Presse Republika Srpska
Serbie
- Republika Srpska : vers un nouvel accord sur les « relations spéciales
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Traduit par Jasna Andjelic Publié dans la presse : 10 juin 2006 La Serbie et la Republika Srpska de Bosnie-Herzégovine veulent redéfinir les « relations spéciales » qui les unissent, maintenant que la Serbie est indépendante. Le Premier ministre serbe Vojislav Kostunica était en visite officielle à Banja Luka. L’occasion d’évoquer un allégement des régimes douaniers, mais aussi d’affirmer son attachement aux accords de Dayton. Par Branka Brankovic Le Président de la Republika Srpska Dragan Cavic et le Premier ministre de Serbie Vojislav Kostunica ont convenu vendredi à Banjaluka de changements à l’Accord sur « les relations spéciales et parallèles entre la RS et l’ancienne RFY », signé le 5 mars 2001 dans un objectif de stabilisation de la région. Les deux dirigeants ont expliqué que l’Accord devait subir des changement à cause de nouveaux rapports entre ses signataires. Le message politique principal de la réunion de Banjaluka est de « changer l’Accord pour démontrer que les Accords de Dayton représentent une base de la stabilité de la Bosnie-Herzégovine et des autres pays de la région et que c’est l’accord de Dayton qui est obligatoire et non pas des initiatives particulières ». « Les annexes à l’Accord seront plus concrets dans les domaines de l’économie, de la culture et autres champs de coopération. Je tiens à souligner que l’Accord ne mettra pas en question et ne menacera en aucun cas l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine ni celui de la Serbie en tant qu’Etat héritier de l’ancienne Yougoslavie (RFY) », a dit Dragan Cavic, en ajoutant que « la volonté d’adaptation de l’Accord aux nouvelles circonstances démontre les positions claires de la Serbie et de la RS sur la souveraineté des États de la region et le fait que les signataires des Accords de Dayton représentent la base de bons rapports de voisinage entre les pays issus de la Yougoslavie». Dragan Cavic a souligné que le changement de l’Accord, qui est tout à fait transparent, démentait les affirmations provocantes de Sarajevo sur « la consipration serbo-serbe qui auarit pour objectif une nouvelle hégémonisation transgressant la souveraineté de la Bosnie-Herzégovine affirmée par les Accords de Dayton ». « Nous avons constaté que la future coopéération entre la Republika Srpska et la Serbie, après que cette dernière est devenue héritière de l’État commun de Serbie et Monténégro, devait avoir une nouvelle forme définie par un Accord modifié. Les Accords de Dayton et la Constitution de la Bosnie-Herzégovine permettent aux entités de conclure des accords avec les États voisins », a rappelé le Premier ministre serbe Vojislav Kostunica, à l’occasion de sa première visite officielle à Banjaluka depuis l’autodétermination du Monténégro. Vojislav Kostunica a dit que la constitution de la délégation gouvernementale en visite à Banjaluka (comprenant les ministres des Finances, de l’Économie, des Mines et de l’énergie, ainsi que celui des Investissements capitaux) prouvait de la meilleure façon possible les bonnes intentions de la visite. Au sujet des négociations sur le statut du Kosovo, le Premier ministre serbe a souligné que « la question du Kosovo montrera si les principes et les règles du droit international ont réellement une valeur universelle ». La cooperation avec le TPI a également été un des sujets de discussion avec les president Cavic. Vojislav Kostunica a dit que l’existence de la volonté politique de coopération avec le TPI était la réalité la plus importante et qu’elle était incontestable. D’après lui, cela ne donne droit à personne de prendre tout un pays en otage ni d’arrêter les négociations sur la Stabilisation et l’Association. Vojislav Kostunica a souligné qu’un éventuel referendum dans la Republika Srpska ne n’avait pas figuré parmi les sujets de discussion, et que la position officielle de la Serbie était qu’une application sélective du droit et des accords internationaux était impossible. Accords douaniers et perspectives économiques Après la rencontre avec Vojislav Kostunica, le Premier ministre de la Republika Srpska Milorad Dodik a évoqué le début d’une nouvelle époque dans les rapports entre la RS et la Serbie, surtout dans le domaine de l’économie. Le ministre de l’Agriculture, des forêts et des eaux de la RS, Slaven Pekic, et le ministre de l’Économie de la Serbie Predrag Bubalo ont signé un Memorandum, par lequel le gouvernement de Serbie accorde 400 tracteurs de l’usine IMT aux agriculteurs de la RS sur un principe de leasing, selon les conditions valables pour les agriculteurs en Serbie. Il a été discuté de l’établissement des lignes aériennes entre Belgrade et Banjaluka, et une simplification de la procédure douanière sur tous les postes-frontière a été décidée. La banque belgradoise Komercijalna Banka va ouvrir une fillale à Banja Luka en septembre. Les deux chefs des gouvernement ont également discuté de la possibilité d’égalisation de statut des entreprises. Milorad Dodik a dit qu’il souhaitait voir s’étendre certaines activités de la compagnie d’assurance Dunav Osiguranje sur le territoire de la RS. Il est prévu une utilisation commune du poste-frontière de Raca pour les activités douanières et les flux de marchandises. Selon Milorad Dodik, le gouverment de la Repubika Srpska insistera sur ce projet auprès du Conseil des ministres, parce que cela affirmerait l’existence de bonnes relations entre la Serbie et la Bosnie-Herzégovine. |
Traduit par Ursula Burger Oesch
Publié dans la presse : 7 juin 2006
Milorad Dodik, le Premier ministre de la Republika Srpska, poursuit sa campagne pour un référendum d’autodétermination dans cette entité, qui veut se séparer de la Bosnie-Herzégovine. Selon lui, la Republika Srpska a autant de droit à la sécession que le Kosovo. Après l’échec des réformes constitutionnelles, l’avenir de la Bosnie s’obscurcit de jour en jour. Le Premier ministre Milorad Dodik a répété encore une fois hier à Novi Sad qu’il était important d’insister sur l’initiative pour organiser un référendum dans cet entité, afin que les autres acceptent le fait qu’il s’agit de l’unique issue possible à la situation actuelle. « Nous sommes conscients qu’en ce moment, le référendum représenterait une « aventure politique » et une « attaque contre des moulins à vent », mais nous savons également qu’à l’époque de l’ex-Yougoslavie, le Kosovo non plus n’était pas une république », a expliqué Milorad Dodik. « Si Sarajevo nous lance constamment le même message, selon lequel la RS ne devrait pas exister parce qu’il s’agirait d’une entité née d’un génocide, nous allons leur donner une réponse qui s’appelle « le peuple » et « le référendum », a déclaré Dodik à l’occasion d’une conférence donné au sein de la Matica srpska de Novi Sad. Il a également rajouté que le gouvernement de RS sait bien qu’en ce moment le référendum n’a pas de légitimité internationale. « Cependant, quand on m’a demandé mon avis sur le fait que pour le référendum sur l’indépendance monténégrine, le seuil avait été fixé à 55% des électeurs, je leur ai rétorqué la chose suivante : fixez, si vous voulez, notre seuil à 90%, et vous verrez que l’état d’esprit des gens en RS est favorable à son indépendance ». Milorad Dodik a cependant ajouté que, sans reconnaissance internationale, le référendum n’aurait pas de succès, ce qui, selon lui, ne veut absolument pas dire que dans l’avenir, il n’y aura pas de référendum. « L’argument selon lequel le référendum en RS ne pourrait pas avoir lieu parce la RS n’existait pas à l’époque de l’ancienne Yougoslavie n’est pas fondé, parce qu’on peut aussi bien nous poser la question sur le Kosovo qui, lui non plus, n’était pas une république au temps de l’ex-Yougoslavie », a conclu Milorad Dodik. |
Les Serbes de Bosnie veulent garder leurs symboles nationaux Traduit par Jacqueline Dérens Publié dans la presse : 10 mai 2006 Malgré les injonctions de la Cour constitutionnelle de Bosnie-Herzégovine, les dirigeants de Republika Srpska refusent toujours de retirer les emblèmes nationaux serbes, au risque de provoquer une nouvelle crise. Pour Sarajevo, il faudrait que les Serbes comprennent enfin que la guerre est finie. Par Gordana Katana « Personne, aucune institution, ne me donnera l’ordre d’enlever le drapeau serbe ou les armoiries serbes de mon bureau », a déclaré le Premier ministre de la Republika Srpska (RS) Milorad Dodic lors d’un entretien sur une télévision locale. Il a dit à voix haute ce que pensent tout bas de nombreux dirigeants politiques. Ils refusent d’obéir à la décision de la Cour constitutionnelle de la Fédération de Bosnie et Herzégovine qui a ordonné de faire disparaître les symboles nationalistes serbes. Pour eux, cette décision a pour but de rendre plus floue l’entité serbe de Bosnie. Pour d’autres, exhiber les symboles serbes, c’est raviver les passions nationalistes à quelques mois des élections. Depuis la fin de la guerre en Bosnie (1992-1995), les deux entités, la Fédération croato-bosniaque et la Republika Srpska, ont leurs propres drapeaux et leurs propres emblèmes. La RS a même son hymne national. Mais en 2002, Sulejman Tihic, le membre bosniaque de la Présidence tripartite, a demandé à la cour constitutionnelle si ces symboles étaient en accord avec la constitution. À la suite de cette requête, la Cour constitutionnelle a ordonné aux deux entités de changer leurs symboles nationaux, car on pouvait estimer qu’ils violaient la constitution. La Fédération a accepté la décision, mais les dirigeants politiques de la RS ne l’ont pas accepté dans les faits. Au cours d’une séance parlementaire, les députés serbes ont fait valoir que leurs symboles étaient tout autant acceptables par les Croates et les Bosniaques que par les Serbes et que les non Serbes n’étaient pas raisonnables en refusant de les reconnaître. Milorad Dodik, dirigeant de l’Alliance des sociaux-démocrates indépendants (SNSD), avec d’autres dirigeants serbes, a rejeté la décision de la Cour car c’était pour lui une tentative pour saper la RS. « Cette décision va aggraver nos relations avec la BiH et, bien que n’ayons aucune intention de déstabiliser le pays, il est grand temps que nous donnions une réponse ferme aux exigences de Sarajevo qui nous harcèle parce qu’ils n’ont pas pu satisfaire leurs appétits en temps de guerre », a déclaré Milorad Dodik. Milorad Dodik, Dragan Cavic, dirigeant du Parti démocratique serbe et Président de la RS, ainsi que le président de l’Assemblée nationale de la RS, Igor Radojicic, ont décidé de faire cause commune pour défier la décision de la Cour constitutionnelle. Certains ont vu dans cette décision une tentative cynique de la part de Milorad Dodik et des autres dirigeants serbes d’exploiter les sympathies nationalistes dans la course aux élections d’octobre prochain. Slobodan Popovic, du Parti social-démocrate de Bosnie-Herzégovine a déclaré que « les élections approchent, et c’est beaucoup plus facile d’être populaire en attisant les divisions ethniques que de répondre aux questions de fond sur la vie quotidienne des citoyens, sans se préoccuper de savoir s’ils sont Serbes, Croates ou Bosniaques ». Aleksandar Trifunovic, rédacteur de Buka Magazine de Banja Luka, fait la remarque suivante : « Il faudrait répondre à la question de savoir si la guerre en Bosnie-Herzégovine est bien finie, ou si elle continue par d’autres moyens ». Pour lui, les représentants des entités montrent un niveau alarmant de mépris pour les institutions d’État. « Ce n’est pas par hasard que les représentants de RS respectent les décisions officielles quand elles s’accordent parfaitement avec les intérêts du parti au pouvoir. Ils jouent là un jeu dangereux parce que les citoyens pourraient leur emboîter le pas et cela conduirait à l’anarchie ». |
Republika Srpska : les recrues
refusent de prêter serment à la Bosnie-Herzégovine Publié dans la presse : 21 avril 2005 Les nouvelles recrues de l’Armée de la Republika Srpska ont prêté serment à la Republika Srpska et pas à la Bosnie-Herzégovine - devant une croix orthodoxe, en sifflant l’hymne national, et sans porter le blason jaune et bleu de la Bosnie-Herzégovine sur leurs uniformes. Un scandale national qui pourrait remettre en cause l’intégration euro-atlantique de la Bosnie. Par Cvijeta Arsenic La prestation de serment solennel selon les nouveaux règlements des Forces armées de Bosnie-Herzégovine, dans la caserne « Mika Bosnic » à Manjaca, ainsi que celles qui ont eu lieu à Bileca et Trebinje, ont démontré qu’en RS, la réforme de l’Armée n’était toujours à l’ordre du jour. Les cérémonies de prestation de serment des soldats de la classe du mois de mars de l’Armée de Republika Srpska, qui ont eu lieu le 16 avril 2005 dans les casernes de Manjaca, Bileca et Trebinje, ont fini par devenir un scandale d’une ampleur internationale. Dans ces casernes, les recrues ont accepté de signer un serment écrit par lequel ils s’engagent à défendre l’intégrité et la souveraineté de la Bosnie-Herzégovine, mais ont cependant refusé de le prononcer publiquement, devant le commandement militaire, leurs parents et les citoyens. Ils sont restés loyaux au texte du serment de l’Armée de Bosnie-Herzégovine jusqu’au moment où il fallait répéter les paroles suivantes : « que je vais garder et défendre la Bosnie-Herzégovine ». À la place de « Bosnie et Herzégovine », ils ont prononcé « que je vais garder et défendre la Republika Srpska ». Le « courage » des soldats a été salué par les personnes présentes au Centre de formation de Manjaca, les parents des recrues ont pleuré, les copines approchaient leurs copains et les embrassaient. Le soldat Janko Ivanovic a affirmé devant les journalistes présents à la cérémonie que les soldats se sont mis d’accord pour ne pas répéter qu’ils allaient défendre la Bosnie-Herzégovine, mais la Republika Srpska, et qu’ils auraient fait la même chose, même si cet accord n’avait pas eu lieu. « Nous savons ce que nous aimons », était la réponse de la plupart de recrues interviewés, mais qui n’étaient tout de même pas en mesure de commenter le fait qu’en signant le texte du serment ils se sont de toute façon obligés de défendre la Bosnie-Herzégovine. L’hystérie nationale à Manjaca a été incitée par une déclaration passionnée de Tomislav Cavic, le vice-président de l’Organisation des combattants de Banja Luka. Son message aux représentants de l’UE, de l’OTAN et du Bureau du Haut Représentant (OHR) était que les solutions imposées en ce qui concerne la mise en oeuvre des réformes dans le domaine de la défense en Bosnie-Herzégovine ne pourront pas être réalisées. « Parmi les solutions imposées de la part du Haut Représentant, figure entre autres l’actuelle caricature du drapeau, chose pour laquelle il a reçu une énorme somme de dollars, mais aussi d’autres affaires sales », proclamait hystériquement Cavic depuis la scène. Ce président de la filiale de Banja Luka de l’Organisation des combattants de la RS a expliqué que jamais les Serbes n’aimeront la Bosnie-Herzégovine autant qu’ils aiment la République Srpska ou la Serbie et Monténégro. Quoique dans les couloirs de Banja Luka circulent des informations selon lesquelles l’incident de Manjaca ainsi que ceux de Bileca et Trebinje auraient été organisés de la part de certains politiciens et officiers, selon le responsable du Centre pour la coopération civile et militaire de l’Armée RS, le lieutenant colonel Borislav Vukicevic, cette nouvelle représentait une surprise déplaisante. Il a prétendu que les officiers ne peuvent pas être mêlés à cet incident et a confirmé que le majeur Milan Micanovic a, comme prévu par la loi, clairement prononcé le texte du serment devant les recrues de Manjaca. « Ce sont les émotions que les parents et les cousins des soldats nourrissent dans leurs âmes qui ont prévalues », a expliqué Vukicevic. La position de Branko Trkulja, le porte-parole du ministère de la défense de RS est que les soldats ont commis une infraction mais que lors de la résolution de ce problème, il faut prendre en compte « la volonté des jeunes hommes que nous n’étions pas en mesure d’influencer ». Son avis est que les pressions de la part de l’UE, l’OTAN et l’BHR en ce qui concerne la création d’une armée unique de Bosnie-Herzégovine ont irrité les recrues, et que l’événement de Manjaca a été une occasion pour lancer un message clair aux représentants internationaux sur la nécessité de changer leur approche actuelle en ce qui concerne l’implémentation des réformes dans le domaine de la justice. Dans la caserne de Bileca, la cérémonie de serment a été arrêtée par les sifflements des citoyens adressés à Novak Djukic, le chef d’état-major de l’armée de RS, à Marinko Siljegovic, le vice-ministre de la défense et au Maire de la municipalité de Bileca, Miladin Samardzic. « Pendez-vous », criaient les parents et les familles excitées. La même chose s’est passée avec les recrues de Trebinje dont quelques uns s’adressaient sur un ton querelleur aux militaires de la mission EUFOR. L’élan patriotique s’est ralenti suite à la lettre, d’un contenu pas très plaisant pour les représentants des autorités et de l’Armée de RS, envoyée par les représentants de l’UE, l’OTAN et l’OHR. Ils ont exigé de Milovan Stankovic, le ministre de la Défense, qu’il lance une enquête urgente et envoye les résultats à Nikola Radovanovic, le ministre de la Défense de Bosnie-Herzégovine. Les représentants de la communauté internationale ont exprimé leur inquiétude vis-à-vis du message dangereux qui a été émis au sein de la caserne de l’armée de RS, un message qui fait penser au passé, quelques jours avant le Sommet de l’OTAN à Vilnius, en Lituanie. Il n’est pas exclu que la survie du ministère de la Défense de la RS et de l’état-major de l’Armée de la RS seront remis en question et, conséquence encore plus importante, le délai d’admission de la Bosnie-Herzégovine dans le Partenariat pour la Paix de l’OTAN risque d’être prolongé. |
Bosnie : la Republika Srpska a un nouveau gouvernement Publié dans la presse : 27 février 2005 Au terme de près de deux mois de crise, Pero Bukejlovic, le candidat du Parti démocratique serbe (SDS, fondé par Radovan Karadzic) a obtenu, par 46 voix contre 33, une majorité parlementaire en faveur du nouveau gouvernement de la Republika Srpska, qu’il a formé et va diriger. Tenu par une règle édictée par la Cour constitutionnelle de compter parmi ses membres des citoyens des trois peuples constitutifs de la Bosnie-Herzégovine, ce gouvernement est composé de 8 ministres serbes, 5 boshniaques et 3 croates, mais ces huit derniers ne bénéficient de l’appui d’aucune formation politique. Avec seulement 4 ministres sur les 16 que comporte le gouvernement, le SDS, principal parti nationaliste de l’entité, détient les postes les plus sensibles, avec notamment les portefeuilles de la Défense et de la Police, qui ont été et demeurent au cœur des problèmes les plus brûlants de l’heure. Face à l’hostilité des sociaux-démocrates indépendants de Milorad Dodik (SNSD), principale force d’opposition en RS et des partis surtout implantés dans la Fédération, mais avec le soutien du Parti radical de Vojislav Seselj, Pero Bukejlovic a obtenu sa majorité grâce au ralliement du Parti du progrès démocratique) de Mladen Ivanic (PDP) ,qui s’est livré jusqu’au bout à une valse-hésitation,en vue d’obtenir des assurances sur le maintien de son influence dans la sphère économique et politique de la Bosnie. Mladen Ivanic paraît notamment en mesure de reprendre son portefeuille de ministre des Affaires étrangères de Bosnie-Herzégovine, qu’il avait fait mine d’abandonner lors de l’éclatement de la crise. Dans son exposé devant le parlement, Pero Bukejlovic a tenu le langage de circonstance qu’on attendait de lui, sur le respect des accords de Dayton, de la coopération avec le Tribunal de la Haye et de l’importance de l’intégration de la RS et de la Bosnie-Herzégovine aux structures euro-atlantiques. Sur ce dernier point, Milorad Dodik s’est demandé comment les principaux membres du gouvernement pourraient mener cette tâche à bien en étant interdits de séjour aux États-Unis. Commentant la formation de ce gouvernement, le quotidien de Sarajevo Oslobodjenje constate, entre autre, que Pero Bukejlovic a évité de parler du problème clé de l’actualité qui est celui de la formation d’une police unifiée en Bosnie. Selon ce journal, le nouveau Premier ministre n’a rien apporté de nouveau, mais a satisfait son parti, le SDS, le PDP de Mladen Ivanic et le Haut représentant international Paddy Ashdown, qui aurait donné son accord à la composition du gouvernement. |
Bosnie : le nouveau
gouvernement de Republika Srpska déçoit la communauté internationale Publié dans la presse : 14 janvier 2005 Le nouveau gouvernement, toujours dirigé par le SDS, donne peu de signes de coopération à la communauté internationale qui exige l’arrestation de personnes suspectées de crimes de guerre. Les partis politiques serbes dénoncent le choix du nationaliste Pero Bukeljovic comme Premier ministre. Par Gordana Katana L’arrivée du nationaliste Pero Bukejlovic au poste de Premier ministre de l’entité serbe de Bosnie n’aidera pas à résoudre l’actuelle crise politique autour des demandes de la communauté internationale concernant les réformes et l’arrestation de criminels de guerre potentiels, crise qui avait pourtant forcé son prédécesseur, le modéré Dragan Mikerevic, à démissionner. Les analystes pensent que le nouveau gouvernement mené par le Parti démocratique serbe, le SDS, sera encore moins enclin que son prédécesseur à coopérer sur les réformes institutionnelles - en particulier celles de la police et de la défense - mises de l’avant par le Bureau du Haut Commissariat (OHR), dans le but de réorganiser la Bosnie en vue d’une éventuelle intégration à l’OTAN, puis à l’UE. La Republika Srpska (RS) a jusqu’à avril pour répondre à deux demandes internationales impératives : livrer des personnes suspectées de crimes de guerre et entreprendre des réformes dans le secteur de la sécurité. Le Président de la RS Dragan Cavic a fini par nommer Pero Bukejlovic - un ancien ministre de l’industrie appartenant également au SDS - au poste de Premier ministre le 10 janvier, après trois semaines de discussions avec les dirigeants des autres partis serbes-bosniaques, dans le but de combler le vide du pouvoir. Le bras de fer avec Paddy AshdownDragan Mikerevic avait démissionné le 17 décembre dernier, le jour après que le Haut Commissaire Lord Paddy Ashdown a annoncé le congédiement de neuf commissaires de police et chefs de gouvernements locaux en RS et annoncé que l’entité serbe de Bosnie allait devoir céder le contrôle de la police et de la défense à l’État bosniaque. Paddy Ashdown a clairement senti que le moment était venu pour imposer des sanctions, car la candidature de la Bosnie au Programme de Partenariat pour la Paix de l’OTAN venait d’être rejetée pour la seconde fois au sommet de l’Alliance à Bruxelles le 8 décembre. L’explication de ce nouvel échec de la Bosnie dans ses tentatives de normalisation a été la même que celle donnée lors du précédent sommet de l’Alliance le 28 juin à Istanbul : la Republika Srpska ne coopère pas assez avec le Tribunal de La Haye sur la question des criminels de guerre. Les deux principaux suspects, l’ancien dirigeant serbe-bosniaque Radovan Karadzic et son commandant en chef Ratko Mladic, courent toujours et plusieurs pensent que les deux hommes séjournent au moins à l’occasion en RS. Les gestes précédents de Paddy Ashdown - en particulier le renvoi en juillet de 58 responsables du SDS, dont le chef du parti Dragan Kalinic - n’avaient pas eu pour effet d’améliorer la coopération avec le Tribunal. La décision d’obliger la police et l’armée autonomes de la RS à rendre des comptes à l’État bosniaque va dans le sens d’une centralisation des institutions capables de contribuer à régler le problème des criminels de guerre. L’annonce du Bureau du Haut Commissaire (OHR) en décembre était la dernière flèche à l’endroit de Dragan Mikerevic qui, comme nombre de politiciens du SDS, s’oppose à la centralisation des institutions bosniaques et à la création d’un État central fort. Contrairement à leurs homologues de la Fédération, les politiciens serbes-bosniaques souhaitent le maintien des pouvoirs dévolus à chacune des entités par les Accords de Dayton en 1995 qui avaient défini le cadre constitutionnel actuellement en vigueur. Au moment de démissionner, Dragan Mikerevic avait dit que la décision du Haut Commissaire était une tentative d’imposer des changements constitutionnels qu’il était « réticent à appliquer ». Mikerevic était membre du Parti du Progrès démocratique (PDP), un partenaire de coalition du SDS. « Défense de la RS »Pour manifester leur hostilité générale à l’érosion des pouvoirs de la RS, les politiciens serbes-bosniaques ont répondu à la démission du Premier Ministre en signant une « Entente sur une action politique coordonnée » le 22 décembre. Le cœur de l’entente consiste en une dénonciation vigoureuse de toute modification aux constitutions de la RS et de la Bosnie sans l’accord consensuel des trois nations composant le pays, les Serbes, les Musulmans et les Croates. Les divers partis ont aussi offert leur support à la formation d’un nouveau gouvernement. Mais le SDS et l’Alliance des Sociaux-démocrates indépendants (SNSD) n’ont pas été capables de s’entendre sur la composition d’un nouveau cabinet ni sur la durée de son exercice. Cela a forcé la main au Président Cavic, qui a dû nommer un autre membre du SDS, Pero Bukejlovic, comme Premier Ministre (sujet à approbation par l’assemblée de RS) et lui demander de former le nouvel exécutif. À en juger par les déclarations du SDS, du PDP et d’autres petits partis comme le Parti démocratique patriotique, le Parti des Pensionnaires et le Parti serbe radical, le Premier ministre Bukejlovic devrait être en mesure de s’assurer la majorité parlementaire dont il a besoin pour gouverner. Le Président Cavic a affirmé le 11 janvier que le résultat serait probablement un gouvernement minoritaire dans lequel le SDS jouerait un rôle prédominant. La nomination de Pero Bukejlovic a été critiquée aussitôt pour deux raisons : d’abord, l’incapacité du SDS à s’affranchir de ses relations plus que douteuses datant de la guerre, ensuite, parce que le mandat de cet ancien ministre de l’industrie en 2000-2002 avait coïncidé avec une crise majeure dans la production. Dragan Cavic a balayé les critiques en disant que « Le SDS n’a tué ni volé personne et a prouvé au cours des quatre dernières années qu’il était prêt et capable d’appliquer des réformes. Nous rejetons avec colère toute allégation à l’effet que le SDS et son Premier Ministre désigné seraient inaptes à diriger le gouvernement ou seulement non éligibles à le faire. » Toutefois, l’idée que les politiques de la RS soient décidées par le SDS risque peu d’enthousiasmer la communauté internationale. On ne s’attend pas à ce que ce nouveau gouvernement cherche à répondre aux exigeances internationales. Pressions pour l’arrestation de Karadzic et MladicLord Ashdown a avertit cette semaine qu’avril serait le prochain délai au terme duquel - à moins bien sûr que divers suspects, et surtout Karadzic et Mladic, ne soient livrés au Tribunal Pénal International - de nouvelles sanctions s’appliqueraient. Le prochain sommet de l’OTAN est également prévu pour avril. Le scepticisme est plutôt de mise quant aux chances des politiciens du SDS de répondre à ces demandes, de même qu’à leur capacité à établir des relations plus constructives avec l’Ouest qui attend des progrés dans ce domaine. Le gouvernement des États-Unis, contrairement aux gouvernements européens, a déclaré qu’il ne souhaitait pas du tout travailler avec le SDS, allant jusqu’à bannir en décembre les membres de ce parti du territoire étasunien. Nebojsa Radmanovic, député très en vue du SNSD, qui s’oppose à l’idée d’un cabinet mené par le SDS, estime qu’un parti qui ne jouit « d’aucune crédibilité » à l’étranger peut difficilement prétendre passer à l’action. « Un gouvernement empêtré dans le passé associé au SDS et dont les membres sont interdits de séjour aux États-Unis ne sera jamais capable de remplir ses obligations », ajoute-t-il. Les dirigeants d’autres partis s’opposant aussi à une administration désignée par le SDS appuient cette position. Petar Djokic, chef du Parti socialiste, insiste : « Ce sera le baiser de la mort pour tout parti qui se joindra au SDS dans ce nouveau gouvernement ». La conséquence, selon Marko Pavic qui dirige l’Alliance démocratique nationale (DNS), un autre parti dénonçant l’idée d’un cabinet SDS, sera que la RS va continuer dans la même direction qu’auparavant, laquelle s’est révélée être une impasse. « Cette politique menée pendant si longtemps s’est vue donner une deuxième vie avec Pero Bukejlovic en dépit d’échecs cuisants » dit-il. Tanja Topic, une analyste politique à la Fondation Friedrich Ebert de Bosnie, est sceptique devant ce nouveau cabinet et doute qu’il puisse accomplir beaucoup de choses, quand bien même les exigeances concernant l’arrestation des suspects de crimes de guerre seraient assouplies. « Même si le Haut Commissaire retire sa demande aux institutions de la RS d’appréhender Karadzic et Mladic avant une certaine date limite, il y aura nombre d’autres obligations que le gouvernement ne sera pas capable de remplir » explique-t-elle. |
NEZAVISNE NOVINE Bosnie-Herzégovine : Requiem pour la Republika Srpska TRADUIT PAR LEJLA SADOVIC Publié dans la presse : 5 janvier 2005 La crise politique en Republika Srpska a pris toutes les caractéristiques d’une tragicomédie qui risque d’être fatale à cette entité. Comme d’habitude, le Président de la RS, Dragan Cavic, fait passer ses intérêts personnels et ceux de son parti, le SDS, au-dessus de tout. En attendant les prochaines sanctions de Paddy Ashdown.. Par Mirjana Kusmuk Si l’on admet que Dragan Mikerevica démissionné pour sauvegarder les intérêts nationaux de la RS et non pas à cause de son mauvais travail, alors se pose une question tout à fait logique : quelle est la raison du renouvellement de la scène politique de la RS, et pourquoi faut-il une nouvelle majorité à l’Assemblée alors que l’ancienne était stable ? Il n’existe qu’une seule raison à cette suite d’événements et deux scénarios possibles pour une même histoire. Dans le premier scénario, en proposant trois place au gouvernement à Milorad Dodik, le leader de l’opposition, le président de la RS et du Parti démocratique serbe (SDS), Dragan Cavic, se présente comme l’unificateur qui cherche un consensus pseudo-national. Mais la formation d’un gouvernement avec des ministres issus des trois partis politiques différents - Parti du progrès démocratique (PDP), Sociaux-démocrates indépendants (SNSD) et SDS - est à l’avance vouée à l’échec, car leurs déclarations politiques respectives concernant les questions clés sont totalement divergentes. Ainsi, Dragan Cavic hérite d’un argument fort pour déclarer en public qu’il a tout essayé mais que ce sont les autres qui sont responsables de la défaite. Selon le second scénario, après que Milorad Dodik ait refusé l’offre proposée, Dragan Cavic et les partis politiques minoritaires, dont le seul objectif est la course aux fauteuils, essayeront de former un gouvernement minoritaire avec une majorité instable à l’Assemblée. Le but est encore une fois le même et totalement personnel. Dragan Cavic s’assure aussi avec ce scénario le rôle d’unificateur, le « moins coupable » de la défaite de la RS. De cette manière, le Président de la RS a transformé l’intérêt national et public en intérêt strictement privé du parti qu’il représente. A cause de sa hantise de voir quelqu’un d’autre réussir par hasard, Dragan Cavic a remis en question les institutions de la RS. En négligeant l’évidence qui est que seul un gouvernement fort peut stabiliser la RS et répondre aux exigences du droit international, il a gâché la dernière chance pour le renforcement des discussions sur les positions de cette entité, et cela au moment même où son éventuel renvoi est ouvertement exigé. Au lieu d’avancer de réelles propositions pour la survie de la RS, il essaye par le biais de gadgets bon marché de sauvegarder son autorité propre, depuis longtemps inexistante, au détriment de l’autorité institutionnelle derrière laquelle il se cache. Ce comportement égoïste appartient seulement aux leaders qui placent leur propre personne au dessus de l’Etat - dans ce cas précis au dessus de l’entité de la RS - et qui cherchent à créer un régime dictatorial. L’accord sur l’action politique lui servira uniquement à une chose : se cacher derrière lui et sauvegarder son fauteuil face aux possibles sanctions qui frappent ceux qui n’écoutent pas les demandes de réformes de Paddy Ashdown. Le summum de la farce politique, appelé la crise de l’autorité, a été atteint tout seul, consciemment ou inconsciemment, quand Dragan Cavic, interrogé sur un éventuel départ du SDS du Conseil des ministres de Bosnie-Herzégovine, a répondu : « Seuls les lâches se retirent ». Seuls peuvent montrer une telle dose d’incompétence politique ceux dont la politique est vide d’idées, de programmes et de visions, et est tournée uniquement vers les intérêts personnels, le désir pur du pouvoir et ce qui va avec, l’enrichissement. S’il n’en allait pas ainsi, Dragan Cavic aurait confié son mandat à une personnalité forte qui, éloignée des petits et agaçants intérêts politiques des criminels issus des différents partis, essayerait de conduire jusqu’au rivage le bateau qui coule. Il comprendrait et accepterait que les grands hommes sont faits pour les grandes époques. Contrairement à cela, il termine l’ancienne année en s’adressant à la nation et commence la nouvelle par une conférence de presse. Noté par le public, il est devenu aux cotés de Željko Dragi ?evi ? i Nada Arlov la personnalité qui a marqué le travail de la Radiotélévision de RS (RTRS) de l’année passée. Son dernier discours à la nation est attendu en avril, quand la danse cannibale au dessus de la RS aura pris fin. En attendant, cette dernière perdra toutes ses fonctions vitales et pourra déposer au cimetière ses dernières souhaits, suivie du choeur de coordination des organisations « non-gouvernementales ». D’ici là, la maison continura à brûler et la grand-mère à se pomponer. |
Le jeudi 16 décembre 2004 Nouvelles sanctions contre les serbes bosniaques Amra Hadziosmanovic - Agence France-Presse - Sarajevo La communauté internationale a adopté jeudi de nouvelles sanctions contre les autorités serbes bosniaques accusées de protéger les inculpés de crimes de guerre et d'avoir notamment abrité en 2004, Ratko Mladic, recherché pour génocide par le Tribunal pénal international (TPI). Ainsi le Haut représentant de la communauté
internationale, Paddy Ashdown, a notamment annoncé lors d'une conférence
de presse le limogeage de six commissaires de police et de trois
responsables de l'administration locale serbe bosniaque. |
Bosnie : la Republika Srpska 9
ans après les accords de paix de Dayton Publié dans la presse : 20 novembre 2004 La Bosnie-Herzégovine fête le neuvième anniversaire de la paix signée le 21 novembre 1995 à Dayton. La communauté internationale avait voulu créer un État unitaire de Bosnie-Herzégovine, tout en reconnaissant deux « entités », la Republika Srspka et la Fédération croato-bosniaque. Le chemin européen de la Bosnie passera-t-il par une dissolution progressive de ces entités ? Par Branka Brankovic Le passage du temps a entraîné différentes interprétations des Accords de Dayton. Les dirigeants politiques de la Fédération considèrent que ce document n’a apporté que la paix, tandis que ceux de la Republika Srpska insistent sur le partage de l’État, en s’appuyant sur la Constitution de la RS. Rappelons-nous du « complément aux accords de Dayton », ce qui est le nom que les hommes politiques des deux entités donnent aux premiers changements de ce document. Le début du nouveau millénaire a vu le renforcement des institutions communes au niveau de la Bosnie-Herzégovine comme la Présidence, le Conseil des ministres, le Parlement fédéral ou le ministère de la Défense, ce qui a rendu plus évidents les changements par rapport au premier texte des accords. La question de la parité des trois peuples constitutifs dans les institutions de la Republika Srpska est toujours actuelle, surtout au sujet de la formation de la police unie de Bosnie. Quelle est donc la position de la Republika Srpska, aujourd’hui, neuf ans après la signature des Accords de Dayton ? « Avec le renforcement des institutions communes au niveau de la Bosnie-Herzégovine, certaines compétences institutionnelles de l’entité ont été réduites. La Republika Srpska a acquis un certain niveau de stabilité politique, ce qui n’élimine pourtant pas le risque de nouvelles tensions. Du point de vue économique et social, la RS, ainsi que toute la Bosnie-Herzégovine, se trouvent dans une situation catastrophique. Il ne faut pas oublier que les Accords de Dayton ne traitent pas la Republika Srpska comme un État, et que c’est un problème imposé par ses dirigeants politiques. En effet, ils cherchent, depuis des années, à présenter cette entité comme un État. C’est pourquoi la perte des compétences institutionnelles est plutôt mal vécue », explique Tanja Topic, analyste politique de RS. Drago Kalabic, membre du Comité directeur de l’Alliance démocratique populaire, exprime le point de vue de l’opposition, selon laquelle la RS se trouve dans une situation difficile, presque sans issue. « Les Accords de Dayton n’ont pas été amendés, mais complètement modifiés. L’intention de la communauté internationale est de créer une Bosnie-Herzégovine unifiée, et cela n’a rien à voir avec les Accords de Dayton. Nous avons gardé très peu des compétences qui avaient été accordées à chacune des entités et confirmées par les cinq grandes puissances mondiales. La coalition au pouvoir, qui réunit le Parti démocratique serbe (SDS) et le Parti du progrès démocratique (PDP), a beaucoup contribué aux changements du premier texte des Accords et de la Constitution de la RS », explique Drago Kalabic. Il faut savoir que les compétences définies à Dayton il y a neuf ans ont été reprises par Bruxelles, ce qui marque le chemin inévitable de la Bosnie-Herzégovine vers les intégrations européennes. Le chemin de Dayton vers Bruxelles se fera-t-il sans les entités ?Nevenka Trifkovic, membre du Comité directeur du Parti du progrès démocratique (PDP) et députée à l’Assemblée de la RS, estime que l’entité de Républika Srpska fait partie de la Bosnie-Herzégovine, et que les institutions communes ont repris certaines compétences pour faciliter le cheminement vers l’Europe. « La RS a toujours son statut d’entité, comme au moment de la signature des Accords de Dayton, mais en même temps, nous devons faire certaines concessions, dans l’objectif du meilleur fonctionnement des institutions communes. L’État commun existe, et selon la Constitution de la Bosnie-Herzégovine, il est composé de deux entités. Je ne souhaite pas faire des prévisions et dire si les entités disparaîtront ou pas. Ces changements auront lieu seulement avec l’accord de deux entités, c’est-à-dire des trois peuples constitutifs de la Bosnie », ajoute-t-elle. Sefket Hafizovic, vice-président de l’Assemblée nationale de la RS et membre du Parti d’action démocratique (SDA, musulman) pense que les Accords de Dayton n’étaient que la signature de la paix et qu’ils n’ont pas subi de changements, mais qu’ils ont été complétés au profit de tout le monde. « Du point de vue administratif et territorial, la position de la RS reste inchangée, mais il est inévitable de chercher à créer un État fonctionnel et uni, même si cela est douloureux pour certains. La RS est consciente que la Bosnie-Herzégovine et ses entités doivent remplir certaines conditions pour adhérer à l’Europe. Il est très probable que l’avenir nous apporte un modèle qui contentera tout le monde, surtout d’un point de vue national. Rien n’est éternel. Les Accords de Dayton ne sont qu’une base de départ qui nous a apporté la paix », conclut Sefket Hafizovic. |
Réfugiés bosniaques en Republika
Srpska : l’église de la discorde Publié dans la presse : 14 octobre 2004 La bataille au sujet d’une église de Konjevic Polje, à Bratunac, dans l’est de la Republika Srpska, menace de mettre le feu à un nouveau conflit religieux et interethnique dans la région, opposant les Serbes aux réfugiés bosniaques de retour. Le conflit est devenu politique et l’Église orthodoxe serbe fait preuve d’intransigeance. Par Sadik Pazarac L’église orthodoxe serbe a été construite illégalement en 1996 sur un terrain privé appartenant à une Bosniaque, Fata Orlovic, après qu’elle eut été expulsée du village avec d’autres Bosniaques pendant la guerre. À son retour, Fata Orlovic a récupéré sa propriété, et elle a demandé aux autorités civiles et religieuses d’enlever le bâtiment, qui se trouve juste en face de la maison familiale. Cette affaire est allée devant les tribunaux, mais l’appareil juridique de la Republika Srpska n’a pas pris de décision. Depuis, ce problème est devenu une « cause célèbre », mettant à l’épreuve les relations entre les Serbes et les Bosniaques de retour, impliquant un nombre toujours plus grand de gens extérieurs à ce problème. Alors que les partis bosniaques, les médias et la communauté islamique se sont portés défenseurs des demandes de Fata Orlovic, mettant en avant ses droits légitimes sur sa propriété, les partis politiques serbes, l’Église orthodoxe et les médias de RS ont pris le contre-pied. Ils affirment que déplacer l’église maintenant serait une attaque à la liberté de religion. De petits incidents ont entraîné, le 12 septembre, un conflit ouvert entre Fata Orlivic et un groupe de Bosniaques d’un côté et, de l’autre, des prêtres orthodoxes serbes, des civils et la police de RS. Le ton a monté si vite que beaucoup de personnes faisaient référence aux débuts de la guerre en Bosnie en1992. Le 17 septembre, le magazine Dani parlait de Bratunac comme d’une ville à la veille d’un conflit armé, les Serbes et les Bosniaques étant sur le point de se battre. Depuis de nombreux mois, le conflit grondait. Après un incident moins sérieux en avril dernier, les autorités de la RS avaient décidé de fermer l’église de façon temporaire, jusqu’au jugement du tribunal. Mais l’accalmie provenant de cette décision n’a tenu que jusqu’au 12 septembre, quand sont arrivés au village plusieurs prêtres orthodoxes avec l’intention de conduire un service religieux. Ils étaient accompagnés par une dizaine de jeunes Serbes chantant des chansons nationalistes. Fata Orlovic est venue à leur rencontre dans sa cour. Mais après que les jeunes l’ont repoussée, la police, au lieu de venir à sa défense, l’aurait frappée. « Quand je suis tombée, un des policiers m’a donné un coup à la jambe et un autre dans le ventre. Je n’avais plus de souffle et ils m’ont embarquée », affirme-t-elle. Après avoir perdu conscience, elle a été emmenée à l’hôpital de Bratunac, puis à celui de Tuzla. Toujours d’après Dani, le lendemain,le calme était revenu à Konjevic Polje, même si Fata Orlovic veut toujours que l’église disparaisse son terrain. « Je veux que ma propriété soit comme avant. Les autorités n’ont qu’à déplacer l’église ». D’après les médias bosniaques, la dernière confrontation la plus violente à Konjevic Polje est le dixième incident sur la propriété de Fata Orlevic. Les autorités de la RS demandent de plus en plus que la loi soit appliquée, et que l’Église orthodoxe, pour mettre fin à cette situation inextricable, accepte de déplacer le bâtiment. Une affaire politiqueCependant, les observateurs politiques expérimentés restent prudents, dans la mesure où l’épopée de Kojevic Polje fait maintenant partie de la bataille politique en RS, dans laquelle aucun politicien serbe ne souhaite apparaître en faiblesse sur « des causes nationales serbes ». L’un des perdants politiques de cette affaire a été le ministre du Plan de la RS, Mensur Sehagic, un Bosniaque qui avait contresigné l’interdiction temporaire des services religieux dans l’église au printemps dernier. Dragan Mikerevic, Premier ministre de la RS, issu du Parti démocratique du progrès (PDP), a limogé Mensur Sehagic, avec le soutien de son chef de Parti, Mladen Ivanic, ministre des Affaires étrangères de Bosnie. « Mladen Ivanic et Dragan Mikerevic se moquent bien que l’église demeure dans la cour de Fata Orlovic ou soit déplacée », a écrit récemment le journal Nezavisne Novine, de Banja Luka. « Mais ils se soucient beaucoup de montrer aux électeurs qu’ils représentent et protègent les ’intérêts nationaux’ serbes sur chaque centimètre carré du territoire serbe ». Dans ce climat de plus en plus tendu, les médias de la RS ont même prétendu que la campagne pour déplacer l’église de Konjevic Polje cachait mal les intentions sinistres du Parti d’action démocratique (SDA), musulman, qui souhaite mettre le feu aux poudres dans cette région. Selon le journal nationaliste serbe de Bosnie, Glas Srpski, la volonté d’interdire tout service dans l’église est une « violation de la liberté religieuse ». Le journal va jusqu’à démontrer, sournoisement, que le SDA se trouve derrière ce qu’il appelle « une attaque contre les Serbes et les orthodoxes croyants de cette partie de Podrinje. Ils veulent détruire tout ce qui a été fait de positif dans cette ville récemment ». La Radiotélévision publique de la Republika Srpska (RTRS) a aussi mis tout son poids dans l’affaire, en dénonçant « une attaque de vandales menée par un groupe de Bosniaques contre des prêtres et des croyants orthodoxes ». La RTRS a aussi diffusé une interview de l’évêque orthodoxe de Zvomik et Tuzla, Mgr Vasilije, parlant de ce qui se passait près de l’église de Konjevic Polje comme relevant d’un « génocide ». L’évêque a affirmé que les orthodoxes de cette région avaient été « privés de leur droit à la religion. Il est hors de question de déplacer ou de détruire cette église ». Qu’en pensent les gens du village ?Quand, des deux côtés, les médias et le clergé font de plus en plus de déclarations enflammées, les citoyens, Serbes ou Bosniaques, ont de moins en mois la parole. D’après un rapport de la radio Free Europe dans le village, les 700 Bosniaques et les 4 familles serbes se porteraient beaucoup mieux sans leurs partisans extérieurs. La radio a donné la parole à une Serbe de ce village, Koviljka Petrovic qui affirmait que l’église n’aurait jamais dû être construite là. « C’est une propriété privée. Ce terrain appartient à Fata ». Ranka Madzarevic-Petkovic, une autre Serbe qui a perdu son mari dans la guerre de 1992-1995, était du même avis. « Mes voisins musulmans sont merveilleux avec moi. Il nous faut construire une nouvelle vie, et au moins vivre ensemble ». La voisine de Ranka, Fatima Mehmedagic, une Bosniaque qui a perdu trois fils à la guerre ajoute : « La réconciliation se passerait mieux si chacun faisait comme moi et Ranka. Nous nous occupons l’une de l’autre. Des voisins serbes cultivent mes champs : nous nous en sortons ». |
Début du procès de Momcilo Krajisnik, le « recordman de La Haye » TRADUIT PAR JASNA TATAR Publié dans la presse : 29 janvier 2004 Après quatre années d’incarcération, le procès du dirigeant serbe de Bosnie Momcilo Krajisnik débutera ce mardi 3 février à La Haye. Mais cette ouverture ne pourrait bien être que symbolique, afin de faire taire les critiques sur cette longue période de détention sans jugement. Par N. Lj. Stefanovic Carla Del Ponte, le procureur en chef du TPI, et son adjoint Graham Bluit ont tous deux parlé de l’arrestation de Radovan Karadzic à la rédaction du journal « Dnevni List » de Sarajevo. Bluit a d’abord constaté avec résignation que l’Occident ne s’intéressait pas à l’arrestation de Karadzic, et exprimait la crainte que l’ancien président de la Republika Srpska (RS) puisse rester libre jusqu’à la fin de ses jours, comme il l’est depuis les neuf années qui se sont écoulées depuis sa mise en accusation. Carla Del Ponte a déclaré le lendemain, au même journal, que la SFOR trouvera et arrêtera Karadzic cette année. « Je suis convaincue de la volonté de la communauté internationale d’arrêter tous les accusés du TPI en fuite, y compris Radovan Karadzic. Il n’est pas facile d’arrêter un fuyard bien organisé, qui se cache depuis huit ans », a dit Del Ponte qui est, semble-t-il, en désaccord avec son adjoint même sur la durée du mandat d’arrêt. Le procureur en chef a également expliqué que l’opinion de Bluit sur l’intérêt de l’Occident pour l’arrestation de l’ancien président de la RS était une opinion personnelle, sans aucun lien avec les positions officielles du TPI. Carla Del Ponte avait prévu en septembre dernier que Karadzic arriverait à La Haye avant la fin de 2003. Ces réactions divergentes ne représentent pas la pratique habituelle du TPI, dont les fonctionnaires tentent de maintenir un discours public identique. Il semble que Bluit se soit un peu précipité, sans consultation préalable de sa supérieure hiérarchique. Il l’a fait de la même façon que le journaliste britannique et témoin du TPI à plusieurs reprises, Ed Vulijami, qui a conclu la semaine dernière que le monde ne s’intéressait plus à Karadzic. Comme Bluit, il a fait le parallèle avec l’arrestation de Saddam Hussein, preuve que la volonté politique permet bien des choses. Début du procès du « recordman de La Haye »Mais même si la prévision de Carla Del Ponte sur la prochaine arrestation du rebelle le plus connu des Balkans n’est pas vérifiée, le nom et les actes de Radovan Karadzic seront mentionnés dans une des salles du TPI en début de la semaine prochaine. Le procès contre Momcilo Krajisnik commencera le 3 février. Krajisnik est le détenteur du « record de La Haye » par le fait que son procès est attendu depuis quatre ans (il a été arrêté le 3 avril 2000 dans sa maison à Pale), par les coûts de la préparation de sa défense de plus d’un million de dollars (les avocats, la traduction des documents et la préparation des centaines de milliers de pages de preuves). Le jugement n’était pas encore commencé que Krajisnik, accusé de génocide et de crimes de guerres commis en Bosnie-Herzégovine, devait changer d’équipe d’avocats. Momcilo Krajisnik était l’objet du même acte d’accusation que Biljana Plavsic, ancienne présidente de la RS qui a entre-temps reconnu sa culpabilité et évité de partager le banc d’accusé avec un homme qu’elle ne supporte pas. Les deux anciens collaborateurs qui sont par la suite devenus des opposants politiques se rencontreront brièvement devant le TPI, Biljana Plavsic étant l’un des témoins les plus importants contre Krajisnik. Le texte de sa reconnaissance de culpabilité indique que Krajisnik avait conçu le plan de division ethnique forcée de la Bosnie-Herzégovine avec Milosevic, Karadzic et Mladic, et qu’il est responsable pour les crimes qui ont suivi. La reconnaissance de Biljana Plavisic et la longue attente de l’arrivée de Karadzic à La Haye ne sont pas les seules raisons qui expliquent les reports de son procès. Son ancien avocat serbo-américain, Dejan Brasic, a été radié l’année dernière du Barreau américain. Son nom a été effacé de la liste des avocats autorisés à travailler au TPI et Krajisnik a dû chercher une nouvelle équipe pour sa défense. La nouvelle équipe a pris du temps pour analyser le dossier (la rumeur veut que leurs prédécesseurs n’avaient laissé aucun document utile) et lire les centaines de milliers de pages. Dans ces papiers sont cités les différentes déclarations de Krajisnik, du temps où il était « le romantique national » et l’un des chefs de « l’équipe de Pale ». Par exemple, dans une interview de la fin de 1997, il disait au sujet des accusations pour crimes de guerre : « En ce qui concerne [ses accusations], nous sommes très clairs : il devait en être ainsi ». Mais Krajisnik pourrait avoir des problèmes d’arithmétique devant le TPI : à un certain moment, les Serbes occupaient 72 % du territoire bosniaque alors que l’accusé affirmait que 64 % du territoire devait leur appartenir, et que tout le reste serait rendu. Finalement, Krajisnik a été présent à Dayton, où tout le monde s’est mis d’accord sur les 49 %. Cette différence numérique a provoqué de nombreuses morts, dans les trois camps en guerre. Les nouveaux avocats de Krajisnik (une équipe anglo-autrichienne) affirment que les quatre années d’attente de leur client avant son jugement n’influenceront pas leur futur travail. L’ancien président de l’assemblée de Pale a déjà une expérience semblable : à la fin des années 80, il a passé neuf mois en détention avec Radovan Karadzic. Ils faisaient l’objet d’une accusation de fraude. Krajisnik a ensuite été libéré, et n’a pas demandé de dédommagement, même s’il y avait droit. Sa biographie publiée dans le livre « Qui est qui en Republika Srpska » indique « qu’il est retourné à ses racines, à Zabrdje, où il a vécu jusqu’à l’éclatement de la guerre ». Cette fois, il lui sera difficile de retourner à ses racines et à Zabrdje. Personne n’a été libéré par le TPI face à de telles accusations. Et ceux qui ont été libérés n’ont pas obtenu de dédommagement par l’ONU... Les initiés affirment que le procès contre Krajisnik commencera symboliquement, pour faire cesser les critiques sur sa longue période d’incarcération sans jugement. Le début officiel du procès sera probablement suivi d’une longue pause de préparation de la stratégie de défense. En lisant la documentation, les avocats de Krajisnik pourront savourer les descriptions poétiques de ce dernier, comme celle ou il décrit la RS comme « une jeune fille de 16 ans, jolie, orgueilleuse et bien coiffée, qui attend son mariage avec l’ensemble des territoires serbes pour que toute la famille soit réunie ». A l’époque, personne n’avait prévu que La Haye serait ce lieu de réunion familiale, ni que certains membres de la famille, comme Biljana Plavsic et Milan Babic, en auraient honte... |
Republika Srpska : rente à vie pour les criminels de guerre présumés ? Publié dans la presse : 10 août 2003 La dernière tentative des dirigeants bosno-serbes pour convaincre les criminels de guerre de se livrer n'a jusqu'à présent rien donné, sauf que ces dirigeants se sont une nouvelle fois couverts de ridicule. Par Gordana Kata La Republika Srpska (RS) aimerait prouver qu'elle est prête à coopérer avec le Tribunal de La Haye, et elle offre dans ce but des compensations financières à ceux des inculpés qui accepteraient de se rendre volontairement. Ces derniers toucheraient leur vie durant une somme de 200 euros par mois, les membres de leurs familles ayant droit à des billets d'avion gratuits pour La Haye trois fois par an, ainsi qu'à une somme de 250 euros tous les deux mois, pour couvrir leurs autres dépenses. Cette nouvelle manoeuvre ne semble avoir intéressé aucune des personnes recherchées. Elle a par contre suscité l'hilarité générale des juristes, des politiciens, ainsi que de l'ensemble de l'opinion publique. Tanja Topic, analyste politique indépendante, à qualifié cette initiative de « ridicule », en ajoutant : « On en est maintenant arrivé au point, en Serbie, en Croatie et ici même, en Bosnie-Herzégovine, où l'on est prêt à récompenser les responsables du génocide et des crimes... Au lieu de désavouer fermement cette politique, ces dirigeants semblent vouloir prouver en permanence qu'ils n'ont toujours pas renoncé à leurs objectifs - épuration ethnique et génocide.... Les autorités de la RS essayent ainsi de s'attirer les faveurs du Tribunal. Le temps passe et le gouvernement ne fait aucun véritable effort pour arrêter les inculpés ». Miodrag Zivanovic, professeur à la Faculté de philosophie de Banja Luka, est allé encore plus loin, affirmant « qu'accorder une aide financière à quelqu'un qui a commis des crimes de guerre est tout simplement immoral et inadmissible ». Senad Sacirbegovic, un musulman rentré à Banja Luka après en avoir été chassé pendant la guerre, a qualifié cette action de « véritable honte », ajoutant que cela n'aiderait certainement pas les réfugiés non-Serbes revenus en RS à s'y sentir en sécurité. « Les criminels les plus recherchés, le leader serbe Radovan Karadzic et le général Ratko Mladic - en fuite depuis déjà huit ans - ne se rendront certainement pas pour une somme dérisoire de 200 euros par mois », souligne Tanja Topic, ajoutant que si jamais quelqu'un décidait d'accepter cette offre, l'entité serbe de Bosnie serait alors confrontée à un nouveau dilemme. « Nous sommes au bord de la faillite et nous demandons où le gouvernement de la RS pense-t-il trouver cet argent ? » Les dirigeants de la RS avaient rejeté toute idée de coopération avec La Haye dans la crainte surtout de se voir accusés, directement ou indirectement, d'être responsables du sang versé au cours des quatre années de guerre. Ayant ainsi défié ouvertement la communauté internationale, ils s'étaient vus menacés de sanctions politiques et financières.. L'apparition de la procureure générale Carla del Ponte à Banja Luka, le 18 juillet dernier, semble avoir incité le gouvernement à prendre cette décision absurde mais l'opinion publique ne croit pas que cela pourrait pousser les quatorze inculpés toujours en fuite à se rendre. Par ailleurs, certains politiciens, administrateurs et citoyens ont qualifié cette proposition d'amorale et pense que le but est tout simplement de maintenir l'actuelle coalition au pouvoir (SDS et PDP). Nombreux sont les Serbes bosniaques pour qui les inculpés de crimes de guerre restent des héros et, si le gouvernement prenait des mesures concrètes susceptibles d'entraîner leur arrestation, cela pourrait très bien lui coûter la victoire aux prochaines élections. Marko Pavic, vice-président du Parti populaire démocratique, a déclaré : « Sous la pression de la communauté internationale ce gouvernement a voté à contrecoeur une loi de coopération avec le Tribunal, mais il n'est pas prêt à la respecter... L'idée de proposer des compensations financières à ceux qui se rendraient volontairement n'est qu'un simple coup de pub à l'intention de Carla del Ponte, et en aucun cas un pas en avant susceptible de convaincre ceux qui sont inculpés de crimes de guerre ». |
Biljana Plavsic à La Haye : persécution et souffrance des civils TRADUIT PAR JEAN-ARNAULT DÉRENS Publié dans la presse : 17 décembre 2002 La reprise de l'audience consacrée à Biljana Plavsic, l'ancienne Présidente de la Republika Srpska de Bosnie, a commencé lundi devant le Tribunal pénal international de La Haye. Par R.D. La Procureure générale Carla Del Ponte a déclaré que la reconnaissance de culpabilité avait une "signification essentielle", mais qu'avant de rendre leur verdict, les juges devaient prendre en considération l'importance des crimes. "C'est la première fois qu'un haut dirigeant de l'ex-Yougoslavie reconnaît sa culpabilité pour ces crimes horribles", a expliqué Carla Del ponte, qui s'est entretenue avant le début de l'audience avec Biljana Plavsic. Durant la guerre en Bosnie-Herzégovine, Biljana Plavsic a été vice-Présidente de la Republika Srpska (RS), et membre de la direction du Parti démocratique serbe (SDS). Parmi les crimes dont Biljana Plavsic plaide coupable, après avoir refusé de le faire, figurent, comme l'a rappelé Carla Del Ponte, "la violence et le nettoyage ethnique, des crimes dont ont souffert des milliers de victimes civiles". "La plupart des survivants en supporteront les conséquences jusqu'à la fin de leur vie, c'est pourquoi je souhaite que rien, dans la nature de cette reconnaissance de culpabilité, ne porte à diminuer l'importance de la responsabilité des crimes commis. Ce sont les crimes les plus horribles, et tous les détails figurent dans l'acte d'accusation. Selon moi, la Cour doit tenir compte de l'importance des crimes avant toute autre considération. En reconnaissant sa culpabilité, et dans ses relations avec l'accusation, Biljana Plavsic n'a pas demandé de traitement personnel, et elle n'a pas non plus essayé de dégager sa responsabilité pour ce qui a été commis. L'accusée a reconnu qu'elle devait représenter un pas important vers la réconciliation de la Bosnie", a ajouté Carla Del Ponte. Cette accusation, a expliqué la Procureure générale, "doit empêcher les tentatives de révision et de négation de la vérité, et amener les autres accusés à se confronter avec la réalité de ce qui s'est produit durant la guerre". Hudgin O'Sallivan, l'un des défenseurs de Biljana Plavsic, a lui aussi évoqué l'importance de la reddition volontaire de sa cliente et de sa reconnaissance de culpabilité. Il a expliqué que Biljana Plavsic voyait cette reconnaissance comme "un signe d'apaisement". Selon ses termes, de hauts responsables diplomatiques devraient confirmer, au cours de cette audience, que Biljana Plavsic, après la guerre, en tant que Présidente de la Republika Srpska, a joué "un rôle important dans la mise en œuvre des accords de Dayton", et qu'elle a pris des risques personnels en s'opposant aux politiciens corrompus et en s'engageant pour le jugement des criminels. Le témoin Adil Draganovic, président de l'Association des internés de Bosnie, a expliqué que plusieurs milliers de non-Serbes avaient été détenus et maltraités dans les camps de concentration établis dans toutes les régions serbes. Selon ses termes, dans les 37 communes sous contrôle serbe, il y a eu 408 camps de concentration. Le secrétaire de la Commission nationale bosniaque sur les crimes de guerre, Mirsad Tokaca, a déclaré qu'en 1992 avait été déclenchée une opération brutale contre la population non-serbe, et que la reconnaissance de culpabilité de Biljana Plavsic était "un pas important vers l'apaisement et le développement de relations normales en Bosnie-Herzégovine". Il a ajouté que dans toutes les communes, les Serbes avaient aussi été victimes de cette politique. Dans l'après-midi, l'écrivain prix Nobel de la paix Elie Wiesel a témoigné par vidéoconférence durant une dizaine de minutes, déclarant que "rien ne pouvait justifier ce que Biljana Plavsic a commis", mais que sa reconnaissance de culpabilité devait avoir valeur d'exemple. "La guerre est terminée dans les Balkans, mais l'histoire n'est pas achevée. Pour ceux qui ont souffert des crimes de guerre, le passé continuera de vivre dans l'avenir. Biljana Plavsic a été une responsable politique, elle est cultivée, et elle a cautionné l'expulsion par la force des populations. Comment a-t-elle pu, avec sa personnalité, sa culture, son éducation, collaborer avec des gens sans vergogne ?", a-t-il demandé. Il a demandé au Tribunal de juger au nom des victimes, expliquant que la vengeance n'était pas son but, mais qu'il fallait s'assurer que personne ne meurt une seconde fois, et que "soient défendus les droits de toutes les victimes du destin". "Votre verdict sera un verdict pour tous les criminels du monde", a conclu Elie Wiesel en s'adressant aux juges. Après cette audition, les avocats de Biljana Plavsic, Hudgin O'Sallivan et Robert Pavic, ont cité à comparaître le premier témoin de la défense, Milorad Dodik, président de l'Union des sociaux-démocrates indépendants de RS. Milorad Dodik a témoigné sur la situation politique et historique avant le début de la guerre en Bosnie. "À la fin de l'année 1992, lors de la réunion du conseil du SDS à Prijedor, il était visible que Biljana Plavsic avait des positions différentes de celles de la direction du parti. Le SDS ne soutenait pas formellement les groupes de profiteurs de guerre, mais ces derniers étaient très proches des autorités de la RS", a expliqué Milorad Dodik. Il a ajouté que Biljana Plavsic, en tant que vice-Présidente de la RS, avait résisté aux pressions de Radovan Karadzic, qui voulait lui faire abandonner cette fonction, et qu'en 1996, elle avait pris ses distances avec la direction du SDS, et qu'elle s'était principalement occupé de projets humanitaires. (…) L'ancienne Présidente de la RS a reconnu sa culpabilité de persécutions pour des motifs politiques, raciaux et religieux, ce qui est qualifié de crime contre l'humanité dans l'accusation. Le bureau du Procureur, par contre, a abandonné les sept autres points figurant dans l'acte d'accusation, dont deux qui accusaient Biljana Plavsic de génocide contre les Musulmans et les Croates. |
Le « Pont sur la Drina » en piteux état TRADUIT PAR JASNA TATAR Publié dans la presse : 7 décembre 2002 Construit entre 1571 et 1577 par une centaine de maçons considérés les meilleurs de l'époque, sous la direction du maître bâtisseur turc Mimar Sinan, l'édifice est aujourd'hui en piteux état : ses onze arches sont sur le point de s'écrouler.. L'ouvrage, créé à la demande de Mehmed Pasha Sokolovic, le grand vizir ottoman d'origine serbe, est devenu célèbre dans le monde entier grâce au roman d'Ivo Andric : « le Pont sur la Drina ». Le pont nécessiterait une restauration urgente. Par D. Bjelopoljac En 1991, une commission d'architectes et de bâtisseurs yougoslaves ont tiré la sonnette d'alarme. Le professeur Milan Gojkovic avait eu une même réaction, quinze ans auparavant. Lors d'une conférence à Visegrad, il a rappelé que ce pont, connu du monde entier, avait besoin de l'aide internationale. Les responsables locaux n'ont pas les moyens de réparer le pont. C'est la deuxième fois cette année qu'ils s'adressent aux autorités compétentes de la Republika Srpska, de la fédération bosniaque, et de l'Unesco, pour demander de l'aide. Pour l'instant, aucune démarche concrète n'a été entreprise pour sauvegarder l'ouvrage. La commission de la protection des monuments de Bosnie-Herzégovine a adopté, le mois dernier à Sarajevo, la décision de protéger le vieil édifice. Cependant, une telle mesure ne saurait améliorer l'état du pont. Radenko Ilic, le directeur de l'Institut de la protection du patrimoine culturel, historique, et naturel, de la Republika Srpska, reconnaît que la Republika Srpska n'a pas les moyens de restaurer l'ouvrage. Il préconise que la communauté internationale, les centrales hydrauliques de « Visegrad » et « Bajina basta », mettent la main à la poche. « Malheureusement, précise-t-il, il n'y a pas de temps à perdre, car des trous importants et menaçants sont désormais visibles dans les arches du pont. » Le pont de Visegrad a été pour la première fois sérieusement endommagé en 1914, quand les soldats austro-hongrois ont détruit deux colonnes centrales. En 1943, les Allemands ont démoli quatre autres colonnes. La construction de la centrale hydraulique « Bajina basta » en 1968 a fait que les colonnes du pont se sont affaissées de cinq mètres. Ivo Andric écrivit à propos du pont de Visegrad : « Tout peut arriver, sauf une chose : les grands hommes, qui sont en même temps des gens d'esprit, ne sauraient disparaître à jamais de la surface du globe, eux qui ont fait construire des ouvrages d'art durables afin que la terre soit plus belle et la vie des Hommes plus douce. Si la trace de ces bâtisseurs s'évanouissait, ce serait comme si l'amour divin s'éteignait et quittait, lui aussi, notre monde. Une telle chose ne peut arriver. » Sur le vieux pont, une inscription date de 1577. Il y est dit : « Son altesse, le bienfaiteur Mehmed Pasha, fidèle grand vizir des trois souverains, fit cette grandiose et magnifique construction. Que Dieu lui en soit reconnaissant ! Animé des intentions les plus pures, le grand vizir construisit ce grand pont sur la Drina par son bienveillant regard. Le pont fut si beau que chacun qui le vit pensa que c'était une perle plongée dans les eaux, protégée par la coquille du ciel. » (Mise en forme : Stéphan Pellet) |
Bosnie-Herzégovine : Mise en
cause de Belgrade dans la tentative d’assassinat à Banja Luka Publié dans la presse : 26 octobre 1999 Plusieurs hypothèses sont aujourd’hui émises au sujet de la tentative d’assassinat du rédacteur en chef de Nezavisne Novine, Zelko Kopanja, mais tous les regards sont dirigés sur Belgrade. Par Branko Peric à Banja Luka (Branko Peric est rédacteur en chef d’AIM à Banja Luka et contribue régulièrement à l’IWPR) "Le Parti socialiste de Serbie [de Milosevic, ndlr] a-t-il fait une déclaration ?" fut la première question posée par Zelko Kopanja, le rédacteur de chef de Banja Luka dont la voiture explosa vendredi [22 octobre, ndlr], lorsqu’il reprit connaissance. Non, aucune déclaration. Par conséquent, Zelko Kopanja et son plus proche collaborateur Radmilo Sipovac sont persuadés que Belgrade, ou plus précisément le président yougoslave Slobodan Milosevic, est responsable de la tentative d’assassinat dans laquelle Kopanja, 45 ans, a perdu ses deux jambes et a failli laisser sa vie. Quoique les assassins n’aient pas encore été identifiés, deux hypothèses principales circulent actuellement au sujet de la présence de cette bombe dans sa voiture, et toutes deux accusent Belgrade. Selon l’une des théories, la tentative d’assassinat doit être imputée à la sécurité d’Etat de Serbie, qui cherche à faire cesser les critiques constamment dirigées contre Milosevic dans les médias indépendants de la Republika Srpska (RS), qui ont réussi à lui faire perdre de la popularité parmi les Serbes de Bosnie. Chaque numéro de l’hebdomadaire Nesavisne Novine ("Le journal indépendant") publié l’année passée contient des articles extrêmement critiques sur Milosevic et l’échec de son espoir de Grande Serbie. De plus, la dernière page du journal présente toujours une rubrique particulièrement piquante d’Aleksandar Tijanic, qui démonte en général Milosevic et ses dernières prises de position politiques. Tijanic, journaliste belgradois acclamé, nationaliste serbe et ancien ministre de l’Information serbe, fut proche, un temps, de Milosevic et de son épouse Mira Markovic, mais se fâcha avec le couple lorsque les conséquences de la politique de Milosevic pour la Serbie lui parurent évidentes. En plus de sa rubrique dans Nezavisne Novine, Tijanic écrivait chaque jour dans Dnevni Telegraf, le quotidien belgradois de Slavko Curuvija, qui en était également le rédacteur en chef, et qui fut abattu d’un coup de feu au mois d’avril dernier. Outre la rubrique de Tijanic, Nezavisne Novine ouvrait également ses colonnes à l’opposition serbe et avait lancé des enquêtes au sujet des activités de Milosevic et de sa famille. Par exemple, l’avant dernier numéro, on évoquait une propriété de 350 hectares entourée de fil de fer électrique que Marko Milosevic, fils du président yougoslave, aurait apparemment achetée en Afrique du sud le mois dernier. De nombreux analystes politiques de Banja Luka estiment que le régime serbe est aujourd’hui vulnérable, et qu’il cherche, par conséquent, à faire disparaître tous ses critiques. Ils citent, pour preuve, l’accident de voiture récent de Vuk Draskovic, rapidement qualifié par le chef du Mouvement serbe du renouveau (SPO) de tentative d’assassinat. Selon la deuxième théorie au sujet de cette tentative d’attentat à la voiture piégée, Kopanja a été puni pour avoir osé publier un dossier concernant les crimes de guerres commis par des Serbes de RS contre des Musulmans bosniaques et des Croates pendant la guerre de Bosnie. A la fin du mois d’août de cette année, Nezavisne Novine avait publié les détails de la tuerie de 200 Musulmans de la municipalité de Prijedor sur les falaises de Koricani du Mont Vlasic le 22 août 1992. L’article avançait qu’"un groupe de policiers du corps de réserve du ministère de l’Intérieur de Prijedor" était responsable de ces crimes. Nezavisne Novine précisait également que "des individus" du Centre des services de sécurité de Banja Luka et le général Bogdan Subotic, alors ministre de la Défense, avaient camouflé le crime. Subotic vit toujours à Banja Luka, mais est aujourd’hui à la retraite et n’est plus un personnage politique important. L’article concernant le massacre des falaises de Koricani fut suivi d’une série de textes au sujet des activités et des crimes commis par un groupe de paramilitaires de Doboj surnommé "les souris", dans la municipalité de Teslic au mois de juin 1992. D’après les articles de Nezavisne Novine, un groupe composé de 16 personnes civils et police militaire formait "les souris", et il aurait exécuté 38 Musulmans et Croates de Teslic dans la nuit du 12 au 13 juin 1992, les enterrant ensuite dans deux fosses communes. L’un de ces fosses, située sur le Mont Borje, fut découverte par des enquêteurs internationaux mi septembre, au moment où Nezavisne Novine publiait un article à ce sujet. "Les souris" s’étaient rendues à Teslic sous la protection d’un certain "Njegos", qui reprit en main les quartiers généraux de crise de la ville au début du mois de juin 1992. Njegos représentait le nom de code du commandant des "Bérets rouges", hommes d’une unité spéciale envoyée pour être "instructeurs" au Mont Ozren par le Service de sécurité d’Etat de Serbie. Le tribunal municipal de Teslic a lancé une procédure contre "les souris" et a interrogé des témoins. Pourtant la totalité du dossier avait disparu du tribunal en 1996. Il avait été emporté par Goran Neskovic, alors vice ministre de la Justice, qui avait alors déclaré avoir fait passer le dossier au ministre de l’Intérieur d’alors Dragan Kijac pour que celui-ci puisse continuer d’enquêter sur l’affaire. Pourtant, l’actuel ministre de l’Intérieur, Sredoje Novic, estime que le dossier ne se trouve plus au ministère, et qu’il n’a rien à voir dans cette histoire. Cependant, Nezavisne Novine avait réussi à se procurer une copie du dossier et à la publier, et exigeait que "les souris" se voient obligées de rendre des comptes quant à leurs crimes. La plupart des anciens membres des "souris" vivent toujours à Doboj, où ils sont propriétaires ou gérants d’entreprises locales. Nezavisne Novine cherchait également à savoir qui avait monté le groupe des "souris" et qui l’avait dirigé. Par conséquent, le journal s’est fâché avec de nombreux représentants des autorités civiles et militaires de RS et de Serbie. La plupart des analystes de Banja Luka sont persuadés que ce type d’enquêtes, menées à bout, guiderait les journalistes vers les autorités militaires et politiques de Belgrade. En effet, la plupart de ces analystes estiment que la responsabilité de ces autorités dans la formation de groupes policiers et militaires parallèles en RS est acquise. Ce type de reportage et de révélations constantes ne peut que faire du mal à Milosevic et à ses services de sécurité. De plus, Belgrade serait d’autant plus fâchée par les déclarations récentes du premier ministre de la RS Milorad Dodik, comme quoi la relation entre son gouvernement et le Tribunal de La Haye devrait bientôt être repensée, entraînant la possibilité d’extradition d’inculpés de crimes de guerre. Dodik a financièrement aidé la création de Nezavisne Novine en 1995, et le journal se positionne en général en faveur de ses points de vue. C’est pourquoi Kopanja, en tant qu’ami proche de Dodik, a pu se transformer en cible pour Belgrade, qui considère également Dodik comme un ennemi. Le lendemain de l’attaque à la voiture piégée, le grand quotidien du régime de Belgrade Politika a publié une analyse accusant Dodik d’être le plus grand traître aux intérêts nationaux serbes. La tentative d’assassinat pourrait bien être un avertissement destiné à Dodik pour qu’il abandonne la question des crimes de guerre. |
Bosnie : départ de Biljana Plavsic, le bilan TRADUIT PAR CÉCILE FISLER Publié dans la presse : 8 novembre 1998 Le champ d'action de Biljana Plavsic et de son parti ressemble à un radis dont la peau est si fine qu'il suffit de la gratter avec l'ongle pour voir apparaître sa chair blanche. Cette fine peau rose n'a pas suffi à l'ancienne Présidente pour cacher son virulent nationalisme tchétnik. Par Mico Carevic L'Histoire est aussi cruelle que la magicienne Circé. Tout comme la légende, selon laquelle Circé transforma Ulysse et ses camarades en porcs lorsqu'ils lui rendirent visite, l'Histoire se venge vite, mais ne récompense que lentement. Ainsi va l'histoire de Biljana Plavsic. Son mérite restera d'avoir laissé sortir la vapeur de la « vieille cocotte minute bouillante » avant qu'elle n'explose ; on dit que plusieurs centaines de Serbes seraient sortis par le couvercle avec la vapeur. Que va-t-il se passer maintenant ? Son champ d'action (ou celui de son parti) ressemble à un radis dont la peau est si fine qu'il suffit de la gratter avec l'ongle pour voir apparaître sa chair blanche. Cette fine peau rose n'a pas suffi à Biljana Plavsic pour cacher que malgré les événements de la guerre, elle a conservé son fervent nationalisme tchétnik (ultra nationalisme serbe, NDT). L'ancienne présidente faisait partie de la majorité au pouvoir des Serbes nationalistes, qui ont essayé d'ignorer, de condamner et d'effacer la plus glorieuse époque de notre histoire. Insistant dès que possible sur l'égalité entre fascistes et communistes, elle a constamment nié que 55.000 communistes étaient morts en lutte contre le fascisme durant le Combat pour la Libération du Peuple (NOB). Lors de sa dernière visite aux États-Unis, où elle est allé rencontrer la diaspora serbe, elle a décoré le duc Momcilo Djujic, leader des Tchetniks en Croatie pendant la NOB, de la médaille la plus prestigieuse de la République Serbe - la médaille de Karadjordje. La division tchetnik de Djujic, surnommée division Dinara, avait terrorisé les villages de Dalmatia et Lika, favorables aux partisans. A Bijeli Potoci, près de Korenica, son escadron de Tchetniks avait massacré dans un hôpital 127 partisans blessés. Ils n'avaient tué ni Allemands ni Oustachis (ultra nationaliste croat, NDT) : craignant que cela ne les empêche de s'installer pacifiquement à Knin et de profiter des fournitures des entrepôts allemands ou italiens. Il est totalement absurde de vouloir éliminer des événements passés. Et offrir à l'un des plus grands fascistes de la deuxième guerre mondiale la décoration portant le nom de Karadjordje revient à salir le plus grand héros serbe, insultant par là même les centaines de milliers de Serbes ayant participé au mouvement de libération et déshonorant le poste de président de la République serbe. Pourquoi aucun des associés et des amis de Biljana Plavsic n'a-t-il pensé à essayer de l'empêcher de décorer Momcilo Djujic, malgré son penchant pour les Tchetniks ? Il semble que personne n'a pensé à lui dire qu'une telle erreur resterait impardonnable pour un chef d'Etat. On ne peut pas gouverner avec ses émotions quand on représente la totalité des citoyens. Persister à vouloir propager l'idéologie tchetnik aujourd'hui, alors que son rôle a été condamné par les alliés durant la seconde guerre mondiale, est une erreur morale complète. Durant la campagne électorale, on avait pu observer à certaines réunions politiques des drapeaux tchetniks couverts de têtes de morts, alors que des chansons tchetniks retentissaient. A Banja Luka, durant la réunion du Parti Radical Serbe, l'orateur principal a salué l'assistance en disant : « Que Dieu vous aide, frères tchetniks ! » - exclamation indigne d'une démocratie ! Certains des plus grands leaders serbes de la guerre avaient l'habitude de surnommer l'armée de la République serbe « armée tchetnik ». Conformément à cette appellation, les nationalistes bosniaques et croates appelaient les Serbes des Tchetniks ou des « agresseurs serbes ». Pourtant, les Serbes ne pouvaient pas à la fois être tchetniks et combattre au côté du mouvement pour la libération. Ce sont deux concepts irréconciliables qui devraient être éclaircis avant qu'il ne soit trop tard. Biljana Plavsic a le mérite de nous avoir aidés à sortir de l'isolement d'un cercle vicieux rétrograde, et de nous avoir donné espoir en démarrant un processus de démocratisation et en contribuant à établir des relations internationales. Ce processus enclenché demande désormais des compétences de plus en plus grandes, et ne tolérera aucune erreur - avertissement qui s'adresse à Biljana Plavsic, mais pas uniquement : tous ceux qui font semblant de mettre en place les accord de Dayton, ou ceux qui essayent de le tuer dans l'oeuf devraient écouter. Le peuple doit apprendre à retrouver l'espoir, et à nepas se faire duper. Après quatre années d'abandon à un gouvernement dirigeant à l'instinct, quatre années de mensonges et d'illusions, allons-nous avoir le courage de reconnaître nos erreurs et de tourner la page ? Le combat de Biljana Plavsic contre l'isolationnisme et la criminalité serbe, notamment à Pale, a été bénéfique. Pourtant sa position négative face au NOB, au mouvement de développement socialiste et aux communistes est une grossière erreur. Les trois mouvements nationalistes qu'a connu la Bosnie-Herzégovine ont détruit tous les monuments, statues et plaques commémorant le mouvement de libération. On dit que les nationalistes serbes auraient été les plus enthousiastes. Tous les grands monuments dédiés au combat pour la libération sur les territoires qu'ils contrôlaient sont à terre : notamment à Kozara, Sutjeska, Sehitluci, Drvar et Korcanica. Pour ce faire, il est évident qu'un terrorisme d'État a été organisé : Biljana Plavsic ne pouvait qu'en connaître l'existence. L'attaque de ces monuments marque une dégradation historique et morale complète. Le gouvernement de Milorad Dodik a déjà fait plusieurs pas considérables vers le début de la fin de cet état misérable dans lequel se trouve la République serbe. Pour expliquer sa défaite aux élections, Biljana Plavsic a nerveusement fait savoir qu'elle accusait l'Occident (Vecernje novosti du 28 septembre 1998), oubliant ainsi tout savoir vivre politique. Selon elle, la communauté internationale aurait « exercé une pression » importante pourqu'elle intensifie ses activités de « centralisation de la Bosnie-Herzégovine » ; et sa volonté de coopération avec la communauté internationale se serait retournée contre elle parce que « de nombreux électeurs l'auraient interprétée comme une façon d'annoncer la mort de la République ». L'Ouest lui aurait donc fait perdre les élections, l'empêchant de rester présidente pour deux années supplémentaires. On sait pourtant qu'elle n'est pas débutante, et devrait connaître les ficelles de la politique. Biljana Plavsic avait engagé de bonnes réformes pour la République serbe. Elle n'a pourtant ni les compétences ni l'engagement idéologique nécessaire pour continuer dans cette voie. C'est la raison essentielle de son échec aux élections. |