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Mise à jour : 7 décembre 2004

Sélection d'articles et d'information 2004

   

Au menu de cette page :

Ici, vous allez trouver les photos des arrestations ou des condamnés de cette année :
Milan Babic condamné à 13 ans de prisonMirko Norac Bogdan Subotic, arrêté en février 2004
Général Krstic

Valentin Coric, inculpéGénéral Blaskic

 

Ivan Cermak, s'est rendu

Dépêches concernant les activités du TPIY

TPI : liberté conditionnelle pour Frenki et Jovica Stanisic
TRADUIT PAR JASNA ANDJELIC

Publié dans la presse : 11 décembre 2004
Mise en ligne : lundi 13 décembre 2004

Le TPI a remis en liberté Jovica Stanisic et Franko Simatovic « Frenki » jusqu’au début de leur procès. D’autres inculpés pourraient bénéficier de la même mesure. Cette mise en liberté conditionnelle favorisera peut-être les redditions volontaires au tribunal. Cependant, les milieux démocratiques s’inquiètent déjà : à quand le retour en Serbie de Vojislav Seselj, le chef de l’extrême droite ?

Par Aleksandar Roknic

La surprenante reddition volontaire au TPI de Dragomir Milosevic, général de l’armée de la Republika Srpska, a été suivie de la décision du Conseil d’appel de libérer Jovica Stanisic, ancien chef du RDB (Département de la sécurité d’Etat) serbe et Franko Simatovic Frenki, ancien commandant de l’Unité pour les opérations spéciales du RDB, jusqu’au début de leur procès.

Il a été estimé que Stanisic et Simatovic ont coopéré avec les procureurs et qu’ils ont répondu à l’appel du TPI avant l’adoption de la Loi sur la coopération avec le TPI, et que le mécontentement exprimé par le Parquet n’est pas la faute des accusées. L’observation du Parquet selon laquelle Stanisic et Simatovic sont accusés pour des infractions pénales graves et qu’il ne faut pas leur permettre de se défendre en liberté a été rejetée comme non significative. Le Conseil est convaincu que les accusés ne feront pas pression sur les témoins et n’intimideront pas des victimes.

Responsabilité de la Serbie

La responsabilité principale des accusés revient désormais à la Serbie, pour la première fois depuis le début de la coopération avec le TPI. Le Conseil d’appel est persuadé que les garanties offertes par la Serbie sont suffisantes et que l’État assurera la comparution de Stanisic et Simatovic devant le tribunal au moment où ce dernier le demandera.

La décision du Conseil d’appel n’est pas surprenante. Elle représente la conséquence directe de la décision du Conseil d’investigation du 28 juillet. Dans la justification de cette décision, les juges ont exprimé leur conviction que les accusés reviendront le moment venu à La Haye et que, durant la période de libération, ils ne représenteront pas de danger pour les victimes et les témoins potentiels dans leur procès. Les procureurs ont toujours démandé que les anciens hauts fonctionnaires des services secrets serbes restent détenus, en justifiant cette attitude par le fait que Stanisic et Simatovic ont été au centre de « l’aventure criminelle commune » de l’annexion de grandes parties du territoire de la Bosnie-Herzégovine au nouvel État serbe, conduit par Slobodan Milosevic.

La plainte du Parquet, acceptée par le Conseil d’investigation, a empêché leur transfert en Serbie au dernier moment.

Le gouvernement de Zoran Zivkovic avait qualifié l’extradition de Stanisic et Simatovic de remise volontaire, même s’ils ont été transférés à la Haye depuis la prison régionale de Belgrade où ils étaient déténus après leur arrestation par la police serbe dans le cadre de l’opération « Sabre ». L’actuel ministre de la Justice, Zoran Stojkovic, a confirmé les garanties offertes au Tribunal au nom du nouveau gouvernement de la Serbie.

Carla Del Ponte, la Procureure générale du TPI, a déclaré plusieurs fois que les accusations contre Stanisic et Simatovic ont été rédigées avant qu’elle ne l’aurait souhaité, et que cela a été fait à la demande des autorités serbes de l’époque, qui ne disposaient pas de preuves de leur participation dans l’attentat contre Zoran Djindjic. Cependant, les nouvelles autorités serbes ont rejoint les anciennes dans la tentative de persuader le TPI de libérer les anciens hauts fonctionnaires des services secrets serbes.

Satisfaction du gouvernement de Belgrade

Le nouveau gouvernement a estimé la dernière décision du TPI comme un exemple classique de coopération mutuelle, en la présentant comme une de ses mérites et la confirmation de « la juste politique du gouvernement serbe ».

La remise volontaire de Ljubisa Beara, ancien chef de sécurité de l’état-major de l’Armée de la Republika Srpska, le 10 octobre, a été suivie du transfert du procès contre Vladimir Kovacevic Rambo, ancien capitaine de l’Armée yougoslave, accusé par le TPI pour la mort de deux civils croates pendant l’attaque contre Dubrovnik, le 6 décembre 1991. Le départ de général Dragomir Milosevic a été suivi par la décision de libérer Stanisic et Simatovic.

Pourquoi le TPI a-t-il libéré Stanisic et Simatovic et pas Milan Milutinovic ?

La réponse est simple : Milutinovic s’est également remis volontairement, mais il l’a fait trois ans après l’apparition de l’acte d’accusation du TPI contre lui, au moment où son mandat présidentiel avait expiré. Il est incontestable que Milutinovic a été moins important dans la chaîne de commandement que Stanisic et Simatovic, mais le Conseil d’appel a pris en compte le fait qu’ils avaient précédemment coopéré avec les équipes du Tribunal et qu’ils se sont volontairement rendu.

Ils avaient, par ailleurs, annoncé leur reddition au TPI si des actes d’accusation contre eux. étaient rendus publics Les condtions de la libération contrôlée prescrites par le TPI pour les deux accusés et acceptées par l’État serbe sont très exigeantes. Ils devront deposer leur passeports auprès du ministère de la Justice serbe et contacter quotidiennement le commissariat de police. Le gouvernement serbe doit remettre toutes les deux semaines un compte rendu écrit au Conseil d’investigation, et arrêter l’accusé et le renvoyer d’urgence au TPI en cas de tout contact avec l’autre accusé, les victimes ou les témoins potentiels, ou s’il accorde un entretien aux médias au sujet du procès. L’accusé est obligé de retourner à La Haye dans les délais déterminés par le Conseil d’investigation.

Cette décision incitera-t-elle les autres accusés à se rendre volontairement au TPI ? Certains membres du gouvernement annoncent une coopération accélérée avec le TPI dans les jours qui viennent. La reddition volontaire des accusés du TPI est prévue pour le début de l’année prochaine. Cela s’explique par la stratégie de sortie du TPI et les indications qu’un grand nombre de sujets traités par le tribunal seront transférés à la justice serbe. Le TPI recherche encore 14 personnes en Serbie et en Republika Srpska.

Vers la fin du TPI

Une partie de l’opinion publique a exprimé son contentement de la libération de Stanisic et Simatovic. Le rejet de la coopération avec le TPI et l’idée que ces procès doivent avoir lieu en Serbie restent pourtant inchangés. La déclaration de Pierre Richard Prosper, ambassadeur américain pour les crimes de guerre, affirmant que les USA ne soutiennent plus les procès pour les crimes de guerre en Serbie et que le fonctionnement du TPI sera prolongé à cause de la non-coopération de la Serbie, contribue au problème existant. Cependant, certains membres du gouvernement interprètent cette déclaration comme la pression d’un diplomate lui-même sur le départ.

La décision du TPI de libérer les anciens hauts fonctionnaires de la Sécurite d’Etat démentit les nationalistes qui perçoivent le Tribunal comme une institution anti-serbe. Les opposants au TPI en Croatie, en Bosnie-Herzégovine, en Republika Srpska et au Kosovo se servent d’ailleurs des mêmes arguments.

 

Le mardi 07 décembre 2004

La démission des avocat de Milosevic refusée

Agence France-Presse - La Haye

La chambre d'appel du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie a repoussé mardi la demande de démission des avocats affectés d'office à Slobodan Milosevic contre son gré.

«Il n'a pas été établi de bonnes raisons justifiant le retrait des défenseurs», écrit la chambre dans sa décision. «Au contraire, la chambre continue à penser que la présence d'un avocat commis d'office est fondamentale pour assurer une procédure équitable et rapide».

«Il est donc dans l'intérêt de la justice qu'une défense soit assignée à l'accusé et qu'elle ne soit pas autorisée à démissionner», poursuivent les juges.

Le 2 septembre dernier, après de nombreuses interruptions du procès causées par la santé chancelante de l'ex-président yougoslave, ses juges lui ont assigné deux avocats commis d'office. Ces derniers devaient mener les interrogatoires des témoins, M. Milosevic n'étant autorisé qu'à poser quelques questions supplémentaires.

Le 1er novembre, la Cour d'appel, saisie par ces avocats, a décidé que Slobodan Milosevic pourrait assurer lui-même sa défense, tant que sa santé le lui permettrait, mais qu'il devrait néanmoins garder ses défenseurs.

Entre ces deux décisions, le 27 octobre, les deux avocats britanniques Steven Kay et Gillian Higgins avaient demandé à être démis de leurs fonctions en estimant qu'ils ne pouvaient pas accomplir leur tâche, faute d'un minimum de coopération de l'accusé, qui refuse toute communication.

 

Le mardi 23 novembre 2004

Le premier ministre croate invite Del Ponte à prouver ses accusations

Agence France-Presse - Zagreb

Le premier ministre croate, Ivo Sanader, a publiquement appelé mardi le procureur du Tribunal pénal international (TPI), Carla Del Ponte, à étayer les accusations proférées à l'encontre de son pays portant sur le manque de coopération avec le tribunal de La Haye.

«Tout le monde, y compris Carla Del Ponte, doit présenter des preuves pour justifier ses déclarations», a déclaré à la TV croate M. Sanader peu après la présentation par Mme Del Ponte d'un rapport devant le Conseil de sécurité de l'ONU à New York.

Mme Del Ponte a notamment dénoncé «le manque de coopération» de certains États ou entités, en particulier la Serbie-Monténégro, la Republika Srpska (RS, entité serbe de Bosnie) et la Croatie, qui constitue selon elle le premier obstacle à l'accomplissement dans les délais fixés des tâches du tribunal.

Quant à la Croatie, elle a cité comme particulièrement urgente l'arrestation du général croate Ante Gotovina et déploré la protection dont il bénéficie de la part de «puissants réseaux» dans son pays d'origine.

Pour sa part, M. Sanader a réitéré la position de son pays selon laquelle Ante Gotovina ne se trouve pas en Croatie.

 

Le mardi 23 novembre 2004

Carla Del Ponte appelle à l'arrestation des inculpés encore en fuite

Agence France-Presse - New York (Nations unies)

Le procureur du Tribunal pénal international pour l'ancienne Yougoslavie (TPIY), Carla Del Ponte, a lancé mardi à New York un nouvel appel à la communauté internationale pour l'arrestation rapide des principaux inculpés de crimes de guerre encore en fuite.

Dans un rapport devant le Conseil de sécurité des Nations unies, Mme Del Ponte a dénoncé «le manque de coopération» de certains États ou entités, en particulier la Serbie/Monténégro, la Republika Srpska et la Croatie, qui constitue selon elle le premier obstacle à l'accomplissement dans les délais fixés des tâches du tribunal.

«Il est d'une importance cruciale que ces arrestations soient effectuées, pour que le TPIY puisse respecter le calendrier de travail qui lui a été assigné», a-t-elle déclaré.

Le TPIY, créé par une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU en 1993 et qui siège à La Haye, est censé terminer ses procès en première instance d'ici à fin 2008 et doit cesser d'exister fin 2010.

Soulignant que «vingt personnes sont encore en fuite aujourd'hui» dont «la majorité, sans doute plus d'une douzaine, vivent librement en Serbie», Mme Del Ponte a cité comme particulièrement urgentes les arrestations de trois d'entre elles: l'ex-chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, son chef militaire durant la guerre, Ratko Mladic, et le Croate Ante Gotovina.

 

Les massacres de Bosnie centrale devant le TPI : qui contrôlait les mujahidins étrangers ?
TRADUIT PAR PIERRE DÉRENS

Publié dans la presse : 19 novembre 2004
Mise en ligne : mardi 23 novembre 2004

Deux officiers de l’Armée bosniaque sont en cours de procès pour les crimes commis contre les civils croates de Miletici. En fait, les mujahidins avaient fait leur bastion de cette zone de Bosnie centrale, et les témoignages confirment que les autorités militaires bosniaques n’avaient aucun contrôle sur les volontaires étrangers du jihad.

Par Merdijana Sadovic

Dans le procès des anciens commandants de l’armée bosniaque Enver Hadzihasanovic et Amir Kubura, des témoins ont affirmé que les combattants mujahidins étrangers s’opposaient aux troupes du gouvernement, en menant leurs actions de manière indépendante.

Ces témoins ont aussi confirmé des dépositions antérieures, selon lesquelles des mujahidins avaient fait prisonniers les civils du village de Militeci, le jour où quatre combattants croates qui s’y étaient rendus, ont été assassinés.

Enver Hadzihasanovic et Amir Kubura sont tous deux accusés d’avoir commandé l’assassinat de combattants et de civils non musulmans, et le pillage et la destruction de leurs maisons, en Bosnie centrale, en 1993. Cette accusation comprend le massacre supposé des quatre soldats croates le 24 avril de cette année à Militeci.

L’accusation affirme que les soldats placés sous les ordres des accusés, dont des mujahidins étrangers, ont commis les crimes énoncés dans l’acte d’accusation, et que les accusés n’ont pas cherché à les empêcher ou à les punir.

Le témoignage de deux anciens membres du IIIe corps de l’Armée bosniaque, auquel appartenait Enver Hadzihanovic, renforce les arguments de la défense, qui soutient que les mujahidins ont agi indépendamment des forces gouvernementales, qui étaient incapables de les contrôler.

Fahir Candzic, qui commandait une unité de l’Armée dans le village de Mehurici à l’époque en question, a avoué au tribunal ne pas se sentir à l’aise au sujet des combattants moudjahidins. Ils étaient arrivés à Mehurici à la fin de l’été 1992, se présentant au début comme travailleurs humanitaires. Ils s’étaient installés tout d’abord dans l’école primaire qu’utilisait son propre détachement.

« Nous ne nous sentions pas en sécurité si près de ces étrangers. Je ne savais pas qui ils étaient, d’où ils venaient, pourquoi ils étaient là. Je n’étais pas à l’aise en leur présence », explique-t-il.

Fahr Candzic a ajouté qu’on lui avait dit que ces hommes, que les villageois appelaient les « Arabes », étaient supposés apporter de la nourriture et des vêtements pour la population de la région.

Selon la défense, les mujahidins ont réussi à gagner la sympathie de membres de la population locale en distribuant des fournitures humanitaires. Les avocats des accusés expliquent qu’il était ensuite plus difficile pour l’armée de mettre à l’écart les mujahidins, qui avaient réussi à se gagner la loyauté de la population locale.

Fahir Candzic a ajouté que, par la suite, les mudjahidins ont étendu leurs activités et commencé à recruter des adeptes, à qui ils ont même donné quelques armes.

Hamid Suljic, ancien officier d’active de l’Armée bosniaque à Mehurici, originaire du village Militeci, a aussi témoigné pour la défense. Il a confié au tribunal qu’en rentrant chez lui le jour du massacre des combattants croates, il avait rencontré une colonne de civils, encadrée par des mujahidins.

Ces derniers, masqués, n’avaient pas d’insigne à leur uniforme, et parlaient entre eux en arabe. Ce sont les seuls soldats que le témoin ait vu ce jour-là à Miletici.

Hamid Suljic a reconnu son père et deux parents dans le groupe des détenus, en plus de beaucoup de voisins croates. Son père, les mains attachées, saignait, mais quand il a voulu s’approcher des prisonniers pour leur parler, les mujahidins l’ont repoussé.

Le témoin a expliqué qu’il était revenu à son poste à Mehurici, et qu’avait alors commencé une longue négociation avec les mujahidins pour obtenir que les civils soient relâchés. Ce témoignage confirme que l’Armée, ce que l’on savait déjà, avait été obligée de négocier avec les combattants étrangers la libération des prisonniers de Miletici, ce qui démontre que les mujahidins n’étaient pas sous le contrôle de l’Armée.

Hamid Suljic a aussi confirmé que les trois détenus musulmans ont été libérés presque immédiatement, mais que les mujahidins ont mis plus longtemps pour les autres.

Le témoin a ajouté n’avoir jamais pu persuader son père de lui raconter ce qui s’était passé à Miletici quand les mujahidins sont arrivés. « Il n’a jamais parlé de ce jour, sauf pour me dire : fils, quelque chose de mal est arrivé et je n’ai pas pu aider les gens ».

Il a expliqué q’une commission mixte a essayé plus tard d’établir ce qui s’était passé à Miletici. Il a aussi expliqué que lui et ses hommes avaient reçu l’ordre de protéger les maisons croates du village contre tout pillage.

Hamid Suljic a dit aux juges que sa famille avait toujours été très proche de ses voisins croates. « Nous fêtions ensemble nos vacances, allions aux enterrements et aux mariages, nous participions à tous les moments de la vie des uns et des autres ».

Les anciens habitants croates de Miletici reviennent encore revoir leur maison. « Ils visitent leurs propriétés et leurs terres, et quand ils sont là, ils nous rendent visite. Ils ne nous en veulent pas de ce qui s’est passé à Miletici. Ils savent que nous ne sommes pas responsables. Avec eux, nous nous entendons comme avant la guerre. Nous les respectons, et ils nous respectent », conclut le témoin.

 

Le mardi 16 novembre 2004

TRIBUNAL PÉNAL INTERNATIONAL : L'UE gel les avoirs des personnes inculpées

Agence France-Presse - Bruxelles, Belgique

L'Union européenne a décidé de geler les avoirs et comptes de toutes les personnes inculpées par le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie pour crimes de guerre et qui n'ont pas encore été arrêtées, a-t-on appris mardi de source officielle à Bruxelles.

Trois personnes étaient jusqu'ici concernées par une telle mesure, le général croate Ante Gotovina et les deux anciens hommes forts des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et Ratko Mladic, a-t-on précisé de même source.

La nouvelle liste a été élargie à dix-huit autres personnes, dont une toutefois, a été arrêtée récemment et transférée au TPI, Miroslav Bralo, un Croate de Bosnie.

Cette nouvelle liste comprend Ljubomir Borovcanin, Goran Borovnica, Miroslav Bralo, Vlastimir Djordjevic, Goran Hadzic, Gojko Jankovic, Vladimir Lazarevic, Milan Lukic, Sredoje Lukic, Sreten Lukic, Dragomir Milosevic, Drago Nikolic, Vinko Pandurevic, Nebojsa Pavkovic, Vujadin Popovic, Savo Todovic, Dragan Zelenovic et de Stojan Zupljanin.

Ces personnes sont pour la plupart Serbes ou Serbes de Bosnie. Cette mesure de l'UE à l'encontre de «tous les inculpés encore dans la nature» s'entend comme une «mesure de soutien au TPI», a-t-on expliqué de source européenne.

 

Kosovo : trois membres de l'UCK devant le Tribunal de l'ONU

15 novembre 2004 Aujourd'hui démarre au Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), le procès de trois membres de l'Armée de libération du Kosovo (ALK), plus connu sous son sigle albanais, l'UCK (Ushtria Çlirimtare ë Kosovë).

Le second acte d'accusation amendé, indique un communiqué du TPIY, les charge de s'être rendus coupables de crimes contre l'humanité et de crimes contre les lois de la guerre.

Plus spécifiquement, Fatmir Limaj, Haradin Bala et Isak Musliu sont accusés d'avoir participé à une entreprise criminelle conjointe, née avant mai 1998 et qui s'est poursuivie au moins jusqu'en août 1998, qui avait pour but de cibler des civils serbes et ceux qui étaient perçus comme des collaborateurs albanais « à des actes d'intimidation, d'emprisonnement, de violence et de meurtre. »

« Sous le commandement et le contrôle de Fatmir Limaj et Isak Musliu le forces de l'ALK ont détenu illégalement des civils serbes et albanais des villages de Stimlje/Shtime, Glogovac/Gllogoc, and Lipljan/Lipjan » le camp d'emprisonnement de Lapusnik/Llapushnik, indique l'acte d'accusation.

Les deux hommes et Haradin Baladin, un des gardes du camp ont participé au maintien et à la mise en oeuvre d'une politique créant des conditions inhumaines dans le camp, où la nourriture et les soins médicaux étaient « inadéquats. » Haradin Bala et Isak Malu sont en outre accusés d'avoir participé ou aidé et encouragé le meutre d'un certain nombre de détenus.

Toujours selon l'acte d'accusation du TPIY, deux jours après que les forces serbes ont commencé le 26 juillet 1998 à reprendre le contrôle du secteur, l'ALK a abandonné le camp d'emprisonnement non sans que Haradin Bala et un autre garde n'aient contraint un groupe de 21 prisonniers environ à les suivre dans les montagnes de Berisa ou Berisha.

En chemin ils ont rencontré Fatmir Limaj qui a donné des ordres à Haradin Bala. Peu de temps après, ce dernier a séparé les prisonniers en deux groupes. L'un d'eux, composé approximativement de neuf prisonniers, a été remis en liberté, indique le communiqué du Tribunal.

Haradin Bala, un autre garde et un soldat de l'ALK ont alors conduit la douzaine de prisonniers restants dans une clairière et leur ont tiré dessus, tuant dix d'entre eux.

L'acte d'accusation précise que ces événements sont survenus dans le cadre du conflit armé qui a éclaté au début de 1998, après des années d'une tension et d'une violence croissante et que le passage au conflit ouvert était cohérent compte tenu du fait que l'ALK militait de façon générale en faveur d'une résistance armée active à l'autorité serbe au Kosovo.

 

lundi 15 novembre 2004, 15h25

La police serbe bosniaque arrête huit inculpés de crimes de guerre

BANJA LUKA (Bosnie-Herzégovine) (AFP) - La police serbe bosniaque a arrêté lundi lors d'une opération sans précédent huit Serbes bosniaques inculpés de crimes de guerre et dont le Tribunal pénal international (TPI) a autorisé le procès devant des tribunaux locaux.

"La police a arrêté lundi, conformément aux engagements pris devant le TPI, huit personnes qui se trouvent sur la liste du Tribunal de La Haye", a indiqué dans un communiqué le ministère serbe bosniaque de l'Intérieur.

Le texte précise que le TPI a "donné son accord pour que ces personnes soient jugées devant des tribunaux de Bosnie-Herzégovine".

Il s'agit de la première opération d'envergure de la police serbe bosniaque contre des inculpés de crimes de guerre recherchés par la justice de la Fédération croato-musulmane, entité qui forme avec la Republika Srpska (RS, Serbes) la Bosnie d'après-guerre (1992-1995).

Les autorités serbes bosniaques restent toutefois les seules de pays issus de l'ex-Yougoslavie à ne pas avoir arrêté jusqu'ici un seul criminel de guerre réclamé par le TPI.

Un responsable du tribunal de Sarajevo, Slobodan Nikolic, a confirmé à l'AFP que les huit personnes arrêtées dans la matinée ont été transférées dans une prison de la ville.

Les huit inculpés sont Svetko Novakovic, Jovan Skobo, Momir Glisic, Dragoje Radanovic, Momir Skakavac, Zeljko Mitrovic, Veselin Cancar et Goran Vasic.

Parmi les huit, Novakovic et Skobo sont inculpés de génocide, selon M. Nikolic.

Selon l'agence serbe bosniaque Srna, trois des huit inculpés ont été arrêtés à Foca (sud-est) et les cinq autres à Lukavice et Pale, près de Sarajevo.

Srna cite des témoins qui affirment que certains ont tenté de s'opposer à leur arrestation, sans toutefois donner des détails.

Ce geste sans précédent des autorités de RS intervient alors que la communauté internationale multiplie les pressions pour l'arresation d'une vingtaine de fugitifs, notamment l'ex-chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic et son chef militaire pendant la guerre, Ratko Mladic.

Les deux ont été inculpés par le TPI en 1995 de génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité pour leur rôle dans le conflit bosniaque.

La semaine dernière, le Haut représentant de la communauté internationale en Bosnie, Paddy Ashdown, avait dénoncé devant le Conseil de sécurité de l'Onu le fait qu'en "neuf ans, la RS n'a pas livré une seule personne inculpée par le TPI".

M. Ashdown avait qualifié cette situation d'"affront à la justice et aux valeurs des institutions que les dirigeants de la Republika Srpska disent vouloir rejoindre", l'Union européenne et l'Otan.

La volte-face des autorités serbes bosniaques démontre que les pressions, voire les menaces de la communauté internationale commencent à donner leurs fruits, estiment les observateurs.

Durant l'année, M. Ashdown a limogé et pris des sanctions à l'encontre de plusieurs dizaines de Serbes de Bosnie accusés de soutenir les fugitifs.

Les mesures draconiennes adoptées par M. Ashdwon, qui dispose de larges pouvoirs aux termes de l'accord de Dayton, ont culminé avec le limogeage fin juin d'une soixantaine de responsable serbes bosniaques, dont le président du parlement, Dragan Kalinic et le ministre de l'Intérieur de RS, Zoran Djeric.

 

 

Le mercredi 10 novembre 2004

Le TPI confirme la reddition d'un Croate de Bosnie à l'OTAN

Agence France-Presse - La Haye

Le bureau du procureur du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie a confirmé mercredi la reddition d'un Croate de Bosnie, Miroslav Bralo, aux forces de l'OTAN en Bosnie.

«Je peux confirmer que Miroslav Bralo s'est rendu aux forces de l'OTAN en Bosnie», a déclaré à l'AFP Florence Hartmann, porte-parole du procureur du TPI. Elle n'a pas pu préciser quand M. Bralo serait transféré à La Haye.
Ancien membre des forces spéciales croates de Bosnie, Miroslav Bralo, 37 ans, est accusé de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre en Bosnie centrale, notamment de viol.

 

mercredi 27 octobre 2004, 14h39

Nouvel obstacle dans le procès Milosevic au TPI: ses avocats renoncent

LA HAYE (AFP) - Un nouvel obstacle a surgi mercredi dans le procès fleuve de Slobodan Milosevic devant le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie, ses avocats assignés d'office, contre son gré, demandant à être démis de leur fonction.

Mes Steven Kay et Gillian Higgins, affectés le 2 septembre par le Tribunal à la défense de M. Milosevic, expliquent dans une lettre de 12 pages adressée mardi au TPI et rendue publique mercredi qu'ils ne peuvent accomplir leur tâche faute de collaboration avec l'accusé.

Ils continueront à remplir leur mission jusqu'à ce que le TPI accepte ou rejette leur demande. D'ordinaire, c'est au greffe de prendre une telle décision, mais s'agissant d'avocats affectés d'office, il devrait revenir aux juges de M. Milosevic de trancher, sans doute ce mercredi, a indiqué lors d'un point de presse le porte-parole du TPI Jim Landale. La prochaine audience est prévue pour le 9 novembre.

"L'accusé à constamment refusé de nous voir ou de nous parler", écrivent notamment Mes Kay et Higgins. "Nous espérions (...) parvenir à établir une coopération entre l'accusé et nous mêmes. Cela a échoué".

"Les défenseurs affectés d'office sont incapables de connaître et, donc, de défendre les intérêts de l'accusé puisqu'il ne communique pas avec eux", écrivent-ils encore.

"Nous sommes obligés de demander à être démis de notre fonction (...) tant il est clair que nous ne pouvons pas travailler plus avant sans enfreindre notre code d'éthique", concluent-ils.

Depuis le début de son procès en février 2002, Slobodan Milosevic a constamment dit qu'il voulait assurer lui même sa défense dans le prétoire.

Le 21 septembre dernier, lors d'une audience en appel contre cette désignation d'office d'avocats, il avait encore lancé : "Aucun avocat n'est capable de me représenter, c'est un procès politique. C'est au-delà de la compétence d'un avocat."

Lors de cette audience, Me Kay avait déjà confessé son impuissance à défendre son "client". Non seulement M. Milosevic ne coopère pas, mais en plus nombre de témoins refusent de venir à La Haye dans ces conditions.

"Mon équipe et moi-même sommes incapables de remplir nos fonctions", avait-il déclaré. "On se leurre si on croit que ce qui se déroule ici est une défense correcte".

La chambre d'appel n'a pas fixé de date pour rendre sa décision. Si elle annulait la désignation d'office d'avocats, cela résoudrait le dilemme de Mes Kay et Higgins.

Si elle la confirmait, ce à quoi nombre d'experts s'attendaient, le procès serait inévitablement suspendu le temps de désigner d'autres défenseurs et de leur donner les moyens de travailler leur dossier.

"Cela provoquerait des retards, et c'est exactement ce que le tribunal voulait éviter en assignant quelqu'un pour représenter Milosevic", commentait mercredi Ana Uzelac, qui suit le procès pour la fondation Institute of war and Peace Reporting.

Rendre à M. Milosevic le droit de se défendre lui-même ralentirait également un procès déjà suspendu à une douzaine de reprises, l'accusé âgé de 63 ans souffrant notamment d'hypertension.

Slobodan Milosevic répond de plus de 60 accusations de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre pour son rôle dans les trois conflits majeurs qui ont déchiré les Balkans dans les années 1990: Croatie, Bosnie et Kosovo. Ces trois guerres ont fait plus de 200.000 morts.

 


TPI : À peine arrivé à La Haye, Ljubisa Beara appelle les fugitifs à se rendre
DE NOTRE CORRESPONDANTE À LA HAYE

Publié dans la presse : 14 octobre 2004
Mise en ligne : jeudi 14 octobre 2004

Depuis La Haye, le colonel serbe de Bosnie Ljubisa Beara a appelé ses anciens « compagnons d’armes » inculpés comme lui pour les massacres de Srebrenica à se rendre au Tribunal pénal pour l’ex-Yougoslavie. La Republika Srpska vient officiellement de reconnaître l’ampleur des crimes commis à Srebrenica en juillet 1995.

Par Isabelle Wesselingh

D’une voix assurée Ljubisa Beara demande aux juges du TPI s’il peut « dire quelque chose ». L’homme âgé de 65 ans, le crâne dégarni à peine entouré d’une couronne de cheveux blancs, fait sa première apparition au Tribunal de La Haye, plus de deux ans après son inculpation pour génocide et crimes contre l’humanité commis à Srebrenica en 1995. Il était alors un des bras droit de l’ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic. Le juge acquiesce et Ljubisa Beara se lève, droit comme un i dans son costume marron.

« À tous ceux qui regardent ceci, à mes compagnons d’armes qui sont accusés et aujourd’hui en fuite, je vous demande de vous rendre volontairement (au TPI) afin d’ôter le boulet qui pèse sur notre nation », déclare-t-il. Surprise dans les rangs du public, peu d’accusés ayant jusqu’à présent lancé ce genre d’appel depuis la salle d’audience du TPI.

Le colonel Beara vise entre autres, implicitement, Ratko Mladic, toujours en cavale plus de neuf ans après son inculpation pour sa responsabilité dans la guerre de Bosnie-Herzégovine (1992-1995) et les massacres de Srebrenica mais aussi quatre autres officiers serbes de Bosnie Vinko Pandurevic, Drago Nikolic, Vujadin Popovic et Ljubomir Borovcanin également inculpés pour les massacres.

La Republika Srpska reconnaît l’ampleur des crimes commis à Srebrenica

Plus de 7 000 Musulmans de Bosnie ont été exécutés par les forces serbes dans les semaines qui ont suivi la prise de cette enclave, pourtant zone de sécurité de l’Onu, le 11 juillet 1995. Le TPI a qualifié ces massacres de génocide. Jeudi, une commission officielle de l’entité serbe de Bosnie, la Republika Srpska, a pour la première fois reconnu l’ampleur des tueries en acceptant de parler de plus de 7 000 morts.

S’il a appelé ses compagnons d’armes à se rendre, le colonel Beara a refusé d’indiquer mardi, lors de sa comparution initiale devant le TPI, s’il reconnaissait sa culpabilité dans les massacres. Il devrait indiquer aux juges le 9 novembre s’il entend plaider coupable ou non.

Son appel à la reddition a nourri des rumeurs de plaidoyer coupable dans les couloirs du Tribunal.

Né à Sarajevo, Ljubisa Beara était en charge de la sécurité au sein de l‚armée des Serbes de Bosnie. À ce titre, il avait notamment la « charge des prisonniers musulmans de Bosnie capturés à Srebrenica entre le 11 juillet 1995 et le 1er novembre 1995 », rappelle son acte d’accusation. Or, ces prisonniers furent sommairement exécutés, dans des fermes, au bord des falaises, dans des écoles.

Il doit pour cela répondre de six chefs d’accusation de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre pour notamment « extermination, tranferts forcés et meurtres », et il risque la prison à vie.

Si le gouvernement serbe a parlé de sa « reddition » au TPI, samedi à Belgrade, le Tribunal a refusé d’employer ce mot et l’accusation a parlé d’une arrestation.

 

mercredi 13 octobre 2004, 20h26

Le TPIY rend public un acte d'accusation contre un Croate de Bosnie

LA HAYE (AP) - Le tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) a rendu public mercredi l'acte d'accusation, gardé secret pendant neuf ans, d'un soldat des forces spéciales croates de Bosnie.

Miroslav Bralo est poursuivi pour 21 chefs d'incuplation de meurtre, torture, traitements inhumains et emprisonnement illégal de civils en 1993 en Bosnie centrale, lors des combats entre croates et musulmans. Membre des forces spéciales croates connues sous le nom de "Jokers", il aurait notamment violé avec violences répétées une femme musulmane. Les "Jokers" amenaient aussi leurs prisonniers musulmans sur le front, les forçant à creuser des tranchées. Nombre d'entre eux y ont perdu la vie, précise l'acte d'accusation.

Il s'agissait du dernier acte d'inculpation non encore rendu public par le TPIY, dont les procureurs ont demandé mardi au juge de le rendre public, a expliqué la porte-parole Florence Hartmann. "Nous voulons l'arrestation", a-t-elle ajouté. AP

 

Le TPI impose des avocats à Slobodan Milosevic
DE NOTRE CORRESPONDANTE À LA HAYE
Mise en ligne : vendredi 3 septembre 2004

Deux avocats assisteront Slobodan Milosevic, contre son gré. Les juges de l’ancien Président yougoslave ont pris cette décision radicale afin de tenter d’éviter un enlisement du plus important procès pour crimes de guerre en Europe depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. L’état de santé de l’accusé menace en effet la poursuite du procès.

Par Isabelle Wesselingh

Slobodan Milosevic a subi jeudi un coup dur dans son procès devant le Tribunal pénal international (TPI) pour l’ex-Yougoslavie. L’ancien maître de Belgrade, qui avait décidé d’être son propre avocat dans le prétoire afin de « livrer au monde la vérité sur les conflits dans les Balkans », s’est vu attribuer des avocats, contre son gré, pour l’assister dans sa défense.

« Les rapports médicaux montrent que l’accusé n’est pas en état de se représenter lui-même (...). La Cour estime que le droit d’un accusé de se représenter n’est pas absolu et qu’il est légitime de lui commettre un conseil, c’est pourquoi nous avons décidé de le faire », a déclaré le Président de la Chambre, le juge Patrick Robinson.

Soulignant que la santé de Slobodan Milosevic « a constitué un problème considérable » pour ce procès, les juges du Tribunal pénal international (TPI) pour l’ex-Yougoslavie ont expliqué que sans cette décision radicale, « il existe un danger réel que le procès ne se conclue pas ».

Le procès de Slobodan Milosevic a été interrompu à quatorze reprises en raison de sa santé chancelante. L’ancien chef d’État souffre de « grave hypertension » qui, en se développant, pourrait présenter des risques mortels, ont souligné plusieurs rapports médicaux indépendants cités par la Cour.

Une des raisons de cette situation, selon les rapports, vient du fait que Slobodan Milosevic « ne suit pas les traitements prescrits ».

Visiblement furieux de cette décision, l’ancien Président a accusé les juges de violer ses droits fondamentaux à la défense. « Je veux faire appel de cette décision illégale », a-t-il lancé aux juges avant de se lancer dans un flot d’accusations contre la Cour. Le juge Robinson lui a alors coupé son micro.

Sur les bancs du Procureur, l’heure était à la satisfaction. « Cela faisait trois ans que nous demandions qu’une telle décision soit prise et c’est le seul moyen de terminer ce procès dans des délais raisonnables », a déclaré la Procureure générale Carla Del Ponte, citée par son porte-parole.

Les juges ont suggéré au greffe d’assigner les deux avocats « amis de la Cour », les Britanniques Steven Kay et Gillian Higgins, pour devenir conseils de Slobodan Milosevic. Nommés pour aider les juges à maintenir l’équité du procès, ils connaissent bien le dossier, mais ils peuvent refuser cette proposition. Après l’audience, M. Kay s’est contenté de préciser qu’il « réfléchissait » à la proposition.

Slobodan Milosevic pourra proposer d’autres noms s’il le souhaite. L’ancien Président est assisté en coulisses par une équipe de conseillers juridiques menée par deux avocats de Belgrade, Zdenko Tomanovic et Dragoslav Ognjanovic.

Les experts judiciaires n’ont pas été surpris par une décision qu’ils attendaient. « C’est une bonne chose. Si les juges n’avaient pas agi en ce sens, ils auraient perdu le contrôle du procès », a déclaré à l’AFP Richard Dicker, avocat spécialiste des droits de la personne, pour l’organisation Human Rights Watch. Plus réservée, Heikelina Verrijn Stuart, une juriste néerlandaise qui suit les travaux du TPI, s’interroge « sur la mise en pratique d’une telle décision à l’avenir ».

Slobodan Milosevic a répété qu’il ne collaborerait pas avec un avocat commis d’office. « On est face à la question de savoir ce que peut faire le droit pénal, fondé sur la rationalité, face à un suspect qui agit de manière irrationnelle », estime cette dernière.

La décision des juges ne met ainsi pas fin au casse-tête qu’est devenue la gestion de ce procès fleuve, un des plus longs des annales judiciaires internationales.

Les conditions dans lesquelles les avocats assisteront l’accusé restent à déterminer. Une des solutions envisagées prévoit que les avocats fonctionnent comme un « conseil d’appoint », intervenant uniquement lorsque M. Milosevic ne peut pas apparaître devant la Cour. L’ex-Président interrogerait toujours lui-même ses témoins.

Une autre variante consisterait cependant en ce que les avocats prennent en main les interrogatoires. La Cour donnera peut-être des informations plus précises mardi prochain, lors de la prochaine audience. Slobodan Milosevic répond de plus de 60 charges de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre pour son rôle présumé dans les trois conflits majeurs qui ont déchiré les Balkans dans les années 1990 : la Croatie, la Bosnie et le Kosovo.

 

samedi 9 octobre 2004, 23h10

Reddition d'un Serbe de Bosnie poursuivi pour génocide à Srebrenica

BELGRADE (AP) - Un Serbe de Bosnie inculpé de génocide pour son rôle dans les massacres de Srebrenica en 1995, s'est rendu samedi et était en route dans la soirée pour le tribunal pénal international (TPIY) de La Haye (Pays-Bas), après avoir été immédiatement extradé, a annoncé le gouvernement serbe dans un communiqué.

Ljubisa Beara, qui était colonel et chef de la sécurité de l'armée serbe de Bosnie à l'époque, est poursuivi pour avoir tué des prisonniers musulmans et fait transférer de force des dizaines de milliers de femmes et d'enfants hors de l'enclave de Srebrenica, "zone protégée" de l'ONU pendant la guerre de Bosnie.

Selon l'acte d'inculpation du TPIY, il aurait notamment participé à la décapitation de 80 à 100 musulmans à Potocari le 12 juillet 1995. Beara est accusé d'avoir fait partie d'une "entreprise criminelle" dirigée par le général Ratko Mladic, commandant des forces bosno-serbes, l'un des deux principaux suspects du TPIY toujours en fuite, avec le chef politique des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic.

La Serbie-Monténégro subi une pression internationale de plus en plus forte pour arrêter et extrader Mladic et 15 autres criminels présumés recherchés par le TPIY. Belgrade a insisté pour que Beara "parte pour La Haye immédiatement", selon le porte-parole du gouvernement Srdjan Djuric. Le suspect s'est rendu pour "protéger les intérêts de l'Etat et ceux de (sa) famille", selon le communiqué gouvernemental.

En juillet 1995, quelques mois à peine avant la fin de la guerre en Bosnie, les Serbes s'emparaient de l'enclave de Srebrenica, en Bosnie orientale, protégée par un bataillon de casques bleus néerlandais sous-équipés. S'ensuivaient alors les pires massacres que l'Europe ait connu depuis la fin de la deuxième guerre mondiale: au moins 8.000 hommes et adolescents musulmans ont été tués. AP

 

mercredi 18 août 2004, 5h45

Quatre-vingt-dix juristes s'opposent à ce que le TPIY impose un avocat à Milosevic

NATIONS UNIES (AP) - Quatre-vingt-dix juristes de 17 pays, parmi lesquels l'avocat français Jacques Vergès ont adressé à l'ONU une pétition dans laquelle ils demandent qu'on laisse Slobodan Milosevic assurer seul sa défense et qu'on ne lui impose pas un avocat contre son gré, ce qui constituerait selon eux une violation des droits de l'accusé.

Les pétitionnaires demandent au contraire que l'ancien président yougoslave soit remis en liberté provisoire afin qu'il puisse recevoir un traitement médical adéquat contre son hypertension.

Accusé de 66 chefs d'inculpation, dont celui de génocide, l'ancien président yougoslave est jugé par le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, créé en 1993 par le Conseil de sécurité des Nations Unies, et dont le siège se trouve à La Haye, aux Pays-Bas.

Ouvert en février 2002, son procès est suspendu du fait des problèmes de santé de Milosevic, qui souffre d'hypertension. Or, Milosevic a toujours refusé d'avoir un avocat et préfère assurer lui-même sa défense. Mais sa maladie empêche la poursuite de son procès, non qu'il ne puisse le suivre, mais parce qu'on estime qu'il n'est pas état d'assurer sa défense correctement.

Lorsque son procès reprendra, normalement le 31 août, les juges pourraient prendre deux mesures pour tenter d'accélérer le rythme du procès. L'une consisterait à fractionner le procès, pour traiter séparément les conflits de Croatie, de Bosnie et du Kosovo. Mais l'accusation comme l'ancien président rejettent cette solution. En revanche, l'accusation est depuis longtemps favorable à l'autre décision attendue des juges: l'imposition d'autorité d'un avocat à Slobodan Milosevic. Ce que celui-ci refuse.

Selon les 90 juristes, imposer un avocat contre son gré à Milosevic violeraient les droits de celui-ci aussi bien au regard des statuts du TPIY que du Pacte international sur les droits civils et politiques.

"Sa maladie ne détruit pas son droit de se défendre lui-même, a déclaré mardi l'ancien ministre de la Justice des Etats-Unis, Ramsay Clark, un autre signataire du texte.

Selon les pétitionnaires, imposer un avocat contre son gré à Milosevic ne fera en outre qu'aggraver son hypertension, et mettre sa vie en péril. C'est pourquoi ils demandent au contraire la mise en liberté provisoire de l'intéressé afin qu'il se soigne. AP

 

mercredi 11 aout 2004, 19h13

TPI de La Haye: la chambre d'appel revient sur la décision de libérer six Bosno-Croates en attente de procès

LA HAYE (AP) - Les magistrats de la chambre d'appel du Tribunal pénal international de La Haye pour l'ex-Yougoslavie sont revenus mercredi sur une décision visant à libérer six suspects bosno-croates en attente de jugement.

C'est la deuxième fois en autant de semaines que des magistrats ayant décidé de relâcher des suspects sont déjugés.

Les cinq magistrats de la chambre d'appel ont estimé mercredi que le tribunal ne devrait pas remettre en liberté les Bosno-Croates Jadranko Prlic, Bruno Stojic, Slobodan Praljak, Milivoj Petkovic, Valentin Coric et Berislav Pusic.

En avril, ces hommes ont tous plaidé non coupable de crimes de guerre. Ils sont soupçonnés d'avoir participé à un projet visant à déloger violemment musulmans et Serbes de plusieurs zones de la Bosnie-Herzégovine, dont la ville historique de Mostar et d'autres secteurs durant les trois ans de guerre (1992-95).

Le 30 juillet, les juges de la chambre d'appel étaient revenus sur la décision de provisoirement remettre en liberté Jovica Stanisic, autrefois responsable de la sécurité d'Etat en Serbie sous Slobodan Milosevic, et son adjoint, Franko Simatovic. AP

 

jeudi 29 juillet 2004, 16h14

Le TPI réduit fortement la peine du général Blaskic en appel

LA HAYE (AFP) - La chambre d'appel du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie a réduit jeudi la peine du général croate de Bosnie Tihomir Blaskic de 45 ans à neuf ans de prison, après l'avoir acquitté des principaux crimes pour lesquels il avait été condamné en première instance.

Mettant un point final à une des plus longues affaires du TPI, après plus de huit ans de procédure, les magistrats ont radicalement révisé le jugement de première instance qui avait condamné Tihomir Blaskic à une des plus lourdes peines de l'histoire du TPI.

Militaire de carrière, Tihomir Blaskic était le commandant des forces croates en Bosnie centrale entre 1992 et 1994, notamment au moment du conflit entre les Croates et Musulmans de Bosnie.

Les juges de première instance l'avaient reconnu coupable de dix-neuf chefs de crimes contre l'humanité et crimes de guerre pour avoir ordonné plusieurs attaques contre des civils musulmans de Bosnie, lors du conflit dans cette ancienne république yougoslave (1992-1995).

La chambre d'appel a au contraire estimé qu'il ne pouvait pas être reconnu coupable pour les attaques des villes de Vitez et Busovaca. Elle a également souligné qu'il n'avait pas ordonné le massacre d'Ahmici qui avait coûté la vie à plus de 100 civils musulmans bosniaques exécutés par les forces croates le 16 avril 1993.

Les juges n'ont finalement retenu contre lui que trois chefs de crimes de guerre pour des traitements inhumains imposés à des prisonniers de guerre qui avaient notamment été utilisés comme boucliers humains.

A l'énoncé du verdict, Tihomir Blaskic, 43 ans, est resté de marbre. En revanche sa femme et ses enfants, venus assister à l'audience, n'ont pu cacher leur joie, applaudissant la décision.

"Je suis tellement contente. Ce n'était pas possible qu'il ait été condamné à 45 ans", a déclaré à l'AFP la femme de Tihomir Blaskic, Ratka, tout de blanc vêtue. "Il va bientôt rentrer à la maison", a-t-elle ajouté.

Détenu depuis huit ans et quatre mois à La Haye, Tihomir Blaskic sera libéré lundi prochain. Le président du TPI, Theodor Meron, a en effet accepté jeudi d'accéder à sa requête de libération anticipée.

A Sarajevo, des Musulmans de Bosnie proches des victimes du massacre d'Ahmici se sont dits déçus par la sentence en appel, restant convaincus de la responsabilité du général Blaskic.

A Zagreb, le ministère croate de la Justice a en revanche "salué" dans un communiqué la décision du TPI, évoquant "une contribution historique qui va aider à établir la vérité sur les conflits de Bosnie centrale".

Le président croate, Stipe Mesic, a estimé que cette décision "prouvait que le TPI n'était pas une institution politique".

Dans leur décision, les juges d'appel ont rappelé que l'affaire Blaskic avait duré aussi longtemps en partie à cause du "manque de coopération" du régime nationaliste du défunt président Franjo Tudjman.

Après la mort de celui-ci, au printemps 2000, les avocats de Tihomir Blaskic purent avoir accès à des documents des services de renseignement croates, tenus secrets jusqu'à alors, et qui ont contribué à innocenter leur client sur plusieurs points.

Pour les avocats, le régime Tudjman avait volontairement dissimulé ces documents qui montraient l'implication de Zagreb et de proches du régime dans le conflit en Bosnie centrale.

En 1993, les forces croates de Bosnie, soutenus par le régime croate de l'époque, ont mené une campagne de nettoyage ethnique contre les Musulmans de Bosnie dans plusieurs localités de la vallée de la Lasva.

 

Le mercredi 28 juillet 2004 

Le procureur opposé à une division du procès Milosevic

Agence France-Presse - La Haye

Le procureur du Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie est opposé à une division de l'acte d'accusation contre Slobodan Milosevic, comme l'envisageaient les juges afin d'accélérer ce procès fleuve ouvert il y a plus de deux ans, selon un document rendu public mercredi.

«Le procureur s'oppose aux suggestions divisant l'acte d'accusation et à des procès séparés pour un ou deux des trois dossiers» pour lesquels M. Milosevic doit comparaître - Kosovo, Croatie et Bosnie-Herzégovine -, précise le procureur dans une motion écrite.

«Une telle division constituerait une erreur irréversible», poursuit le procureur.

Initialement, les accusations contre Slobodan Milosevic étaient contenues dans trois actes d'accusation distincts couvrant les trois conflits majeurs qui ont déchiré l'ex-Yougoslavie dans les années 1990 : le Kosovo, la Croatie et la Bosnie. Le procureur avait cependant obtenu de les rassembler en un seul acte afin de mener un seul procès.

Face aux nombreuses interruptions de ce procès historique, dues notamment à la santé fragile de M. Milosevic, les juges du TPI avaient proposé le 21 juillet dernier de séparer les actes d'accusation.

L'idée était d'étaler la charge de travail de M. Milosevic, qui a choisi d'être son propre avocat, et d'arriver plus rapidement à un jugement sur l'un des dossiers.

Les avocats «amis de la Cour», nommés par les juges pour veiller à l'équité du procès, ont fait savoir mercredi que Slobodan Milosevic s'oppose également «à la séparation des actes d'accusation à ce stade».

Ils soulignent qu'une telle séparation nécessiterait de réorganiser la préparation de la défense, déjà avancée. Une telle division «serait plus désavantageuse pour la santé de l'accusé», estiment-ils dans une motion écrite rendue publique mercredi.

L'ancien président yougoslave Slobodan Milosevic, 62 ans, devait entamer la présentation de sa défense en juin mais des problèmes de santé ont entraîné un report jusqu'au 31 août.

Accusé de 66 chefs de crimes contre l'humanité, crimes de guerre et génocide, il risque la prison à vie.

 

dimanche 18 juillet 2004, 18h01

Le Premier ministre serbe souhaite une stratégie nationale de coopération avec le TPI

BELGRADE (AP) - Le Premier ministre serbe Vojislav Kostunica a souhaité dimanche que la Serbie élabore une "stratégie nationale" pour encadrer sa coopération avec le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), une position qui ressemble à une nouvelle tentative de rendre cette coopération moins efficace.

Selon le Premier ministre, qui a souvent critiqué le tribunal pénal de La Haye, la collaboration avec la cour et "une question très délicate", rapporte l'agence de presse Beta. Il a appelé de ses voeux "une stratégie nationale responsable basée sur le consensus" pour "surmonter" les difficultés rencontrées dans la coopération avec le tribunal.

Il n'a pas précisé sa pensée, mais son ton laisse penser qu'il n'est pas prêt à faire arrêter et extrader les suspects inculpés par le tribunal. Il a d'ailleurs répété son souhait de voir les suspects jugés à Belgrade plutôt qu'à La Haye, ce que le TPIY n'a accepté que pour des accusés mineurs.

La Serbie subit actuellement une très forte pression de la part de la communauté internationale pour arrêter une douzaine de suspects recherchés par le TPIY, dont l'ancien commandant de l'armée serbe, le général Ratko Mladic. Les Etats-Unis ont notamment conditionné toute aide politique ou financière à son arrestation, et l'Union européenne comme l'OTAN ont exigé une meilleure coopération avec le tribunal.

Le message devrait être réitéré lundi par Jaap de Hoop Scheffer, le secrétaire général de l'OTAN, qui rencontrera Kostunica à Belgrade. AP

 

vendredi 16 juillet 2004, 18h18

Le TPIY inculpe un dirigeant serbe de Croatie et le réclame à Belgrade

BELGRADE (AP) - Le Tribunal pénal pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) a inculpé un dirigeant serbe de Krajina pour violation présumée des droits de l'homme pendant la guerre dans cette région de Croatie, ont annoncé vendredi des responsables du gouvernement de Belgrade.

Le chef de la diplomatie de Serbie-Monténégro, Vuk Draskovic, a précisé avoir reçu l'acte d'inculpation contre Goran Hadzic, ancien dirigeant autoproclamé de la "république serbe de Krajina", le TPIY réclamant également de Belgrade son arrestation et extradition rapide.

L'acte d'inculpation, révélé vendredi, accuse Hadzic de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre en 1992-93 en Slavonie orientale, a précisé la porte-parole des procureurs du TPIY, Florence Hartmann.

Goranka Hadzic, soeur de l'ancien dirigeant serbe, a précisé que son frère vivait dans la maison familiale de Novi Sad, à 50 km au nord de Belgrade, et qu'il se refusait à tout commentaire.

Cette inculpation est rendue publique alors que le nouvel organe mis sur pied pour envoyer à La Haye les suspects serbes recherchés par le TPIY s'est choisi un président vendredi. Rasim Ljajic, un musulman, sera chargé de signer les ordres d'extradition, et note que "ceci est le message au monde que la Serbie-Monténégro est prête à coopérer pleinement avec le tribunal de La Haye".

Hadzic est également inculpé en Croatie pour le bombardement de Vukovar, en 1991. AP

 

jeudi 8 juillet 2004, 12h04

Départ pour La Haye du général croate Mirko Norac inculpé par le TPI

ILE DE KRK (Croatie) (AFP) - Le général croate Mirko Norac, inculpé par le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie de crimes contre l'humanité commis contre des civils serbes lors de la guerre serbo-croate (1991-1995) a quitté jeudi matin la Croatie pour La Haye.

Le général Norac, accompagné de son avocat, Zeljko Olujic et de deux policiers en civil, est monté à bord d'un petit avion de Croatia Airlines qui a décollé vers 10H00 (08H00 GMT) de l'aéroport situé sur l'île de Krk (nord du littoral croate), non-loin de la ville de Rijeka.

Vêtu d'un costume bleu foncé, Mirko Norac ne portait pas de menottes.

Le général accusé de crimes contre l'humanité commis contre des civils serbes de la poche de Medak (centre de la Croatie) doit comparaître jeudi vers 16H00 (14H00 GMT) devant le TPI à La Haye, a-t-on appris de source officielle.

Il devra indiquer lors de cette audience s'il plaide coupable ou non coupable de ces nouvelles accusations.

Mirko Norac purge actuellement une peine de douze ans de prison en Croatie pour l'exécution sommaire de 50 Serbes de la région de Gospic lors du conflit serbo-croate. Il est l'officier croate le plus gradé à avoir été jugé par la justice croate pour des crimes commis pendant la guerre.

Le 1er juillet, les juges du TPI ont ordonné que "le gouvernement de Croatie le fasse escorter le 8 juillet à l'aéroport d'Amsterdam Schiphol et s'assure qu'il se rende aux autorités néerlandaises".

Les Pays-Bas devront ensuite le remettre au centre de détention du TPI à La Haye où il sera détenu jusqu'à sa comparution devant le Tribunal.

Après la publication de l'acte d'accusation contre M. Norac, le 25 mai dernier, le procureur du TPI, la magistrate suisse Carla Del Ponte, avait indiqué qu'elle souhaitait que son procès puisse se tenir devant la justice croate.

Le procureur souhaite également demander que les inculpations contre Mirko Norac et contre le général croate Rahim Ademi, également accusé pour des atrocités dans la poche de Medak, soient jointes.

Les juges du TPI sont les seuls à pouvoir donner le feu vert à un transfert de dossier vers les juridictions nationales.

Jusqu'à présent, outre le général Norac, le TPI a inculpé cinq généraux croates: Ivan Cermak, Mladen Markac, Ante Gotovina, Rahim Ademi et Janko Bobetko.

Ante Gotovina, est en fuite depuis son inculpation en 2001 par le TPI pour son rôle dans le massacre de 150 civils serbes de Croatie.

Rahim Ademi s'est rendu en 2001 au TPI et a été mis en liberté provisoire en 2002. La Croatie avait refusé d'extrader Janko Bobetko, qui est décédé à Zagreb en 2003.

Les généraux Markac et Cermak se sont volontairement rendus en mars 2004 au TPI où ils ont été incarcérés tout en plaidant non coupable.

 

lundi 5 juillet 2004, 7h25

L'ex-président yougoslave Milosevic, jugé à La Haye, présente sa défense

LA HAYE (AFP) - Slobodan Milosevic présente à partir de lundi sa défense devant le Tribunal pénal international (TPI) de La Haye, ouvrant ainsi la deuxième phase d'un procès-fleuve, qui hésite entre justice et politique.

Depuis l'ouverture de son procès en février 2002, l'ancien chef de l'Etat yougoslave a clairement annoncé la couleur : pas question pour lui de se placer sur le terrain de ses juges et de l'accusation, instruments d'un tribunal dont il ne reconnaît ni la légitimité ni la légalité.

En 295 jours d'audience, qui ont permis jusqu'à présent d'entendre 295 témoins, l'accusation a présenté, de façon souvent extrêmement méticuleuse, ses éléments de preuve, tandis que M. Milosevic, de con côté, saisissait toutes les occasions de dénoncer le complot fomenté à Berlin, Londres ou Washington, contre le peuple serbe.

Le procès vitrine de la justice internationale a ainsi souvent tourné au dialogue de sourds quand il ne sombrait pas dans la confusion.

"Slobodan Milosevic conçoit son procès comme une dernière occasion de s'adresser au peuple serbe. Il ne s'adresse pas à la chambre. Il enregistre pour l'histoire sa version des faits", indique une source diplomatique.

M. Milosevic répond de 66 chefs d'accusation pour son rôle dans les trois grands conflits qui ont déchiré la Yougoslavie : Croatie (1991-1995), Bosnie (1992-1995) et Kosovo (1998-1999).

Les juges de la chambre -le Britannique Iain Bonomy, le Jamaïcain Patrick Robinson, et le Sud-Coréen O-Gon Kwon- risquent d'avoir encore plus de difficultés à contenir leur encombrant accusé dans la deuxième phase du procès.

M. Milosevic a décidé d'assurer lui-même sa défense. Ce sera donc lui qui fixera l'ordre du jour, lui qui choisira les témoins et déterminera les limites de l'interrogatoire auquel ils seront soumis.

"C'est le défi auquel sont confrontés les juges. Ils doivent maintenir la défense dans un cadre légal et empêcher une dérive politique. En même temps, ils ne doivent pas donner l'impression de bâillonner M. Milosevic", dit Richard Dicker, responsable de l'organisation Human Rights Watch.

M. Milosevic a annoncé son intention de présenter 1.631 témoins durant les 150 jours d'audience qui lui ont été accordés par la chambre. Pour remplir ce programme, il lui faudrait faire défiler dix témoins par jour, à un débit dix fois plus rapide que l'accusation, une hypothèse totalement irréaliste.

L'ancien président serbe a indiqué qu'il voulait convoquer à La Haye les grands protagonistes occidentaux des guerres yougoslaves : Tony Blair, Bill Clinton, Gerhard Schroeder, entre autres.

Il n'est pas sûr que les juges relaient ces convocations dont ils devront notamment apprécier la pertinence sur un plan légal.

"Milosevic doit décider s'il veut rester au niveau d'un chef d'Etat arguant avec d'autres chefs d'Etat ou s'il est prêt à entrer dans le rôle d'un accusé", dit une experte judiciaire Heikelina Verrijn Stuart.

Des nationalistes serbes, des intellectuels occidentaux pro-serbes devraient figurer sur la liste des témoins de la défense.

La santé de l'ancien chef de l'Etat reste l'une des grandes inconnues du procès. M. Milosevic, âgé de 62 ans, est en proie à des risques cardio-vasculaires "sévères" ainsi que d'une pression sanguine trop élevée, en particulier durant les périodes de stress. La première phase du procès a été suspendue à de nombreuses reprises, depuis février 2002, en raison des problèmes de santé de l'ancien chef de l'Etat.

 

Quand les tribunaux de l'ONU auront fermé leurs portes, quid des criminels en fuite ? ont interrogé leurs responsables

29 juin 2004 En phase de cessation d'activités programmée, les responsables des tribunaux de l'ONU pour l'ex-Yougoslavie et le Rwanda ont exposé devant le Conseil de sécurité l'état d'avancée de leurs travaux mais aussi les problèmes que leur posait la stratégie d'achèvement qui leur est imposée alors que des inculpés de crimes majeurs courent toujours.

Les responsables des Tribunaux créés par l'ONU pour juger les hauts responsables des crimes de guerre en ex-République de Yougoslavie, ont présenté aujourd'hui devant le Conseil de sécurité l'état d'avancement de leurs travaux comme leur en fait obligation la résolution 1534 qui définit une stratégie d'achèvement qui fixe une date limite à l'activité des tribunaux.

Le juge Theodor Meron qui préside le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie, a indiqué que cette instance était actuellement très productive avec des chambres de première instance travaillant au maximum de leur capacité et que les juges du Tribunal s'étaient engagés à maintenir ce niveau de productivité du TPIR jusqu'à la cessation des activités du Tribunal.

Au nombre des mesures dont disposent les Tribunaux pour achever leurs travaux dans les délais impartis, figure le déferrement des accusés de rang intermédiaire et subalterne devant des juridictions nationales.

Le Président a affirmé que le Tribunal s'engageait à apporter son concours à la tenue dans tous les Etats de l'ex-Yougoslavie de procès crédibles et équitables mettant en cause des criminels de guerre. « S'agissant de la Chambre des crimes de guerre à Sarajevo, je suis persuadé qu'elle offrira toutes les garanties de procédure conformes aux normes internationales », a-t-il indiqué.

En revanche, il a fait observer que des doutes subsistaient quant à la crédibilité des procès pour crime de guerre qui se tiendraient devant les juridictions de Croatie ou de Serbie-Monténégro et a signalé que, dans un rapport du 22 juin 2004, la mission de l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe) indique que « il semblerait que certains organes judiciaires fassent preuve d'un manque d'impartialité considérable » et dans un deuxième rapport que « l'origine ethnique des accusés et peut-être plus encore celle des victimes ont continué d'entacher l'intégrité des procès pour crimes de guerre organisés en 2003. »

Il a souligné toutefois que « la coopération apportée par les autorités croates s'est sensiblement améliorée » même si Ante Gotovina n'a toujours pas été appréhendé ce qui « est un sujet de préoccupation grave. »

Il en va autrement pour les autres Etats. Selon le Président Meron, « le médiocre bilan de la coopération, au cours de ces derniers mois, entre la Serbie-Monténégro et le Tribunal réduit les chances de pouvoir renvoyer des affaires devant les tribunaux de cet Etat. »

Malgré l'arrivée récente de huit nouveaux accusés à La Haye, le Président du TPIR a affirmé que le Tribunal serait en mesure de juger d'ici à la fin 2008 tous les accusés actuellement en détention ou en liberté provisoires y compris Ante Gotovina, actuellement en fuite, à condition qu'il soit transféré à La Haye avant 2006 et jugé avec ses deux co-accusés.

Le Président a toutefois fait part d'un problème posé par la stratégie d'achèvement qui rendait difficile « d'embaucher et de conserver un personnel qualifié et extrêmement motivé alors que d'autres institutions offrent [...] des perspectives de carrière à long terme. »

« Ce problème est aggravé par la situation des contributions non acquittées par les Etats membres qui a conduit le Conseil de sécurité à imposer en mai 2004 un gel total des recrutements au Tribunal », a-t-il indiqué, ajoutant que, « à moins de remplacer les fonctionnaires à des postes-clé pour la conduite des affaires, le Tribunal sera contraint de retarder, de suspendre ou d'arrêter ses procès. ».

Le Président Meron a fait observer que cela serait considéré comme un défaut d'adhésion de la communauté internationale à l'Etat de droit et à la justice internationale.

Les mêmes préoccupations, en ce qui concerne la mise à disposition des ressources nécessaires et la difficulté de conserver un personnel expérimenté à la recherche de postes offrant une plus grande sécurité à long terme, ont été exprimées par le Procureur du Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR), Hassan B. Hallow.

Faisant par ailleurs remarquer que le nombre d'accusés qu'il reste à juger est plus élevé que celui des accusés poursuivis depuis la création du Tribunal jusqu'à aujourd'hui, il a souligné que le façon dont le Tribunal s'acquitterait de son mandat, dépendrait dans une large mesure du niveau de la coopération internationale dont il bénéficie.

Si la coopération avec le Rwanda est de façon générale satisfaisante, a-t-il indiqué, quinze inculpés restent en fuite. Nombre d'entre eux sont signalés à l'Est de la République démocratique du Congo (RDC) mais les efforts faits pour les appréhender sont restés vains.

« Félicien Kabuga et d'autres continuent à échapper au Tribunal », a fait observer M. Hallow qui a précisé que, depuis octobre 2003, deux fugitifs seulement avaient été arrêtés avec l'aide des autorités hollandaises.

Quant à Carla del Ponte, Procureur du TPIY, elle a estimé que le problème majeur demeurait la défaillance des autorités concernées, en particulier en République Srpska, en Bosnie-Herzégovine et en Serbie-Monténégro, qui n'ont pas procédé à l'arrestation ou obtenu la reddition, volontairement ou par coercition, des 20 inculpés qui sont toujours en fuite.

« Alors que nous approchons du 10e anniversaire du génocide de Srebrenica et des accords de Dayton, nous approchons d'un autre anniversaire : depuis presque dix ans, Radovan Karadzic et Ratko Mladic sont toujours en liberté. Combien de temps sera-t-il encore toléré que ces dirigeants [...] transforment la justice et l'engagement répété du Conseil de sécurité de les faire arrêter et juger, en pantomime ? », a-t-elle interrogé.

Elle a ainsi fait écho à une remarque du Président Meron qui s'est dit préoccupé par le fait qu'il était « indéniable qu'en ex-Yougoslavie, certaines personnes croient qu'elles pourront se cacher et attendre tranquillement que le Tribunal ferme ses portes. »

 

Un ancien commandant serbe condamné par le Tribunal de l'ONU transféré en Norvège

18 juin Condamné en décembre dernier par le Tribunal des Nations Unies chargé de juger les crimes de guerre commis en ex-Yougoslavie, l'ancien commandant serbe pendant le siège de Srebrenica Dragan Obrenovic a été transféré vendredi en Norvège afin d'y purger sa peine de 17 ans d'emprisonnement, indique un communiqué du Tribunal.

Le 21 mai 2003, Dragan Obrenovic, 40 ans, accusé de complicité de génocide pour les massacres perpétrés pendant le siège de Srebrenica, avait accepté de plaider coupable du seul chef d'accusation de persécutions politique, raciale et religieuse, un crime contre l'humanité, et de « coopérer » avec le bureau du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY), c'est-à-dire, notamment, de témoigner contre ses coaccusés, Vidoje Blagojevic et Dragan Jokic. En échange le bureau du Procureur avait recommandé une condamnation n'excédant pas 15 à 20 d'emprisonnement, desquels devait être déduite la durée de prison préventive, et abandonné tous les autres chefs d'accusation initialement retenus.

Dragan Obrenovic a été condamné le 10 décembre 2003 à une peine de 17 ans d'emprisonnement, rappelle le TPIY, vendredi dans un communiqué.

Il avait été inculpé par le Bureau du procureur, le 9 avril 2001, de complicité de génocide, de persécutions et d'extermination. Le 15 avril 2001, il était arrêté par la Force multinationale de stabilisation (SFOR), puis transféré au TPIY.

Treize autres accusés condamnés par le TPIY purgent actuellement leur peine: Anto Furundzija, Hazim Delic et Esad Landzo en Finlande; Dusko Tadic et Dragoljub Kunarac en Allemagne; Stevan Todorovic, Drago Josipovic et Vladimir [antic en Espagne; Dusko Sikirica en Autriche; Zoran Vukovic et Radomir Kovac en Norvège; Goran Jelisic en Italie et Biljana Plavsic en Suède.

Mercredi, le TPIY avait décidé de maintenir contre l'ancien président serbe Slobodan Milosevic les charges de génocide et d'autres crimes contre l'humanité.

 

mardi 29 juin 2004, 13h37

TPI: 13 ans de prison pour l'ancien chef des Serbes de Croatie Babic

LA HAYE (AFP) - L'ancien chef des Serbes de Croatie, Milan Babic, l'un des hérauts du nationalisme serbe au début des guerres dans l'ex-Yougoslavie, a été condamné mardi à 13 ans de prison par le Tribunal pénal international (TPI) de La Haye.

Milan Babic, 48 ans, qui avait plaidé coupable de crimes contre l'humanité en janvier dernier, se voit ainsi infliger une peine plus élevée que celle recommandée par le Procureur qui avait réclamé 11 ans de détention.

Les juges du TPI ont estimé que Babic a joué un rôle plus important que ne l'ont affirmé l'accusation et la défense dans le genèse du conflit. Après avoir exercé les fonctions de maire de Knin, bastion des sécessionnistes serbes durant la guerre de Croatie (1991-1995), Babic est devenu le président de la République autoproclamée des Serbes de Krajina (RSK), avec le soutien du régime de Belgrade. La RSK comprenait environ un tiers du territoire de la Croatie. Sous la présidence de Babic, de mai 1991 à février 1992, un grand nombre de Croates et autres non-serbes ont été liquidés en Krajina, dont des femmes et des vieillards.

"Virtuellement, l'ensemble de la population croate et non-serbe, a été expulsé de cette région (...) Plus de 200 civils ont été assassinés et des centaines d'autres ont été emprisonnés dans des conditions inhumaines", a déclaré le président de la chambre qui jugeait Babic, M. Alphons Orie. Le TPI a estimé, que même si Babic n'était pas le "principal initiateur" de la campagne d'atrocités en Krajina, "il avait appuyé de manière significative les persécutions lancées contre les civils non-serbes". Plus de 25.000 personnes ont été tuées durant la guerre de Croatie. Babic est resté impassible à la lecture du jugement.

L'ancien chef des Serbes de Croatie s'était rendu volontairement au Tribunal en novembre 2003. Il avait plaidé coupable en janvier dernier, se reconnaissant coupable du chef de "persécution". Il avait indiqué à cette occasion avoir agi par "égoïsme ethnique" et exprimé ses remords face à l'ampleur des crimes commis.

Initialement soutenu par Slobodan Milosevic, Milan Babic a impulsé, au sein du parti démocratique de Serbie (SDS - nationaliste) en Croatie, une "ligne dure" dont l'objectif était l'indépendance nationale de la Krajina. Dès 1992, cependant, Babic, qui rêve de constituer avec les Serbes de Bosnie un "Etat des Serbes de l'Ouest", entre en conflit avec Milosevic. Il est évincé au profit de Goran Hadzic, chef des Serbes de Slavonie orientale, soutenu par Belgrade qui préparait secrètement la reddition de la Krajina.

En novembre 2002, Babic a témoigné au procès de Slobodan Milosevic devant le TPI. Sa déposition, qui établissait clairement un lien entre le régime de Belgrade et les séparatistes serbes de Krajina, a été un éléments important pour l'accusation qui a tenté de mettre en lumière la responsabilité de M. Milosevic dans les guerres de Bosnie et de Croatie. Le procès de l'ancien chef de l'Etat yougoslave, après une interruption de quatre mois, doit reprendre le 5 juillet. M. Babic restera en prison dans l'unité de détention du TPI à La Haye avant d'être transféré dans un pays tiers pour y purger sa peine.

 

Le mardi 25 mai 2004

TPI : Le général croate Norac inculpé de crimes contre l'humanité

Agence France-Presse - La Haye

Le général croate Mirko Norac a été inculpé par le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie de crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis contre des civils serbes de Croatie dans la poche de Medak (centre de la Croatie) en 1993, a annoncé le TPI mardi.

Le général Norac, 36 ans, avait déjà été condamné, en mars 2003, par la justice de Croatie à douze ans de prison pour avoir organisé l'exécution sommaire d'au moins 50 civils serbes de Croatie en octobre 1991 dans la région de Gospic (210 km au sud de Zagreb).

Selon le procureur du TPI, Mirko Norac a «individuellement ou de concert avec d'autres, planifié, instigué, ordonné ou de toute autre manière aidé à commettre (...) des persécutions contre des civils serbes de la poche de Medak pour des motifs raciaux, politiques ou religieux».

Les forces croates avaient attaqué cette zone, située dans la république autoproclamée des Serbes de Croatie, le 9 septembre 1993. À l'époque des faits, Mirko Norac était commandant de la neuvième brigade motorisée des forces croates.

Le procureur du TPI Carla Del Ponte a l'intention de demander le transfert du dossier du général Norac à la justice croate qui serait alors chargée d'organiser son procès, a précisé sa porte-parole Florence Hartmann.

Il reviendra aux juges du TPI de se prononcer sur cette demande dans les semaines qui viennent.

Le procureur souhaite également demander que les inculpations contre Mirko Norac et contre le général croate Rahim Ademi, également accusé pour des atrocités dans la poche de Medak, soient jointes.

«L'inculpation de Mirko Norac conclut les enquêtes sur la poche de Medak», a indiqué à l'AFP Mme Hartmann.

 

lundi 19 avril 2004, 14h56

Le général Krstic condamné à 35 ans de prison pour le massacre de Srebrenica

LA HAYE (AFP) - Le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie a condamné en appel lundi le général serbe de Bosnie Radislav Krstic à 35 ans de prison pour complicité de génocide, crime contre l'humanité et crime de guerre commis contre les Musulmans de Bosnie de Srebrenica en 1995.

Les juges ont par ailleurs confirmé définitivement dans leurs attendus que le massacre de 7.000 Musulmans de Bosnie de Srebrenica, en juillet 1995, constituait un génocide.

"La Cour déclare Radislav Krstic coupable d'avoir aidé et rendu possible un génocide", a déclaré le président de la Cour, le juge américain Theodor Meron, lors de l'audience.

La Cour a donc jugé le général coupable de "complicité de génocide".

Les juges ont cependant réduit la peine imposée au général de Krstic de 46 ans à 35 ans en soulignant qu'il n'était "pas un des principaux responsables" du génocide et qu'il n'a "pas pris part à l'entreprise criminelle commune" préparant le massacre.

Le général a paru inquiet tout au long de l'audience, mais il s'est détendu en voyant sa peine réduite.

Il avait été condamné à 46 ans de prison en première instance le 2 août 2001.

Revenant sur le génocide commis à Srebrenica, le juge Meron a souligné "qu'il s'agit d'un crime horrible".

"Ceux qui conçoivent et commettent le génocide cherchent à priver l'humanité des innombrables richesses qu'offrent ses nationalités", a-t-il ajouté.

"Les responsables porteront le sceau de l'infamie qui s'attache à ce crime", a encore affirmé M. Meron.

Plus de 7.000 Musulmans de Bosnie ont été éliminés dans les jours qui ont suivi la prise de Srebrenica par les forces armées bosno-serbes le 11 juillet 1995. Ce massacre constitue la pire atrocité commise en Europe depuis la fin de la Deuxième guerre mondiale.

La chambre de première instance du TPI avait déjà jugé le 2 août 2001 que les tueries systématiques perpétrées dans la ville constituaient un génocide.

 

TPI : Milosevic veut convoquer Bill Clinton et 1630 autres témoins à la barre
TRADUIT PAR PERSA ALIGRUDIC

Publié dans la presse : 16 avril 2004
Mise en ligne : mercredi 21 avril 2004

Slobodan Milosevic a remis la liste des témoins qu’il souhaite convoquer : elle comporte pas moins 1631 noms, dont de nombreux « témoins hostiles » : des officiers croates, des anciens membres de l’UCK ou des dirigeants de pays de l’OTAN.Milosevic aurait obtenu l’accord d’officiers des services de renseignements étrangers, prêts à témoigner en sa faveur, dontYves Bonnet, ancien chef des services de contre-espionnage français.

Par Nenad Lj. Stefanovic

Sur la très longue liste des témoins potentiels remise par les conseillers juridiques de Slobodan Milosevic à l’administration du TPI, ne figurent pas les noms des chefs fugitifs des Serbes bosniaques, Radovan Karadzic et Ratko Mladic. Beaucoup s’attendaient pourtant à ce que Milosevic, qui profite de toutes les occasions pour montrer son mépris envers le tribunal qui le juge pour les crimes commis pendant les guerres en Croatie, en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo, fasse preuve d’ironie en ajoutant leurs noms à sa liste.

Théoriquement, Milosevic aurait pu faire un nouveau spectacle, en demandant à ce que Karadzic et Mladic soient ses témoins protégés, ce qui aurait dû leur assurer à La Haye une pleine protection, sous-entendant un retour à la maison en toute sécurité. On aurait pu aussi envisager un témoignage par vidéo depuis quelque forêt ou blockhaus. Evidemment cette proposition aurait etét refusée illico mais, en revanche, les admirateurs des deux fugitifs les plus connus auraient jubilé pour cette mise en scène.

La liste de plus de 1600 témoins (l’avocat de Milosevic, Zdenko Tomanovic, affirme que la première version comportait plus de 5000 noms) pourrait compliquer encore plus le travail du conseil judiciaire qui, après le départ du magistrat Richard May, attend la nomination de son troisième membre. Après une pause de trois mois, le procès devrait reprendre le 8 juin, et Milosevic qui se défend seul, sans avocat, a obtenu 150 jours pour faire comparaitre les témoins de la défense, alors que pendant une telle période, une centaine d’entre eux seulement pourraient comparaitre. Or, en même temps que les noms proposés, Milosevic a expliqué en détail pourquoi les témoins devaient comparaitre. Il est évident que le Conseil judiciaire devra faire une sélection rigoureuse afin que comparaissent deux fois plus de témoins pendant ce délai de 150 jours, à condition que leur comparution en salle d’audience soit très courte.

Quelle que soit le fin mot de l’histoire des témoins de la défense, Milosevic aura toujours le prétexte d’objecter que le TPI ne lui a pas donné l’occasion de faire entendre de nombreux témoins importants et que « ses » témoins ont été beaucoup moins nombreux que ceux que la procureure générale Carla del Ponte a fait comparaitre, soit quelque 300 personnes. Milosevic pourra essayer de prouver qu’il était, de ce fait, dans une situation inégale dans ce procès.

Les « témoins hostiles »

Cependant, la liste comporte également quelques « témoin hostiles », que Milosevic avait annoncé au cours du procès, qui ne vont normalement pas parler en sa faveur : l’ancien Président des États-Unis, Bill Clinton, la Secrétaire d’État Madeleine Allbright, l’ancien négociateur pour les Balkans, Richard Holbrook, le chef du gouvernement de Grande Bretagne Tony Blair, l’ancien ministre britannique des Affaires étrangères Robin Cook et son homologue français Hubert Védrine. L’ancien Président yougoslave pense que tous ont laissé des traces visibles dans les événéments de la guerre pour lesquels on le juge et qu’ils devraient donc témoigner, en particulier sur les divers accords publics et secrets conclus. Cette allégation de Milosevic pourrait être convaincante, surtout dans le cas de Richard Holbrook, mais elle entraîne le tribunal sur un terrain glissant. L’administration actuelle américaine n’aime pas tellement que ses représentants officiels comparaissent devant les tribunaux internationaux.

Si le TPI accepte néanmoins de convoquer certains de ces « témoins hostiles », cela pourrait quelque peu compliquer les choses vu la déclaration faite par le procureur Jeffrey Nice à la BBC, quelques jours après l’arrivée de Milosevic à La Haye en juillet 2001. Il expliquait que Milosevic avait le droit absolu d’exiger la comparution de nombreux politiciens, de chefs d’État étrangers et de dirigeants des pays membres de l’OTAN à la barre des témoins, avec lesquels il avait autrefois mené d’importantes négociations, car ce serait une condition requise pour un procès loyal.

En ce qui concerne les politiciens locaux, l’ancien Président du Monténégro, Momir Bulatovic, a exprimé publiquement son intention de comparaitre comme témoin et il affirme qu’il jouera un rôle important dans la défense de Milosevic. La liste de Milosevic comporte également de nombreux académiciens qui devraient probablement décrire les circonstances historiques du démantèlement de la Yougoslavie, par exemple Vasilije Krestic, Mihajlo Markovic, Kosta Mihajlovic, tandis que l’artiste peintre et l’écrivain Momo Kapor a aussi accepté de faire partie de la liste.

Cette liste ne doit pas trop impressionner le conseil judiciaire qui devra finalement estimer quels témoins peuvent être utiles pour le procès. Comme tout ce que fait Milosevic, cette liste est dans une grande mesure destinée au public local : si les « témoins hostiles » sont refusés, il pourra toujours dire « qu’on ne lui permet pas de se défendre à La Haye ».

Quel nouveau juge en remplacement de Richard May ?

Le conseil judiciaire devrait décider ces jours-ci de la désignation du troisième membre de la Cour, qui devra siéger aux cotés de Robinson et Kvon. D’après les spéculations de la presse britannique, ce pourrait être l’écossais Ian Bonomi, juriste réputé qui a reçu le surnom de « Judge Dread » (l’impitoyable juge). Lord Bonomi qui devrait probablement succéder au juge Richard May, a la réputation en Ecosse d’être un éminent juriste engagé dans une méticuleuse révision et modernisation du système judiciaire de son pays.

Le Skotsman d’Edimbourg, qui a déjà annoncé sa nomination, que doit pourtant encore confirmer le secrétaire général de l’ONU, a rappelé que le « procès du siècle » dépendait uniquement du juge Bonomi et de ses capacités à lire dans un temps relativement court les 30 000 pages de dépositions des témoins qui ont déjà comparu en salle d’audience. À tout cela s’ajoutent les quelque 4700 pages fournies Milosevic, contenant la liste de ses témoins et les explications sur la nécessité de leur comparution devant le TPI.

Réagissant à la probable nomination de Bonomi à la place de Richard May, un des visiteurs réguliers du site B92 a noté : « avant de l’accepter à cette fonction, il faudrait tester ses capacités physiques à courir et à nager. Car le juge impitoyable devra faire face une impitoyable quantité de documents, de preuves mais aussi de témoins ».

Certains témoins parmi les quelque 1600 ont déjà été autorisés à rencontrer Milosevic dans sa prison. Si on lui laissait le soin de choisir quelques témoins à la mesure du sentiment de sa propre grandeur et de sa vanité, en sacrifiant tous les autres, son choix tomberait sûrement sur Clinton et sur le groupe des "témoins hostiles". Sur les représentants du nouvel ordre mondial. Il sera difficile aux juges de lui donner satisfaction, mais ils n’oseront pas non plus si facilement fermer les yeux sur la déclaration du procureur Nice et sur certaines traces laissés de manière indélébile sur les massacres de la dernière décennie par des représentants de la communauté internationale.

 

La Croatie, le TPI et le conflit des années 1990 : guerre de libération ou entreprise criminelle ?
TRADUIT PAR PIERRE DÉRENS

Publié dans la presse : 16 avril 2004
Mise en ligne : dimanche 18 avril 2004

Les accusations lancées par la Chambre d’accusation du TPI contre six officiers supérieurs croates risquent d’obliger Zagreb à réécrire l’histoire récente de la Croatie. Le Premier ministre Sanader maintient pourtant le cap de la coopération avec La Haye. Tel est le prix à payer pour la candidature européenne de la Croatie.

Par Drago Hedl

Si les procureurs de La Haye réussissent à prouver les accusations qu’ils ont portées, dans une récente accusation, contre six officiers supérieurs de l’armée croate, il se peut que Zagreb soit obligée d’écrire à nouveau l’histoire croate récente.

En octobre 2000, le Parlement croate a voté une déclaration sur la guerre civile, affirmant qu’entre 1991 et 1995, la Croatie avait conduit « une défense juste et légitime afin de protéger ses frontières reconnues internationalement, de l’agression de la Grande Serbie ». Cette guerre, concluait le Parlement, était une guerre de libération et non pas de conquête.

Guerre de libération ou entreprise criminelle ?

Cependant, l’accusation de La Haye avance que six officiers - Jadranko Prlic, Bruno Stojic, Slobodan Praljak, Milvoj Petkovic, Valentin Coric et Nerislav Pusic, qui se sont tous rendus volontairement à La Haye au début du mois d’avril - faisaient partie « d’une entreprise criminelle » incluant également l’ancien Président de la République Franjo Tudjman et l’ancien ministre de la Défense Gojko Susak, dans le but de déplacer de façon permanente les Bosniaques musulmans et les autres non-Croates vivant en Bosnie-Herzégovine, dans le but de permettre la création de la Grande Croatie.

Bien que ces accusations sans précédent soient en contradiction flagrante avec la version officielle des faits soutenue par Zagreb, le Premier ministre croate Ivo Sanader a annoncé qu’il allait coopérer avec le Tribunal, et faciliter le transfert des officiers. Il a expliqué cette coopération en prétendant que la Croatie avait besoin de se défendre contre les « qualifications politiques inacceptables de La Haye ».

Mais si l’accusation avait été lancée il y a quelques mois, quand Ivica Racan, Premier ministre social-démocrate, était encore au pouvoir, l’Union démocratique croate (HDZ), le parti d’Ivo Sanader, aurait peut-être appelé à des manifestations de rue contre l’extradition des officiers.

Le nouveau réalisme politique d’Ivo Sanader

Un ancien ministre du gouvernement d’Ivica Racan nous confiait que « si de telles accusations avec de telles qualifications étaient parvenues à Zagreb, notre gouvernement serait tombé en quelques jours. Nous avons été accusés de trahison, quand nous avons lancé un mandat d’arrêt contre le général fugitif Ante Gotovina, et des manifestations impressionnantes ont été organisées quand nous avons commencé le procès du général Norac, accusé de crimes de guerre pour le meurtre de civils serbes à Gospic en 1991 ». Le général Norac a été jugé à Rijeka et condamné à 11 ans de prison.

« Vous pouvez vous imaginer ce qu’ils feraient maintenant, quand l’on tient la Croatie responsable de la guerre en Bosnie, avec Franjo Tudjman et Gojko Susak à la barre », ajoute notre interlocuteur.

Quand des politiciens croates comme Vesna Pusic du Parti populaire (HNS) ou Damir Kajin du Forum démocratique d’Istrie (IDS), deux formations qui participaient au gouvernement d’Ivica Racan, ont parlé ouvertement de l’agression de la Croatie contre la Bosnie-Herzégovine devant le Parlement croate, ils ont été injuriés et accusés de trahison par le HDZ.

En octobre 2001, Ivo Sanader a attaqué Vesna Pusic au Parlement, en expliquant que sa déclaration selon laquelle la Croatie avait agressé la Bosnie-Herzégovine était « tout à fait inacceptable », et que « la Déclaration sur la guerre patriotique devait faire cesser les mensonges sur l’histoire du pays et les réinterprétations de l’histoire moderne de la Croatie ».

La décision d’Ivo Sanader de coopérer avec le TPI est clairement motivée par sa volonté de faire entrer la Croatie dans l’UE. Un de ses proches conseillers, voulant garder l’anonymat, explique : « Il faut comprendre Ivo Sanader maintenant, la priorité de sa politique étrangère est d’obtenir un jugement positif de l’UE sur la candidature de la Croatie, qui veut adhérer dès 2007. Sans une réelle coopération avec le Tribunal de La Haye, l’arbitrage qui doit arriver à Zagreb le 20 avril ne sera certainement pas positif. Et une position négative de l’UE aurait des conséquences désastreuses pour le pays. Cela voudrait dire que les portes de l’Europe demeureraient fermées à la Croatie pour encore longtemps, avec toutes les conséquences qui s’ensuivraient ».

Ce conseiller ajoute qu’Ivo Sanader était conscient du fait que Franjo Tudjman avait laissé beaucoup de preuves de son implication dans la guerre de Bosnie derrière lui.

Des preuves accablantes contre Franjo Tudjman et son régime

Certaines preuves ont été publiées sur six pages de l’édition du 9 avril de l’hebdomadaire Feral Tribune, notamment les minutes apparentes et les transcriptions des réunions de Franjo Tudjman avec ses proches collaborateurs, les chefs de Bosnie-Herzégovine et la direction de l’État croate, dont l’opinion publique n’avait encore jamais entendu parler pour l’essentiel.

Ces documents montrent que lors d’une réunion du Conseil Suprême de l’État, le 8 juin 1991, avant que n’éclate la guerre dans l’ancienne Yougoslavie, Franjo Tudjman aurait parlé des frontières de la Croatie comme étant « absurdes », parce qu’elles ne pouvaient pas durer ni au plan administratif ni économiquement, et que l’armée ne pouvait pas les protéger. Il conseilla alors la division de la Bosnie-Herzégovine, qu’il considérait comme une « absurdité de l’histoire » et une « entité coloniale », créée entre le 15ème et le 18ème siècle.

S’exprimant plus tard dans une réunion avec une délégation du HDZ de Bosnie-Herzégovine, le 21 décembre 1991, Franjo Tudjman aurait déclaré : « De même que nous nous sommes servis d’un moment de l’histoire pour créer une Croatie indépendante, je pense qu’il est maintenant temps que nous réunissions les Croates dans les frontières les plus larges possible ».

Au cours de cette même réunion, il a précisé ce qu’il voulait dire par « les frontières les plus large possible ». « Cet État croate, tel qu’il existe maintenant, n’a pas les conditions nécessaires pour vivre, mais un État croate pourrait survivre avec les frontières de la Banovina [1], surtout si ces frontières sont encore améliorées ».

Les transcriptions montrent aussi que la Croatie aidait les troupes croates de Bosnie. Lors d’une réunion avec Franjo Tudjman, le Conseil croate de défense de Bosnie (HVO) et d’autres représentants de Herceg-Bosna [2], le 18 ars 1992, l’ancien ministre de la Défense Gojko Susak aurait dit qu’il lui apparaissait clairement que la Croatie finançait les opérations militaires de Bosnie-Herzégovine.

L’année suivante, dans une autre réunion avec des représentants du HVO, Franjo Tudjman n’a eu aucune hésitation sur le sort de la Bosnie. « Je disais avant cette guerre qu’il y avait deux solutions à la crise bosniaque. D’abord la formation d’une confédération. Puisque la Yougoslavie n’a pas été capable de survivre de quelle que façon que ce soit, comment la Bosnie-Herzégovine pourrait-elle faire face aux différences entre ses peuples, qui sont encore plus grandes ? L’autre solution est la division. Ce n’est un secret pour personne. Finalement, il n’y a que ces deux solutions ».

L’abondance de telles déclarations impliquant Franjo Tudjman et d’autres représentants croates de haut niveau pendant la guerre de Bosnie vont former sans doute une part significative des preuves dont les procureurs vont se servir contre les six officiers accusés. Beaucoup en Croatie pensent que finalement, les officiers aurait intérêt à parler des crimes commis en leur nom, même si le gouvernement les a reniés depuis longtemps.

« Ceux qui voulaient savoir savaient depuis longtemps »...

Pour le journaliste croate Ivan Lovrenovic, « les crimes dont parle l’accusation contre les officiers sont ceux que l’opinion publique de Bosnie-Herzégovine et de Croatie connaît depuis toujours. Pas une seule personne qui voulait savoir ne pouvait ignorer ces crimes. L’accusation les récapitule simplement, à fond, et systématiquement. Cette systématisation est si choquante que même des gens comme Slobodan Praljak et Valentin Coric ont reconnu qu’ il y avait eu des crimes, mais qu’ils n’étaient pas impliqués personnellement ».

Reconnaître cette vérité longtemps cachée va représenter un processus pénible pour beaucoup de personnes.

____________

[1] En 1939, une grande « banovina » (région administrative) croate est créée dans le cadre du Royaume yougoslave. Elle inclut presque toute la Bosnie-Herzégovine.

[2] l’entité sécessioniste des nationalistes croates de Bosnie-Herzégovine

 

lundi 5 avril 2004, 15h52

Six Bosno-Croates se rendent au TPI de La Haye pour l'ex-Yougoslavie

ZAGREB (AP) - Six Bosno-Croates se sont rendus lundi au Tribunal pénal international de La Haye pour l'ex-Yougoslavie, afin de répondre des allégations selon lesquelles ils auraient participé en 1993 à la torture et au massacre de musulmans en Bosnie-Herzégovine.

Le général Milivoj Petkovic, le général à la retraite Slobodan Praljak, Jadranko Prlic, Valentin Coric, Bruno Stojic et Bersilav Pusic se sont envolés de Zagreb à destination d'Amsterdam à bord d'un vol commercial de la compagnie Croatia Airlines. Selon un représentant du TPI de La Haye, ils ont ensuite été transférés sans incidents dans l'unité de détention de l'ONU.

Les six hommes sont recherchés pour leur rôle présumé dans la torture et le massacre de civils musulmans ainsi que dans l'organisation de camps de détention dans le sud-est de la Bosnie en 1993.

Jadranko Prlic était à l'époque le dirigeant politique des Bosno-Croates, tandis que Bruno Stojic assumait la fonction de ministre de la défense. Valentin Coric était le chef de la police militaire et Bersilav Pusic s'occupait de l'échange des prisonniers de guerre. Le général Petkovic avait quant à lui été déployé dans la région depuis la Croatie pour diriger l'aile militaire du gouvernement. Praljak fut son adjoint avant de lui succéder.

Tous les suspects ont la double nationalité bosno-croate. Les mandats d'arrêt avaient été initialement adressés au gouvernement bosniaque à Sarajevo; ils ont été ensuite dirigés vers Zagreb, la capitale croate, où les suspects se sont installés. AP

 

jeudi 1 avril 2004, 17h51

Un ancien haut responsable militaire Croate de Bosnie inculpé par le TPI

ZAGREB (AFP) - L'ex-commandant de la police militaire des Croates bosniaques, Valentin Coric, a été inculpé par le Tribunal pénal international (TPI) de crimes de guerre commis contre des Musulmans pendant la guerre de Bosnie (1992-1995) et a annoncé qu'il était prêt à se rendre à La Haye, a-t-on appris jeudi de source officielle.

"Valentin Coric a été inculpé par le TPI", a déclaré le porte-parole du ministère croate de la Justice, Vesna Dovranic.

Coric, qui a la double nationalité croate et bosniaque, a assuré qu'il était prêt à se rendre à La Haye, siège du TPI, a-t-elle ajouté.

"J'ai pris l'acte d'accusation et je pars lundi" à La Haye, a déclaré M. Coric à la presse.

Quatre anciens haut responsables politiques et militaires Croates de Bosnie avaient été inculpés mercredi par le TPI de crimes de guerre commis contre des Musulmans pendant la guerre de Bosnie.

Outre Coric, les quatre autres inculpés sont: les anciens Premier ministre et ministre de la Défense d'Herceg-Bosna -- la république auto-proclamée par les Croates de Bosnie pendant le conflit --, Jadranko Prlic et Bruno Stojic, le général en retraite Slobodan Praljak et le général Milivoj Petkovic, qui commandaient les forces croates de Bosnie (HVO) pendant la guerre.

Milivoj Petkovic est aujourd'hui officier d'active au sein de l'armée de Croatie mais le gouvernement envisagerait de le mettre à la retraite.

Les cinq ont assuré qu'ils se rendront lundi devant le TPI.

La TV croate a affirmé mercredi que le TPI accuse les inculpés d'avoir planifié le nettoyage ethnique de Musulmans de Herzégovine (région du sud de la Bosnie à majorité croate) en coopération avec le président croate défunt Franjo Tudjman et son ministre de la Défense Gojko Susak, en vue de rattacher ces territoires à la Croatie.

Mardi, la TV croate avait affirmé que le TPI allait inculper au total six Croates de Bosnie. Le sixième dont le nom n'a pas été dévoilé serait un ancien membre de l'ex-police militaire des Croates de Bosnie.

Les Croates de Bosnie et les Musulmans, bien qu'alliés contre les Serbes de Bosnie pendant la plupart de la guerre, se sont combattus pendant onze mois en 1993-1994. Les autorités croates ont soutenu militairement et politiquement les séparatistes croates de Bosnie, qui réclamaient le rattachement à la Croatie des territoires qu'ils contrôlaient.

L'éphemère république d'Herceg-Bosna a été dissoute peu avant les accords de paix de 1995, et son territoire a été intégré à la Fédération croato-musulmane, entité qui forme avec la Republika Srpska (entité serbe) la Bosnie d'après-guerre.

La coopération inconditionnelle avec le TPI fait partie des conditions que la Croatie doit remplir pour intégrer l'Union européenne.

 

Le vendredi 12 mars 2004

TRIBUNAL PÉNAL INTERNATIONAL : Deux généraux croates plaident non coupable

Stephanie van den Berg - Agence France-Presse - La Haye

Deux généraux croates à la retraite, Ivan Cermak et Mladen Markac, inculpés par le Tribunal pénal international (TPI) de crimes de guerre commis contre des Serbes lors de la guerre serbo-croate (1991-1995), ont annoncé à la Cour qu'ils plaideront non coupable.

«Non coupable», ont répondu les deux hommes au président de la Cour, le juge maltais Carmel Agius, qui leur demandait quelle serait la nature de leur plaidoyer.

Les généraux Cermak, 54 ans, et Markac, 48 ans, sont arrivés jeudi au centre de détention à La Haye. Ils ont comparu vendredi devant le TPI. Conformément à l'usage au Tribunal, cette «comparution initiale» a pour but de faire connaître au Tribunal et au public le futur plaidoyer des accusés.

Peu avant leur départ de Zagreb, dans de brèves déclarations à la presse, ils avaient déjà clamé leur innocence.

 

TPI : la « justice du plus fort » peut-elle répondre au besoin de justice ?
TRADUIT PAR PERSA ALIGRUDIC

Publié dans la presse : 2 mars 2004
Mise en ligne : mercredi 10 mars 2004

La relation avec le TPI a été présentée comme l’étalon de la civilisation dans les Balkans : il est maintenant trop tard pour débattre de la légitimité de ce tribunal et de la coopération qu’il convient d’avoir avec lui. Le bilan du Tribunal de La Haye n’est pourtant guère flatteur, et les tribunaux locaux doivent répondre au besoin de justice.

Par Branislav Milosevic

Si le nouveau Premier ministre serbe Kostunica persiste dans la ligne de ses déclarations à l’Associated Press - à savoir que la coopération avec le Tribunal de La Haye (TPI) ne sera pas une priorité de son gouvernement - il finira par devenir le plus grand protecteur et bienfaiteur des organisations non gouvernementales locales, lesquelles, depuis des années, s’en tirent bien grâce aux dons de l’étranger.

De tels propos montrent combien il est vain d’expliquer qu’aucun gouvernement ne peut se permettre de s’occuper en priorité de l’approvisionnement en « matériel humain » à un TPI en difficulté et de négliger les besoins élémentaires de ses citoyens. Certes, on ne peut s’attendre à ce que Kostunica - à la porte duquel viendront cogner sans répit les humiliés, les offensés, les affamés et les chômeurs - se targue d’offrir à ses électeurs la justice de La Haye pour dîner. Toutefois, il eut été peut-être plus habile de simplement s’abstenir que de crâner sans en avoir les moyens politiques.

Étalon de la civilisation

Ce que le Premier ministre aurait placé en tête de l’agenda gouvernemental, bien entendu, n’y restera pas longtemps. S’appuyant sur la collaboration des belligérants de la dernière guerre des Balkans avec le TPI, la communauté internationale a surtout fait un test de coopération avec des gouvernements post-autoritaires balkaniques, à commencer par la Serbie et la Croatie.

De relever que plusieurs résolutions du Conseil de sécurité n’ont jamais été respectées (comme la Résolution 1244, stipulant l’établissement du système provisoire du Kosmet) ne remet aucunement en question l’essentiel de la Résolution du Conseil de sécurité 827 créant le TPI pour l’ex-Yougoslavie (ICTY), ni ne légalise la possibilité d’une collaboration sélective ou facultative avec le Tribunal. Cela n’ouvre pas davantage la voie à une coopération à double sens avec La Haye, laquelle est pourtant, parmi nos compatriotes devenus experts en justice internationale (lesquels d’ailleurs poussent comme des champignons après la pluie), de plus en plus comprise comme un échange, du style « quatre généraux contre la tête de Carla del Ponte ».

La raison de l’irrévocabilité du TPI est très simple : si le tribunal de Nuremberg, qui a jugé les dirigeants du Troisième Reich, a établi « la justice des vainqueurs », le TPI est en train, lui, d’installer « la justice du plus fort ». Et, oh surprise, ces plus forts gouvernent le monde sans montrer la moindre volonté de partager leurs privilèges avec les plus faibles - qui, accessoirement, disposent de meilleurs arguments. Bref, ici, les arguments sont vains. En particulier quand il faut admettre que les plus forts ont parfois commis de graves erreurs, que ce soit lors du processus de création du TPI ou dans la phase de réalisation de ses principaux objectifs.

Espoirs trahis

En effet, sur les quatres tâches essentielles que le Tribunal s’était fixées, aucune n’a été accomplie jusqu’au bout :

-  toutes les personnes « présumées responsables de graves violations du droit humanitaire international » n’ont pas comparu devant le TPI, et pas seulement parce que certains d’entre eux sont en fuite ;
-  les victimes n’ont pas « obtenu la justice » qui aurait pu à tout le moins les rassurer et les motiver à poursuivre leur vie sur les lieux où elles ont subi des crimes ;
-  « les futurs crimes » n’ont absolument pas été empêchés, et certains auteurs de crimes antérieurs, ou encore ceux que l’on considère comme les commanditaires de ces crimes, sont jugés de manière négligeante et vague ;
-  et enfin, la contribution du TPI à la paix dans la région par voie de conciliation est pratiquement insignifiante : tout le monde sait que celle-ci serait de nouveau mise à rude épreuve si les forces des Nations Unies - ou, demain, de l’Union Européenne - se retiraient de Bosnie ou du Kosovo.

Par sa superficialité sans précédent, le TPI a non seulement trompé les espoirs de ceux qui ont soutenu sa création et dépensé beaucoup plus de moyens financiers que ne le valent les résultats obtenus, mais il a aussi remis en question la possibilité même d’une justice internationale. À la fin de la première partie du procès du « boucher balkanique » du coin, le New York Times écrivait récemment et non sans une certaine amertume, qu’avec Saddam Hussein qui attend son procès et Oussama ben Laden, Charles Taylor et Kim II Sung en liberté sinon au pouvoir, le monde doit penser que « la justice globale est, c’est le moins qu’on puisse dire, peut-être possible, mais guère probable ».

La justice internationale, avec le TPI, s’est montrée plus drastiquement qu’à Nuremberg impuissante à réparer les torts faits aux victimes. C’est comme si les fondateurs du TPI et sa procureure générale avaient oublié le sage conseil de Robert Jackson, procureur général au procès de Nuremberg : « Nous ne devons jamais oublier que nous-mêmes serons jugés par l’Histoire, dans la même mesure où aujourd’hui nous jugeons les accusés ».

En accusant de prétendus démiurges du Mal en nos contrées, ils ont froidement et cyniquement omis, comme si rien ne s’était passé, l’agression de l’OTAN en Serbie - et, ce qui est le plus important, les victimes innocentes, inutiles, absurdes et d’autant plus tragiques de cette agression.

Cette part de justice, sur laquelle nos citoyens comptent comme un complément normal de la sentence que doit subir leur ancien leader et ses collaborateurs, non seulement ne parvient pas à être établie, mais en plus l’ambassadeur étasunien à l’OTAN a annoncé que deux des conditions que le nouveau gouvernement serbe devra remplir pour se rapprocher de la communauté internationale sont de renoncer à toute plainte contre l’OTAN et de livrer les deux fuyards recherchés par le TPI.

Règlement de compte avec le Mal

Grâce à cette idée de justice internationale, les solutions envisagées par Thomas Mann dans son journal intime ont néanmoins pu être évitées. Cédant à sa répugnance aristocratique face au Mal, il proposa que justice serait faite si l’on exterminait 500 000, voire un million d’Allemands. Comparé à la vision « humaniste » de Mann, la proposition de Staline de liquider « seulement » 50 officiers de la Wehrmacht - ce que Roosevelt aurait approuvé en silence et que Churchill aurait énergiquement refusé à Téhéran - ressemblait à une concession généreuse au peuple allemand vaincu.

En fait, la meilleure chose que pourrait faire un gouvernement sensible à la justice et prêt à coopérer avec la communuté internationale, serait de juger pour de bon les inculpés de crimes de guerre devant des tribunaux locaux.

La degré d’émancipation de la Serbie serait alors jaugée à l’aune de l’objectivité de ses tribunaux, et non pas à la volonté des pouvoirs de livrer des suspects sur la base d’actes d’accusation du TPI en général improvisés. Ainsi justice serait faite, les victimes y trouveraient leur compte autant que faire se peut, et la Serbie pourrait sortir de cette transition civilisatrice infantilisante où elle patauge depuis trop longtemps.

(Mise en forme : Stéphane Surprenant)

 

lundi 8 mars 2004, 17h47

Reddition jeudi à La Haye de deux généraux croates inculpés par le TPI

ZAGREB (AFP) - Les généraux croates à la retraite, Ivan Cermak et Mladen Markac, inculpés par le Tribunal pénal international (TPI) de crimes contre des Serbes lors de la guerre serbo-croate (1991-1995) se rendront volontairement jeudi à La Haye, pour comparaître le lendemain devant le tribunal.

Leur inculpation de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre a été annoncée lundi par Zagreb puis confirmée par le TPI tandis que leur reddition jeudi prochain a été annoncée par leurs avocats.

Ivan Cermak, 54 ans, et Mladen Markac, 48 ans, doivent répondre de crimes commis contre des Serbes en marge de l'opération militaire "Tempête" menée en 1995 par les forces croates pour reprendre le contrôle de la région méridionale de la Krajina, tenue par les séparatistes serbes de Croatie depuis quatre ans.

Le général Cermak avait été nommé administrateur de Knin après le retrait des Serbes en 1995. Le général Markac était à l'époque adjoint au ministre de l'Intérieur chargé des forces spéciales de la police.

Environ 200.000 Serbes de Croatie ont fui leurs foyers lors de l'opération "Tempête" qui a pratiquement mis un terme au conflit serbo-croate.

Le TPI accuse les deux généraux d'avoir participé à une "entreprise criminelle conjointe" dont l'objectif était l'expulsion des Serbes de la Krajina par la terreur, le pillage et la destruction de propriété.

Leur acte d'accusation mentionne le meurtre d'au moins 150 Serbes de Krajina entre août et novembre 1995.

L'ancien chef de l'Etat, Franjo Tudjman, qui n'a jamais été inculpé par le TPI, est mentionné explicitement dans l'acte d'accusation des deux généraux comme l'un des participants à cette "opération criminelle conjointe". Tudjman est mort en décembre 1999 d'un cancer.

Par ailleurs, le TPI a indiqué que l'inculpation pesant contre le général Ante Gotovina, commandant des forces de l'opération "Tempête", avait été précisée.

L'inculpation modifiée comprend des détails qui ne se trouvaient pas dans le premier acte d'accusation, notamment le fait que le général Gotovina a servi dans la Légion étrangère, un corps d'élite de l'armée française, où il a occupé les fonctions de caporal chef.

Le général Gotovina, 48 ans, perçu comme un héros national par de nombreux Croates, est en fuite depuis son inculpation en juillet 2001.

La non-arrestation du général Gotovina, reste l'un des principaux obstacles aux efforts de la Croatie pour intégrer l'UE. Zagreb souhaite vivement recevoir le statut de candidat à l'adhésion en juin et intégrer l'UE à l'horizon 2007.

Le ministre croate de la Justice, Vesna Skare-Ozbolt, a souligné lundi que son gouvernement estimait que les deux hommes étaient "innocents" et se portait garant pour eux. Mme Skare-Ozbolt a dit espérer qu'ils allaient être mis en liberté provisoire dans l'attente de leur procès.

Pour sa part, l'avocat du général Markac, Me Miroslav Separovic, a déclaré: "Nous trouvons inacceptable l'accusation selon laquelle les généraux Markac et Cermak, de concert avec le général Ante Gotovina et le président (défunt) Franjo Tudjman, ont oeuvré à l'expulsion de la population serbe".

Par ailleurs, un ancien ministre de l'Intérieur croate, Ivan Jarnjak, a indiqué lundi qu'il allait prochainement être entendu par les enquêteurs du TPI sur son rôle lors de l'opération "Tempête". M. Jarnjak, 62 ans, était ministre de l'Intérieur pendant cette opération.

Ivan Jarnjak, a été élu député sur les listes du parti du Premier ministre Ivo Sanader, au pouvoir depuis les législatives de novembre, et dirige actuellement la Commission parlementaire pour les affaires intérieures et la sécurité nationale.

Jusqu'à présent, outre les généraux Markac et Cermak, le TPI a inculpé trois officiers croates: le général Ante Gotovina, Rahim Ademi et Janko Bobetko.

Rahim Ademi s'est rendu en 2001 au TPI et a été mis en liberté provisoire en 2002. La Croatie avait refusé d'extrader Janko Bobetko, qui est décédé à Zagreb en 2003.

 

jeudi 4 mars 2004, 12h11

La Sfor arrête en Bosnie le "ministre de la Défense" de Karadzic

BANJA LUKA, Bosnie (Reuters) - Des militaires de la Force de stabilisation de l'Otan en Bosnie (Sfor) ont arrêté mercredi soir l'ex-"ministre de la Défense" de Radovan Karadzic, l'ancien leader sécessionniste serbe recherché par le Tribunal pénal international de La Haye (TPIY) pour crimes de guerre.

Un communiqué publié jeudi par la Sfor indique que le général Bogdan Subotic, qui est actuellement conseiller militaire auprès de la présidence serbe de la Fédération bosniaque, a été arrêté mercredi soir à son domicile de Banja Luka.

Subotic, qui serait détenu et interrogé dans un lieu secret, est la troisième personne soupçonnée d'aider Karadzic à échapper à la justice internationale à être appréhendée depuis deux mois par la Sfor, qui a été accusée dans le passé de laxisme dans la traque des criminels de guerre.

En fuite depuis près de huit ans, comme son ancien chef d'état-major Ratko Mladic, également recherché par le TPIY pour crimes de guerre, Karadzic se cacherait dans l'est de la Bosnie.

 


Deux ans de procès Milosevic : fiasco à La Haye ?
TRADUIT PAR PERSA ALIGRUDIC

Publié dans la presse : 19 février 2004
Mise en ligne : vendredi 27 février 2004

Deux ans après le début du « procès du siècle », presque tous les acteurs sont toujours là, sauf le juge Richard May, malade, qui a jeté l’éponge. Pourtant, l’atmosphère n’est plus la même qu’au début. Autour de la salle d’audience, on note beaucoup de nervosité, et ceux qui prétendent tout savoir à l’avance sont de moins en moins nombreux.

 

Par le reporter de Vreme à La Haye

La Procureure générale Carla del Ponte ne donnera pas d’interviews aux médias belgradois jusqu’à nouvel ordre. Sa porte-parole Florence Hartmann l’a dit ouvertement à ceux qui attendaient dans la file : « mais que voulez-vous, vous n’avez même pas de gouvernement ! »

Si la formation du gouvernement est une condition pour que Carla donne une interview aux médias locaux, Vojislav Kostunica pourrait bien éviter de se presser pour le former. Après la dernière déclaration de la Procureure, qui a dit que Radovan Karadzic et Ratko Mladic étaient surement à Belgrade (sans preuves à l’appui), le professeur Vojin Dimitrijevic fait remarquer que Carla del Ponte ne se calmera pas tant que Belgrade n’aura pas obtenu un gouvernement de droite qui refusera toute collaboration avec elle. Donc, pas d’interview en perspective.

Ni pour Belgrade, ni pour le Guardian

Aucune chance non plus pour le Guardian de Londres d’obtenir une entrevue avec la Procureure de La Haye (même si les Britanniques ont un gouvernement), car ce journal a estimé d’une manière plutot sévère que le procès contre l’ancien Président Slobodan Milosevic s’était transformé en une sorte de « parodie de la justice internationale ». L’auteur, Neal Clark, qui était défavorable à l’extradition de Milosevic, reproche à Carla Del Ponte de n’avoir pas bien travaillé : elle a d’abord accusé Milosevic puis, au cours du procès, elle a essayé de trouver les preuves à l’appui des 66 points de l’acte d’accusation. Clark accumule les reproches : trop de faux témoins non convaincants, insuffisamment de preuves établissant que ce sont les dirigeants de Belgrade qui ont ordonné le massacre de Srebrenica, l’affront de faire comparaitre Wesley Clarke comme témoin, le silence sur les crimes commis par l’OTAN lors des bombardements de 1999... Finalement, selon lui, le TPI travaille dans l’intérêt des grandes puissances, alors que l’idéal de la justice internationale qui devrait être la même pour tous n’a jamais été si éloigné qu’aujourd’hui.

À propos du génocide

Le 12 février dernier, le général français Philippe Morillon comparaissait comme témoin à l’audience du Tribunal. Il parle en détail du « cercle infernal du sang et de vengeance », et de la haine et qu‘on ne voit « qu’entre frères et voisins ». Le général Morillon affirme que Milosevic avait grandement influencé le général Ratko Mladic en 1993 en l’empêchant de conquérir la zone protégée autour de Srebrenica. D’après les allégations du général français, au moment du massacre de Srebrenica en 1995, Mladic agissait en solitaire et n’obéissait à personne. En soulignant les mérites de Milosevic pour une « solution pacifique » de la situation autour de Srebrenica en 1993 et son influence déterminante sur les Serbes de Bosnie, le parquet a essayé néanmoins de l’accuser de « complicité de génocide ».

Il semble que le point le plus important, sur les 66 contenus dans l’acte d’accusation, celui de la responsabilité directe du génocide imputé à Milosevic et que le Parquet essaie depuis deux ans de mettre sur son dos, soit assez difficile à tenir à la veille de la deuxième partie du procès. Même la Procureure Del Ponte, dans un entretien avec AFP la semaine dernière, se voulant apparemment très satisfaite de l’avancée du procès, a remarqué qu’elle savait depuis le début qu’il serait très difficile de prouver le génocide, car « c’est toujours diablement difficile de prouver l’intention ». Interrogée pour savoir si elle allait considérer comme une défaite personnelle un éventuel échec à fournir les preuves sur ce point crucial de l’acte d’accusation, la Procureure générale a souri en disant que la décision revenait maintenant aux juges.

Retours sur l’affaire Plavsic

La fin de la première phase du procès contre l’ancien président yougoslave et l’annonce que des témoins importants comparaitront à l’audience ont fait revenir à La Haye certains envoyés spéciaux. La plupart s’attendait à voir apparaître Biljana Plavsic comme témoin à charge contre Milosevic. Elle était arrivée la semaine dernière de Suède, où elle purge sa peine de onze années de prison, après avoir reçu une convocation à témoigner. Au bout de quelques jours, Biljana Plavsic a eté ramenée en Suède, et la seule explication fournie par Carla del Ponte a été que l’ancienne Présidente de la Republika Srspka n’avait pas eu le temps de témoigner car il ne restait que deux jours pour interroger les témoins de l’accusation.

Il est fort possible que l’accusation ait pensé que le témoignagne de cette femme pouvait être nuisible sur le cours du procès de Milosevic, alors qu’on avait compté qu’il serait grandement profitable.. Biljana Plavsic avit dit dans sa déposition que Milosevic était l’architecte de la politique de séparation ethnique de la population en Bosnie-Herzégovine, qu’il avait mise en oeuvre avec Karadzic, Krajisnik et Mladic. Elle mentionnait aussi la participation du ministère de l’Intérieur de Serbie (MUP), des dirigeants politiques et de la direction militaire de Belgrade dans l’accomplissement du plan de séparation des communautés ethniques et de l’expulsion forcée de la population non serbe des territoires que les Serbes voulaient garder. Ces aveux auraient dû faire de Milosevic un coupable, car il était au centre des agissements mentionnés dans l’acte d’accusation comme « le plan criminel commun ». En l’absence de comparution de Plavsic, le texte de ses aveux devient quasiment nul dans le procès de Slobodan Milosevic, et il ne sera pas classé dans les documents judiciaires.

Quelques jours avant la fin de la première phase du procès, Milosevic a reçu du renfort. On a de nouveau entendu les membres du Comité international pour sa défense, dont l’un des membres, le professeur Velko Valkanov de Bulgarie, a fait remarquer qu’en moins d’un an, 24 personnes avaient été condamnées lors du procès de Nuremberg, alors que le procès d’un seul homme dure plus de deux ans devant « un tribunal illégal et faux ». Bien sur, cela ne signifie pas que le procès de Nuremberg était parfait du point de vue juridique, et encore moins que Milosevic est innocent, comme l’affirment Valkanov et ceux qui partagent son avis.

Mais il semble bien que les discussions au sujet de la crédibilité du TPI soient de plus en plus fréquentes. Les capitales mondiales ont de plus en plus d’objections sur le travail de la procureure générale de La Haye, à qui l’on attribue une influence négative sur la stabilité de la région à cause de ses déclarations. Par exemple, en deux jours, Carla del Ponte a déclaré que la communauté internationale « avait certainement la volonté » d’arrêter Karadzic et Mladic, et que cette même communauté internationale « n’avait pas, semble-t-il,la volonté » de s’occuper des crimes de guerre des Albanais du Kosovo. Or, il faudrait que tous se souviennent que jusqu’à une époque récente, la Procureure générale répétait que les pressions politiques ne l’intéressaient pas, car elle ne faisait que son travail...

Belgrade aura finalement son gouvernement. Il se pourrait alors que Carla del Ponte dise enfin quelque chose en première main à notre opinion. Evidemment si elle en a la volonté.

 

mercredi 25 février 2004, 19h30

La première phase du procès Milosevic s'achève de manière inattendue

LA HAYE (AFP) - Après 293 jours d'audience, la première phase du procès de Slobodan Milosevic, consacrée à la présentation de l'accusation, s'est achevée mercredi de manière inattendue, le procureur renonçant à ses deux derniers jours d'audience suite aux problèmes de santé de l'ancien président.

C'est par un communiqué indiquant sobrement que "le dossier de l'accusation est terminé" que le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie, devant lequel comparaît l'ancien président, a annoncé la fin d'une phase cruciale du plus important procès pour crimes de guerre depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.

Le procureur du TPI Carla Del Ponte aurait normalement dû boucler sa présentation dans la salle d'audience mais les deux derniers jours dont elle disposait avaient déjà été repoussés à deux reprises la semaine dernière et cette semaine en raison de problèmes de santé de M. Milosevic.

"Nous ne voulons pas que cette situation spécifique soit utilisée pour retarder le procès", avait indiqué mercredi matin la porte-parole du procureur, Florence Hartmann pour expliquer une requête de l'accusation proposant de clore son dossier en l'état.

Les juges ont accepté cette requête un peu plus tard dans la journée.

Dimanche, l'annonce de la démission, effective au 31 mai, du juge présidant les débats, le Britannique Richard May a soulevé de nouvelles craintes sur un allongement de ce procès fleuve.

Premier chef d'Etat jugé par la justice internationale, Slobodan Milosevic répond depuis le 12 février 2002, à La Haye, de plus de 60 accusations de crimes contre l'humanité et crimes de guerre pour son rôle dans les trois conflits majeurs qui ont déchiré l'ex-Yougoslavie: la Croatie (1991-1995), la Bosnie-Herzégovine (1992-1995) et le Kosovo (1998-1999).

Pour la guerre de Bosnie, la plus meurtrière avec près de 250.000 victimes, il est accusé de génocide.

Grâce aux 300 témoins appelés à la barre --victimes, responsables politiques, anciens alliés de Milosevic-- l'accusation a réussi à prouver que Milosevic a joué un rôle crucial dans les conflits en Bosnie, en Croatie et au Kosovo, estiment de nombreux experts.

Plusieurs témoins ont confirmé que M. Milosevic contrôlait les leaders serbes de Croatie mais aussi de Bosnie Radovan Karadzic et Ratko Mladic, au moins jusqu'en 1993.

"Je suis satisfaite. On a réussi à prouver la responsabilité de Milosevic", déclarait Carla Del Ponte avant les derniers jours d'audience.

Si les accusations de crimes de guerre et crimes contre l'humanité semblent prouvées, il en est autrement pour le génocide, estiment les experts.

"Leur dossier est faible et tiré par les cheveux", déplore Heikelina Verrijn Stuart, une juriste néerlandaise.

"Je savais qu'il serait très difficile de prouver le génocide sur Milosevic", reconnaît Mme Del Ponte.

Ce crime exige que soit démontrée l'intention spécifique de "détruire, en tout ou en partie un groupe national, ethnique, racial ou religieux comme tel", en l'occurence les Musulmans et les Croates de Bosnie.

Or aucun document ni témoin présenté en séance publique ne fait état de cette intention spécifique chez Slobodan Milosevic.

"J'aurais pu moi-même laisser tomber cette accusation mais je ne veux pas cette responsabilité qui incombe aux juges. J'ai suffisamment d'éléments pour que ce soit dans les charges", a souligné Mme Del Ponte.

Un acquittement pour génocide ne signifierait pas pour autant un échec du procès car les crimes prouvés sont déjà d'une ampleur considérable, remarque Avril McDonald, spécialiste de droit international à l'institut TMC Asser de La Haye.

Slobodan Milosevic débutera le 8 juin prochain la présentation de sa défense. Il disposera de 150 jours d'audience. Son procès devrait se terminer en 2005.

 

lundi 16 février 2004, 18h34

Un ancien chef kosovar arrêté pour crimes de guerre

PRISTINA, Serbie-Monténégro (AP) - Un ancien commandant rebelle kosovar et trois de ses collaborateurs, tous soupçonnés d'avoir commis des atrocités contre leurs compatriotes albanophones pendant le conflit du Kosovo en 1998-99, ont été arrêtés lundi, ont annoncé les autorités internationales.

Selim Krasniqi, commandant régional du Corps de protection du Kosovo (CPK), a été arrêté par la police de l'ONU et par les forces de maintien de la paix de l'OTAN à Prizren dans le sud-ouest de la province serbe à majorité albanaise.

Trois autres membres du CPK, unité de défense civile créée après la dissolution de l'Armée de libération du Kosovo, ont été appréhendés dans le même temps dans d'autres localités, a précisé la police onusienne dans un communiqué. Celui-ci ne donne aucune précision sur les victimes en dehors du fait qu'elles étaient elles-mêmes albanophones comme leurs bourreaux présumés.

Le CPK a dénoncé ces accusations qualifiées "d'injustes".

Par ailleurs, à Gnjilane dans l'est de la province, un tribunal de l'ONU a entamé le procès d'un ancien chef rebelle qui agissait dans le sud de la Serbie. Shefket Musliu, qui dirigeait un soulèvement dans la vallée de Presevo peuplée d'Albanais et située à proximité de la frontière du Kosovo, est poursuivi pour enlèvements, torture, extorsions, possession illégale d'armes et association de malfaiteurs. Trois autres personnes sont aussi jugées dont son frère, Xhevdet. Plaidant non coupable, Shefket Musliu a qualifié ces accusations "d'inacceptables". AP

 

mardi 3 février 2004, 18h26

Ouverture du procès pour génocide du numéro deux des Serbes de Bosnie Momcilo Krajisnik à La Haye

LA HAYE (AP) - Après un long report, le procès pour génocide du Bosno-Serbe Momcilo Krajisnik, bras-droit de Radovan Karadzic, s'est ouvert mardi devant le tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie (TPIY) à La Haye.

Momcilo Krajisnik, 59 ans, ancien président du Parlement de Bosnie avant la guerre, était le numéro deux politique des Serbes de Bosnie durant la guerre de 1991-1995 qui fit quelque 200.000 morts. Décrit par l'accusation comme l'un des artisans de la politique de nettoyage ethnique, "pleinement conscient de ses conséquences effroyables", il est l'un des plus importants responsables politiques jugés pour les atrocités commises par les forces bosno-serbes.

Momcilo Krajisnik a plaidé innocent de huit chefs de crimes de guerre, dont génocide et complicité de génocide. Auparavant, il avait déclaré que l'acte d'inculpation était trop flou pour être crédible et affirmé que le TPI n'était pas compétent pour le juger.

Bousculant la procédure normale, Momcilo Krajisnik a demandé au tribunal de l'autoriser à intervenir en ouverture de son procès. Les juges devaient statuer plus tard sur cette requête.

L'accusé a pris des notes calmement tandis que le procureur du TPI l'Américain Mark Harmon détaillait les charges retenues contre lui.

"Avec Radovan Karadzic, c'était sa main qui tenait fermement les leviers du pouvoir", a déclaré le procureur. Avec le chef des Serbes de Bosnie et l'ancien président yougoslave -à l'époque des faits président de Serbie- Slobodan Milosevic, Krajisnik "était essentiel pour le développement et la promotion de politiques ethnocentriques". "Il était pleinement conscient des conséquences effroyables que leur application impliquerait pour les non-serbes de Bosnie-Herzégovine et cela le laissait indifférend".

Krajisnik, un ancien homme d'affaires, avait fondé le parti nationaliste serbe en Bosnie avec Radovan Karadzic et était devenu président du parlement de Bosnie en 1990 avant que les Bosno-Serbes ne quittent l'assemblée et que la guerre n'éclate. Par la suite, il avait été l'un des négociateurs des accords de Dayton qui mirent fin au conflit en 1995. Son obstination lui avait valu d'être surnommé "Monsieur non" par les médiateurs occidentaux.

Après la guerre, il avait continué de plaider pour l'indépendance des Serbes de Bosnie mais il avait néanmoins inauguré la présidence collégiale réunissant un Croate, un musulman et un serbe.

Momcilo Krajisnik avait été arrêté à son domicile de Pale en avril 2000 lors d'un raid des soldats français de la SFOR, la force de stabilisation de l'OTAN en Bosnie. Les troupes avaient fait sauter la porte avec des explosifs et l'avaient arrêté en pyjama. Il avait été inculpé en même temps que l'ancienne présidente de la République serbe de Bosnie, la "dame de fer" Biljana Plavsic, de chefs quasiment identitiques.

Biljana Plavsic, qui s'était livré a tribunal, avait fini par plaider coupable d'un chef de persécution dans le cadre d'un accord avec l'accusation. Elle a été condamné à 11 ans d'emprisonnement en 2003 mais a jusqu'ici refusé de témoigner contre d'autres suspects.

Le procès de Momcilo Krajisnik avait été reporté de près d'un an après que son avocat eut été disqualifié après avoir été suspendu du barreau de New York. AP

 


Début du procès de Momcilo Krajisnik, le « recordman de La Haye »
TRADUIT PAR JASNA TATAR

Publié dans la presse : 29 janvier 2004
Mise en ligne : lundi 2 février 2004

Après quatre années d’incarcération, le procès du dirigeant serbe de Bosnie Momcilo Krajisnik débutera ce mardi 3 février à La Haye. Mais cette ouverture ne pourrait bien être que symbolique, afin de faire taire les critiques sur cette longue période de détention sans jugement.

Par N. Lj. Stefanovic

Carla Del Ponte, le procureur en chef du TPI, et son adjoint Graham Bluit ont tous deux parlé de l’arrestation de Radovan Karadzic à la rédaction du journal « Dnevni List » de Sarajevo. Bluit a d’abord constaté avec résignation que l’Occident ne s’intéressait pas à l’arrestation de Karadzic, et exprimait la crainte que l’ancien président de la Republika Srpska (RS) puisse rester libre jusqu’à la fin de ses jours, comme il l’est depuis les neuf années qui se sont écoulées depuis sa mise en accusation.

Carla Del Ponte a déclaré le lendemain, au même journal, que la SFOR trouvera et arrêtera Karadzic cette année. « Je suis convaincue de la volonté de la communauté internationale d’arrêter tous les accusés du TPI en fuite, y compris Radovan Karadzic. Il n’est pas facile d’arrêter un fuyard bien organisé, qui se cache depuis huit ans », a dit Del Ponte qui est, semble-t-il, en désaccord avec son adjoint même sur la durée du mandat d’arrêt. Le procureur en chef a également expliqué que l’opinion de Bluit sur l’intérêt de l’Occident pour l’arrestation de l’ancien président de la RS était une opinion personnelle, sans aucun lien avec les positions officielles du TPI. Carla Del Ponte avait prévu en septembre dernier que Karadzic arriverait à La Haye avant la fin de 2003.

Ces réactions divergentes ne représentent pas la pratique habituelle du TPI, dont les fonctionnaires tentent de maintenir un discours public identique. Il semble que Bluit se soit un peu précipité, sans consultation préalable de sa supérieure hiérarchique. Il l’a fait de la même façon que le journaliste britannique et témoin du TPI à plusieurs reprises, Ed Vulijami, qui a conclu la semaine dernière que le monde ne s’intéressait plus à Karadzic. Comme Bluit, il a fait le parallèle avec l’arrestation de Saddam Hussein, preuve que la volonté politique permet bien des choses.

Début du procès du « recordman de La Haye »

Mais même si la prévision de Carla Del Ponte sur la prochaine arrestation du rebelle le plus connu des Balkans n’est pas vérifiée, le nom et les actes de Radovan Karadzic seront mentionnés dans une des salles du TPI en début de la semaine prochaine. Le procès contre Momcilo Krajisnik commencera le 3 février. Krajisnik est le détenteur du « record de La Haye » par le fait que son procès est attendu depuis quatre ans (il a été arrêté le 3 avril 2000 dans sa maison à Pale), par les coûts de la préparation de sa défense de plus d’un million de dollars (les avocats, la traduction des documents et la préparation des centaines de milliers de pages de preuves). Le jugement n’était pas encore commencé que Krajisnik, accusé de génocide et de crimes de guerres commis en Bosnie-Herzégovine, devait changer d’équipe d’avocats.

Momcilo Krajisnik était l’objet du même acte d’accusation que Biljana Plavsic, ancienne présidente de la RS qui a entre-temps reconnu sa culpabilité [1] et évité de partager le banc d’accusé avec un homme qu’elle ne supporte pas. Les deux anciens collaborateurs qui sont par la suite devenus des opposants politiques se rencontreront brièvement devant le TPI, Biljana Plavsic étant l’un des témoins les plus importants contre Krajisnik. Le texte de sa reconnaissance de culpabilité indique que Krajisnik avait conçu le plan de division ethnique forcée de la Bosnie-Herzégovine avec Milosevic, Karadzic et Mladic, et qu’il est responsable pour les crimes qui ont suivi.

La reconnaissance de Biljana Plavisic et la longue attente de l’arrivée de Karadzic à La Haye ne sont pas les seules raisons qui expliquent les reports de son procès. Son ancien avocat serbo-américain, Dejan Brasic, a été radié l’année dernière du Barreau américain. Son nom a été effacé de la liste des avocats autorisés à travailler au TPI et Krajisnik a dû chercher une nouvelle équipe pour sa défense. La nouvelle équipe a pris du temps pour analyser le dossier (la rumeur veut que leurs prédécesseurs n’avaient laissé aucun document utile) et lire les centaines de milliers de pages. Dans ces papiers sont cités les différentes déclarations de Krajisnik, du temps où il était « le romantique national » et l’un des chefs de « l’équipe de Pale ». Par exemple, dans une interview de la fin de 1997, il disait au sujet des accusations pour crimes de guerre : « En ce qui concerne [ses accusations], nous sommes très clairs : il devait en être ainsi ».

Mais Krajisnik pourrait avoir des problèmes d’arithmétique devant le TPI : à un certain moment, les Serbes occupaient 72 % du territoire bosniaque alors que l’accusé affirmait que 64 % du territoire devait leur appartenir, et que tout le reste serait rendu. Finalement, Krajisnik a été présent à Dayton, où tout le monde s’est mis d’accord sur les 49 %. Cette différence numérique a provoqué de nombreuses morts, dans les trois camps en guerre.

Les nouveaux avocats de Krajisnik (une équipe anglo-autrichienne) affirment que les quatre années d’attente de leur client avant son jugement n’influenceront pas leur futur travail. L’ancien président de l’assemblée de Pale a déjà une expérience semblable : à la fin des années 80, il a passé neuf mois en détention avec Radovan Karadzic. Ils faisaient l’objet d’une accusation de fraude. Krajisnik a ensuite été libéré, et n’a pas demandé de dédommagement, même s’il y avait droit. Sa biographie publiée dans le livre « Qui est qui en Republika Srpska » indique « qu’il est retourné à ses racines, à Zabrdje, où il a vécu jusqu’à l’éclatement de la guerre ». Cette fois, il lui sera difficile de retourner à ses racines et à Zabrdje. Personne n’a été libéré par le TPI face à de telles accusations. Et ceux qui ont été libérés n’ont pas obtenu de dédommagement par l’ONU...

Les initiés affirment que le procès contre Krajisnik commencera symboliquement, pour faire cesser les critiques sur sa longue période d’incarcération sans jugement. Le début officiel du procès sera probablement suivi d’une longue pause de préparation de la stratégie de défense. En lisant la documentation, les avocats de Krajisnik pourront savourer les descriptions poétiques de ce dernier, comme celle ou il décrit la RS comme « une jeune fille de 16 ans, jolie, orgueilleuse et bien coiffée, qui attend son mariage avec l’ensemble des territoires serbes pour que toute la famille soit réunie ».

A l’époque, personne n’avait prévu que La Haye serait ce lieu de réunion familiale, ni que certains membres de la famille, comme Biljana Plavsic et Milan Babic, en auraient honte...

 

mercredi 28 janvier 2004, 21h25

L'ancien dirigeant serbe de Croatie Milan Babic condamné pour un seul chef d'accusation de crimes contre l'humanité

LA HAYE (AP) - Le Tribunal pénal international chargé de juger les crimes de guerre dans l'ex-Yougoslavie a décrété mercredi le dirigeant serbe de Croatie Milan Babic coupable de persécutions contre les non-Serbes. Le TPI a fixé au mois d'avril l'audience qui devra fixer sa peine, alors que l'accusation réclamait 11 ans de prison.

Les juges du TPI ont en revanche accepté d'abandonner les autres charges pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité qui pesaient contre lui. Il était notamment poursuivi pour meurtres, cruauté et destruction de villages pendant la guerre de Croatie, qui commença quand les Serbes se révoltèrent après la déclaration d'indépendance de la Croatie en 1991.

Le nationaliste serbe Milan Babic, 47 ans, était devenu président de la "république serbe de Krajina", avant de se fâcher avec le président yougoslave Slobodan Milosevic et d'être limogé en 1992.

Babic a passé un accord avec les procureurs de La Haye, recevant une condamnation allégée en échange de sa pleine coopération. Il a notamment témoigné à charge contre Milosevic et a reconnu sa participation au nettoyage ethnique en Croatie.

Son acte d'accusation originel dressait la liste de 200 civils croates exécutés et rappelait les 80.000 personnes, Croates ou musulmans, chassés de Krajina. AP

A voir aussi :

QUELQUES DOCUMENTS :

Le site officiel du TPIY où vous trouverez le détail des jugements:http://www.un.org/icty/index-f.html