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Forum social mondial et Forum social européen

 

VERS LE FORUM SOCIAL EUROPÉEN 2006

à Athènes en avril 2006

Pour en savoir plus : http://www.fse-esf.org/ 

 

VERS LE FORUM SOCIAL MONDIAL 2006

Le FSM 2006 sera policentrique et aura lieu à Bamako(Mali), du 19 au 23 janvier, de même qu’à Caracas (Venezuela) et à Karachi (Pakistan), du 24 au 29 janvier 2006
    
http://www.forumsocialmundial.org.br  

 

 

Appel :
20 Mars : Journée mondiale d’action contre la guerre
« Le monde dit toujours non à la guerre !»
 
A l'appel des mouvements antiguerre des Etats-Unis, des centaines d’organisations et de participants au Forum Social Européen de Paris-St Denis ont décidé de soutenir la journée mondiale d'action du 20 mars 2004 et ont lancé cet appel :
« Nous luttons pour une Europe qui refuse la guerre, favorise la solidarité internationale et un développement écologiquement durable. Nous nous battons pour que les droits des êtres humains, les droits sociaux économiques, politiques, culturels et écologiques l’emportent sur le droit de la concurrence, la logique du profit et l’asservissement par la dette. C’est pour toutes ces raisons que nous lançons un appel aux peuples d‘Europe pour qu’ils se mobilisent contre le modèle néo-libéral et la guerre. Nous nous battons pour le retrait des troupes d’occupation de l’Irak ainsi que pour la restitution immédiate de la souveraineté au peuple irakien. Nous nous battons pour le retrait des territoires occupés par Israël et pour l’arrêt de la construction du mur et sa destruction. Nous soutenons les mouvements israéliens et palestiniens qui se battent pour une paix juste et durable. Nous nous battons pour le retrait des troupes d’occupation russes de la Tchétchènie. C’est pour cela que nous nous joignons à l’appel international lancé aux Etats-Unis par le mouvement anti-guerre et que nous appelons à la journée d’action du 20 mars prochain. »
 
Les organisations françaises suivantes vous appellent à manifester votre soutien à la mondiale d'action contre la guerre et les logiques de guerre le 20 Mars 2004 .
 
MRAP , Les Alternatifs, les Verts, LCR, Droit-Solidarité, Les Casques Bleus citoyens, Agir contre la Guerre, PCOF, CCIPPP, LCR, Americans Against the War, Mouvement de la paix, Coordination des femmes Egalité, MJS, Appel des Cent.

 

 

APPEL DU FSM REUNI A MUMBAI (Inde)

« Nous, mouvements sociaux réunis en assemblée à Mumbai, en Inde, partageons les luttes du peuple indien, de même que celles des peuples asiatiques, et réitérons notre opposition au système néolibéral qui engendre crises économiques, sociales, écologiques et conduit à la guerre. Nos mobilisations contre les guerres et les profondes injustices sociales et économiques ont permis de démasquer le néolibéralisme.
Nous nous sommes réunis ici pour organiser la résistance et lutter pour la construction d’alternatives au capitalisme. Nos résistances, nées au Chiapas, à Seattle et à Gênes, nous ont conduits à l’immense mobilisation mondiale contre la guerre en Irak, le 15 février 2003, qui disqualifia la stratégie de guerre globale et permanente du gouvernement des Etats-Unis et de ses alliés, et à la victoire contre l’Organisation mondiale du Commerce à Cancun.
L’occupation de l’Irak a révélé au monde entier le lien entre le militarisme et la domination économique des entreprises transnationales. Elle a en outre confirmé les raisons qui ont motivé notre détermination à nous y opposer.
En tant que mouvements sociaux, nous réaffirmons notre engagement à lutter contre la globalisation néolibérale, l’impérialisme, la guerre, le racisme, les castes, l’impérialisme culturel, la pauvreté, le patriarcat et toutes les formes de discrimination et d’exclusion économique, sociale, politique, ethnique, de genre ou sexuelle, ainsi que notre volonté de voir respecter les orientations sexuelles et l’identité de genre de chacun(e). Nous nous opposons à la discrimination des personnes dotées de capacités différentes et des personnes souffrant de maladies incurables, en particulier celles atteintes par le virus HIV et le SIDA.
Nous luttons pour la justice sociale, le droit aux ressources naturelles (la terre, l’eau, les semences), les droits humains et citoyens, la démocratie participative, le droit des travailleurs et des travailleuses tels qu’énoncés par les traités internationaux, les droits des femmes et le droit des peuples à l’autodétermination. Nous sommes partisans de la paix et de la coopération internationale et défendons des modèles sociaux soutenables, capables de garantir les droits élémentaires et les biens et services publics aux personnes. Nous rejetons la violence sociale et patriarcale faite aux femmes.
Nous appelons à nous mobiliser le 8 mars prochain, journée internationale pour les droits des femmes.
Nous luttons contre toute forme de terrorisme, y compris le terrorisme d’Etat, de même que nous nous opposons à l’utilisation de la prétendue « lutte contre le terrorisme » pour criminaliser les mouvements populaires et les militants sociaux. Aux quatre coins de la planète, les dites lois contre le terrorisme restreignent les droits civils et les libertés démocratiques.
Nous faisons nôtre la lutte des paysans et des paysannes, des travailleurs et des travailleuses, des mouvements populaires urbains et de toute personne menacée de perdre son foyer, son travail, sa terre et ses droits. Partout se multiplient les luttes destinées à empêcher les privatisations, à inverser la logique qui les promeut, et à protéger les biens communs et leur caractère public - telles les luttes menées en Europe pour défendre les retraites et la sécurité sociale. La victoire du peuple bolivien et de sa gigantesque mobilisation pour défendre ses ressources naturelles, la démocratie et sa souveraineté témoigne de la force et de la puissance de nos mouvements, alors que simultanément se développent les luttes paysannes contre les transnationales et les politiques agricoles néolibérales, avec pour exigences la souveraineté alimentaire et une réforme agraire démocratique.
Nous appelons à l’unité avec les paysans et paysannes lors de la mobilisation mondiale du 17 avril, journée internationale de lutte paysanne.
Nous nous identifions aux luttes des mouvements et organisations populaires indiens, et condamnons avec eux les forces politiques et les idéologies qui encouragent la violence, le sectarisme, l’exclusion, et le nationalisme en s’appuyant sur la religion et l’ethnicité. Nous condamnons les menaces, arrestations, tortures et assassinats de militants sociaux qui organisent les communautés dans leur lutte pour la justice globale, et nous dénonçons la discrimination fondée sur les castes, les classes, la religion, le genre, l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Nous condamnons la perpétuation de la violence et de l’oppression contre les femmes par le biais de modèles et de pratiques culturelles, religieuses et de traditions discriminatoires.
Nous soutenons les efforts des mouvements et organisations populaires qui encouragent, en Inde et en Asie, la lutte des peuples pour la justice, l’égalité et les droits humains. En particulier les luttes des Dalits, des Adivasis et des secteurs les plus opprimés et réprimés de ces sociétés. La politique néolibérale du gouvernement indien accentue la marginalisation et l’oppression sociale dont le peuple des Dalits a souffert au cours de l’Histoire et qu’il subit
encore aujourd’hui.
Pour toutes ces raisons, nous soutenons les luttes de tous les exclus de la planète et appelons à nous joindre à l’appel qui sera prochainement lancé par les Dalits en faveur d’une journée de mobilisation pour l’inclusion sociale.
Le capitalisme, en réponse à la crise de légitimité qu’il connaît, utilise la force et la guerre pour maintenir un ordre économique impopulaire. Nous exigeons des gouvernements qu’ils mettent fin au militarisme, à la guerre, et qu’ils mettent un terme aux dépenses militaires. Nous exigeons également la fermeture des bases militaires nord-américaines, où qu’elles se trouvent, parce qu’elles constituent une menace pour l’humanité et la planète. Nous devons suivre l’exemple de la lutte du peuple portoricain, qui a obtenu la fermeture de la base militaire états-unienne de Vieques.
L’opposition à la guerre globale reste notre terrain commun de mobilisation, partout dans le monde.
Nous appelons les citoyens et citoyennes du monde à se mobiliser le 20 mars prochain, pour une journée internationale d’opposition à la guerre et à l’occupation de l’Irak imposée par les gouvernements des Etats-Unis, de Grande-Bretagne et leurs alliés.
Les mouvements contre la guerre élaboreront leurs propres mots d’ordre et tactiques afin d’assurer la plus large participation aux mobilisations. Nous exigeons le retrait immédiat des troupes d’occupation de l’Irak et soutenons le peuple irakien dans ses droit à l’autodétermination, à la souveraineté et aux réparations pour les dommages causés par l’embargo et la guerre.
La « lutte contre le terrorisme » ne sert pas seulement de prétexte pour maintenir l’état de guerre et l’occupation de l’Irak et de l’Afghanistan ; elle est également utilisée pour menacer et agresser les peuples. Alors que parallèlement, le blocus criminel imposé Cuba est maintenu, tout comme la
stratégie de déstabilisation du Venezuela.
Nous appelons à soutenir avec force la mobilisation en faveur du peuple palestinien, et tout spécialement le 30 mars, journée de la Terre en Palestine, pour revendiquer le droit des réfugiés au retour et manifester notre opposition à la construction du mur.
Nous dénonçons l’impérialisme qui suscite à son profit les conflits religieux, ethniques, raciaux et tribaux, excitant la haine, la violence, et accentuant la souffrance des peuples - comme ce fut le cas pour plus de 80% des 38 conflits armés qui ont ensanglanté la planète en 2003, touchant principalement les peuples d’Asie et d’Afrique.
Nous dénonçons l’utilisation coercitive, par les gouvernements, les transnationales et les institutions financières internationales, de l’endettement insoutenable des pays pauvres. Nous répudions cette dette illégitime et exigeons son annulation inconditionnelle, ainsi que la réparation des dommages économiques, sociaux et écologiques,
qui constitue une condition préalable à la pleine satisfaction des droits des peuples du Tiers Monde. A cet égard, nous soutenons tout particulièrement la lutte menée par les mouvements sociaux sur le continent africain.
Nous opposons notre voix aux réunions du G8, du FMI et de la Banque mondiale, principaux responsables de la spoliation des peuples.

Nous rejetons l’imposition d’accords régionaux ou bilatéraux tels que l’ALCA, le NAFTA, le CAFTA, l’AGOA, le NEPAD, l’EuroMed, l’AFTA et l’ASEAN.

Nous sommes des millions à mener la lutte et à unir nos mobilisations contre un ennemi commun : l’OMC. Les peuples indigènes luttent contre tout brevetage du vivant et toute
atteinte à la biodiversité, à l’eau, à la terre, à l’environnement, à l’éducation et à la santé. Nous sommes des millions à nous opposer à la privatisation des services publics et à partager nos luttes avec les jeunes et les étudiants qui revendiquent leur droit à l’enseignement public et à un emploi digne leur assurant un avenir sans pauvreté ni violence.
Nous appelons chacune et chacun à se mobiliser pour l’eau, droit fondamental et source de vie à écarter de toute privatisation. Nous appelons en outre à reprendre le contrôle des biens communs et des ressources naturelles qui ont été livrés aux mains des intérêts privés et transnationaux.
Lors de la bataille victorieuse de Cancun, la mort du paysan Lee a incarné la souffrance de millions d’autres paysans et celle des secteurs populaires exclus par le « libre marché ».
 Son immolation symbolise la détermination qui nous anime et que nous opposerons à toute tentative de ressusciter l’OMC.

L’agriculture, l’alimentation, la santé, l’eau, l’éducation, les ressources naturelles et les biens communs hors de l’OMC !

C’est avec la même détermination que nous appelons tous les mouvements sociaux du monde à se mobiliser contre la prochaine conférence ministérielle de l’OMC, qu’elle se tienne à Hong Kong ou ailleurs, et à unir nos efforts dans la lutte contre les privatisations, pour défendre les biens communs, l’environnement, l’agriculture, l’eau, la santé, les services et l’éducation.

Pour toutes ces raisons, nous réaffirmons notre ferme volonté
de renforcer le réseau des mouvements sociaux, afin de
renforcer notre capacité de lutte.


Globalisons la lutte !
Globalisons l’espérance ! »

 

 

20 mars et 9 mai pour la Paix, contre les logiques de guerres
L'assemblée des mouvements sociaux s'est associée à la proposition des pacifistes américains de faire du 20 mars - date anniversaire du début de l'intervention américano-britannique en Irak - une grande journée de mobilisation pour le retrait des troupes d'occupation de l'Irak et la souveraineté du peuple irakien. Cette journée s'est élargie au refus de la guerre comme solution au Moyen et Proche Orient, en Tchétchénie. Elle a décidé de faire du 9 mai une journée de mobilisation pour les froist sociaux en Europe.
Le samedi 20 mars sera donc une grande journée de mobilisation de refus de la guerre et de promotion de la Paix. Le dimanche 9 mai sera une journée européenne pour les droits sociaux, incluant les problématiques de la Paix, du Désarmement, des dépenses militaires, ....
Le bureau national du Mouvement de la Paix, réuni le 8 novembre avait décidé de soutenir cette double proposition dans l'assemblée des mouvements sociaux. Le Mouvement de la Paix se réjouit donc de cette décision et invite tous les citoyens à préparer cette double mobilisation des 20 mars et 9 mai.

 

 

Appel de l'Assemblée des acteurs et mouvements sociaux

16 novembre 2003

Nous venons des mouvements sociaux et citoyens de toutes les régions d'Europe, de l'Est à l'Ouest et du Nord au Sud. Après Florence et Porto Alegre, nous nous rencontrons au 2ème Forum social européen à la suite d'une année de mobilisations contre le modèle néolibéral dans de nombreux pays d'Europe - contre la réforme des retraites, pour la défense des services publics, contre les politiques agricoles, pour les droits des femmes, contre l'extrême droite, le racisme et la xénophobie ainsi que contre les politiques sécuritaires -, et contre la guerre contre l'Irak, notamment le 15 février 2003. Nous sommes divers et pluriels, et c'est ce qui fait notre force.

En ce moment s'élabore un projet de Constitution européenne en marge de la société civile. Il "constitutionnalise" le libéralisme comme doctrine officielle de l’UE ; il consacre la concurrence comme fondement du droit communautaire et de toutes les activités humaines et ne tient aucun compte des objectifs de l’écodéveloppement ; il accorde un rôle à l’OTAN sur les politiques étrangères et de défense européennes et pousse à la militarisation de l'Union ; enfin, il maintient le social dans le statut de pièce rapportée d’une construction européenne fondée sur le primat du marché, et acte, de fait, le démantèlement déjà programmé des services publics. Ce projet de Constitution ne répond pas à nos aspirations.

Nous luttons pour une autre Europe. Nos mobilisations portent l'espoir d'une Europe sans chômage ni précarité, dotée d'une agriculture paysanne qui assure la souveraineté alimentaire, préserve les emplois, l'environnement et la qualité de l'alimentation, d'une Europe ouverte sur le monde qui permette à chacun d'y circuler librement, qui reconnaît la citoyenneté de résidence à tous les étrangers y habitant et qui respecte le droit d'asile, d'une Europe qui met en œuvre une égalité réelle entre les femmes et les hommes, qui promeut la diversité culturelle et le droit des peuples à l'autodétermination, c’est-à-dire de décider de leur futur de façon démocratique.

Nous luttons pour une Europe qui refuse la guerre, favorise la solidarité internationale et un développement écologiquement durable. Nous nous battons pour que les droits des êtres humains, les droits sociaux, économiques, politiques, culturels et écologiques l'emportent sur le droit de la concurrence, la logique du profit et l'asservissement par la dette.

C'est pour toutes ces raisons que nous lançons un appel aux peuples d'Europe pour qu'ils se mobilisent contre le modèle néolibéral et la guerre. Nous nous battons pour le retrait des troupes d'occupation de l'Irak ainsi que la restitution immédiate de la souveraineté au peuple irakien. Nous nous battons pour le retrait des territoires occupés par Israël et pour l’arrêt de la construction du mur et sa destruction. Nous soutenons les mouvements israélien et palestinien qui se battent pour une paix juste et durable. Nous nous battons pour le retrait des troupes d'occupation russes de la Tchétchènie. C'est pour cela que nous nous joignons à l'appel international lancé aux Etats-Unis par le mouvement anti-guerre et que nous appelons à la journée d'action du 20 mars prochain.

Pour parvenir à une Europe basée sur la reconnaissance des droits sociaux, politiques, économiques, culturels et écologiques, tant individuels que collectifs, des femmes comme des hommes, nous nous engageons à prendre partout des initiatives. Il nous faut construire pas à pas un processus de mobilisation qui permette l'implication de tous les peuples d'Europe. Nous nous engageons à être partie prenante de toutes les actions organisées par les mouvements sociaux, en particulier à construire un jour commun d’action soutenu par les mouvements sociaux, notamment par le mouvement syndical européen. Nous appelons tous les mouvements sociaux à faire culminer cette dynamique de mobilisations en une journée d'action pour une autre Europe, des droits des citoyens et des citoyennes et des peuples, le 9 mai, date prévue de la ratification de la Constitution européenne.

 

Le 16 novembre 2003

 

 

FSE : " A Tuzla, nous développons la culture comme vecteur universel de l'humanité "

Muhamed Mesic, adjoint au maire de Tuzla, chargé des relations internationales, est arrivé à Paris samedi pour représenter sa ville au forum européen des autorités locales. Il évoque le sens de sa participation et l'action de la municipalité bosniaque en faveur de la multiculturalité, dans une région encore traumatisée par plusieurs années de guerre.

Pourquoi la municipalité de Tuzla a-t-elle choisi de participer cette année au forum des autorités locales (FAL) de Saint-Denis ?

Muhamed Mesic. C'est effectivement la première fois, avec le FAL de Saint-Denis, que nous sommes inclus dans un projet de cette ampleur. L'invitation du maire de Saint-Denis, c'est un peu le résultat de la coopération de nos deux villes, tant dans le domaine des droits de l'homme que de la politique sociale. Depuis l'an 2000, en effet, la ville de Tuzla travaille avec la ville de Saint-Denis sur divers projets, et notamment sur la charte européenne des droits de l'homme dans la ville. Tuzla a joué le rôle de coordinatrice pour cette initiative dans la région du Sud-Est européen.

Tuzla est elle-même à l'origine d'un accord avec d'autres villes des Balkans sur la tolérance multiethnique, dans une région marquée par la guerre encore récente...

Muhamed Mesic. Oui, cependant le terme de " vivre ensemble " est plus approprié que celui de " tolérance ", car si nous faisons le choix de vivre en commun, c'est moins parce que nous devons le faire, que d'abord parce que nous le voulons. Cet accord de coopération ne se limite pas aux seuls représentants officiels des villes, il entend stimuler aussi la coopération entre les différentes institutions sociales, des écoles, des associations, etc. Car bien que la guerre soit terminée depuis 1995, il reste des blessures dans le cour des gens qui sont autant d'obstacles à la vie en commun. Cet accord est aussi un accord international, qui réunit des villes comme Osijek en Croatie, ou encore Novi Sad en Serbie, car nous pensons que même s'il existe des frontières, elles ne doivent pas être un obstacle empêchant les hommes et les femmes de vivre ensemble dans notre région. Dans une situation où coopération entre les nations est longue à se mettre en branle, ce sont les villes et ses habitants qui sont les mieux placés pour retisser les liens dans la région.

Au-delà de la coopération acquise avec cet accord, vous êtes aussi une municipalité pilote en matière de démocratie dans la ville et de droits reconnus aux populations...

Muhamed Mesic. Nous nous efforçons effectivement, à Tuzla, de conduire une action exemplaire dans le domaine de la démocratie. Le moteur de notre politique est de considérer que la vie n'est possible que si le droit est reconnu à chacun de participer, non seulement à la vie sociale, mais aussi à celle des instances officielles de la municipalité. Et d'apporter pour cela un soutien résolu aux minorités, aux femmes et aux jeunes. À titre d'exemple, je suis à dix-neuf ans, le plus jeune des vingt-cinq conseillers municipaux de la ville. J'avais seize ans quand je suis entré au conseil. Tuzla est une ville multiethnique, où 40 % de la population est de confession musulmane, une autre partie chrétienne, le reste étant constitué de foyers issus de mariages mixtes. Pour nous, la multiculturalité est une force, un peu à l'image de votre équipe française de football qui avait remporté la Coupe du monde en 1998...

Vous mettez donc en relation l'action menée par votre municipalité et son engagement européen avec sa participation au FAL ?

Muhamed Mesic. Oui et, d'ailleurs, l'engagement de Tuzla au FAL portera spécialement sur la culture, à travers le premier atelier, car Tuzla est plus ou moins la capitale culturelle de la Bosnie, grâce à une politique de soutien par la municipalité au développement d'une culture pas seulement professionnelle mais également ouverte à chacun et chacune. Nous souhaitons échanger des expériences concrètes avec les villes sur les possibilités existantes des pour les collectivités locales de développer la culture comme vecteur universel de l'humanité.

L'expérience menée par la municipalité se vérifie sur le terrain et notamment dans la façon dont les gens vivent ensemble ?

Muhamed Mesic. Tout à fait. Même durant les années de guerre de 1992 à 1995, la population considérait la ville comme un " temple " de la multiculturalité. Reste que le conflit et ses traces encore présentes ne créent pas les conditions d'une vie normale pour la population, comparable à ce qui se passe ailleurs en Europe. Nous avons ressenti le besoin de mobiliser la population pour aider à dégager des perspectives d'avenir, en s'ouvrant aux idées et à la créativité des citoyens pour les impliquer dans les choix à faire. C'est ainsi que l'on a réussi à dépasser le climat de morosité qui règne en Bosnie, tout comme en Serbie, au Monténégro ou en Croatie, pour le transformer en une multitude bigarrée de possibilités qui s'offre à la vie.

Entretien réalisé par

Sébastien Crépel