.amnesty.org/greece2002 |