Presse Europe et Balkans
Vendredi 3 avril 2009 La Croatie et l'Albanie intronisées
comme membres de l'Otan
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Mardi 2 décembre 2008 L'UE prend le relais de l'ONU au Kosovo
sur fond de manifestation albanophone |
Vendredi 16 mai, 18h35
Vers un report de la mission européenne au Kosovo Par Mark John Reuters - BRUXELLES (Reuters) - L'Union européenne reconnaît qu'il est peu probable qu'elle puisse, comme prévu, prendre la relève de la police de l'Onu au Kosovo le 15 juin. Le gouvernement albanophone de l'ancienne province serbe souhaitait à l'origine que les 2.200 policiers, magistrats et administrateurs civils de cette mission civile européenne, baptisée Eulex, se déploient lorsque l'indépendance de la province a été proclamée, en février. La Serbie et la Russie refusent cependant de reconnaître l'indépendance du Kosovo, empêchant le Conseil de sécurité de l'Onu de déléguer officiellement le mandat de la Minuk, la force de l'Onu, à l'Eulex. La Russie bloquant la passation de pouvoir officielle entre les deux missions, les diplomates disaient en privé depuis plusieurs semaines que la date du 15 juin n'était pas tenable. "Nous sommes conscients qu'il sera très difficile pour nous de nous déployer et d'être totalement opérationnels à la date du 15 juin", a déclaré Victor Reuter, porte-parole de l'Eulex. "Dire qu'il y aura un délai de un, deux, trois ou quatre mois à ce stade n'est que pure spéculation. La mission doit commencer dans les meilleures conditions possibles", a-t-il ajouté. "Nous poursuivons le déploiement, mais la logistique nécessaire pour que tout soit fait d'ici là va être délicate maintenant", a déclaré un autre responsable européen, jugeant "improbable" le maintien du calendrier. Version française Jean-Philippe Lefief et Gwénaëlle Barzic
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Le Courrier des Balkans
Balkans Occidentaux : que signifient les Accord de stabilisation et d’association avec l’UE ? Le 29 avril 2008, les autorités serbes ont signé un accord de stabilisation et d’association (ASA) avec l’UE. Pour être mis en application, cet accord est toutefois soumis à une condition, une pleine coopération avec le TPIY. Par ailleurs, la Bosnie-Herzégovine, qui pourrait signer son ASA le 16 juin, doit encore progresser dans la mise en place de réformes jugées inévitables par Bruxelles pour un tel accord. Le Courrier des Balkans fait le point. Par Déborah Grbac [1] Après un début d’année bousculé par l’actualité nationale avec entre autres la réélection à l’arrachée du Président pro-européen Boris Tadic et les émeutes qui ont suivi la déclaration d’indépendance du Kosovo, la signature d’un Accord de stabilité et d’association (ASA) tombe à point nommé pour redonner à la Serbie une perspective européenne. Non seulement le Parti Démocratique (DS) et la coalition pro-européenne ont remporté les élections législatives du 11 mai dernier mais le Président Tadic a pu signer le 29 avril un véritable Accord de stabilisation et d’association avec l’UE. Un refus d’accord politique payant Et pourtant, pour arriver a ce résultat la République de Serbie a dû franchir un obstacle de taille : la proposition d’un simple accord politique. Cet accord n’était même pas un succédané, pire un palliatif, inférieur quant à son importance et à son contenu aux Accords de stabilisation et d’association traditionnellement prévus et expressément conçus pour les pays des Balkans occidentaux. La stratégie du refus de signer cet accord politique s’est avérée payante, car elle a permis de surmonter quelques réticences et de faire obtenir in fine à la Serbie un véritable Accord de stabilisation et d’association. Les autorités serbes ont pendant longtemps pointé du doigt l’exemple de la Croatie qui était parvenue à signer son ASA le 5 octobre 2005, avant la capture du criminel de guerre Ante Gotovina aux îles Baléares le 8 décembre de la même année. Faut-il donc penser que dans deux mois M. Mladic et M. Karadžic, ainsi que deux autres criminels de guerre serbes encore en fuite, seront traqués et enfin conduits devant la justice internationale ? Les pays de l’UE n’étant pas dupes, en particulier la Belgique et les Pays Bas qui ont toujours insisté sur la nécessité d’une coopération de la Serbie avec le TPIY, ont empêché que l’accord bien que signé, ait pu entrer en vigueur avant que la condition de la coopération ne soit pleinement respectée. Première leçon : signer n’est pas appliquer La première leçon à tirer du Conseil Affaires générales et Relations extérieures de l’Union européenne est que bien que tout accord international soit le fruit avant tout d’une négociation « politique », leur mise en pratique est le résultat de la rencontre des différentes volontés des parties contractantes. L’imposition de la part de l’UE du principe de conditionnalité aux pays de la région des Balkans à partir de 1996, sous ses différents aspects et au fur et à mesure de l’évolution de la coopération entre l’État signataire et Bruxelles, est un gage de sécurité et doit par conséquent être pris en considération. Ainsi pour la République de Serbie, dont les criminels de guerre sont toujours en fuite, la condition requise pour mettre en application l’ASA est une coopération totale avec le Tribunal international de la Haye. Le principe de conditionnalité s’appliquait également à la Croatie qui en 2005, à l’époque de la signature de l’ASA, avait informé de la fuite à l’étranger de M. Gotovina et avait garanti que les services secrets croates en collaboration avec ceux de l’UE œuvraient à sa capture. L’arrestation aux Baléares du fugitif quelques mois après la signature de l’accord, en coopération avec la police espagnole, répondait aux conditions fixées par l’UE. Concernant la Serbie, les avis du procureur du TPIY sur l’état de la coopération des autorités serbes dans ce domaine ont toujours été négatifs. D’où la nécessité de bien respecter les conditions posées par Bruxelles. Ainsi, les autorités bosniennes doivent bien prendre en considération les conditions à la signature et à l’application d’un ASA. Ces dernières s’y sont attelées à leur rythme, progressivement, après maintes recommandations de la part des institutions européennes et de la communauté internationale. Le 16 avril dernier la Bosnie a enfin adopté la réforme de la police, une des quatre conditions imposées au pays par l’UE pour la signature d’un accord de stabilisation et d’association. Les trois autres conditions qui restent à respecter sont : l’adoption de reformes dans les secteurs, du système judiciaire, de la télé et du système de radiodiffusion et enfin de l’administration publique. Étant donné le temps que prennent généralement les négociations et l’application des décisions prises par le système politique complexe issu des accords de Dayton, il n’est pas certain que la Bosnie-Herzégovine soit prête pour le prochain rendez-vous du 16 juin pour la signature de l’ASA. Toutefois, si Bruxelles estime que les conditions posées ont été respectées, elle pourra bénéficier, à la différence de la Serbie, après la signature officielle et une fois la procédure de ratification effectuée par les différents parlements des États membres, d’une pleine application de l’ASA. Deuxième leçon : la Bosnie peut devancer la Serbie Deuxième leçon à tirer du Conseil du 29 avril : il n’est pas dit que la Serbie soit en meilleure position que la Bosnie Herzégovine sur la longue route qui mène à l’adhésion aux institutions de l’UE. En effet, l’ASA signé par la Serbie reste en suspens alors que si la Bosnie-Herzégovine signe le sien dans un mois ce sera une signature sans conditions. La Présidence slovène au secours de la Serbie ? Pour finir, il semble que les autorités slovènes voudraient avant la fin de leur semestre de Présidence de l’UE adoucir la conditionnalité envers la Serbie en vue de l’application de l’ASA. Si elles y parviennent ce serait une victoire d’envergure de la part de la diplomatie slovène auprès de ses voisin de l’ex-Yougoslavie. L’application de l’ASA en place pourrait permettre de concéder à la Serbie le statut de pays candidat à l’adhésion à l’UE. Là dessus, il faudrait rappeler que, bien que dans le passé la présidence de l’UE fût occupée par un pays géographiquement proche des Balkans occidentaux, l’Autriche lors du premier semestre de 2006, et qu’elle ait remporté des résultats importants concernant le processus d’intégration européenne, il lui fallait encore recueillir l’accord de tous les pays de l’UE. De plus l’ASA a une double dimension, celle de répondre aux besoins spécifiques du pays concerné et celle d’installer un cadre unique, à savoir le processus de stabilisation et d’association. Ce processus est censé être identique pour tous les pays signataires car s’en suit logiquement après la désignation de « candidat officiel » à l’UE. Troisième leçon : le prochain gouvernement serbe devra continuer à coopérer Troisième leçon à tirer du Conseil du 29 avril : on ne peut pas contraindre un pays tiers à faire quelques chose qu’il ne désire pas. Or, bien que les élections législatives du 11 mai dernier aient été remportées par le parti pro-européen de Boris Tadic, le véritable penchant européen du futur gouvernement serbe se mesurera à sa disponibilité à coopérer avec l’UE, mission EU-LEX au Kosovo comprise et à sa volonté de respecter la conditionnalité imposée pour progresser sur la voie de l’intégration européenne. [1] Docteur en droit public filière droit communautaire
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La
Commission européenne, un acteur de plus en plus présent dans les
Balkans
mercredi 26 mars 2008 Face à la paralysie du Conseil européen dans les Balkans occidentaux, la Commission européenne a été chargée de maintenir les relations diplomatique avec la région. Va-t-on alors vers une « communautarisation » des relations entre les Balkans et l’Union européenne ? Le Courrier des Balkans vous présente les dernières initiatives communautaires mises en place pour maintenir les promesses de « perspective européenne » avec les pays de la région. Par Deborah Grbac [1] La paralysie du Conseil européen La Commission européenne à Bruxelles Les difficultés éprouvées par le Conseil européen à maintenir de bonnes relations diplomatiques avec les différents acteurs en présence dans les Balkans occidentaux a contraint l’Union européenne (UE) à changer son fusil d’épaule. Par conséquent, la Commission européenne, acteur d’une autre branche de la diplomatie européenne, s’engage dans de nombreuses initiatives dans la région. Son but étant de préserver les promesses de « perspective européenne » avec les pays de la région. Est-ce qu’une nouvelle phase des relations entre l’UE et les Balkans occidentaux se met en place ? Avec le rôle accru de la Commission, peut-être est-on en train d’instaurer une sorte de « communautarisation » des relations entre l’Union européenne et ces pays ? La reconnaissance progressive de l’indépendance du Kosovo par les pays membres de l’UE et l’absence de réponses unanimes de la part des même États concernant le déploiement de la mission européenne de la PESD [Politique européenne de sécurité et de défense] ont démontré des divisions au sein du Conseil européen et une certaine crainte à adopter de nouvelles initiatives. Les initiatives communautaires dans les Balkans Pour venir en aide au Conseil, l’hyper-active Commission européenne a été désignée et œuvre depuis des mois. La Commission, opérant évidemment dans ses propres domaines de compétences qui différent de ceux du Conseil européen, a fait preuve de capacité d’intervention dans la région à un moment où le risque de paralysie se faisait menaçant. Ainsi, nous allons présenter de manière succincte, les différentes initiatives de la Commission, en respectant la chronologie de leur mise en place. Le Bureau de liaison de la Commission européenne au Kosovo a lancé, le 29 février 2008, des accords avec les autorités kosovares. Neuf des quinze aires prioritaires d’assistance de pré adhésion recevront une aide financière au cours de l’an 2008. Le budget à disposition sera d’environ 125 millions d’euro et les projets relatifs, après approbation des États membres et de la Commission européenne, seront appliqués par le Bureau de liaison de la Commission européenne en coopération avec les autorités kosovares au cours de l’an 2009. Le Monténégro, le 3 mars 2008, dévient le quatrième pays, parmi les candidats potentiels à l’adhésion à l’UE, à rejoindre le « Programme communautaire sur la concurrence et l’innovation », après la Croatie, l’ARYM [ancienne République yougoslave de Macédoine] en octobre 2007 et la Turquie en février dernier. La signature d’un « Protocole d’accord » permettra au Monténégro de participer au pilier du Programme sur la capacité à entreprendre et sur l’innovation. Deux jours après, le 5 mars 2008, la Commission, avec l’accord du Conseil européen de février 2008, met en place les instruments communautaires pour promouvoir le développement économique et politique et propose des mesures concrètes afin de garantir la « perspective européenne » de la région, à savoir de nouvelles initiatives adressées aux pays de la région. Initiatives communautaires pour le maintien de la paix dans la région Les initiatives prévues par la Commission concernent : la poursuite de la politique de libéralisation du régime des visas, plus de bourses d’études pour encourager les étudiants des Balkans à étudier dans l’Union européenne, l’augmentation des contacts entre scientifiques et chercheurs et une plus grande coopération en matière de protection de l’environnement, de justice, de liberté et de sécurité. Avec une attention particulière pour les initiatives concernant le développement de la « société civile », considérée comme un « élément essentiel de la vie publique en démocratie ». D’autres initiatives tiennent à cœur la Commission comme la coopération transfrontalière et la lutte contre les catastrophes environnementales. L’idée derrière ces initiatives communautaires est le maintien de la paix et de la stabilité dans la région. Pour cela la Commission juge nécessaire un renforcement « visible et concret » d’une « perspective européenne » pour les Balkans occidentaux. Cela implique un développement de la « société civile » de chaque pays de la région, ainsi qu’un « engagement constructif » des hommes politiques présents sur le terrain. Ces initiatives semblent bien une réponse à la montée du nationalismes en Serbie à la suite de la déclaration d’indépendance du Kosovo, mais aussi une sorte de « communautarisation » des relations entre l’Union européenne et les pays des Balkans occidentaux, au moment où le Conseil, au-delà des déclarations de principes, paraît en difficulté sur les mesures concrètes à entreprendre. L’action de la Commission européenne, au-delà du maintien de la « perspective européenne » pour les Balkans occidentaux, est de s’assurer de l’avancée des réformes constitutionnelles, démocratiques et économiques dans la région. _______________________________________________ [1] Docteur en droit public, filière droit communautaire.
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AP - Mercredi 21 novembre, 19h48
Le Conseil de sécurité de l'ONU renouvelle le mandat de l'EUFOR NATIONS UNIES - Le Conseil de sécurité des Nations unies a reconduit pour un an mercredi le mandat de la force multinationale de stabilisation (EUFOR) en Bosnie-Herzégovine. Le Conseil estime que "la Bosnie-Herzégovine n'a guère progressé sur la voie menant à l'Union européenne et, en particulier, à la conclusion d'un accord de stabilisation et d'association" et souhaite que la Bosnie devienne "un pays européen fonctionnel, soucieux de réforme, moderne et démocratique". Il souligne par ailleurs que "le retour général et coordonné des réfugiés et déplacés dans toute la région reste d'une importance décisive pour l'instauration d'une paix durable". "La situation dans la région reste une menace pour la paix et la sécurité internationales", estime-t-il, selon un communiqué du département de l'information. Les ministres des Affaires étrangères et de la Défense de l'Union européenne ont réaffirmé en mai que l'Union maintiendrait une présence militaire aussi longtemps que nécessaire afin de continuer à contribuer au maintien d'un climat de sûreté et de sécurité dans le pays. L'EUFOR agit en coopération avec le quartier général de l'OTAN sur place, conformément aux arrangements conclus entre l'OTAN et l'Union européenne en 2004. L'EUFOR-Altéa joue toutefois le rôle principal dans la stabilisation de la paix, s'agissant des aspects militaires de l'Accord de paix conclu il y a 12 ans. Créée en 2004, la force militaire européenne a pris officiellement la relève de la SFOR en décembre de la même année. Elle comprend environ 7.000 hommes répartis sur l'ensemble du territoire, selon le site Web du ministère français des Affaires étrangères. Une mission de police européenne (MPUE) supervise et conseille les forces locales. AP
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Mardi 6 novembre 2007
La Commission européenne dresse un sombre tableau du Kosovo BRUXELLES (Reuters) - Corruption généralisée, disparitions multiples, violations des droits de la minorité serbe: le rapport annuel de la Commission européenne sur la situation au Kosovo n'est pas tendre pour les autorités locales. Un mois avant l'échéance du 10 décembre fixée par la communauté internationale pour que Serbes et albanophones trouvent une solution négociée sur l'avenir de cette province administrée par l'Onu, la Commission s'est penchée sur cette entité qui sera peut-être un jour membre de l'UE. "L'administration publique du Kosovo est faible et inefficace", de même que le système judiciaire, malgré quelques progrès pour y assurer la représentation de la minorité serbe, peut-on lire dans ce document d'une cinquantaine de pages. "La corruption est largement répandue et constitue un problème majeur", ajoutent les services de la Commission. Il n'existerait aucune volonté politique claire de combattre ce phénomène et les mesures législatives qui permettraient de le combattre tardent à être prises, les hommes politiques locaux et les fonctionnaires en tirant eux-mêmes des bénéfices. Si quelques progrès sont constatés dans la lutte contre le blanchiment de l'argent, le combat contre le crime organisé et le trafic d'êtres humains remportent peu de succès. Plus de 2.000 personnes sont portées disparues, la liberté d'expression est faible et les rares réfugiés serbes qui tentent de rentrer chez eux font l'objet de "violentes attaques", ce qui explique que 250.000 Serbes du Kosovo exilés dans les régions voisines de la province n'osent pas franchir le pas. VANDALISME CONTRE LES SERBES Des actes de vandalisme ont lieu contre les monuments religieux orthodoxes des Serbes, "y compris au mortier". Le personnel qualifié manque pour appliquer des lois qui ne sont pas codifiées et des centaines de criminels de guerre présumés qui sont accusés d'avoir commis des crimes pendant la guerre du Kosovo bénéficient des failles du système. Avant l'intervention militaire de l'Otan, en 1999, contre l'armée serbe qui se livrait au nettoyage ethnique à l'encontre de la majorité albanophone de la population, la guérilla kosovare de l'UCK s'est elle aussi livrée à des atrocités. Les procès des criminels de guerre "sont freinés par le refus de la population locale de témoigner", écrit la Commission en stigmatisant l'absence de protection de ces témoins. Ce rapport apportera de l'eau au moulin de la Serbie, qui refuse le plan élaboré par l'émissaire de l'Onu Martti Ahtisaari, qui prévoit l'accession de la province à l'indépendance sous supervision onusienne, comme le réclame sa majorité albanaise. Les Occidentaux soutiennent ce plan. Le système institutionnel du Kosovo est régi par la résolution 1244 du Conseil de sécurité de l'Onu établissant une mission administration civile internationale intérimaire. La Minuk conserve la responsabilité législative et exécutive finale en l'absence de relations harmonieuses entre communautés. La Commission juge toutefois que le Kosovo a accompli des progrès limités sur la voie d'une économie de marché viable. "D'une manière générale, les politiques économiques sont restées globalement saines et axées sur le marché. L'inflation a été faible et les prix des produits et des services nationaux ont diminué", écrit l'exécutif européen. La privatisation des anciennes entreprises collectives s'est fortement accélérée, et le secteur financier s'est encore développé et consolidé, même si la croissance est restée modérée et le taux de chômage très élevé. L'aide financière de l'Union européenne au Kosovo sera de 395 millions d'euros sur la période 2007-2011.
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L’UE juge les pays des Balkans occidentaux : la Serbie bloquée par le dossier du Kosovo Traduit par Stéphane Surprenant Publié dans la presse : 2 novembre 2007 Le constat de la Commission européenne est simple : la Serbie a fait des progrès dans sa coopération avec le TPI, la protection des minorités s’améliore et l’économie continue à se développer mais le pays reste toujours handicapé par le dossier du Kosovo et la rhétorique nationaliste de ses dirigeants. De profondes divisions chez les partis politiques en Serbie ont affecté le rythme général des réformes qui a ralenti, déclare le rapport. « La rhétorique nationaliste reste forte et a négativement affecté le climat politique », déplore la Commission, qui ajoute que la question du Kosovo a continué de dominer l’agenda politique. Par ailleurs, le gouvernement serbe, toujours selon le rapport, a réussi à obtenir des résultats positifs dans sa coopération avec le Tribunal de La Haye, ce qui a permis à la Commission européenne de finaliser les négociations portant sur le Pacte de stabilisation et d’association (ASA). « La Serbie doit encore remplir des obligations internationales afin de coopérer pleinement avec le TPI avant que le Pacte ne soit signé », peut-on lire dans le document. Le rapport juge qu’il faudra encore renforcer la démocratie et l’application de la loi en Serbie, tandis que « le travail du Parlement a été entravé par la situation politique ». La main-mise des civils sur l’appareil militaire constitue en effet une priorité cruciale du Partenariat européen et il faudra s’assurer scrupuleusement dans ce secteur de la réalité du contrôle parlementaire de même que de la supervision financière. Autre priorités vitale du Partenariat, la réforme judiciaire a pris du retard. « Pour le moment, la Constitution et les lois constitutionnelles laissent place à une influence politique dans les nominations judiciaires », fait remarquer le document. Bien que la Serbie ait adopté un plan d’action pour mettre en œuvre une stratégie nationale contre la corruption, la Commission estime que la fraude reste très répandue et représente un grave problème. « Une Agence anti-corruption doit être mise sur pied et les plans anti-corruption doivent être complètement mis en application. » Le blanchiment d’argent constitue un autre problème préoccupant en Serbie, alors que la Commission considère que l’instauration d’un nouveau cadre légal a été lente. Une nouvelle législation et une stratégie de prévention du blanchiment d’argent et de financement du terrorisme doit toujours être adoptée. Alors que quelques progrès ont été faits dans la lutte contre le crime organisé, le rapport insiste sur le fait que cela pose un sérieux problème en Serbie et que des efforts supplémentaires sont nécessaires. Des avancées ont été constatées dans la lutte au trafic d’être humains en raison d’améliorations apportées à la coopération régionale et à l’adoption d’une stratégie nationale. Néanmoins, la « Serbie est un pays qui reste reconnu pour être une source, un transit et une destination » de ce genre de trafic. La condition général des droits de l’Homme et la protection des minorités se sont améliorées également, de telle sorte que la Commission considère que la Serbie est aujourd’hui relativement avancée en ce qui a trait à ses obligations dans ce domaine. Des améliorations ont été constatées dans la représentation des minorités dans les services public et dans l’usage des langues minoritaires. « La situation inter-ethnique en Voïvodine a continué à s’améliorer. La situation au sud de la Serbie est restée stable mais tendue. Toutefois, des tensions persistent au sein de la communauté albanaise et dans ses relations avec la population serbe », explique le document. Sur la question des minorités, le rapport ajoute que la situation dans le Sandjak s’est dégradée et signale une aggravation des divisions religieuses avec la communauté musulmane, ce qui a même mené à des incidents violents. La Serbie est aussi encouragée pour son rôle positif dans l’amélioration de la coopération régionale dans le Sud-Est de l’Europe. Belgrade est cependant critiqué pour son approche au Kosovo : en effet, les positions serbes sur cette question sont jugées contre-productives dans le rapport. Le rapport rappelle que la Serbie a rejeté la proposition de Marti Ahtisaari tout en affirmant que le Kosovo devait rester une partie intégrante de son territoire. « La Serbie a continué de décourager les Serbes du Kosovo de participer aux institutions provisoires et aux élections du gouvernement autonome du Kosovo », constate le rapport, qui ajoute que la Serbie a déjà appelé au boycott des prochaines élections législatives et municipales dans la province. Le document dit par ailleurs que l’économie a continué de croître fortement, mais les progrès du point de vue de la stabilité macro-économique ont été moins convaincants. En ce qui a trait aux critères économiques, la Serbie a fait quelques progrès dans l’établissement d’une économie de marché fonctionnelle. Enfin, « le nouveau gouvernement met l’accent sur son programme relatif à l’intégration européenne, mais les résultats sont mitigés », remarque la Commission. La façon professionnelle dont les négociations sur le Pacte ont été menées a été soulignée par le document. Le processus des pourparlers a d’ailleurs montré que la Serbie dispose des capacités administratives pour avancer sur la voie de l’intégration à l’UE. « La Serbie sera en bonne position pour mettre en application le futur Pacte si sa capacité est utilisée correctement », conclut le rapport.
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L’UE juge les pays des Balkans occidentaux : bulletin mitigé pour la Macédoine Traduit par Ivana Magdenoska Publié dans la presse : 7 novembre 2007 La Commission européenne vient de publier un rapport critique sur les réformes en Macédoine. Bruxelles salue les progrès dans le domaine de l’économie et de la lutte contre la corruption. Au pilori, l’absence de dialogue politique et la politisation de l’administration. Aucune date n’est pour l’instant avancée pour l’ouverture des négociations d’adhésion. Cela n’empêche pas le Premier ministre Gruevski de se livrer à un petit exercice d’autosatisfaction. Par Svetlana Jovanovska et Žana P. Božinovska Les tensions politiques en Macédoine ralentissent les réformes. Un dialogue politique constructif est nécessaire. Voici le message principal adressé à la Macédoine par la Commission européenne, ce mardi 6 novembre. La Commission a publié les rapports de suivi des réformes dans les pays candidats à l’adhésion dans l’Union européenne (UE) [1]. Le rapport ne recommande aucune date d’ouverture des négociations d’adhésion de la Macédoine. La Commission ne considère pas le rapport comme négatif, mais comme une image réelle de ce qui s’est passé dans le pays au cours des douze derniers mois. Négociations d’adhésion ? Le Commissaire Olli Rehn ne voit rien venir. Pour le Commissaire à l’Élargissement Olli Rehn, la Macédoine a fait des progrès dans la lutte contre la corruption, mais la construction d’un dialogue politique sérieux reste nécessaire. « Il y a des avancées dans la lutte contre la corruption », a déclaré Olli Rehn, citant un rapport de l’ONG Transparency International selon lequel la Macédoine se détache enfin du groupe des pays les plus corrompus au monde. Pour Olli Rehn, une progression plus profonde dans la lutte contre la corruption sera possible quand les réformes de la justice et de la police auront été adoptées. Mais tout cela exige un climat politique consensuel dans le pays. Le rapport décrit néanmoins la corruption en Macédoine comme « un problème très grave ». Il recommande de revoir et d’appliquer totalement la législation de lutte contre corruption. Ralentissement des réformes L’économie est le second domaine dans lequel la Commission souligne des progrès. Le rapport relève le développement accompli dans l’économie et le bon niveau d’avancement des réformes structurelles dans ce domaine. Mais ici encore, les faiblesses institutionnelles de la Macédoine ralentissent les progrès. Selon le rapport, les manques institutionnels créent des obstacles au bon fonctionnement de l’économie de marché et détériorent le climat des affaires. La Commission note également des progrès dans le processus de décentralisation et dans le domaine des droits de l’homme et des droits des minorités, à l’exception de la minorité rrom. La liberté religieuse est évaluée positivement, grâce à l’adoption de la nouvelle loi sur les communautés religieuses. Tout comme l’an dernier, Bruxelles considère que les reformes ont ralenti. Le rapport précédent expliquait ce ralentissement par le long processus électoral. Cette année, la Commission pointe l’incapacité des hommes politiques à déterminer des priorités et à s’unifier autour d’eux. Au loin, l’ouverture des négociations En ce qui concerne la date du commencement des négociations de l’association, Olli Rehn a refusé de donner son pronostic, répétant que la date dépendrait de la réalisation des réformes. L’obstacle principal à l’ouverture des négociations est l’administration publique trop politisée, trop peu efficace et trop faible. Bruxelles regrette l’absence de barrière entre le niveau administratif et le niveau politique, particulièrement lorsque l’on assiste à une alternance de gouvernement. Un « effort significatif pour la formation d’un service publique stable et professionnel » est nécessaire, selon Olli Rehn. Erwan Fouéré, représentant de la Commission européenne en Macédoine, a déclaré que, malgré ses faiblesses, le pays a les capacités nécessaires pour réaliser les réformes ouvrant la porte aux négociations d’adhésion. Il a appelé le gouvernement et les partenaires de la coalition à accepter le contenu du rapport. Il a également appelé l’opposition à coopérer avec le gouvernement dans un esprit de partenariat et de l’aider à atteindre le but : parvenir à la phase des négociations d’adhésion. Pour Erwan Fouéré, au mieux la Macédoine remplira les conditions et les critère de l’UE, au plus vite elle accèdera à l’adhésion. Il a appelé l’ensemble de la classe politique à considérer le rapport comme une base pour la construction d’un consensus politique. Il a également évoqué le boycott du Parlement par le BDI comme une faiblesse. Autre faiblesse à ses yeux : le manque de communication entre le Premier ministre et le Président de la République. [...] On fera mieux la prochaine fois « Le rapport de la Commission européenne sur les progrès de la Macédoine au cours de l’année écoulée est équilibré et contient ce qui s’est globalement passé au cours des douze derniers mois, vu de l’Union européenne », a déclaré le Premier ministre Nikola Gruevski après s’être concerté avec le représentant de la Commission Erwan Fouéré. Le Premier ministre a affirmé que le gouvernement avait travaillé de son mieux au cours de l’année écoulée, et qu’il avait fait tout ce qu’il pouvait. « Tout ce qui dépend uniquement du gouvernement, comme l’économie et la lutte contre la corruption est assez bien coté dans le rapport. Il existe des choses qui ne dépendent pas de nous, mais de l’opposition ou d’autres acteurs du pays. C’est plutôt dans ces domaines que des faiblesses sont relevées. A l’avenir nous ferons des efforts pour engranger des progrès dans ces domaines », a poursuivi Nikola Gruevski. Il a également souligné que le gouvernement analyserait attentivement le rapport et les recommandations qu’il contient, mais considèrerait aussi les propositions qu’il reçoit quotidiennement des citoyens, des entreprises, des ONG et des médias. « Nous continuerons à travailler avec enthousiasme, professionnalisme, dévouement et sens des responsabilités. Nous travaillerons beaucoup. Le lancement des négociations ne dépend que de nous », a affirmé Nikola Gruevski. Les priorités établies par le rapport Mettre en œuvre toutes les obligations de l’Accord de Stabilisation et d’Association. Promouvoir un dialogue constructif, particulièrement dans les domaines qui exigent un consensus entre les partis politiques au sein des institutions démocratiques. Assurer l’application effective de la Loi sur la Police. Constamment superviser les réformes de la Justice et le renforcement de l’indépendance des du pouvoir judiciaire. Protéger l’emploi et la carrière des fonctionnaires d’État de l’influence des partis politiques. Réduire le chômage. Poursuivre la mise en œuvre de l’Accord d’Ohrid. Respecter le Code électoral lors des élections présidentielles et des élections locales. Renforcer les pouvoirs du Parlement. Renforcer le contrôle intérieur des pouvoirs locaux. Renforcer le pouvoir des municipalités sur la gestion des terrains publics. [1] Le rapport de la Commission européenne sur la Macédoine est disponible en anglais en cliquant sur ce lien. [
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L’UE
juge les pays des Balkans occidentaux : Bosnie, l’échec des politiciens
divisés
Traduit par Stéphane Surprenant Publié dans la presse : 2 novembre 2007 Dans son rapport annuel, la Commission européenne juge sévèrement la Bosnie-Herzégovine : bons points pour la coopération avec le TPI et la mise en place d’une économie de marché fonctionnelle, mais le vrai problème demeure le manque de coopération entre les deux entités du pays (Republika Srpska et Fédération croato-musulmane). Les manques sont flagrants concernant les réformes institutionnelles, constitutionnelles et judiciaires. Par Gjeraqina Tuhina à Bruxelles La Commission souligne que la Bosnie-Herzégovine a échoué à mettre en œuvre l’agenda de ses réformes. Le blâme en revient en partie aux « arrangements institutionnels complexes, sans compter les Accords de Dayton et la rhétorique nationaliste ». La démocratie et l’application de la loi s’en ressentent aussi fortement. Les politiciens de Sarajevo et de Banja Luka - les capitales des deux entités autonomes de la Bosnie - sont critiqués parce qu’ils n’ont pas du tout le désir d’accroître leur champ d’action politique et de prendre davantage de responsabilités. « Des mesures urgentes sont nécessaires pour assurer un fonctionnement efficace aux divers niveaux des institutions de l’État », lit-on dans le rapport. De plus, la Commission déclare n’observer aucun progrès dans l’amélioration de la coordination entre l’État central et les deux entités du pays, la Republika Srpska des Serbes de Bosnie et la Fédération qui inclut essentiellement les Bosniaques (Musulmans) et les Croates. « La performance générale des institutions législatives et exécutives est demeurée insatisfaisante. Les discussions sur la réforme constitutionnelle sont au point mort », déplore le rapport. Par ailleurs, la Bosnie est parvenue à faire quelques progrès dans sa lutte contre la corruption, « laquelle reste répandue et constitue un sérieux problème ». La Commission considère qu’une action plus déterminée est nécessaire et note que la Stratégie nationale contre la corruption n’a pas été mise en œuvre de manière appropriée. Dans tous les pays des Balkans de l’Ouest, le manque de cohésion dans la lutte contre le crime organisé et la corruption demeure une source d’inquiétude pour la Bosnie. « Le cadre légal pour s’attaquer à la pègre est en place, mais l’application de la loi a besoin d’être revue », observe le rapport. En dépit du fait que la Bosnie a beaucoup réduit sa dépendance envers la communauté internationale en remplaçant les juges et les procureurs internationaux par des professionnels locaux, le rapport fait remarquer que « la fragmentation du système judiciaire et les disparités dans le cadre légal continuent de nuire aux procédures judiciaires ». Quant aux droits de l’Homme et à la protection des minorités, il s’agit toujours de sujets problématiques en raison, entre autres, de l’intolérance religieuse. « Des efforts supplémentaires sont nécessaires pour combattre l’intolérance et la discrimination ethnique », juge le rapport. Le rapport remarque que la coopération avec le Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPI) s’est améliorée, à tel point que « le niveau actuel est généralement satisfaisant ». Le rapport rappelle toutefois qu’une coopération complète avec le TPI constitue un pré-requis à la signature de l’Accord de stabilisation et d’association (ASA) par la Bosnie - une étape sur le chemin de l’intégration à l’UE - et recoupe les priorités des partenaires européens. Le rapport indique enfin que la Bosnie a un peu progressé dans la mise en place d’une économie de marché fonctionnelle. L’économie elle-même est en expansion rapide et la stabilité macro-économique générale a été préservée. Mais il existe toujours des menaces contre la viabilité fiscale. « La persistance d’un taux de chômage très élevé représente une source d’inquiétude majeure », lit-on dans le rapport. Le ralentissement des réformes est perçu comme le résultat d’un climat politique défavorable et d’un faible consensus sur les bases de la politique économique à suivre.
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La Bosnie recalée par l’Europe, le Haut représentant va se fâcher Traduit par Anela Barakovic Publié dans la presse : 16 octobre 2007 La Bosnie-Herzégovine ne signera pas son Accord de stabilisation et d’association avec l’Union européenne, à cause de l’échec de la réforme de la police. Le Haut représentant international Miroslav Lajcak dénonce l’attitude « irresponsable » des politiciens bosniens et pourrait prendre des sanctions. Deux partis sont directement visés : le Parti pour la Bosnie-Herzégovine de Haris Silajdzic, et les Sociaux-démocrates indépendants de Milorad Dodik. Par E. Zgodic et A. Prlenda Miroslav Lajcak Le Haut représentant Miroslav Lajcak a déclaré qu’il avait obtenu à Luxembourg le soutien absolu du Conseil des ministres européen pour toutes les actions qu’il entreprendra en Bosnie-Herzégovine. Miroslav Lajcak n’a pas précisé de quelles actions ils s’agissait, mais il a assuré qu’il aurait « beaucoup de travail » à son retour à Sarajevo. On peut donc essayer de deviner si sa dernière déclaration signifie bien qu’il utilisera tous les pouvoirs dont il dispose, et qu’il punira nos dirigeants. Ceux-ci ont fait de la Bosnie-Herzégovine l’unique pays, avec la Serbie, qui n’aura pas encore signé d’ici la fin de l’année l’Accord de stabilisation et d’association avec l’UE (ASA). Le rapport négatif sur notre pays rendu par Miroslav Lajcak et sa recommandation de reporter la signature de l’ASA sont une conséquence directe de l’échec de l’accord politique sur la réforme de la police. Le même jour, le Montenégro signait son ASA, alors que la Serbie recevait des critiques pour sa faible collaboration avec le Tribunal pénal international de La Haye. Les menaces d’isolement ont porté leurs premiers fruits, et Miroslav Lajcak a déclaré qu’il mettrait à part ses fonctions de Représentant spécial de l’Union européene dans notre pays, tandis que l’on peut s’attendre à d’autres conséquences de la « guerre froide » entre l’Union européenne et la Bosnie-Herzégoviner. Miroslav Lacak a souligné que « les politiciens bosniens se comportent comme si rien ne s’était passé, comme si l’on avait encore beaucoup de temps et que tout cela était un jeux d’enfants. Ce n’est pourtant pas le cas. Je suis un homme sérieux, et je prends mon mandat au sérieux. » Le Conseil européen réuni au Luxembourg a de nouveau déclaré que l’accord sur la réforme de la police, conforme aux trois principes européens, restait une priorité et l’une des condition nécessaire pour la signature de l’ASA. Le Conseil a également déclaré son plus profond regret que tous les politiciens de la Bosnie-Herzégovine n’aient pas montré la volonté d’arriver à un accord basé sur les trois principes de l’UE. Le Conseil a observé comment se sont déroulés les événements et appelle les politiciens du pays à faie preuve de responsabilité envers les habitants de la Bosnie-Herzégovine et leur désir de progresser sur le chemin de l’Europe. Qu’attendent donc les politiciens du pays ? Selon Beriz Belkic, vice-président du Parti pour la Bosnie-Herzégovine (SBiH), dirigé par le membre bosniaque de la présidence collégiale, Haris Silajdzic, la réunion de dimanche 14 octobre entre les dirigeants de son parti et ceux du parti des Sociaux-démocrates indépendants (SNSD) du Premier ministre de Republika Srpska, Milorad Dodik à Banja Luka, aurait dû montrer aux habitants de la Bosnie et à l’opinion internationale que deux partis importants peuvent discuter et touver des accords, même si les différences de points de vue sont énormes. Beriz Belkic n’a pas pas voulu commenter le fait que Miroslav Lajcak ait obtenu un soutien déterminé du Conseil européen. Il a exprimé son désaccord avec ceux qui pensent que le seul objectif de la réunion de dimanche était que le SBiH et le SNSD se présentent comme des partenaires coopératifs, afin d’éviter une éventuelle destitution de leurs dirigeants respectifs par le Haut représentant. « Je félicite le Montenégro pour la signature de l’ ASA et je ne peux qu’avouer mon plus profond regret que nous n’ayons pas réussi à arriver à ce point. Malheureusement, les délais qu’avait imposé le haut-représentant sont passés et il est trop tard pour y remédier », nous a déclaré Beriz Belkic. D’après lui, les présidents du SBiH et du SNSD, Haris Silajdzic et Milorad Dodik, en signant le protocole d’accord sur la réforme de la police, ont obtenu tout ce qui pouvait être obtenu en ce moment. Ainsi, la communauté internationale et l’opinion publique de notre pays devraient se montrer « plus compréhensives ». Au lieu de cette compréhension, ajoute Beriz Belkic, un troisième plan est apparu, le protocole Ljubic-Covic, qui était inacceptable aussi bien pour le SBiH que pour le SNSD. On aurait dû, souligne-t-il, signer ce sur quoi il était possible de se mettre d’accord, et régler ensuite les autres questions une par une. Néanmoins, c’est déjà une affaire du passé, et on s’attend à ce que Miroslac Lajcak se montre à l’avenir plus énergique et plus rigoureux envers ceux qui, selon lui, freinent le processus, notamment à l’égard de Haris Silajdzic et de Milorad Dodik, même s’ils ont essayé de se montrer sous jour plus favorable lors de leur réunion de dimanche à Banja Luka.
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Le
Monténégro signe son Accord de stabilisation et d’association avec l’Union
européenne
Traduit par Jasna Andjelic Publié dans la presse : 15 octobre 2007 La première étape importante sur le chemin de l’adhésion à l’UE est franchie - le Monténégro et l’Union européenne ont signé lundi à Luxembourg l’Accord de stabilisation et d’association (ASA). D’ici 2012, le Monténégro devra intégrer l’acquis communautaire, notamment en adoptant son système juridique aux exigeantes normes communautaires. Il reste encore un long chemin à faire pour le Monténégro, qui espère adhérer à l’UE en 2015... Par N. R. L’Accord a été signé, après la réunion du Conseil des ministres de l’UE par Zeljko Sturanovic, Premier ministre monténégrin, Luis Amado, chef de la diplomatie portugaise et président du Conseil de l’UE et Ollie Rehn, commissaire à l’élargissement, ainsi que par les ministres des affaires étrangères des 27 pays membres de l’UE. Puisque l’Accord sur la stabilisation et l’association n’entrera en vigueur qu’après sa ratification par chacun des 27 pays membres de l’UE, le Parlement européen et le Parlement monténégrin, ce n’est qu’un accord provisoire qui a été signé. Il entrera en vigueur le 1er janvier 2008, et son objectif est de permettre l’application immédiate des dispositions commerciales de l’ASA, ce qui ouvrira le marché européen aux produits monténégrins, avec l’abolition des droits de douane. Le marché monténégrin s’ouvrira progressivement aux produits européens au cours des cinq années à venir. Le texte de l’accord temporaire contient 80 % du contenu d’ensemble de l’ASA. La ratification par les Parlements européen et monténégrin suffira à son application, parce que le commerce relève du domaine de compétence de la Commission européenne. Avec la signature de l’Accord sur la stabilisation et l’association, le Monténégro a déjà dépassé l’Albanie sur le chemin vers l’UE, mais il se trouve encore derrière la Croatie qui négocie déjà son adhésion et la Macédoine qui a obtenu le statut du pays candidat. La Serbie et la Bosnie-Herzégovine ont terminé les négociations sur l’ASA, mais ne l’ont toujours pas paraphé à cause d’importants problèmes politiques. Le premier ministre Zeljko Sturanovic a estimé qu’il s’agissait d’une journée importante pour le Monténégro et que sa perspective européenne se transformait en une réalité accessible. Il a souligné que le Monténégro était cependant conscient que la signature de l’ASA n’était que le début d’un processus difficile. Zeljko Sturanovic a ajouté qu’il espérait que le Monténégro demanderait le statut de pays candidat dans la première moitié de l’année 2008 et qu’il prévoyait son adhésion en 2015, après l’adhésion de la Croatie et la Macédoine en 2012. « Le Monténégro est prêt à réalisr toutes les adaptations nécessaires. L’intégration européenne représente un processus de construction d’une démocratie stable, avec des institutions solides, garantissant les droits de la personne et des minorités, les libertés, le règne du droit et des principes de marché », a déclaré Zeljko Sturanovic. Le Premier ministre a annoncé que le gouvernement adopterait le Programme national pour l’intégration du Monténégro au début 2008. Ce texte va élaborer en détail et couvrir toutes les obligations dérivant des critères de l’adhésion - obligations politiques, économiques, juridiques et institutionnelles. « Maintenant, le plus important est de nous concentrer sur l’application de l’ASA, sur les réformes et le respect des obligations issues de l’Accord », a déclaré Ollie Rehn lors de sa conférence de presse commune avec Zeljko Sturanovic. Le président du Conseil de l’UE, Luis Amado, a souligné que « la véritable tâche et le véritable travail du Monténégro ne faisait que commencer ». « Il s’agit d’un accord cadre, qui ouvre le possibilités d’une coopération plus proche dans tous les domaines de la vie moderne et de la mise en oeuvre des organisations delutte contre la corruption », a déclaré Luis Amado.
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Échanges en Europe du Sud-Est : vers un Conseil de coopération régionale Traduit par Stéphane Surprenant Publié dans la presse : 8 octobre 2007 Le Pacte de stabilité pour l’Europe du sud-est est mort, vive le Conseil de coopération régionale ! Tel est le message d’Erhard Busek, coordinateur du Pacte, qui souligne les progrès effectués par les Balkans, l’importance des accords CEFTA de libre-échange et de l’appropriation des mécanismes de coopération par les pays de la région eux-mêmes. Telle sera la mission du Conseil de coopération régionale. Explications. Par Erhard Busek [1] Erhad Busek La coopération régionale a été un facteur décisif de reconstruction, de réconciliation, de stabilisation et de croissance économique dans le sud-est de l’Europe depuis la fin des années 1990. La coopération régionale a aussi constitué le projet central du Pacte de stabilité depuis sa création en 1999. Néanmoins, sept plus tard, le temps est venu de revoir le cadre du Pacte de stabilité, cela afin de l’adapter à l’évolution de la situation dans cette partie du monde. Le sud-est de l’Europe est aujourd’hui plus stable, économiquement viable, et il est devenu une région sûre. Certes, les divers pays de la région font face à plusieurs défis complexes, à commencer par l’issue que prendra la question du futur statut du Kosovo. Mais les progrès généralisés en matière de standards démocratiques, de stabilité macro-économique et d’amélioration de l’environnement sécuritaire signifient que la région est prête à prendre ses propres affaires en main, y compris dans le domaine de la coopération régionale. Ce principe phare a guidé la transformation du Pacte de stabilité pour le sud-est de l’Europe en une nouvelle entité, émanant de la région cette fois et gérée directement par elle, soit le Conseil de coopération régionale (CCR). Le mécanisme de transition consiste en un processus conjoint impliquant la communauté élargie du Pacte de stabilité, composée des États de l’Europe du sud-est ainsi que les principaux acteurs internationaux présents dans la région, et donne un nouvel élan au Processus de coopération du sud-est européen (SEECP), le principal cadre de consultation politique dans la région. Des décisions ont déjà été prises. Le CCR a un secrétaire général, Hido Biscevic, actuellement secrétaire d’État au ministère des Affaires étrangères de la Croatie, qui a été choisi par l’Europe du sud-est d’où il est originaire. Le secrétariat du CCR sera situé à Sarajevo. Enfin, le CCR disposera d’une base légale sous la forme d’une Entente de pays-hôte entre la Bosnie-Herzégovine et ses partenaires du SEECP, signée le 14 septembre à Plovdiv. Le Conseil d’administration du CCR, qui va assurer la direction stratégique et la supervision de l’entité, tiendra sa réunion inaugurale informelle à Sarajevo ce mardi 9 octobre. Il sera composé de représentants de tous les pays du sud-est de l’Europe, de certaines institutions européennes et d’éventuels commanditaires internationaux du CCR. Le lendemain, une cérémonie officielle célébrera à la fois le choix de Sarajevo comme siège du secrétariat du CCR et la récente signature de l’Entente de pays-hôte. Il s’agit là de signes très tangibles montrant que l’avenir de la coopération régionale prend forme. La transformation du Pacte de stabilité respecte un calendrier consensuel et le processus jouit du soutien total des États de la région et de la communauté internationale. L’Union européenne en particulier, d’ailleurs bien représentée au Conseil d’administration du CCR, a participé à toutes les phases de la transformation et contribuera financièrement au budget du secrétariat du CCR. L’UE considère la nouvelle entité comme comme son interlocuteur privilégié dans le domaine de la coopération régionale en Europe du sud-est. Cela démontre clairement l’importance que l’UE accorde à la coopération régionale. Cela signifie également que le CCR, en raison de la diversité de ses membres - dont la plupart sont déjà membres de l’UE, pays candidats ou pays candidats potentiels -, constituera un bon terrain d’entraînement en matière d’intégration européenne pour tous les pays impliqués. Mieux, le CCR prouvera encore une fois que la coopération régionale et l’intégration européenne sont deux processus complémentaires. La table est donc mise pour le transfert définitif des prérogatives du Pacte de stabilité au Conseil de coopération régionale, qui aura lieu en février 2008. Cependant, ces progrès dans la transformation du cadre général ne détourneront pas l’attention des chantiers considérables mis en branle dans plusieurs secteurs thématiques relativement au Pacte. Ces chantiers forment l’épine dorsale de la coopération régionale : libéralisation des échanges et promotion des investissements, coopération parlementaire et gouvernement en ligne, lutte contre le crime et la corruption, prévention des désastres naturels et des catastrophes causées par les humains. Le CEFTA pour la libéralisation des échanges Je voudrais seulement citer quelques exemples de projets concrets de la coopération en cours, projets qui ont mené à des réalisations qui serviront de balises. Une composante importante de la dimension économique de l’agenda de coopération régionale est le nouvel Accord de libre-échange d’Europe centrale (CEFTA 2006), qui a été ratifié par toutes les parties. La première rencontre du Comité conjoint de la CEFTA 2006 s’est tenu à Ohrid le 18 septembre et les différents ministres du Commerce ont pris des mesures en vue d’appliquer l’Accord. Ces mesures ?comprennent la mise sur pied de sous-comités de haut niveau afin de traiter des questions prioritaires comme l’agriculture, la coopération douanière et la levée des barrières tarifaires, de même que l’établissement d’une liste consensuelle de médiateurs qui pourront, en vertu de l’Accord, assister les parties dans le but de régler les différends si nécessaire. La libéralisation du commerce et des investissements est en effet la pierre de touche de la prospérité économique en Europe du sud-est. Elle est étroitement liée à l’attrait des investissements étrangers directs dans une région qui en a cruellement besoin, ainsi qu’à la promotion des investissements intérieurs et des flux de capitaux régionaux. La coordination, des mécanismes d’examen par les pairs et l’échange des meilleures pratiques entre les pays de la région joueront un rôle majeur dans l’amélioration du climat d’investissement, de même que dans l’identification et l’application des réformes vitales. Voilà l’objectif du Comité à l’investissement du sud-est de l’Europe, récemment entré en fonction. Cet outil moderne assiste les pays de la région dans le développement des programmes guidant leurs politiques et la mise en œuvre des réformes relatives au secteur des investissements, implantant ainsi en Europe du sud-est des mécanismes déjà adoptés par les économies les plus avancées du monde. Outre ces efforts, le travail effectué dans le domaine de l’information et des nouvelles technologies - crucial pour le développement de l’économie du savoir du futur - est encourageant. Les États du sud-est européen ont établi à l’Assemblée nationale de la Bulgarie un Point de convergeance sur la coopération parlementaire, qui facilitera le travail en réseau et l’échange d’information entre les parlements de la région. Cela dans le but d’augmenter leur coopération à différents niveaux et d’aider à améliorer le processus législatif dans toute la région, ainsi que la capacité des parlements à surveiller les activités de leur gouvernement - l’un des piliers de la démocratie moderne et l’une des condition préalable à tout rapprochement avec l’UE. Dernier point mais non le moindre, des mesures sont prises pour hausser significativement les capacités des pays de la région à répondre à des catastrophes naturelles ou d’origine humaine. Les incendies de forêt dévastateurs de cet été, de même que les grandes inondations dues aux crues du Danube et de ses affluents ces dernières années, sans compter la vulnérabilité de la région aux tremblements de terre, tout cela met en lumière les besoins criants d’une approche régionale concertée. Les pays du sud-est européen ont signé à cet effet le 24 septembre un Mémorendum de compréhension du cadre institutionnel pour la préparation aux désastres et l’initiative de prévention pour le sud-est de l’Europe (DPPI SEE). Ce Mémorandum va surtout améliorer la coopération régionale et la concertation dans le domaine de la gestion des catastrophes et engage les pays signataires à assumer davantage de responsabilités techniques et financières afin de prévenir les catastrophes et de préparer la gestion d’éventuels désastres. Toutes ces activités thématiques et ces initiatives sont, à l’heure actuelle, principalement gérées par la région et élaborées pour répondre aux priorités de coopération transfrontalières identifiées par la région. Alors que jusqu’à aujourd’hui cette coopération se déroulait dans le cadre du Pacte de stabilité, elle sera désormais placée sous le parapluie du CCR. En somme, la coopération régionale en Europe du sud-est gagne en énergie et en substance. Son importance est maintenant largement reconnue par la région elle-même, ce qui n’était pas le cas il y a quelques années. La transformation du Pacte en CCR catalysera une nouvelle énergie politique dans toutes les facettes de la coopration régionale. Le soutien international, loin de s’atténuer, va au contraire en être facilité et rendu plus concret, car la région va assumer des responsabilités plus directes. Du coup, travaillant de plus en plus ensemble pour s’attaquer aux problèmes communs, les pays du sud-est de l’Europe paveront la voie à un avenir européen - plus crédible et plus proche que jamais. [1] Erhard Busek est le Coordinateur spécial du Pacte de stabilité pour l’Europe du Sud-Est
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A la tête
de l'UE, la Slovénie veillera aux Balkans
Par Marja Novak et Zoran Radosavljevic Reuters - Jeudi 13 septembre, 19h15 LJUBLJANA (Reuters) - La Slovénie s'attachera, lorsqu'elle prendra en 2008 la présidence tournante de l'Union européenne, à obtenir une position commune aux 27 à propos du statut de la province séparatiste serbe du Kosovo, annonce un haut responsable du gouvernement. "Le Kosovo est avant tout une question européenne", a déclaré Janez Lenarcic, secrétaire d'Etat slovène aux Affaires européennes, lors d'une interview à Reuters. "Nous voulons aboutir à une décision sur le statut du Kosovo et nous voulons qu'elle soit unanimement suivie par les membres de l'Union européenne. Ces deux objectifs sont d'égale importance", a-t-il déclaré. L'UE est encore divisée sur le statut futur du Kosovo, certains Etats-membres craignant que son indépendance n'établisse un précédent en faveur des revendications d'autres mouvements séparatistes. La Slovénie souhaite orienter ses six mois de présidence vers les Balkans, la plus grande région d'Europe à ne pas encore faire partie de l'UE, et qui comprend l'Albanie, la Bosnie, la Macédoine, le Monténégro, la Croatie et la Serbie. "Nous voulons accélérer le processus de rapprochement de ces pays vers l'UE", a annoncé Lenarcic. Selon lui, la Slovénie devrait s'efforcer de fixer une date pour le début des négociations d'adhésion de la Macédoine. Mais il a ajouté qu'il ne serait pas réaliste d'envisager le début de ces pourparlers sous la présidence slovène. "On ne fixe pas une date du jour au lendemain. Il y a une procédure, cela prend du temps", a-t-il estimé. Ljubljana souhaite également aider la Croatie et la Turquie dans leurs processus d'adhésion. La Slovénie espère que la question du nouveau traité européen sera réglée avant le 1er janvier 2008. "Il est probable que le traité sera signé en décembre. Cela nous permettrait, au moins en partie, de nous atteler aux autres dossiers avec plus d'énergie", a espéré Lenarcic. Si ce n'est pas le cas, la Slovénie tâchera de le faire signer durant sa présidence, ce qui permettrait une ratification pour juin 2009, soit, comme prévu, avant les prochaines élections européennes.
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Schengen : l’Europe ouvre ses portes aux Macédoniens, mais pas la Grèce Traduit par Ivana Magdenoska Publié dans la presse : 19 septembre 2007 L’UE et les pays des Balkans occidentaux ont signé mardi un accord de libéralisation partielle du régime des visas. Frustration chez les citoyens macédoniens : cet accord ne résout pas les difficultés relatives à l’obtention du visa pour la Grèce, pourtant membre de l’espace Schengen. Par Elisabeta S. Ilievska A partir du premier janvier 2008, les citoyens macédoniens pourront voyager plus facilement dans les états membres de l’Union européenne (UE). La Macédoine et l’UE ont signé ce mardi 18 septembre un accord de facilitation des visas et un accord de réadmission. L’obtention du visa sera dorénavant plus facile pour les étudiants, les scientifiques, les travailleurs du secteur culturel, les sportifs, les hommes d’affaire et les touristes. L’accord ouvre également la possibilité de délivrer des visas de cinq ans pour les membres de délégations officielles, les parents proches de citoyens macédoniens en situation de séjour légal dans l’UE, les hommes d’affaire, les journalistes et les représentants des communautés religieuses. Mais une question reste ouverte : celle du double paiement des visas Schengen pour la Grèce. Selon Agneza Rusi, conseillère au Ministère des Affaires étrangères et coordinatrice de l’équipe de négociation avec l’UE, cette question pourrait prochainement être résolue grâce à un accord interne, le Code des Visas de l’UE, en cours de préparation. Ce Code traite du régime des visas avec les pays tiers. Agneza Rusi insiste sur un fait : l’accord précise que la facilitation de délivrance des visas n’est qu’une étape transitoire vers une libéralisation complète du régime des visas en ce qui concerne les citoyens macédoniens. Un processus qui devrait se dynamiser lorsque la Macédoine recevra une date pour le lancement des négociations d’adhésion. D’après la procédure législative de l’UE, l’accord doit encore être approuvé par le Parlement européen et par le Conseil de l’UE. Du côté macédonien, il doit être ratifié par le Parlement. L’accord prévoit également que la Bulgarie et la Roumanie
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jeudi 15 mars 2007, 18h07
Le Monténégro signe un accord de stabilisation avec l'UE PODGORICA (Reuters) - Le Monténégro a signé un Accord de stabilisation et d'association (ASA) avec l'Union européenne, première étape dans le processus d'adhésion, coiffant sur le poteau la Serbie, dont le rapprochement avec l'UE bute sur l'arrestation de criminels de guerre présumés. Le commissaire européen à l'Élargissement, Olli Rehn, et le Premier ministre monténégrin Zeljko Sturanovic ont signé l'accord à Podgorica, capitale du Monténégro. Rehn l'a qualifié de "porte ouverte vers la candidature à l'UE si le plan d'action est mis en oeuvre de manière efficace". "Tout dépendra du Monténégro et du progrès de ses réformes, notamment dans le domaine de la lutte contre la corruption, de la réforme du système judiciaire et de l'administration", a-t-il ajouté. Sturanovic a qualifié l'ASA de "moment charnière". Le Monténégro est moitié moins grand que la Belgique et compte 650.000 habitants.
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mercredi 22 novembre 2006, 3h33
Le mandat de la force de maintien de la paix européenne en Bosnie prolongé d'un an par l'ONU NATIONS UNIES (AP) - Le Conseil de sécurité des Nations unies a décidé à l'unanimité de prolonger d'un an le mandat de la force de maintien de la paix européenne en Bosnie, se satisfaisant des "signes tangibles" des progrès effectués par le pays dans le processus d'adhésion à l'Union européenne. La résolution adoptée mardi rappelle que la mise en application de l'accord de paix signé en 1995 à Dayton (Ohio) n'est pas encore totale, et souligne "qu'un retour compréhensif et coordonné des réfugiés et des personnes déplacées dans toute la région reste crucial pour une paix durable". La Bosnie a été dévastée par la guerre qui fait exploser l'ex-Yougoslavie. Ce conflit, le plus important en Europe depuis la Seconde guerre mondiale, a fait 260.000 morts et 1,8 millions de réfugiés. Plus de 60.000 soldats sous commandement de l'OTAN avaient été déployés en Bosnie fin 1995 pour soutenir l'accord de Dayton. La sécurité s'étant améliorée au fil des ans, les responsabilités de la force de l'OTAN avaient été transférées à un contingent de l'Union européenne, l'EUFOR. AP |
Kosovo
: après la MINUK, voici l’Union européenne (ICO)
Traduit par Thomas Claus Publié dans la presse : 21 novembre 2006 Quand la MINUK quittera le Kosovo... elle sera remplacée par l’ICO (International Civilian Office - Bureau civil international). Ses membres seront chargés par la communauté internationale de mettre en œuvre le statut à venir. Dotée d’un mandat plus restreint, elle laissera la plus grande partie du pouvoir aux autorités kosovares. Interview avec le diplomate norvégien Torbjorn Sohlstrom, qui dirige l’« Equipe de planification de l’ICO ». Propos recueillis par Alma Lama Pourquoi la présence internationale sera-t-elle nommée « bureau » et non plus « mission » après la définition du statut du Kosovo ? Quelle est la différence dans l’usage des termes ? Nous avons posé ce choix afin de souligner le changement. A l’avenir, la présence internationale sera beaucoup plus limitée que la MINUK à l’heure actuelle. Elle sera limitée en nombre, limitée dans ses objectifs, limitée dans les pouvoirs qui lui seront attribués. On peut utiliser une métaphore footballistique. La MINUK était propriétaire d’une équipe de football nommée Kosovo. Bientôt, la communauté internationale n’aura plus que le rôle d’entraîneur. La MINUK n’a pas bonne réputation au Kosovo. S’agit-il d’une des raisons pour lesquelles vous avez décidé de changer la dénomination de la présence internationale ? Je souligne que la MINUK a été le résultat d’un moment historique particulier. La future présence internationale sera différente. Il y aura un Kosovo différent, et l’engagement international parviendra à créer un lien fort avec les autorités kosovares. Votre mandat sera de mettre en œuvre l’accord sur le statut que proposera Martti Ahtisaari ? Nous aurons évidemment notre « mission ». Le Kosovo aura également sa « mission ». La nôtre sera de mettre en œuvre la résolution sur le statut et de se diriger vers l’intégration européenne. Nous avons utilisé le mot « bureau » parce qu’il parvient selon nous à susciter clairement l’idée d’une présence limitée en nombre et en pouvoir. Parce que nous croyons qu’à l’avenir ce ne sera pas à la communauté internationale d’administrer le Kosovo, mais aux représentants librement élus par les citoyens kosovars. Quel type de relations y aura-t-il entre l’ICO et les institutions locales ? Une grande proximité. C’est déjà ce qui se passe au cours de l’actuelle phase préliminaire. Nous avons déjà réalisé des centaines de rencontres avec des représentants des institutions kosovares et avec l’équipe des négociateurs kosovars à Vienne afin de discuter de ces questions. Il s’agit de partenaires très proches, et ce sera encore le cas après la définition du statut. C’est notre approche. Je souligne que la communauté internationale, aussi bien que les autorités kosovares, désire que l’accord sur le statut soit mis en œuvre le plus rapidement possible, afin que le Kosovo puisse avancer vers l’intégration européenne. Nous partageons les mêmes objectifs, nous partageons les mêmes efforts. Le Kosovo aura un autre « administrateur », similaire à l’actuel ? Ce ne sera pas un international. La personne qui aura les principales responsabilités dans l’administration du Kosovo sera le Premier ministre. La communauté internationale aura un mandat différent, beaucoup plus limité que son mandat actuel. Donc non, il n’y aura aucun administrateur international. Prenons un exemple. L’Assemblée du Kosovo approuve une loi. L’office de l’ICO pourra-t-il l’abroger ? La MINUK l’a fait plusieurs fois au cours des dernières années... La définition exacte des pouvoirs de l’autorité de la communauté internationale au Kosovo dépendra des négociations sur le statut. Je ne peux donc donner aucune réponse claire. Il faut attendre jusqu’à ce que la résolution sur le statut soit adoptée par le Conseil de Sécurité. Mais je peux déjà dire deux choses : dans 90% des cas, la réponse sera non, la communauté internationale ne pourra pas intervenir de cette manière, elle n’aura qu’une autorité limitée dans les secteurs clés relatifs à la mise en œuvre du statut. Et nous savons tous quels sont ces secteurs : ce sont ceux qui ont été discutés à Vienne. Sur ces thèmes, il est possible que la communauté internationale ait le mandat nécessaire pour intervenir si les autorités locales agissent de manière contraire à ce qui a été prévu dans les accords sur le statut. L’une des questions principales discutées à Vienne a été celle de la décentralisation administrative. On sait que plusieurs zones deviendront des municipalités bien qu’elles ne correspondent pas aux critères généraux fixés pour la décentralisation. Mais les conditions peuvent changer dans quelques années, et avec elles les frontières des municipalités. Vous interviendrez pour abroger d’éventuelles interventions dirigées en ce sens par les autorités kosovares ? Nous croyons que les nouvelles municipalités qui seront créées ont de bonnes chances de fonctionner avec succès. Nous soulignons que l’Assemblée du Kosovo doit adopter une législation qui rendra cela possible, et nous nous attendons à ce que les leaders locaux du Kosovo s’impliquent dans la création de ces municipalités. Par exemple, en Macédoine, il y a beaucoup de municipalités bien plus petites que celles qui seront probablement proposées par Ahtisaari dans son document de résolution de la question du statut. Cela n’exclut pas que, au cours des prochaines années, une fois que le processus sera lancé, on puisse en venir à la décision de revoir certaines délimitations municipales et que de nouvelles idées puissent être proposées. Mais en ce qui concerne la période suivant la définition du statut, nous nous attendons à ce que les autorités kosovares, tant au niveau central que local, mettent rapidement en œuvre les accords. Les leaders kosovars désirent tous que la communauté internationale se voie attribuer un rôle consultatif, mais non décisionnel. La mission de l’Union européenne (UE) aura-t-elle un rôle décisionnel ? La communauté internationale n’administrera pas le Kosovo, et je le répète donc : nous encadrerons, nous observerons, nous adapterons et, si nécessaire, dans quelques régions clés, nous interviendrons si d’autres ne font pas leur travail. Au cours des discussions de Vienne, le secteur judiciaire n’a pas été abordé. Ce secteur est un problème sérieux pour lequel, me semble-t-il, ce seront encore les internationaux et non les juristes locaux qui traiteront les cas les plus sensibles... Il y a deux secteurs clés dans l’engagement international au Kosovo. L’un de ces secteurs est crucial : il s’agit de la définition du statut. Ce secteur a été discuté à Vienne. Le second est l’Etat de droit. Ce thème n’a pas été beaucoup abordé dans les discussions sur le statut, mais toute personne vivant au Kosovo sait que c’est un problème majeur, et que la communauté internationale lui portera une attention particulière pour un certain nombre d’années. Combien ? Nous ne le savons pas. Cela dépendra de la capacité des représentants locaux à s’occuper d’autres questions plus délicates. L’ICO ne comptera probablement pas plus de cent internationaux. Mais nous pensons que ce nombre pourra être réduit avec le temps. L’ICO sera une structure bien plus petite que la MINUK, entre autre parce que les objectifs de la mission seront différents et plus limités. Par ailleurs, il y aura dans la région une mission dépendant de l’UE, qui travaillera dans le secteur de l’ordre public et qui conseillera également les institutions locales afin de les aider à affronter les questions les plus délicates sur la justice et la police. Ce sera une mission de l’UE ou de l’ONU ? On passe d’une présence de l’ONU et de New-York à une présence plus proche de Bruxelles, de Washington et des capitales du Groupe de Contact. Je pense qu’il s’agit d’un développement tout à fait normal. Des liens avec l’ONU seront maintenus parce que la résolution qui sera adoptée par le Conseil de Sécurité établira probablement que, dans tous les cas, la présence internationale restera fondée sur un mandat de l’ONU. Quel type de liens ? Le mandat de la future présence internationale dépendra de ce qui aura été défini par le Conseil de Sécurité. Mais les dates, les contacts et le guidage politique du processus entier dépendront de Washington et Bruxelles et non des Nations Unies. Quelles relations y aura-t-il entre l’ICO et l’UE ? Des relations très fortes. Une grande partie du staff de l’ICO viendra directement des Etats membres de l’UE. Cette structure sera probablement bicéphale - c’est ainsi qu’on la définit en jargon diplomatique. Cela signifie qu’elle aura deux mandats : l’un émis par la communauté internationale dans toute son extension, et l’autre émis par l’UE. Et c’est Bruxelles qui décidera qui sera le représentant spécial de l’UE au Kosovo. Y aura-t-il encore au Kosovo des policiers provenant d’autres parties du monde, comme par exemple de pays en voie de développement ? La structure exacte de la présence internationale n’a pas encore été définie. Je crois qu’il y aura des changements à ce sujet. Le futur staff international sera surtout européen. Mais il y aura une implication importante de la part des Etats-Unis. Il est difficile pour moi de dire quels pays seront impliqués et quels pays ne le seront pas. Il est trop tôt. Qui nommera le dirigeant de l’ICO ? Les principaux représentants des intérêts internationaux. En d’autres mots, les membres du Groupe de Contact. Comment sera désigné ce dirigeant ? Nous ne sommes pas encore sûrs, son statut n’a pas encore été défini... mais selon nos projets, il devrait s’appeler le Représentant civil international. Cette présence internationale aura donc un rôle avant tout consultatif... Oui. La communauté internationale voit son rôle à venir comme celui de consultant. Cependant, il est vrai que, sur certains points, elle aura le pouvoir d’intervenir directement. Mais laissez-moi révéler un secret : ce sont les membres du groupe de négociation kosovar qui ont demandé à de nombreuses reprises à Vienne qu’il en soit ainsi.
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Le
Conseil européen des 15 et 16 juin et les « Balkans occidentaux »
Publié dans la presse : 19 juin 2006 L’élargissement de l’Union européenne a été un des principaux dossiers traités par le sommet européen des 15 et 16 juin. Le Conseil a rejeté les propositions françaises et autrichiennes visant à limiter les procédures d’élargissement et s’est engagé en faveur d’une Serbie « pacifique et prospère ». Le Conseil a rejeté la proposition faite par la France et l’Autriche de faire entrer la « capacité d’absorption » parmi les critères de l’élargissement à de nouveaux candidats. Il a aussi refusé de subordonner l’acceptation de ces candidatures à l’établissement de nouvelles règles constitutionnelles, indiquant toutefois qu’un nouveau traité donnerait un meilleur cadre à l’entrée de nouveaux Etats dans l’Union. Il a néanmoins noté que le « rythme de l’élargissement devait tenir compte de la capacité d’absorption de l’Union », cette notion restant à définir par la Commission dans son prochain rapport sur la question. On doit rappeler le rôle particulier de la France dans le freinage du processus d’adhésion de nouveaux pays à l’Union européenne, l’admission ne pouvant plus être refusée à la Bulgarie, la Roumanie et la Croatie, qui échappent ainsi au référendum d’approbation exigée par l’amendement à la Constitution proposé par Chirac et accepté, sans discussion, par le Parlement français en février 2005. Il n’existe d’ailleurs, en France, à ce sujet aucun désaccord entre la majorité et l’opposition, les partis paraissant ignorer que les « Balkans occidentaux » existent en Europe, comme en témoignent les quelques lignes consacrées à l’élargissement dans le projet de programme du PS : « Mais la crédibilité même de l’Europe exige une clarification et une définition de ses frontières. L’élargissement doit dans un premier temps se limiter à l’examen des cand idatures actuelles dans le respect des critères exigés, qu’ils soient démocratiques, économiques ou sociaux. Au-delà des frontières de l’Union, peut être proposé un partenariat stratégique aux Etats voisins, et notamment aux pays de la rive Sud de la Méditerranée ». Aucun des pays des « Balkans occidentaux », à l’exception de la Croatie et peut-être de la Macédoine, ne jouissant actuellement du statut de candidat , c’est toute la région, même pas nommée, qui se trouve volatilisée. On mettra en parallèle le refus opposé par Jacques Chirac à la demande exprimée par le chef du gouvernement italien Romano Prodi,lors de sa récente visite à Paris, de considérer l’intégration des Balkans à l’Europe comme une priorité. La majorité des dirigeants et experts européens ont heureusement une vision plus informée de la carte et de la réalité de notre continent. On trouvera ci-dessous le texte de la déclaration du Conseil européen relative aux « Balkans occidentaux ». La déclaration du Conseil « Le Conseil européen a réaffirmé qu’il soutenait sans réserve le programme défini lors du sommet de Thessalonique en 2003 et le processus de stabilisation et d’association. Une Serbie pacifique et prospère, parfaitement intégrée à la famille des nations européennes, est très importante pour la stabilité de la région. Le Conseil européen rappelle par conséquent que l’Union européenne est prête à reprendre les négociations avec la Serbie sur un accord de stabilisation et d’association dès que la coopération avec le TPIY sera pleine et entière. L’Union européenne continue d’apporter son soutien aux discussions qui se tiennent actuellement sur le statut futur du Kosovo, sous la houlette de l’envoyé des Nations unies, M. Martti Ahtisaari, et elle souligne qu’il est essentiel de progresser sur la voie de la mise en œuvre de normes au Kosovo. En étroite consultation avec les acteurs clés au niveau international, l’Union européenne se déclare prête à renforcer son rôle au Kosovo une fois que le statut sera déterminé, en particulier dans les domaines de la police, de l’État de droit et de l’économie. L’Union européenne et ses États membres sont déjà convenus de développer leurs relations avec le Monténégro, État souverain et indépendant. Le Conseil européen invite tant la Serbie que le Monténégro à mener un dialogue direct et constructif sur leurs relations futures. L’Union européenne continuera à aider la Bosnie-Herzégovine à assurer la stabilité et à progresser dans les réformes essentielles qu’elle a entreprises. Elle engage les autorités bosniaques à veiller à ce que des progrès réels et tangibles soient réalisés dans la mise en œuvre de la réforme de la police afin de maintenir la dynamique du processus de stabilisation et d’association. Le Conseil européen souligne l’importance de procéder à une réforme constitutionnelle. Le Conseil européen invite toutes les parties dans l’ancienne République yougoslave de Macédoine à veiller à ce que les élections législatives du 5 juillet se déroulent conformément aux normes internationales. Le Conseil européen se félicite de la signature de l’accord de stabilisation et d’association avec l’Albanie et engage celle-ci à faire avancer son programme de réforme. Le Conseil européen encourage vivement la coopération régionale, notamment par le biais du processus de coopération en Europe du Sud-Est. Il se félicite de l’initiative en faveur d’une zone régionale de libre-échange lancée à Bucarest le 6 avril et de la signature de l’accord sur un espace aérien commun européen avec les pays de la région le 9 juin, et salue les progrès du processus de ratification du Traité instituant la Communauté de l’énergie dans l’Europe du Sud-Est. L’Union européenne continuera à étayer ses politiques en faveur des Balkans occidentaux par une aide financière proportionnée, notamment par le biais de l’instrument d’aide de préadhésion qui sera mis en œuvre l’an prochain. Le Conseil européen est conscient que la question de la simplification des procédures en matière de visas est particulièrement importante pour les habitants des pays de la région. L’Union européenne espère donc adopter des mandats de négociation concernant cette simplification et les accords de réadmission dans le courant de l’année, conformément à l’approche commune relative à l’élaboration de la politique de l’UE concernant la simplification du régime des visas arrêtée en décembre 2005, afin que les négociations puissent être achevées dans les plus brefs délais, de préférence en 2007, ou plus tôt dans la mesure du possible ». L’Europe veut des réformes en Bosnie-Herzégovine On remarquera que, s’agissant de la Bosnie-Herzégovine, les ministres européens se sont adressés aux dirigeants « bosniaques » (lire « bosniens ») dans leur ensemble, pour leur demander de procéder aux réformes indispensables à une avancée plus rapide des négociations en cours pour la signature d’un accord de stabilisation et d’association. Sur place, à Sarajevo, les envoyés de l’Union, le Haut-Représentant Schwarz-Schilling, comme le chef de l’Office de la Commission pour les « Balkans occidentaux », Reinhard Priebe ont, une nouvelle fois, clairement désigné les dirigeants de la RS, comme responsables du blocage permanent des réformes, celle de la police entre autres, mais pas seulement. Christian Schwarz-Schilling a notamment dénoncé le boycott des travaux parlementaires par les députés de la RS au prétexte que la Commission d’enquête sur les crim es commis à Sarajevo pendant le siège n’avait pas été formée. Les membres de celle-ci sont maintenant tous désignés, mais des représentants serbes contestent encore des nominations. Les investigations de cette commission porteront sur les délits et crimes de toute nature commis pendant la période du siège dans les limites des municipalités du Sarajevo de l’avant-guerre. Pendant ce temps, la polémique déclenchée par les déclarations de Milorad Dodik sur un éventuel référendum de séparation de la RS ne retombe pas. Le Premier ministre de l’entité serbe est allé chercher un soutien en Russie, où il a obtenu une assurance réaffirme de la fidélité de Moscou aux accords de Dayton. Après avoir tenté de limiter la portée de ses propos, il dit maintenant ne pas regretter de les avoir tenus. Le Président du DSS (parti démocratique serbe), formation du Premier Ministre de Serbie, Vojislav Kostunica, prédit, de son côté, que le refus de considérer la BH comme un Etat fédéral ou toute tentative de l’unifier violeraient, selon son interprétation, les accords de Dayton et « pourraient conduire à de tragiques événements comme ceux qui se sont produits en 1992 ». On attend la suite des proclamations de ce genre et la réaction qu’elles devraient provoquer de la part des responsables internationaux chargés de maintenir la paix dans la région, alors que la déclaration de l’UE, ci-dessus reproduite, en appelle à une Serbie « pacifique ». |
Élargissement européen aux Balkans : allons-y tout doucement...
Traduit par Pascal Pichon
Publié dans la presse : 28 mars 2006
Le Parlement européen a adopté le rapport Brok sur la stratégie pour l’élargissement présenté par la Commission. La capacité d’absorption de l’Union reste « une des conditions pour l’adhésion de nouveaux pays ». L’ombre du référendum franco-hollandais pèse sur les nouveaux candidats. Par Rosita Zilli Le Parlement européen a adopté le 16 mars dernier à une large majorité le rapport de l’allemand Elmar Brok, membre du Parti populaire et président de la Commission des Affaires Etrangères, sur la stratégie pour l’élargissement présenté par la Commission européenne. Bien qu’accueillant avec satisfaction le lancement de réformes en Turquie, Croatie et dans tous les pays des Balkans occidentaux, le Parlement de Strasbourg a partagé l’accent posé par l’Exécutif de l’Union sur la nécessité de définir des critères clairs et objectifs pour chaque phase du processus d’adhésion et de poursuivre les négociations seulement dans le cas où « toutes les conditions aient été satisfaites ». Dans sa déclaration, Elmar Brok rappelle que la capacité d’absorption de l’Union « reste une des conditions pour l’adhésion de nouveaux pays ». Une notion controversée qu’est celle de la « capacité d’absorption », pour laquelle il a été demandé à la Commission de présenter avant le 31 décembre 2006 un rapport qui en énonce les fondements avec clarté. Mais à Strasbourg on a également parlé de l’état dans lequel se trouve le processus de ratification du Traité européen, véritable épine dans le pied de l’Union, et des inquiétudes de l’opinion publique européenne en matière d’élargissement et d’intégration ; thèmes sur lesquels les députés européens ont invité les Etats membres et la Commission à élaborer une stratégie de communication commune. Le rapport Brok ne s’est pas non plus privé d’un rappel précis au Conseil, invité à garantir la disponibilité de justifications adéquates avant d’adopter des décisions définitives en matière d’adhésion d’autres Etats membres. Critères technocratiques donc, mais pas seulement. Les eurodéputés ont en effet réaffirmé la nécessité que les Etats candidats et les autres Pays des Balkans occidentaux s’engagent à respecter sans conditions les principes fondamentaux de liberté, démocratie, respect des droits de l’Homme et de l’Etat de droit. Turquie : droits de la personne, liberté de culte et reconnaissance de Chypre Une Turquie « démocratique et laïque » peut remplir un rôle constructif dans la promotion de l’entente entre les civilisations : telle est l’opinion du Parlement Européen sur l’éternel prétendant à l’Union. Mais le jugement sur les progrès faits jusqu’à présent laisse un peu à désirer, et il en ressort le portrait d’une Turquie dont le rythme de changement a ralenti en 2005 et dont la réalisation des réformes reste inhomogène. Les droits de la personne, les droits aux libertés fondamentales, à l’Etat de droit et à la démocratie : ce sont quelques-uns des points sur lesquels le gouvernement d’Ankara est appelé à concentrer ses principaux efforts. Au sujet de la question kurde, la Commission voit d’un bon œil les observations positives du Premier ministre Erdogan autour de la nécessité de résoudre la question par le biais démocratique. Des observations ont été faites sur la sécurité dans le sud-est du pays, où la situation semble s’être détériorée, en raison du cas chypriote. Les députés, bien qu’appréciant l’accord obtenu sur l’assistance financière de la communauté turco-chypriote, rappellent à la Turquie que la reconnaissance de tous les Etats membres constitue une condition sine qua non dans le processus d’adhésion et qu’il faut en outre abolir toutes les restrictions à la libre circulation des biens en rapport avec Chypre. Croatie : réformes judiciaires, barrières à l’initiative privée et retour des réfugiés Le Parlement Européen a exprimé sa satisfaction quant à la décision de l’Union de lancer les négociations d’adhésion avec la Croatie et a demandé à Zagreb de poursuivre dans l’urgence la mise en place du programme de réformes, de maintenir la pleine collaboration avec l’AJA et d’intensifier ses capacités administratives et judiciaires, avec pour référence particulière la lutte contre la corruption. De plus, recevant un amendement proposé par les Députées Napoletano et Angelilli, le Parlement européen a demandé aux autorités croates de permettre à tous les citoyens de l’Union Européenne l’accès au marché immobilier. La déclaration ne s’épargne pas une motion sur les réfugiés, à qui doit être assuré un retour définitif, et la nécessité de mettre en service des initiatives attendues et d’assurer la réconciliation entre les divers groupes ethniques. Macédoine : de nombreux retards La salle des séances de Strasbourg a accueilli avec plaisir la décision du Conseil d’accorder à l’ex-République Yougoslave de Macédoine le statut de pays candidat, mais s’est déclarée préoccupée par les retards enregistrés dans des secteurs comme la libre circulation des biens, le droit à la propriété intellectuelle, la politique de concurrence et le contrôle financier. Le Parlement Européen a en outre invité l’ex-République Yougoslave à obtenir avec la Grèce une solution rapide au problème encore irrésolu du nom du pays, question toutefois non retenue préjudiciable au parcours vers l’intégration. Balkans occidentaux : la voie de l’Europe Le Parlement a soutenu sans réserves les conclusions de la direction de Salonique de juin 2003, dans lesquelles est affirmé que les pays des Balkans occidentaux « deviendront partie intégrante de l’UE une fois satisfaits les critères établis ». Pour les députés, la stratégie d’intégration européenne doit être considérée comme « la motivation fondamentale » pour réaliser les réformes nécessaires dans le but de la stabilité et d’une paix durable dans les Balkans occidentaux. Un système administratif et judiciaire efficace, un système éducatif moderne et non discriminatoires et des mesures d’insertion sociales et économiques pour les rapatriés devraient être les points-clés sur lesquels lancer la future stratégie de l’Union dans la zone. Quant à eux, les Députés Européens ont ajouté la nécessité de parvenir à une politique des visas plus orientée à l’avenir, recentrée sur une lutte contre le crime organisé qui ne soit pas non plus préjudiciable aux échanges transfrontaliers entre entreprises, représentants sociaux, personnels universitaires et étudiants. Pour l’Albanie, les députés s’attendent à des résultats tangibles dans la lutte contre la corruption et dans la promotion des moyens d’information libres et indépendants, ainsi qu’une modification des lois électorales. A leur avis, l’action de la Commission dans le pays devrait se concentrer en particulier sur la résolution de la plaie des conflits familiaux. Bosnie-Herzégovine, Serbie-Monténégro et Kosovo Le Parlement européen a exprimé sa satisfaction concernant l’ouverture de négociations pour les accords de stabilisation et association avec la Bosnie-Herzégovine. Les députés ont toutefois demandé au pays une révision des accords de Dayton qui portent sur un transfert de compétences dans les secteurs de la justice, de la défense et de la police supporté par des ressources financières adéquates et qui combine démocratie et efficacité avec délégation et multi ethnicité. Ils ont aussi rappelé qu’une pleine collaboration avec le TPI de La Haye « reste une condition sine que non pour les négociations avec l’Union ». La question de la présence internationale sur le territoire a aussi été abordée, avec une demande forte au Conseil et à la Commission afin qu’ils préparent assurément la transition vers une situation où il n’y ait plus la présence d’un haut représentant. En ce qui concerne la Serbie et Monténégro, Strasbourg a été élogieux au sujet des progrès réalisés par Belgrade dans la coopération avec le Tribunal Pénal International pour l’ex-Yougoslavie, même s’il rappelle la nécessité que de tels rapports de collaboration aient lieu inconditionnellement et à tous les niveaux. Sur le Kosovo, le Parlement a finalement bien accueilli le fait que les premières réunions de négociations se soient passées dans un climat de respect réciproque, mais a exprimé sa préoccupation sur la situation des relations interethniques et des droits des minorités. Les députés ont rappelé que la situation au problème du statut pourra faire ressortir seulement un Kosovo multiethnique, dont l’intégrité territoriale sera garantie par l’ONU et l’Union Européenne. |
Zëri L’Union européenne, les États-Unis et le statut du Kosovo Traduit par Belgzim Kamberi Publié dans la presse : 31 mai 2005 Après l’échec du référendum français sur la Constitution européenne, la presse albanaise du Kosovo s’interroge sur les stratégies de l’Europe et des USA par rapport à la question urgente du statut du Kosovo. Par l’équipe de Zëri Les prévisions se sont avérées bien réelles, les partisans de la Constitution européenne en France sont minoritaires. Le référendum de ce dimanche 29 mai l’a montré, avec un peu plus que 45% de oui. L’un des six pays fondateurs vient ainsi de stopper le processus de construction européenne, qui devait se conclure par la création d’un super Etat européen. Aujourd’hui en Europe, le plus grand partisan de cet Etat, qui devrait concurrencer la prééminence politique et économique des Etats-Unis, n’est autre que le Président français Jacques Chirac. Mais voilà, cette idée vient d’être mise à mal, et justement en France. Malgré tout, ce blocage ne saurait être définitif. Ce super Etat se créera un jour, avec une Constitution à laquelle se soumettront tous les Etats membres (25 actuellement). Mais, pour y parvenir, il faudra sans doute plus de temps que prévu. Le non Français, qui risque d’être suivi par un non Néerlandais, va obliger Bruxelles à se préoccuper plus de son organisation interne que de deux questions stratégiques primordiales : l’Ukraine et le Kosovo. On sait que depuis l’année dernière, l’UE supervise le développement de la Bosnie-Herzégovine, et notamment le domaine militaire (L’EUFOR a remplacé la SFOR). L’UE, par l’intermédiaire de Javier Solana, compte jouer un rôle de premier ordre dans les négociations du statut politique du Kosovo qui doit débuter en octobre, afin de mettre en évidence le partenariat stratégique avec les États-Unis. Cette idée de collaboration a été avancée par la Secrétaire d’Etat Condoleezza Rice et son vice Secrétaire pour les questions politiques, Nicolas Berns. Ils ont fait savoir qu’un grand chantier est en cours au Kosovo nécessitant une coopération intense entre Washington et Bruxelles. Les négociations vont s’ouvrir lors d’une période difficile pour l’Union Européenne. Ce fait est inquiétant pour le Kosovo, parce que l’UE doit y jouer un rôle essentiel en offrant des avancées politiques et économiques à Belgrade, en contrepartie de son accord concernant le nouveau statut du Kosovo. La perspective de l’intégration de la Serbie à l’Union Européenne reste garantie à long terme. En vue de celle-ci, la nouvelle donne à Bruxelles n’aura sans doute pas de conséquences négatives profondes, mais il est par contre certain que le contexte actuel limitera le pouvoir de l’UE dans le processus de détermination du statut Kosovar. Le temps joue donc en faveur des Etats-Unis, lui assurant un rôle dominant. |
La Serbie, nouvelle « frontière
extérieure » de l’Union Européenne Publié dans la presse : 3 septembre 2004 Les institutions européennes veulent sérieusement investir pour assurer la sécurité des frontières de la Serbie, considérées comme une porte d’entrée pour les immigrants illégaux. Reportage à Zajecar, sur la frontière entre la Serbie et la Bulgarie. Par Daniel Sunter À Zajecar, sur la frontière entre la Serbie et la Bulgarie, à la tombée de la nuit, les voitures alignées attendent patiemment que les douaniers vérifient les documents pour passer d’un pays à l’autre. La plupart des Serbes qui passent la frontière bulgare vont faire des achats ou partent en vacances sur les bords de la Mer Noire. Pour les Bulgares, par contre, la Serbie n’est qu’une zone de transit vers l’Ouest. Ces voyageurs ont l’air bien innocents, et de fait ils le sont, car bien que cette zone frontalière soit un casse-tête pour la sécurité de l’UE, les problèmes ne sont pas ici, mais un peu plus haut dans les collines boisées qui entourent la ville de Zajecar. Nuit après nuit, les trafiquants d’êtres humains et les demandeurs d’asile venant d’Irak, d’Afghanistan, de Turquie et d’ailleurs, marchent vers l’Ouest à la faveur de l’obscurité, utilisant la frontière poreuse et mal gardée comme une porte vers le paradis occidental. Ils ont choisi ce passage parce que, contrairement aux frontières situées plus au nord, entre la Serbie et la Roumanie, il n’y a pas ici de fleuve séparant les deux États, mais des collines boisées traversées par de multiples sentiers secrets. Pendant des années, ce trafic caché a prospéré sans contrôle, mais les Choses vont maintenant changer. Avec l’entrée de la Hongrie dans l’UE, la Serbie est devenue, selon les termes d’un expert international travaillant dans ce pays, « la frontière extérieure de l’Union Européenne ». Lutter contre le trafic d’êtres humainsEn septembre, le ministre de l’Intérieur de Serbie et l’OSCE doivent signer un accord fondamental pour lutter contre les trafiquants. Un mémorandum sur la réforme des forces de police, qui doivent rapprocher celles-ci des normes européennes, comprend une section cruciale consacrée au renforcement de la police des frontières pour empêcher le trafic illicite des biens et des personnes. L’OSCE doit fournir un ensemble connu sous le nom de « Système de direction intégrée de la police des frontières », pour aider la Serbie à améliorer sa police des frontières, à démilitariser les patrouilles de surveillance et à moderniser les postes frontières. La signature de ce document sera le premier d’une série de mesures que l’UE et la communauté internationale vont prendre pour renforcer les capacités de la police et des agences de contrôle des frontières sensibles. L’intérêt croissant pour les frontières de Serbie s’inscrit depuis deux ans dans un contexte plus large lié à la crise en Irak et en Afghanistan, qui alimente un flot déjà important d’immigrants illégaux dans l’UE. Les immigrants et les trafiquants ont fait de la péninsule balkanique, y compris la Serbie, une route de transit de premier choix maintenant qu’elle se trouve directement dans le périmètre de l’UE. L’étendue du problèmeLes zones sensibles de la Serbie pour le trafic d’immigrants et les demandeurs d’asile se situent au sud : il s’agit de la frontière sud-est avec la Bulgarie, et de la frontière administrative avec le Kosovo, points d’entrée pour les personnes venant du Moyen-Orient et d’Asie orientale. Une route différente est utilisée pour le trafic de femmes, venues essentiellement de Moldavie et d’autres secteurs de l’ancienne Union Soviétique, qui passe par la Roumanie et divers points sur la frontière serbe, au nord-est de la Voïvodine. Ces six derniers mois, la police serbe a arrêté 409 personnes entrées illégalement dans le pays. Parmi celles-ci, 90 Turcs, essentiellement des Kurdes, 70 Afghans, 51 Moldaves et 32 Chinois. Les autres venaient de divers pays. Mais cela n’est que la partie visible de l’iceberg. La police admet qu’elle n’arrête qu’une petite partie de tous ceux qui passent par les pistes secrètes. Les vrais chiffres sont proches de plusieurs milliers chaque année. Les passeurs et les trafiquants d’être humains sont de nature différente. Les premiers demandent de l’argent pour aider à entrer illégalement dans un pays, les seconds utilisent la coercition, le mensonge et, très souvent, ce trafic se termine par le travail forcé ou la prostitution Le lieutenant-colonel Predrag Zlatic, chef de la section pour les étrangers du Département des frontières auprès du ministère de l’Intérieur, affirme que la Serbie est un élément clé sur la route des trafiquants, car elle se trouve entre l’Afrique, l’Asie et les destinations vers l’Europe occidentale. Il ajoute que la plupart des entrées illégales en Serbie ont été enregistrées surtout près de la frontière bulgare, en provenance d’Asie. « Si on ferme une route, une autre est ouverte. Si nous fermons la route venant de Bulgarie, une autre apparaît en Roumanie et vice-versa. Cette année, nous avons démantelé beaucoup de ces routes, pas seulement dans les régions frontalières comme Zajecar, mais aussi plus loin en Serbie, jusqu’à Belgrade », explique-t-il. Les 2155 kilomètres de frontière sont gardés par l’armée de Serbie et Monténégro et la police serbe, sauf les 264 kilomètres qui séparent le Kosovo de l’Albanie et de la Macédoine et qui font techniquement partie de la Serbie, mais sont contrôlés par la MINUK et la KFOR. L’armée garde les frontières, et la police patrouille dans les zones frontalières. Pour l’instant, le Département de la police des frontières du ministère de l’Intérieur se taille la part du lion pour assurer la sécurité et arrêter les immigrants illégaux. Cependant, l’idée de faire garder les frontières des États par l’armée est anachronique et incompatible avec les normes européennes. C’est un vestige des anciens régimes, qui voyaient dans les pays voisins des ennemis potentiels. Un expert, qui préfère garder l’anonymat, assure que la création d’une nouvelle force de surveillance sera à la fois complexe et coûteuse, et demandera une réorganisation, une nouvelle formation du personnel, un équipement nouveau et de meilleurs services de renseignements pour contrôler les trafics. À Zajecar, des collines boisées inaccessibles pour la policeUne simple visite à Zajecar permet de constater combien l’unité affectée à cette tâche manque de personnel et d’équipement. À quelques mètres seulement de la foule et du brouhaha du poste frontière de Vrska Cuka, la plaine verdoyante s’étend vers des collines boisées impénétrables pour la police, des deux côtés de la frontière. « Cette zone frontalière est un terrain difficile, mais les groupes criminels ont des guides expérimentés qui connaissent très bien la région », reconnaît Boris Vojvodic, inspecteur chef de la police des frontières à Zajecar. Boris Vojvodic fait remarquer qu’un grand nombre des immigrants illégaux venus d’Irak et d’Afghanistan avaient obtenu avant le statut de réfugié en Bulgarie ce qui leur a permis d’utiliser ce pays comme tremplin vers l’UE. La plupart tentent d’entrer en Serbie le long de la frontière longue de 109 kilomètres, contrôlés par la police de Zajecar et l’armée de Serbie et Monténégro. Zeljko Pogarcic, chef de la police des frontières à Zajecar, explique comment opèrent les passeurs. « Des groupes d’immigrants montent dans des camionnettes et sont conduits près de la frontière entre la Bulgarie et la Serbie. Là, des gangs bulgares les transfèrent à leurs homologues serbes ». Il montre une route parallèle à la route principale, près de Zajecar. Cette route est bordée d’arbres si touffus qu’il est impossible de la voir, et c’est une cachette idéale pour attendre les cargaisons d’immigrants illégaux et les conduire de l’autre côté, où les attendent les Serbes avec des camions. Les passeurs essaient aussi de faire passer leurs clients au poste frontière en les cachant sous de faux planchers dans des camions, ou sous des bâches dans les parties supérieures des autocars. Souvent, aussi ces immigrants sont abandonnés avant d’atteindre leur destination. Parfois, les passeurs les laissent aux postes de péage sur l’autoroute E75 en Serbie, en leur disant qu’ils ont atteint la frontière avec la Hongrie. Des camionneurs, des chauffeurs d’autocars qui aiment gagner de l’argent et des villageois qui connaissent bien le terrain servent de guides et sont tous impliqués dans ce commerce très lucratif. On peut gagner beaucoup d’argent et c’est pourquoi les gangs ont les moyens de se payer des moyens de communication et des véhicules sophistiqués. Zeljko Pogarcic admet aussi qu’il y a des cas où l’on graisse la patte des soldats et des policiers pour qu’ils ferment les yeux. Pour lui, la poursuite des immigrants et des criminels est un petit jeu du chat et de la souris qui n’a pas de fin. La police a dressé des embuscades en divers endroits, a changé les itinéraires pris par les patrouilles pour contrôler des postes loin dans le pays, mais les passeurs ont toujours une longueur d’avance. Les manques de moyens en hommes et en matériel sophistiqué font que la police des frontières serbe peine toujours à réunir des renseignements sur les activités et les plans des réseaux criminels. Les Chinois à l’assaut des frontières serbesLa frontière méridionale de Serbie est devenue un point important de transit pour les ressortissants chinois qui tentent d’entrer dans l’UE. « Les Chinois sont là à nouveau. Ce sont de bons passeurs et leurs compatriotes leur font confiance. Prenez une carte et vous verrez que les Chinois en Serbie se concentrent dans les villes sur la route des trafics, cela va de Pristina à Novi Pazar, Belgrade, Sarajevo, etc », révèle une source internationale. Predrag Zlatic, du ministère de l’Intérieur, acquiesce en expliquant que l’administration internationale du Kosovo a rendu le problème encore plus difficile en abolissant les visa pour les étrangers entrant sur le territoire administré par la MINUK. Cela a encouragé les Chinois, les Kurdes et d’autres à utiliser le Kosovo comme première étape vers la Serbie et l’Europe occidentale, explique-t-il. Le flux des citoyens chinois entrant dans l’UE via la Serbie a donné la migraine à Bruxelles au temps de Slobodan Milosevic. Grâce aux relations chaleureuses entre Belgrade et Pékin, les citoyens chinois étaient autorisés à entrer en Serbie librement et pouvaient obtenir des permis de séjour. Par la suite, beaucoup ont poursuivi vers l’UE. À cette époque, des médias locaux et internationaux ont affirmé que 60 000 Chinois avaient obtenu des permis de résidence en Serbie. Ce chiffre est certainement très exagéré et la plupart des experts l’estiment aux alentours de 10 000. Pour endiguer ce flot, le nouveau gouvernement a introduit un régime des visas plus strict qui a réduit le nombre de Chinois arrivant en Serbie. Mais, selon la police, depuis deux ans, il y a à nouveau une forte arrivée de Chinois qui sont aidés par leurs compatriotes installés dans le pays. Bruxelles met au point son plan de sauvetageL’assistance européenne va se diriger vers la réforme et la modernisation de la police des frontières serbe pour préparer celle-ci à remplacer l’armée, ainsi que vers la modernisation des postes frontières. D’autres institutions nationales et internationales sont impliquées dans ce programme : l’OSCE, l’agence gouvernementale britannique DFID, l’Agence Européenne pour la Reconstruction (AER). L’assistance arrive aussi en Serbie par le biais du programme européen pour les Balkans occidentaux (CARDS) dans deux domaines de coopération, la justice et l’administration des affaires intérieures. Un rôle important est joué par l’OSCE dans la réforme et la modernisation de la police des frontières, car elle coordonne les activités des autres organismes internationaux dans ces domaines. Alessandra Mauguerra, directeur du programme de la police des frontières de l’OSCE en Serbie et Monténégro confirme que le but principal était d’aider la police à remplacer l’armée et de fournir la technologie et d’assurer formation du personnel. Les sommes dévolues à ces tâches sont loin d’être modestes, et c’est une préoccupation majeure de l’Europe. En 2003, l’AER a consacré 12 millions d’euros pour aider les agences chargées du respect de la loi, et 7 millions ont été attribués à la police des frontières. Des véhicules tout terrain, des systèmes pour contrôler les mouvements sur les cours d’eau, réduisant ainsi le besoin de bateaux rapides d’intervention ont été fournis. L’installation de caméras à image thermique pour la détection des personnes cachées dans les camions, en particulier ceux portant des plaques TIR est indispensable. Ces plaques TIR permettent aux chauffeurs des véhicules avec des conteneurs scellés de passer rapidement dans les pays de transit, sans que les douanes locales ouvrent le conteneur pour vérification. En plus de la modernisation de la police, l’UE a investi dans le Programme intégré de la direction des frontières pour rendre le passage des personnes et des marchandises plus efficace et plus rigoureux. En 2004, AER a prévu 6 millions d’euros pour ce programme en Serbie. Le long du Corridor 10, la route internationale la plus importante qui traverse la Serbie et va de Hongrie en Macédoine, des fonds de la Commission européenne ont été utilisés pour la rénovation des installations à Horgos, un poste frontalier important avec la Hongrie, nouveau membre de l’UE. Le poste frontalier de Batrovic, vers la Croatie, a lui aussi été rénové. L’AER a pour projet la rénovation du poste frontalier de Presevo en Serbie du sud, sur la route qui mène en Macédoine et en Grèce. Ce passage est un véritable goulot d’étranglement pour le trafic international le long du Corridor 10. La rénovation du passage de Presevo améliorera la capacité de passage et facilitera le travail de la police et des douaniers. La Serbie a aussi pris ses propres mesures pour parvenir aux normes européennes. Elle a établi une collaboration plus étroite avec le réseau international Interpol, elle a participé à des actions communes régionales contre les trafiquants. Une de ces opérations, en 2003, l’ Opération Mirage, a été menée conjointement par les polices de Serbie et Monténégro, d’Albanie, de Bosnie-Herzégovine, de Bulgarie, de Croatie, de Macédoine, de Grèce, de Hongrie, de Moldavie, de Roumanie et de Slovénie, et ces raids policiers ont conduit à la traque de plusieurs centaines de suspects. De plus, la Serbie a mis en place un régime de visas pour les ressortissants des États identifiés comme des sources d’immigration illégale comme la Moldavie. En attendant, les affaires continuent. Pour Predrag Zlatic, tant que durera la crise économique, les services frontaliers devront se contenter de méthodes et de matériel obsolète jusqu’à ce que l’aide européenne arrive dans des endroits comme Zajecar. Le prix d’une caméra à vision thermique, un outil indispensable pour la détection des personnes cachées dans des véhicules et couramment utilisé par la plupart des forces de police occidentales, s’élève à des dizaines de milliers de dollars, une somme bien au-dessus du budget étriqué de la police serbe. Les analystes spécialistes de la sécurité reconnaissent qu’aucun système efficace de contrôle des frontières ne pourra être mis en place sans un fort soutien de la communauté internationale. Des signes prometteurs arrivent enfin. |
« LA LETTRE DE CONFRONTATIONS EUROPE »,
AVRIL-MAI 2004 Publié dans la presse : 1er juin 2004 L’appel à la prise en mains de leurs affaires par les « Balkans occidentaux », l’injonction nécessaire de se plier aux obligations internationales qui incombent à leurs dirigeants, par exemple celle de coopérer avec le TPI, ne doivent-ils pas s’accompagner d’un soutien à la constitution de systèmes politiques viables, fonctionnant dans des espaces clairement délimités, ainsi que d’une aide économique massive ? Si la question des frontières de l’Europe
se pose, elle ne concerne pas les pays des « Balkans occidentaux »
qui, selon la terminologie bruxelloise, désignent la région formée par
l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Croatie, la Macédoine et la
Serbie-Monténégro (Kosovo fictivement inclus). Géographiquement,
historiquement, cette partie de notre continent est, à l’évidence,
européenne. Cette réalité a été admise par les Conseils européens
qui se sont succédé depuis 1999, avec la définition d’un « processus
de stabilisation et d’association » puis la reconnaissance à ces
pays de la qualité de candidats potentiels. Le sommet U.E-Balkans
occidentaux de Thessalonique de juin 2003 a établi l’agenda de la
marche vers l’adhésion, au travers d’accords de stabilisation et
d’association soutenus par des partenariats avec Bruxelles. Ces accords existent avec la Macédoine et
la Croatie tandis que des négociations sont engagées avec l’Albanie et
que l’étude de faisabilité pour la Bosnie-Herzégovine a été approuvée
en 2003. La Commission de Bruxelles vient de donner un avis favorable à
la candidature de la Croatie, qui rejoint ainsi la Bulgarie et la Roumanie
dans le peloton des prochains élus. Les opinions publiques et les
gouvernements de la région expriment tous le désir d’appartenir à
l’U.E. S’il entre dans cette attraction une soif de bénéficier
d’une sécurité et d’un bien-être censés venir avec l’Europe, il
serait malséant de n’y voir que cela. Au-delà des avantages attendus,
il y a aussi l’aspiration à participer, sans restriction, à un
ensemble européen cimenté par une histoire et des principes communs. S’agissant des pays de
l’ex-Yougoslavie, un facteur particulier est à prendre en compte.
L’Europe, telle qu’elle vit et s’organise, peut en effet se présenter
comme un modèle et une contrainte pour réaliser les transformations
indispensables au rétablissement de leurs équilibres intérieurs et extérieurs.
On pense, non seulement aux réformes économiques, mais aussi et plus
encore, à l’instauration d’Etats de droit, notamment pour ce qui
touche aux relations entre citoyens de nationalités différentes.
L’autorité tutélaire du droit européen ne serait-elle pas à même de
s’ériger en gardienne des libertés que l’Etat national, trop souvent
Etat ethnique, est incapable d’assurer ? Cette question pointe la plus importante,
peut-être, des nombreuses difficultés que doivent surmonter les pays de
la région. Elle porte sur le sens de certaines postures et proclamations
pro-européennes. Le cas des dirigeants de Belgrade est, de ce point de
vue, exemplaire. La tournure des événements en Serbie, où s’est
reconstitué, après l’assassinat de Zoran Djindjic, une majorité reflétant
toutes les nuances du nationalisme extrême, illustre le caractère
artificiel d’une orientation européenne affirmée, mais démentie dans
les faits. Cette ambivalence se retrouve, à des degrés
divers, dans les autres pays de la région, dont aucun n’est sorti
indemne de l’épreuve des crises, des destructions et des massacres qui
ont marqué les années de guerres et leurs suites. La tendance au repli
national, à l’exclusion ethnique et à la xénophobie, si elle n’est
pas propre aux Balkans, y entraîne un redoublement des dangers. Il faut rappeler que ces dangers, s’ils
menacent d’abord les peuples de la région, n’y sont pas, pour autant,
circonscrits. C’est pourquoi l’Union européenne, ses gouvernements et
ses opinions publiques ont tort de s’intéresser si peu à l’avenir
des « Balkans occidentaux ». La persistance, à plus forte
raison l’aggravation des tensions et des crises peuvent mener à de
nouvelles explosions de violence, avec des répercussions inévitables
dans toute l’Europe. L’intégration de ces pays à l’Union
européenne n’est certes pas une panacée et il est vrai qu’elle
rencontre d’énormes obstacles. Aux retards qu’ont dû combler les dix
nouveaux Etats membres, s’ajoutent les dégâts humains, matériels et
sociaux des années de guerres et les problèmes nés de l’imposition de
solutions incohérentes, fruits de compromis alambiqués. Les
constructions baroques résultant des accords de Dayton pour la
Bosnie-Herzégovine, de la résolution 1244 pour le Kosovo et de l’union
de la Serbie et du Monténégro ordonnée par Bruxelles, paralyseraient
les meilleurs des gouvernements, dans les contextes les plus favorables à
un exercice paisibles des pouvoirs. On est loin de ce climat dans les Balkans.
C’est pourtant la situation face à laquelle ils se trouvent que doivent
affronter les peuples de la région et leurs représentants, comme les
puissances européennes qui ne peuvent éluder leurs responsabilités passées
et présentes. Il revient à chacun des pays de la région
de choisir son destin. Si certains préfèrent se réfugier dans leur
mythologie nationale plutôt que de se tourner vers l’avenir, ils
peuvent le faire, avisés des déboires auxquels ils s’exposent. Quant
à ceux qui prouvent en actes qu’ils ont opté pour l’ouverture européenne,
ils seraient en droit d’attendre de l’U.E. qu’elle ne complique pas
les procédures ni ne lésine sur les moyens pour les accueillir. Est-ce faire preuve de pessimisme que de relever que cette vision ne semble pas, malgré l’exception croate, être celle retenue par les responsables politiques européens qui manquent singulièrement de conviction et de crédibilité dans les propos et les promesses qu’ils émettent, à de rares occasions, sur le sujet ? Gageons que les Balkans n’occuperont pas une grande place dans la campagne électorale européenne. |
Sommet des jeunes pacifistes européens à Sarajevo Publié dans la presse : 19 mai 2004 Le sommet des jeunes pacifistes d’Europe, qui s’est tenu du 8 au 11 mai dernier à Sarajevo, a été salué par de nombreuses personnalités. Toutefois, si les débats ont été animés et optimistes, il n’en reste pas moins que la jeunesse bosniaque continue de quitter le pays. Sarajevo a été l’hôte, du 8 au 11 mai 2004, du Sommet des jeunes pacifistes d’Europe, intitulé « Tolérance - Harmonie des diversités ». 550 jeunes participaient à cette Conférence. Ils ont adopté une série de conclusions sur les grands problèmes mondiaux et axées sur la recherche d’un équilibre entre puissance et tolérance. Le « Sommet » a aussi adopté à l’unanimité une déclaration aux termes de laquelle il faudrait donner leur chance aux jeunes, leur permettre de prouver de quoi ils sont capables, ceci grâce à une coopération entre les différents pays, mais aussi entre leurs pouvoirs locaux et leurs ONG. Plusieurs hautes personnalités ont adressé des messages à la conférence, dont le Haut Représentant de la communauté internationale en Bosnie-Herzégovine, Paddy Ashdown, qui a considéré que les conclusions adoptées étaient « insuffisantes ». Selon lui, la situation actuelle doit être dépassée : « il y a deux manières de le faire : par des moyens politiques ou par les armes. Vous seuls pouvez le faire en usant des moyens politiques. » a souligné Ashdown. Le Conseil de l’Europe était représenté par Mme Sonya Moser Starac, qui pense que la réunion tenue à Sarajevo a représenté un pas en avant dans la création d’une Europe unifiée. Elle a invité les jeunes à se rencontrer de nouveau à Nairobi (Kenya). Le Sommet des jeunes pacifistes d’Europe a été salué, au nom de la Bosnie-Herzégovine, par le Ministre des affaires civiles du gouvernement central, Safet Halilovic. Mais les jeunes de Bosnie partent ailleurs...Selon un sondage effectué par l’UNDP (United Nations Development Programme), près de 100.000 jeunes de Bosnie-Herzégovine ont quitté leur pays depuis la fin de la guerre (entre 1996 et 2004). Par ailleurs, environ 77% des jeunes déclarent vouloir partir ailleurs en raison de la situation économique. En effet, 60% des jeunes sont au chômage. 20% auraient l’intention de partir définitivement et 40% envisageraient de regagner leur pays d’origine par la suite. |
Intégration européenne des
« Balkans occidentaux » : la fin de l’approche régionale Publié dans la presse : avril 2004 L’Union européenne a longtemps insisté sur l’approche régionale comme clé de la stabilité des Balkans occidentaux, mais les enjeux de sécurité sont désormais moins pressants et les différents États de la région doivent définir chacun leur propre voie vers l’Union. La Croatie ouvre la route, tandis que le dossier le plus difficile reste celui de la Serbie, du Monténégro et du Kosovo. Par Vladimir Gligorov [1] Fin mars, l’UE a publié son troisième rapport sur les Balkans occidentaux qui, cette fois, ne concerne plus que quatre pays : l’Albanie, la Bosnie-Herzégovine, la Macédoine et la Serbie-Monténégro (SCG). La Croatie, bien qu’appartenant à cette région, a entre temps obtenu un avis positif pour adhérer à l’UE. En même temps que le rapport et les analyses détaillées de ces pays, des propositions de partenariat européen sont également avancées comme un nouvel instrument pour stimuler la poursuite du processus d’intégration des Balkans occidentaux dans l’UE. Processus de stabilisation et d’associationL’Accord de stabilisation et d’association doit mener à l’adhésion à l’UE, comme l’a rappelé le sommet de Thessalonique fin juin 2003. Or, on s’est rendu compte que c’est un processus très lent. Jusqu’à présent, la Macédoine et la Croatie ont signé cet accord, et c’est seulement avec la Macédoine qu’il est entré en vigueur depuis le 1er avril 2004, car il doit être ratifié par tous les États membres de l’UE et du Parlement européen. L’accord pour la Croatie n’a pas encore été ratifié par le Royaume-Uni, la Hollande et l’Italie. Pour l’Albanie, les négociations sont en cours, alors que pour la Bosnie, elles ne seront entamées que lorsque seize conditions seront remplies. La Serbie-Monténégro n’est qu’au début du processus, car la Commission européenne doit donner son avis sur la volonté de ces États à entamer des négociations sur un accord avec l’UE. Dans le cas de la Serbie-Monténégro, on envisage un processus particulier pour le Kosovo, comme pour les autres pays, sauf qu’il ne sous-entend pas la signature d’un accord, car le Kosovo n’est pas un pays souverain. Le sort de l’approche régionaleLe rapport annuel et son annexe concernant le partenariat européen mentionnent clairement que les pays des Balkans occidentaux doivent respecter les critères de Copenhague, mais aussi ceux spécifiques pour la région, parmi lesquels la collaboration avec le Tribunal de La Haye et la collaboration régionale. L’annexe confirme que l’approche régionale est toujours en vigueur, quoique maintenant son contenu ne soit plus très clair. En fait, lorsqu’il a été établi, après la guerre de Bosnie, il comportait la condition qu’un pays ne pouvait progresser vers son intégration dans l’UE plus rapidement que dans son intégration avec les pays de la région. En d’autres termes, ces deux processus devraient se faire en parallèle. C’est dans le même esprit qu’a été créé le Pacte pour la stabilité de l’Europe du Sud-Est. Cependant, dans les récents documents de la Commission européenne, on ne mentionne pas beaucoup ni l’approche régionale ni le Pacte pour la stabilité. Cela signifie-t-il qu’on a complètement renoncé à l’approche régionale ? Il est nécessaire de remettre les choses au clair : on a eu recours à l’approche régionale justement pour influer sur la stabilité de la région. La sécurité est presque toujours un problème régional, et c’est d’autant plus exact dans le cas des Balkans occidentaux. La seule chose qui relie ces pays est la sécurité. La Croatie et l’Albanie appartiennent à la même région uniquement parce que, indirectement, elles sont liées aux problèmes de sécurité en Bosnie et au Kosovo. La Serbie-Monténégro est directement liée à tous les pays environnants. On peut donc en conclure que l’approche régionale aura le même sort que les problèmes de sécurité. Là où ceux-ci existent, l’approche régionale continuera à être appliquée. Par exemple, la Macédoine s’efforce de se libérer des problèmes régionaux car autrement son intégration dans l’UE dépendra de ce que feront les autres et non pas de ce qu’elle-même fera. Il est certain que l’évaluation de la Macédoine, traitée par une étude particulière dans le rapport annuel, tient compte de ce fait. Comme dans le cas de la Croatie, il est très important que la Macédoine parvienne à un consensus au sujet de la la stratégie d’intégration dans l’UE. Cela est également valable pour la Bosnie, où précisément le manque de consensus est le plus grand obstacle à l’avancée dans le processus d’intégration. Par conséquent, il ne fait pas de doute que l’approche régionale s’amenuise de plus en plus car la région concernée est moins grande. La Croatie ne peut plus être considérée comme un pays faisant partie des Balkans occidentaux, malgré le fait qu’elle ait toujours l’obligation de développer une collaboration avec ses voisins. C’est dans cette voie que la Macédoine, puis l’Albanie et la Bosnie aspirent à aller. Il est difficile de dire si ces pays réussiront, mais c’est sûrement la voie à suivre pour adhérer à l’UE. Cela ne veut pas dire pour autant que la collaboration dans la région n’est pas importante, au contraire, elle sera accrue pour certains pays car les relations vont se normaliser du fait du renforcement des rapports sociaux et économiques. Cependant, cette nouvelle dynamique sous-entend la disparition de l’approche régionale qui a pour objectif de réduire le danger de conflit et d’autres menaces de sécurité. Serbie, Monténégro, KosovoLorsqu’on examine le rapport sur la Serbie-Monténégro, on se rend compte immédiatement qu’il s’agit d’une chose très compliquée. Dans le contexte de ce que j’ai dit sur l’approche régionale, il est clair qu’il s’applique aussi à l’Union de Serbie et Monténégro. Tandis que l’approche bilatérale est devenue dominante en ce qui concerne les autres pays des Balkans occidentaux, la Serbie-Monténégro (et là, il faut inclure le Kosovo) ne peut progresser dans la voie de l’intégration avec l’UE si elle ne progresse pas dans son intégration interne. Cette position définit le rapport vis-à-vis de la communauté étatique ainsi que sur le statut final du Kosovo. À partir de là, il est évident que les problèmes de sécurité sont toujours d’une grande importance lorsqu’il s’agit de la Serbie, du Monténégro et du Kosovo. Étant donné que l’intégration de ces trois entités politiques est très lente, l’intégration avec l’UE est également ralentie. En fait, c’est le seul pays de la région, ou la seule communauté étatique, qui n’a aucune relation contractuelle avec l’UE. Il est clair qu’il en sera ainsi tant que l’on ne remédiera pas aux problèmes qui engendrent des risques sécuritaires dans l’espace de la Serbie-Monténégro. Par ailleurs, il est évident que la liste des obligations à court et à moyen terme devant laquelle se trouvent la Serbie, le Monténégro et le Kosovo est bien plus longue, étant donné que peu de choses ont été accomplies. Néanmoins, les premiers pas importants sont ceux qui concernent les problèmes de la sécurité et de la collaboration avec la communauté internationale, en particulier avec le Tribunal de La Haye. La décision d’intégration des pays de l’Europe du Sud-Est et des Balkans occidentaux sera prise dans les prochaines années. D’ici la fin de cette décennie, il est certain que la Bulgarie, la Roumanie et la Croatie feront partie de l’UE. La Macédoine aura entamé des négociations sur son adhésion, ainsi peut-être que la Bosnie-Herzégovine. Dans l’état actuel des choses, il faudra plus de temps à l’Albanie, avant tout parce que c’est un pays qui n’est pas très développé. Ce qui reste incertain, c’est bien le sort qui sera réservé à la Serbie, au Monténégro et au Kosovo. ______________________________
[1] L’auteur est chercheur à l’Institut Viennois
pour les Recherches Economiques Internationales (WIIW) et membre du
Conseil BeCEI |
Le mardi 04 mai 2004 Quatre nouveaux candidats à l'euro en 2007 Agence France-Presse - Bruxelles La Lituanie, l'Estonie, Chypre et la Slovénie, sont les premiers nouveaux arrivants à l'UE à vouloir entrer dans le mécanisme de change reliant leur devise à l'euro, en vue de rejoindre la monnaie unique en janvier 2007, a indiqué un porte-parole de la Commission européenne. «La Lituanie et l'Estonie ont affiché leur souhait
d'intégrer le mécanisme de change avant cet été», a dit Gerassimos
Thomas, porte-parole du nouveau commissaire aux Affaires économiques
Joaquin Almunia. «La Slovénie et Chypre sont aussi désireux de rentrer
dans ce mécanisme fin 2004 ou début 2005 dans le but d'intégrer l'euro
en janvier 2007», a souligné le porte-parole. |
La Slovénie et l’intégration
européenne : les raisons du succès Publié dans la presse : 29 avril 2004 L’écrivain croate Predrag Matvejevic revient sur les causes du succès slovène. La petite république a en effet répondu mieux et plus vite que les pays d’Europe centrale aux critères de Bruxelles. Ce succès s’explique par l’histoire slovène, mais représente un exemple pour les autres républiques post-yougoslave. La Slovénie saura-t-elle tendre la main à ses voisins ? Par Predrag Matvejevic La Slovénie a gagné le droit d’entrée dans l’Union Européenne d’une manière extraordinaire : elle a satisfait aux engagements mieux que les autres - mieux même que la Hongrie, la Pologne ou la République Tchèque. L’entreprise mérite qu’on y prête un peu d’attention et requiert une explication. Il ne suffit pas de répéter que les Slovènes sont un petit peuple qui se trouve à l’extrémité de cette Europe Centrale qui leur a enseigné l’ordre et la discipline, qu’ils sont sortis presque sans pertes de la dernière guerre balkanique et autres choses du même genre. Le succès de la Slovénie ne vient pas seulement de cela. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Hitler et Mussolini ont rayé la Slovénie de la carte politique de l’Europe, le Reich allemand annexant une grande partie de son territoire et l’Italie une partie plus petite, baptisée Province de Ljubljana. La Résistance slovène s’est manifestée dès le début de l’occupation. Et dès le premier jour, les communistes slovènes ont pris les reines du mouvement de libération, soutenus par une conscience nationale forte en plus d’une orientation yougoslave indiscutable (Edvard Kadelj, Boris Kidric et autres). Ils ont été rejoints par des représentants d’autres groupes démocratiques, dont les chrétiens-sociaux, catholiques de gauche. Ce qui la démarque de la Croatie et de la Serbie. C’est pendant cette Résistance-là, qui reçut par les communistes la signification de révolution, que fut écrit peut-être la première et unique page épique de l’histoire des Slovènes. Ljubljana fut libérée par les Slovènes avec d’autres Yougoslaves, et l’Armée Populaire de Libération commune, à laquelle participait aussi la division partisane italienne Garibaldi-Natisone. Seuls, les Slovènes n’auraient pas pu s’opposer aux troupes prépondérantes nazies, qui se sont amassées dans leur retrait des Balkans. Aujourd’hui, beaucoup oublient ces faits, surtout les nationalistes, tant en Slovénie qu’ailleurs. L’Istrie et le Littoral entrèrent dans la composition de la Yougoslavie de Tito, qui se trouva dans le camp des vainqueurs. Les grandes puissances auraient peu probablement cédé ces régions à la Slovénie ou à la Croatie seules. Aux élections de 1990, un gouvernement slovène fut constitué et dirigé par le catholique Lojze Peterle. Dans l’euphorie générale de ces jours-là, divers cléricaux, longtemps contraints au silence, ont refait surface, en même temps que les nationalistes - comme d’ailleurs ce fut le cas dans d’autres républiques yougoslaves. Le peuple élit toutefois Milan Kucan, leader des communistes réformés, comme Président de la République. Les réactions provoquées dans le reste de la Yougoslavie par la séparation de la Slovénie, furent passionnées : la sécession slovène encouragea certains, spécialement en Croatie ; d’autres encore, ceux convaincus que la Yougoslavie aurait pu, malgré tout, survivre sous forme d’Etat confédéré (dont l’auteur), craignaient la possibilité d’une guerre civile, ethnique, religieuse - guerre des souvenirs, peut-être la pire. L’histoire a donné deux réponses, tout aussi complémentaires que contradictoires, aux interrogations de l’époque : le succès obtenu en Slovénie et la tragédie que vécut la Bosnie-Herzégovine. La guerre balkanique effleura à peine la Slovénie pendant quelques jours, alors qu’elle faisait rage dans le reste du pays. La période de transition commençait pour elle. La structure institutionnelle qu’elle avait dans la fédération yougoslave fut adaptée au nouveau Etat Indépendant, confirmé par une Constitution propre. Une des circonstances favorables fut certainement le fait que certains modérés occupèrent divers postes hiérarchiques, parmi lesquels Milan Kucan, déjà cité, et Janez Drnovsek. Les formes traditionnelles du nationalisme et du cléricalisme slovène sont étrangères à l’un et à l’autre. Les nouveaux hommes politiques, peu expérimentés, n’ont pas réussi à leur faire de l’ombre, et ne sont pas allés bien loin, comme par exemple un Janez Jansa avec ses ambitions inquiétantes. La nouvelle République slovène n’a pas autorisé que son patrimoine national soit saccagé au nom du patriotisme, comme c’est arrivé en Croatie et en Serbie. Pendant le processus de privatisation, elle a maintenu sur pied les industries les plus rentables. Aux étrangers ne furent vendus que des établissements et des compagnies que le capital slovène ne fut pas en mesure de faire fructifier suffisamment. L’absence de transparence et les cas de corruption ont été plus rares que dans n’importe quel autre pays en transition. Cependant, si l’on s’en tient aux jugements des experts en matière, il a fallu plus de sept ans avant que la production puisse reconquérir le niveau atteint vers la fin des années 1990. Aujourd’hui, la Slovénie connaît un revenu per capita supérieur à celui de certains pays qui l’ont précédée dans l’Union Européenne. Un tel succès, qui me réjouit sincèrement, est en partie dû au bagage qu’elle a ramené de la Yougoslavie. Une telle transformation ne s’est pas fait sans passer par de dures épreuves. Par exemple, la manière dont, au moment de l’indépendance, les Bosniaques, les Croates, les Serbes, les Macédoniens, ou les Kosovares Albanais, ont été « radiés » des registres de citoyenneté, alors qu’ils résidaient et travaillaient sur le territoire slovène en tant que citoyens de la Yougoslavie, et en dépit des principes et des droits proclamés et acceptés par la culture politique slovène. Ces « radiations » malencontreuses ont été même confirmées par le référendum du printemps 2004. La Ljubljana Banka, non plus, n’a pas fait preuve de mansuétude en s’appropriant les épargnes confiées par les clients de toute la Yougoslavie. L’argent soutirés aux épargnants privés de la citoyenneté slovène n’a certainement pas couvert toutes les dépenses de la transition, mais il contribué à en engraisser les rouages. A Ljubljana, à Celje, à Maribor, j’ai rencontré des amis qui craignent les retombées probablement négatives de l’entrée dans l’Union, pour l’économie slovène et surtout pour son agriculture. La crainte de voir annihilation de l’identité et la langue d’un petit peuple dans une nouvelle communauté, plus grande et influente que la précédente, me semble être encore plus diffuse. En revanche, ils sont moins nombreux ceux qui se demandent si à la frontière slovène un mur, une porte ou encore un pont ou un bastion viendra s’ériger en face des voisins avec lesquels on a partagé toute une histoire. Bien sûr, les règles du jeu, dictées par l’Union Européenne, seront respectées. Mais, le jeu en lui-même ne doit pas être trop fermé, ni trop cruel. (D’après la traduction italienne de Giacomo Scotti) |
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Slovénie-Croatie : ce que les
nouvelles frontières de l’Union européenne vont changer pour les
Balkans Publié dans la presse : 10 mars 2004 Point d’ancrage européen, la nouvelle frontière de l’Union sera bénéfique pour les citoyens balkaniques. Les craintes que l’élargissement européenne ne crée un nouveau rideau de fer au Sud Est de l’Europe ne semblent pas fondées. Par Neil Barnett Il y a treize ans, la frontière d’Obrezje entre la Slovénie et la Croatie n’était qu’un chemin de campagne à une voie, ombragé, qui reliait les deux républiques à l’intérieur de la République fédérale de Yougoslavie. À cette époque, il n’y avait pas de poste frontière, ni même d’indication. Tout a changé en 1991, le 25 juin, quand la Slovénie a déclaré son indépendance. Une humble cabane a immédiatement surgi sur ce qui était devenu une frontière internationale et, depuis cette époque, la route et le franchissement de la frontière se sont développés. Aujourd’hui, le poste frontière avec ses nombreuses voies et son portique ressemble à n’importe quelle frontière du monde. Dans quelques semaines, le1er mai, il délimitera aussi la frontière extérieure de l’Union européenne. Au sud, se trouvent les républiques des Balkans occidentaux, qui ont loupé le train de Bruxelles à cause de leurs guerres interminables. Au nord, se trouve la pacifique Slovénie, qui va rejoindre la famille européenne. Comme pour souligner ce changement géographique, l’Italie et la Slovénie font disparaître tout ce qui restait des barrières physiques entre les deux pays, qui ressemblent déjà à des souvenirs de la guerre froide. Certains observateurs ont comparé l’avancée vers le Sud Est de la frontière de l’UE au tracé d’un nouveau rideau de fer. C’est Winston Churchill, à Fulton dans le Missouri en 1946, qui a parlé d’un « rideau » descendant entre l’Est communiste et l’Ouest démocratique, allant de Trieste sur l’Adriatique à Stettin sur la Baltique. Le nouveau rideau, tel qu’il se présente, court le long du coin nord-est de l’Adriatique, et fait une boucle à l’est le long des frontières septentrionales de la Slovénie et de la Hongrie. En fait, rien ne va vraiment changer sur la frontière externe pendant quelque temps, car la Slovénie ne rejoindra pas immédiatement l’espace Schengen européen, cette zone d’États qui ont aboli les contrôles douaniers entre eux. Dusan Burian, inspecteur chef en charge de la coopération internationale du service des frontières pour la police slovène explique : « Il est probable que nous ne rejoindrons pas l’espace Schengen avant 2007. Jusqu’à cette date, nos frontières avec l’Italie et l’Autriche seront encore contrôlées comme par le passé ». Si l’UE est satisfaite du contrôle par la Slovénie de ses 670 kilomètres de frontière avec la Croatie, elle aura accès en 2007 au système Schengen de renseignements.Les voyageurs entrant en Slovénie auront alors la liberté de parcourir l’espace europén sans être gênés par les frontières. Après le 1er mai 2004, comme aujourd’hui, les citoyens croates n’auront pas besoin de visa pour entrer dans l’UE. Les Serbes si. Il n’est pas surprenant que, parmi les dix millions de gens qui chaque année passent la frontière à Obrezje, les Croates soient peu concernés par ces changements. « Rien ne sera pire pour nous », explique Zoran, un homme d’affaires croate de Zagreb, au volant d’une BMW neuve. « La Slovénie faisant partie de l’UE, nous avons la possibilité de développer notre affaire de matériaux de construction. C’est une chance ». Dès maintenant, la frontière semble bien gérée et bien équipée, disposant de lecteurs automatiques de passeports, de détecteurs de faux passeports, de lampes à infrarouge, de compteurs Geiger et de tous les gadgets habituels des postes frontières. Mais les trafiquants de personnes humaines et de narcotiques peuvent encore essayer de passer au travers. L’inspecteur chef Robert Kobe, à la tête du poste d’Obrezje, affirme que des contrebandiers ont déjà tenté leur chance. « Il y a deux ou trois ans, beaucoup d’immigrants illégaux ont cherché à passer à Obrezje en camions. Ils savent maintenant que nous les rattraperons dans les régions frontalières vertes », explique-t-il en faisant référence à des passages ruraux non marqués où de petits groupes d’immigrants et de contrebandiers peuvent passer la nuit sans être remarqués. Pour l’instant, la police slovène n’a pas vraiment utilisé les détecteurs de mouvement au sol ou d’autre équipement de haute technicité dans ces « régions frontalières vertes », même s’ils y font des patrouilles et sont sur le point d’acquérir un hélicoptère équipé pour la surveillance de nuit. La contrebande de drogues, plus facile à dissimuler que les êtres humains, est plus dure à arrêter. La police slovène a saisi l’an dernier 90 kg d’héroïne, bien mieux que la prise de 68 kg l’année précédente. Le pays longe la route balkanique de transit pour les drogues qui se poursuit en Europe occidentale. Un détective en chef de Lljubljana explique que le trafic n’a pas qu’un sens. Les produits chimiques utilisés dans la production des drogues viennent aussi de l’UE par la Slovénie vers les Balkans et la Turquie. « Il y a quelques années, nous avons saisi d’un coup vingt tonnes d’anhydride acétique, ce qui suffisait pour fabriquer huit tonnes d’héroïne pure à base d’opium ». Les gardes frontière hongrois contrôleront aussi une longue distance de la frontière de l’UE. Ce pays est limitrophe de la Croatie, de la Serbie, de la Roumanie et de l’Ukraine. La frontière avec l’ancienne Union Soviétique présente des problèmes potentiels plus grands qu’avec l’ancienne Yougoslavie. En février, un Ukrainien a été retenu à la frontière parce que la police avait trouvé 400 grammes d’uranium dans sa voiture. Le suspect parlait de leur utilisation par un dentiste. Le Colonel Sandor Orodan, de la Garde hongroise des frontières, pense que l’entrée dans l’UE posera d’autres questions à la police des frontières, la Hongrie devenant « non seulement un pays de transit mais aussi de destination pour les trafics internationaux d’êtres humains ». Les trafiquants d’êtres humains choisissent souvent la Hongrie car ils essaient de déplacer leurs femmes victimes de Moldavie, d’Ukraine et de Roumanie, vers des pays de l’UE. D’après le Colonel Orodan, les tentatives de passage par les « régions frontalières vertes » diminuent. La raison en est que les organisations internationales de trafic des personnes sont devenues si sophistiquées - avec de nouvelles méthodes, comme la fabrication de documents d’identité - que l’on peut passer les frontières sans difficulté. C’est pourquoi, la rhétorique des médias sur un nouveau rideau de fer est déplacée : ce nouveau rideau tomberait doucement. Ceux qui veulent entrer dans l’UE illégalement ou bien s’adonner à la contrebande vont peut-être avoir plus de difficultés, mais la majorité qui respecte la loi veut en tirer bénéfice. Pour la plupart des voyageurs, la frontière sera aussi perméable ou imperméable qu’elle était avant l’agrandissement de l’UE. De plus, le rideau n’est pas stable : il devrait se déplacer au sud et à l’est, comme il le fait depuis un certain temps. |
Union européenne : accords de partenariat avec les Balkans Occidentaux TRADUIT PAR JASNA TATAR-ANDJELIC Publié dans la presse : janvier 2004 L’Union de Serbie et Monténégro doit signer d’ici la fin du mois de mars des accords de partenariat avec l’Union européenne. Rencontre avec l’ambassadeur Jeffrey Barret, chef de la mission de l’UE à Belgrade. Evropski Forum (EF) : La Commission européenne a annoncé pour cette année la signature de « partenariats européens » avec les États des Balkans occidentaux. Parlez-nous de cette initiative, mentionnée pour la première fois l’année dernière, avant le sommet de Thessalonique. Jeffrey Barret (JB) : La notion du partenariat européen est apparue après le Sommet de Thessalonique en juin l’année dernière. Elle est basée sur l’idée du « partenariat d’approche » proposé par l’UE aux pays candidats et pays en cours d’adhésion. Les partenariats européens sont centrés sur l’intensification des activités qui permettent aux pays des Balkans occidentaux de remplir les obligations acceptées dans le cadre du processus de stabilisation et d’association à l’UE, et de réaliser leur objectif final qui est l’entrée dans l’Union. Il s’agit donc d’un instrument d’accélération et de facilitation de ce processus, qui ne diffère pas beaucoup du partenariat d’approche qui a aidé les autres pays candidats à l’adhésion à l’UE. Nous avons adopté à Thessalonique une méthodologie de l’élargissement pour les pays des Balkans occidentaux. Les partenariats européens y jouent un rôle central, mais nous disposons également d’autres instruments. Nous avons l’intention de conclure ces partenariats avant la fin du premier trimestre de l’année, c’est-à-dire d’ici le mois de mars, quand sera terminé le troisième rapport de la Commission européenne sur le progrès des Balkans occidentaux dans le processus de stabilisation et d’association. Les accords de partenariat devraient être relativement rapides, avec des objectifs clés sur les réformes démocratiques, économiques, institutionnelles et judiciaires, ainsi que dans d’autres domaines importants pour le processus de stabilisation et d’association. Les partenariats européens représenteront un guide précieux vers les priorités que l’UE fixe aux pays des Balkans occidentaux. Leur signification pratique est de donner à l’administration publique et au gouvernement un aperçu des plus importantes démarches à entreprendre dans le processus d’intégration européenne. EF : Quelles sont vos attentes envers l’Union de Serbie et du Monténégro après la conclusion de ce partenariat européen ? JB : Avant tout l’adoption d’un plan d’action pour l’application des objectifs cités dans l’Accord de partenariat européen, et des tâches pratiques convenues en détail lors des réunions du Groupe de travail consultatif entre l’UE et la Serbie-Monténégro et dans le cadre de notre dialogue permanent et avancé. Tout ce qui a été convenu sera inséré dans le document qui représentera une sorte de « piste balisée » vers l’intégration européenne et qui définira clairement les attentes de l’UE dans tous les domaines. L’Accord de partenariat européen sera une version améliorée et révisée des recommandations que l’UE a déjà adressé à la Serbie-Monténégro. Nous souhaiterions que le développement des rapports entre l’UE et la Sserbie-Monténégro obtienne la plus grande popularité, pour que le gouvernement puisse dire aux citoyens : « voilà comment nous allons remplir nos promesses et satisfaire vos attentes. C’est notre plan d’adhésion à l’UE, nos tâches, et la façon dont nous pensons les exécuter ». En même temps, nous voudrions que le rapport effectué l’année dernière par la Commission européenne sur les progrès de votre pays dans le processus de stabilisation et d’association soit présenté au plus large public possible et que le gouvernement et les députés prennent position à ce sujet. EF : La signature de l’Accord de stabilisation et d’association est-elle la condition de l’adhésion à l’UE ? Seules la Croatie et la Macédoine ont signé cet accord, quoique sans l’avoir encore ratifié, l’Albanie a commencé les négociations, la Bosnie-Herzégovine n’a pas encore commencé à négocier, tandis que la Serbie-Monténégro n’a même pas effectué l’étude de faisabilité... JB : Chaque pays des Balkans occidentaux adoptera son propre document sur le partenariat européen qui sera la base d’un Plan d’action. Cela ne dépendra pas de la signature de l’Accord ni des progrès dans le processus de stabilisation et d’association. Pour les pays qui ne sont pas encore dans le processus, les partenariats représenteront une incitation plus pour remplir les conditions pour les négociations. Nous nous attendons à ce que la Serbie-Monténégro mette een œuvre les réformes, comme nous l’avons demandé aux autres pays. Cependant, la façon de le faire et les délais dépendent toujours de l’État en question J’espère que nous allons signer l’Accord de partenariat européen avec la Serbie-Monténégro avant la fin mars, mais cela dépendra des négociations avec le gouvernement. Il est très important que les partis politiques de Serbie comprennent l’importance de l’agenda européen lors de la formation du nouveau gouvernement. EF : Croyez-vous que nous soyons sur la bonne voie ? JB : Ces trois dernières années, les rapports avec l’UE ont progressé, toute une série de réformes ont été mises en œuvre avec succès. Je l’ai déjà déclaré à plusieurs reprises. Le processus d’intégration européenne des pays des Balkans occidentaux a été accéléré après le sommet de Thessalonique, non seulement avec le partenariat européen, mais aussi au niveau du dialogue politique et économique. Je citerais le programme Twinning, qui est de plus en plus présent dans en Serbie-Monténégro et dans toute la région. Votre pays pourra avoir accès au programme TAIEX, qui assure des assistances à court terme pour l’harmonisation législative avec l’UE. Les gouvernements doivent être prêts à s’engager dans ces programmes et capables de comprendre l’utilité de l’attention que leur accorde l’UE. EF : Comment le grand élargissement de l’UE, en mai 2004, se reflètera-t-il dans les futurs rapports avec les pays qui visent l’intégration, notamment avec les Balkans occidentaux ? JB : La carte de l’Europe changera le 1er mai. L’UE changera non seulement de frontières, mais aussi de structure, et cela aura de grandes conséquences pour votre région. Cela ne veut pas dire qu’elle restera marginalisée, au contraire. Nous sommes beaucoup plus préoccupés par l’efficacité avec laquelle les gouvernements de la région répondront à l’attention croissante de l’UE qui provient de la déclaration de Thessalonique. Nous espérons une intensification du processus de stabilisation et d’association, le succès des activités communes, comme la lutte contre la criminalité organisée, le renforcement du dialogue politique et économique et de la coopération régionale, surtout dans le domaine de l’établissement d’une zone de libre-échange. La volonté politique est nécessaire à la réalisation des ces objectifs. Nos rapports avec la Serbie-Monténégro sont très bons et très dynamiques, et nous nous attendons à ce que le Plan d’action sur l’harmonisation du marché intérieur soit vraiment appliqué pour que l’UE obtienne un partenaire pour les négociations et que le pays puisse remplir ses obligations internationales. L’UE s’est engagée au maximum à ce sujet, mais le soutien extérieur n’est possible que dans une certaine limite. Le défi majeur pour votre gouvernement sera de répondre aux exigences de l’UE qui deviennent de plus en plus détaillées. Évidemment, le dialogue n’est possible qu’avec un seul représentant de l’Union des deux États. Nous comprenons que la plupart des tâches concrètes sont remplies au niveau des États membres, mais il y a beaucoup de choses qui peuvent et doivent être faites ensemble. L’UE négocie avec l’Union et elle est responsable de l’application des accords. |
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21 juin 2003
l'Union européenne a promis une aide de 210 millions d'euros Au cours d'une réunion avec les dirigeants albanais, bosniaques, croates, macédoniens et serbo-monténégrins à Salonique, l'Union européenne a promis une aide de 210 millions d'euros et réitéré son intention de leur ouvrir un jour les portes de l'Europe. La nouvelle aide octroyée aux cinq pays s'ajoute aux 4,65 milliards d'euros couvrant la période 2004-2006 et est destinée à encourager le développement d'une économie solide et d'institutions civiles. Dans le communiqué final, les cinq pays s'engagent en particulier à exercer "une coopération totale et sans équivoque" pour arrêter et extrader les personnes suspectées de crimes de guerre pendant les conflits des Balkans devant le Tribunal pénal international (TPI) de La Haye au Pays-Bas. |
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mardi 8 avril 2003,
19h02
La Macédoine devient un laboratoire de la défense européenne Depuis le 31 mars, la république de Macédoine est devenu le
laboratoire de la construction européenne. Pour la première
fois, une force armée sous drapeau européen a pris le relais
militaire de l'OTAN. |
Quels choix diplomatiques pour la Slovénie ? TRADUIT PAR ELENA MALINOVSKA VISNAR Publié dans la presse : 17 mai 2003 La Slovénie devrait développer une diplomatie « originale » et imaginative afin d'augmenter son poids relatif dans l'Europe de 25. Par Sasa Vidmajer Bien sûr, il y a l'OTAN et l'UE. Mais il est toujours bon de regarder ailleurs. Par exemple vers les petits pays membres de l'Union. Ou le Sud-Est européen. Même vers l'Italie et l'Autriche voisines. Car une diplomatie moins « glamour » et plus active confère à un pays un certain statut international et augmente son influence. Le statut de membre de l'Union européenne oblige à créer des partenariats. La Slovénie, parmi vingt-cinq autres pays, ne pourra se faire valoir seule. Il sera nécessaire de s'associer à des pays aux intérêts convergents. D'ailleurs, la mise sur pied de coalitions - en particulier autour de projets spécifiques - est une pratique courante dans l'UE. Des coalitions nouvelles sont probablement en gestation. La Slovénie devrait réfléchir rapidement à des partenariats allant dans le sens de ses intérêts nationaux. Ceci dit, il faut oublier les grands États, avec lesquels il existe peu de terrains d'entente politiques. Après que M. de la Baume, ambassadeur français à Ljubljana, ait transmis les déclarations du chef de notre diplomatie à Paris, il y a encore moins de raisons d'espérer. La polémique du ministre slovène des Affaires étrangères à Washington, aux prises avec la position française et les interprétations du Quai d'Orsay, n'a pas contribué à améliorer les relations... Du point de vue de la nouvelle Constitution européenne, ces coalitions sont naturelles : les pays de taille modeste, la Slovénie incluse, s'associent pour défendre des intérêts communs. Hors de l'UE, c'est plus difficile. Parmi les petits États et les États voisins, il faut rechercher ceux qui nous ressemblent. Par exemple, les pays d'Europe de l'Est ont plusieurs traits en commun. Ces nouveaux membres de l'UE sont tous plus ou moins vulnérables, la démocratie y est récente : ils devraient se regrouper. La Pologne entretient l'ambition de devenir une puissance, alors que la France décline avec orgueil les offres de Varsovie de servir d'intermédiaire entre l'Europe et les États-Unis. C'est une Allemagne essoufflée qui refuse l'invitation polonaise de participer à l'occupation militaire de l'Iraq dans le secteur polonais. De fait, même les nouveaux États membres, s'ils se décidaient pour une coalition informelle avec la Pologne, se sentiraient tôt ou tard subordonnés, car les alliances asymétriques amènent le plus puissant d'un groupe à se poser comme son dirigeant. Alors, avec qui la Slovénie doit-elle s'associer ? Probablement pas avec la Belgique ou la Suède, mais elle gagne à se tourner vers son voisinage immédiat. L'Italie, l'Autriche, la Croatie, la Hongrie et la République tchèque, voilà son hinterland et les pays avec lesquelles elle pourrait former une première alliance informelle, régionale et logique, au sein même de l'Union élargie. Les bénéfices en seraient mutuels et réciproques. D'une part, le statut de membre de l'UE et la conclusion des grandes alliances d'intérêts en Europe encouragent les bonnes relations entre pays voisins. D'autre part, des relations bilatérales stables renforcent le fonctionnement de la coopération régionale et augmente l'influence d'un pays dans l'UE. Des relations saines avec ses voisins seront essentielles à la Slovénie dans l'Union européenne élargie et à sa politique étrangère. Et l'entrée dans l'UE ne fera qu'étendre ses relations. Cependant, si « le petit pays est toujours menacé par de grands dangers », la Slovénie, membre de l'UE, deviendra moins vulnérable à l'avenir. Mais l'Italie et l'Autriche ont été trop souvent dans le passé des voisines encombrantes pour espérer que, malgré le calme actuel, elles changent profondément leur attitude. Ceci dit, la Slovénie devra aussi faire sa part pour changer les choses. Jusqu'à maintenant, elle ne l'a pas fait. La facette la plus visible des relations bilatérales - les rencontres politiques - n'est pas des plus prometteuse. Ces rencontres bilatérales, au niveau des ministres des Affaires étrangères, furent très fréquentes ces dernières années mais se sont trop conformées aux intérêts d'un seul pays. Benita Ferrero-Waldner et son homologue slovène s'entendaient bien, certes, mais nous savons qui de la Slovénie ou de l'Autriche en a profité. De même, le couple Drnovsek-Schluessel est plus caressant qu'équilibré, comme les relations entre Vienne et Ljubljana. À quel point le Premier ministre Tone Rop, la première fois ce vendredi en visite officielle à Vienne, l'a-t-il compris ? Les relations internationales futures de la Slovénie dépendront de sa capacité d'invention. En se contentant de réagir seulement aux initiatives autrichiennes, comme au temps du « partenariat stratégique », elle restera y subordonnée. Il faut donc une réflexion indépendante. Prendre une initiative officiellement et au plus haut niveau permet de proposer des idées ou des projets avec un maximum d'impact. Les diplomates affirment que la disposition à la coopération dépend de la finesse et de la sophistication de la proposition. Et l'occasion se présente. Après l'entrée à l'UE et à l'OTAN, l'unique horizon de notre politique étrangère jusqu'à récemment, il faut maintenant regarder ailleurs. En ce qui concerne l'Italie et l'Autriche, la Slovénie ne pourra pas éternellement servir leurs intérêts. Officiellement, Ljubljana a décidé de ne pas revenir sur tout ce qui déplaît à ses voisines. Certains estiment qu'une telle attitude en vaut la peine. L'Italie ne va pas aggraver l'affaire des actionnaires et Silvio Berlusconi avait promis à son homologue précédent, Janez Drnovsek, qu'il n'y aurait pas de problème avec la ratification du Traité européen. Toutefois, l'Italie et surtout son Premier ministre manquent de crédibilité et ne peuvent se permettre aucune pression extérieure. Il est remarquable que dans ses relations avec la Croatie - plus importante que la Slovénie - Rome devient moins intransigeante qu'avant. Cela remet en question la grande discrétion de l'État slovène. Cette discrétion est partout perceptible, de l'indifférence envers la minorité de l'autre côté de la frontière jusqu'au problème du retour des objets d'art exportés avant et après la Seconde Guerre mondiale. La conclusion de partenariats avec l'Italie et l'Autriche, la coordination de l'action, les conseils, les investissement en Europe du Sud-Est et la discrétion sur la scène diplomatique, c'est une tâche difficile. L'Italie est un grand pays européen, elle se comporte à la mesure de son importance, elle fonctionne, elle finance. Les Balkans constituent son terrain de chasse et elle va y pénétrer peu importe comment, si ce n'est à travers l'Albanie et le Monténégro. L'Autriche entend jouer un rôle privilégié dans les Balkans jusqu'à l'Adriatique, objet de ses réflexions géopolitiques depuis longtemps. Wolfgang Petritsch, Erhard Busek et Albert Rohan sont des noms connus dans les Balkans et ailleurs, peut-être plus que les noms slovènes. Néanmoins, l'Italie et l'Autriche ne sont pas assez grandes pour ne pas laisser un peu de place à la Slovénie. Après les sanction de l'UE, l'Autriche a perdu son image de pays bucolique. Quant à l'Italie de Berlusconi, juste avant sa Présidence de l'Union, elle est plutôt désolante... Grâce à une politique étrangère honnête, inventive, adroite, convaincante et crédible, la Slovénie pourrait devenir une sorte de « spécialiste », un pays qui assumerait le rôle de plaider en faveur des intérêts de sa région en Europe. La chose serait assez unique et intéressante - et elle augmenterait le poids relatif de la Slovénie dans l'Union européenne. (Mise en forme : Stéphane Surprenant) |
Comment européaniser les Balkans ? TRADUIT PAR PERSA ALIGRUDIC Publié dans la presse : mars 2003 Nous ne pouvons avancer dans la voie de l'intégration européenne si les ombres obscures du passé continuent à masquer les atouts de nos pays. L'avenir dépend de la coopération entre les États balkaniques, et non pas de la mise en place d'un vaste protectorat international. Par Jovan Teokarevic [1] L'assassinat du Premier ministre Zoran Djindjic aura plusieurs conséquences. Au niveau national, cet attentat a rappelé aux Serbes que la transition économique et politique ne se ferait pas sans difficultés. L'accès à la démocratie en octobre 2000 s'est fait de manière paisible. Cependant la mort de Zoran Djindjic nous apprend à regarder notre passé, plus présent et plus fort que nous ne le pensions. La lutte contre la criminalité doit être la priorité de notre processus de réforme. Cela ne veut pas dire qu'il faille négliger les autres impératifs, mais sans un travail systématique et ambitieux pour la mise en place d'un État de droit, ces réformes seront vaines. Il faut être très clair : nous ne pouvons plus avancer si les ombres obscures du passé continuent à masquer les meilleurs aspects de notre pays, mis à jour par Zoran Djindjic. Les Balkans et l'Europe souhaitent collaborer avec des partenaires crédibles. Il nous faut pour cela avoir une vision réaliste, mais ambitieuse, de notre avenir, et nous consacrer sans réserve aux réformes. La démocratie se doit d'être consolidée, même dans des secteurs de la vie publique comme la police, l'armée, et la justice, si nous voulons un jour intégrer l'Union européenne [UE]. Un État doté de puissantes institutions. La collaboration dans les Balkans ne peut se faire qu'entre des États qui s'appuient sur des fondements institutionnels solides. Il nous faut opter, ainsi que nos voisins, sur ce type de système politique. En Serbie, le consensus semble de mise pour lutter contre la criminalité. Cet engagement est d'autant plus important qu'il est soutenu par l'étranger. Compte tenu de nos initiatives, notre pays peut être regardé comme le chef de file de la coopération balkanique. Nous devrions nous en réjouir à la veille du sommet des chefs d'État et de gouvernement qui se tiendra à Belgrade, début avril. C'est à cette date que la Serbie quittera la présidence, qu'elle avait depuis un an, du Processus de collaboration en Europe du Sud-Est. Nous nous montrons plus actifs que nos voisins en la matière, même si tout n'est pas parfait. Pour une collaboration entre les pays des Balkans. La collaboration balkanique peut être optimisée si nous laissons de côté des problèmes politiques non résolus pour nous concentrer sur des questions économiques qui intéressent tous les habitants de la région. Nous présumons qu'un tel type de coopération devrait se développer selon le modèle qui a contribué à façonner l'UE. La signature d'une série d'accords bilatéraux sur le commerce libre, l'énergie et les communications, a, ces derniers mois, donné de bons résultats, surtout dans le cadre du Pacte de stabilité. La collaboration est effective entre les différents services de police, de douanes, et de justice, qui luttent contre la criminalité, mal commun à tous les pays de la région. Il est certain que cette politique n'aura aucun effet à long terme si elle n'est pas soutenue par la communauté internationale. Les Balkans diffèrent des autres régions de l'ancien bloc communiste par le fait que la région accuse un retard économique et que la criminalité y est importante. C'est la raison pour laquelle, il nous faut mettre en place une politique de collaboration entre les différents États de la région, car il n'est pas question ici de mettre en place une sorte de protectorat international. Pour une lutte en commun contre la criminalité. Ce grand dessein doit reposer sur trois aspects essentiels : la partage des valeurs communes aux différents États, la capacité à prévoir et à anticiper les actes délictueux, et la possibilité d'agir et de coopérer rapidement. Il semble difficile actuellement de remplir ces trois conditions, pourtant minimales, car les préjugés sont nombreux, la volonté politique est insuffisante, et les institutions locales sont trop peu nombreuses. Notre approche des problèmes ressemble à celle qui avait cours après la Seconde Guerre Mondiale en Europe occidentale. La formule « l'Europe dans les Balkans » fonctionnera tant que, ensemble, nous le souhaiterons. Dans les Balkans, l'assassinat de Zoran Djindjic menace de réduire une collaboration à peine entamée. Il faudrait pour bien faire que ce soit le contraire. (Mise en forme : Stéphan Pellet) [1] L'auteur est directeur du Centre pour l'intégration européenne de Belgrade (BeCE). |
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Slovénie : naissance de l'euroslavisme ? TRADUIT PAR PERSA ALIGRUDIC Publié dans la presse : 7 décembre 2002 En 2001, les présidents russe et américain se sont rencontrés à Brdo, près de Kranj. À cette occasion, le chef de l'État slovène, Milan Kucan, aurait proposé à Vladimir Poutine de créer un forum des cultures slaves. Le Premier ministre slovène, Janez Drnovsek, se serait ensuite rendu à Moscou pour peaufiner le projet. Par Stevan Sicarov. Des nouvelles surprenantes nous parviennent de Slovénie. Il semblerait que la classe politique locale ait l'art de créer des surprises et de semer la confusion. Les 3 et 4 décembre, des ministres des pays de langue slave se sont réunis à Brdo, près de Kranj afin d'organiser à Ljubljana le Forum des cultures slaves. Le ministère slovène de la Culture a expliqué que les pays de langue slave ressentaient le besoin de sauvegarder des valeurs culturelles et des traditions communes, et cela à l'heure de la mondialisation et de l'intégration à l'Union européenne. L'organisation devrait siéger à Ljubljana. D'ici fin 2003, les États membres conviendront d'un plan d'action pour un échange d'informations et leurs diffusions publiques, notamment dans les domaines littéraire, culturel, artistique, pédagogique, et communicationnel. La Russie, la Slovénie, la Bulgarie, la Macédoine, le Monténégro, la Serbie, la Slovaquie, la République tchèque, la Biélorussie (l'Ukraine et la Bosnie-Herzégovine rejoindront bientôt la liste), devraient assurer le fonctionnement financier du projet qui sera également soutenu par des fonds européens. Sa mise en place est prévue pour 2004. Les informations ci-dessus sont la partie immergée de l'iceberg. Le programme comprend quelques surprises. Comme l'a révélé la presse, la réunion des pays de langue slave était informelle, bien que les ministres aient été photographiés ensemble d'une façon très officielle. Le statut du forum demeure flou, tout juste sait-on qu'il aura une dimension multilatérale. Il n'y a pas eu de véritable conférence de presse, bien que les journalistes se soient précipités dans la salle où se tenait la réunion. Une partie du sommet s'est déroulée à huis clos, et il est probable que les différents interlocuteurs ont communiqué par traduction simultanée, en anglais voire en français. Néanmoins, il semblerait que tout était pour le mieux : beaucoup de bonne volonté, pas d'attitudes guindées, pas de regards en coin, etc.. Toutefois, que faut-il attendre d'un tel projet où l'intention des initiateurs paraît claire comme de l'eau de roche ? Nul ne saurait contester la volonté des pays de langue slave d'entretenir des échanges culturels. Cependant, le projet a sa part d'ombre. La dernière fois que les Slovènes ont entendu parler de slavisme, c'était en 1994. Vladimir Jirinovski dénonçait le découpage des frontières européennes qui avait conduit à l'unification de l'Allemagne alors que trois des grands États slaves étaient en proie à un démantèlement. Après cette déclaration, Vladimir Jirinovski n'a plus eu le droit de mettre les pieds sur le sol slovène. Les partisans du slavisme sont devenus moins nombreux, et leurs adversaires, favorables à un rapprochement avec la Vénétie, ont gagné de l'importance. Zmago Jelincic, notamment, prétendait que les Slovènes n'étaient pas des Slaves, mais les descendants des Vénètes qui lors du déclin de l'empire romain avait fait de la Carantanie un État indépendant. Signalons que les archéologues contestent cette version des faits depuis plus d'une décennie. Le slavisme sur la scène publique slovène est rétif, c'est le moins qu'on puisse dire, à tout rapprochement avec les forces occidentales, qu'elles soient européennes ou américaines. La Slovénie se trouve aujourd'hui devant des objectifs politiques d'importance : elle a adhéré à l'OTAN et devrait bientôt rejoindre l'Union européenne. Alors que le pays s'ouvre à l'Occident, il se tourne désormais vers l'Est ! Et cela d'une façon plus que symbolique : le forum des cultures slaves est fondé sur le 202ème anniversaire de la naissance de France Presern, poète qui, à l'époque du romantisme, défendait la création d'une fédération slave. Apparaît aujourd'hui un nouveau concept, celui d'euroslavisme En 2001, les présidents russe et américain se sont rencontrés à Brdo près de Kranj. À cette occasion, le chef de l'État slovène, Milan Kucan, aurait proposé à Vladimir Poutine de créer un forum des cultures slaves. Le Premier ministre slovène, Janez Drnovsek, se serait ensuite rendu à Moscou pour peaufiner le projet. Sans l'approbation de la Russie, une telle réalisation n'aurait pas vu le jour. Il s'agit là d'un joli coup de publicité, d'une opération rondement menée, labellisée par le grand frère russe, pour un petit pays de deux millions d'âmes. Il va pouvoir diffuser "la voix de la culture" à ses voisins de l'Est, soit trois cents millions d'habitants. C'est une excellente entrée en matière pour être apprécié de Bruxelles… (mise en forme : Stéphan Pellet) |